1.4.5. Agroforesterie en ROC : enjeux et perspectives
Comme annoncé ci-haut que l'agroforesterie est un
nouveau nom pour une ancienne pratique, cette situation n'échappe pas
non plus à la réalité de la RDC.
8
1.4.5.1. Expérience de la Réserve de
Biosphère de la Luki
Dans l'objectif d'approvisionner la métropole en
certains produits tropicaux comme la banane, le café et le cacao, au
début des années 1946, le colonisateur avait choisi la Reserve de
Biosphère de la Luki dans le Bas-Congo pour mener les expériences
agroforestières en mettant en place les Terminalia superba
(Engl. & Diels, 1900) en association avec ces différents
produits. La réussite de ce système avait permis à ce que
déjà en 1950 jusqu'à la veille de l'indépendance le
Bas-Congo exporte des bananes en Europe. Après l'indépendance,
plusieurs problèmes ont fait effondrer ce système faute
d'encadrement et de continuité de l'action publique coloniale (Dkamela,
2012 ; WWF, 2008).
1.4.5.2. Expérience de Mampu
Grâce au financement de la FAO, en 1960, la direction
des eaux et forêts de la RDC avait reboisé les environs de
Kinshasa, malheureusement disparu par l'extension rapide de la ville. En 1976,
pour faire face à la demande de bois énergie dans la ville de
Kinshasa, le MECNT décida de mettre en place un projet de boisement de
100.000 ha sur les plateaux des Batéké et de ce fait, le centre
forestier de Kinzono a été mis en place en 1977 pour identifier
les espèces essentielles adaptées au milieu et susceptibles de
produire de plus en plus le bois-énergie. Un arboretum a
été conçu à partir de 1978 et a permis
l'implantation de 114 placeaux de 85 arbres chacun en 1982, malheureusement
détruites par les feux de brousse en 1983 (Bisiaux et al., 2013
; Gerkens, 2014).
En 1984, Grâce au financement du Fed et sous le
contrôle de la société Zte, la société Hva,
étant gestionnaire de la phase pilote Mampu, a boisé 7.262 ha
principalement avec l'Acacia auriculiformis (95% de la surface
boisée) et l'Eucalyptus (Gerkens, 2014).
De mars 1992 jusqu'à décembre 1993, la
maintenance des infrastructures de ce projet fut confiée à la Fhs
suite à l'abandon de la Hva, situation occasionnée par les
troubles de 1991. A partir de 1994 jusqu'en 1995, le Cadim, ensemble avec la
Fhs ont assuré la protection de la concession. A la fin de ce contrat,
le gouvernement de la RDC signe un nouveau protocole d'accord avec la Fhs et
l'UE et cette dernière accorde un fonds de maintenance de la plantation
à la Fsh (Dkamela, 2012 ; Bisiaux et al., 2009).
En 1998, la plantation fut fractionnée en lots de 25 ha
et ces derniers attribués aux fermiers encadrés techniquement par
la Fhs suivant le SAF inspiré de l'agriculture sur brûlis
appelé « SAF séquentiel ou jachère
améliorée ». Ce système consiste à alterne,
sur une même
9
parcelle, dans le temps les cultures et la forêt
(Bisiaux et al., 2013 ; Dkamela et Degrande, 2012).
A partir de 2003, l'UE revient de nouveau dans la
coopération et deux autres projets européens ont participé
à la l'impulsion de la production agricole en promouvant
l'agroforesterie et sa diffusion en milieu villageois sur le plateau des
Batéké et plus tard, on a introduit l'apiculture pour diversifier
la production des paysans ainsi que la mise en place des unités de
transformation pour l'augmentation de leur valeur ajoutée. (Dkamela,
2012 ; Bisiaux et al., 2009 ; Bisiaux et al., 2013).
|