3.3.4. De 1987 à 2015, une évolution «
dans le rouge » pour les formations
végétales
L'évolution d'ensemble sur les trois pas de temps
choisi présente au sein des différentes classes une
évolution en dent de scie. Cependant, bien que les formations
végétales soient dominantes sur l'ensemble de la zone et sur
toutes les scènes choisies, sur l'échelle d'évolution, le
bilan général relègue celle-ci au second plan
contrairement aux autres classes, dont la majorité, voire la
totalité résulte de l'empreinte humaine (habitations, sols nus,
jachères, brulis, etc.) qui ne cessent de croître en superficie
(figure 33).
400
350 300 250 200 150 100
50
0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Forêt galerie Forêt claire
Savane
arborée à
boisée
|
Savane arbustive
|
Savane herbeuse
|
Bâtis, champs et sols
nus
|
Brulis
|
superficie en 1987 superficie en 1999 superficie en
2015
Figure 33. Superficie des classes d'occupation du sol de
1987, 1999 et 2015 (en km2)
L'évolution des différentes classes d'occupation du
sol pour les trois pas de temps choisi se subdivise en trois niveaux.
Dynamique des paysages végétaux dans
une ville moyenne et sa périphérie : cas de Meiganga (de 1987
à 2015) 98
- Une évolution en « dent de scie
» pour les forêts-galeries
Elles présentent une évolution bidimensionnelle
dont la représentation a l'allure des dents d'une scie. En effet, on
note une augmentation de la superficie de cette formation dans l'intervalle de
temps [1987-1999] de 19,44 km2. Cependant de 1999 à 2015,
elle a fortement régressé et perdu près de 120
km2 ; telle que mentionnée plus haut, cette régression
est le fruit de l'intérêt grandissant des populations pour les
cultures maraichères et cultures de contre-saison en bordure des cours
d'eau au détriment de cette formation végétale.
- Une évolution progressive des
forêts claires, savanes herbeuses, le bâti, les champs, sols nus et
les brulis.
Les forêts claires ont connu une évolution
significative durant cette période, de même, les superficies
occupées par les savanes herbeuses, le bâti, les champs, sols nus
et les surfaces brulées ont augmentées.
S'agissant des forêts claires, elles sont
généralement difficiles d'accès et sont entourées
par d'autres formations telles que les savanes arborées et
boisées, voire près des forêts-galeries. La
difficulté d'accès à cette formation et le fait qu'elle
soit généralement composée en majorité de
Daniellia oliveri, une espèce préservée pour des
raisons culturelles sont les raisons de son extension. Quant aux brulis et
savanes herbeuses, ils traduisent la quête effrénée des
espaces pour la pratique des cultures et le souci de voir le couvert
herbacé reprendre vie après la saison sèche. Les
principaux acteurs de la dynamique de cette classe sont les éleveurs et
les cultivateurs.
Les sols nus dans lesquels on retrouve les champs et
habitations ont connu une augmentation subite au niveau de la superficie qu'ils
couvrent en 2015 après une plus ou moins stabilité au cours des
années allant de 1987 à 1999, initialement autour de 38,42
km2 durant les deux pas de temps précédents, cette
classe est passée à 155,5 km2, soit une
évolution de 117,08 km2. Le bitumage de la route, le passage
du pipeline, la création de l'EGEM de Meiganga, l'arrivée des
réfugiés, qui induisent la croissance démographique,
l'extension des surfaces cultivées de même que les surfaces
habitées sont autant d'éléments qui peuvent expliquer
l'augmentation de la superficie de cette classe.
- Une évolution régressive des savanes
arborées à boisées et savanes arbustives
En fonction de la taille des espèces et du taux de
recouvrement, les formations de savanes herbeuses, savanes arbustives et
savanes arborées à boisées sont des formations qui
Dynamique des paysages végétaux dans
une ville moyenne et sa périphérie : cas de Meiganga (de 1987
à 2015) 99
respectivement se succèdent dans notre zone. Ainsi,
l'évolution de l'une d'elles entraine inévitablement la
régression de l'autre et vice-versa. C'est ainsi que lorsque la savane
herbeuse gagne en superficie comme c'est le cas en 2015, la savane arbustive
régresse. Les facteurs naturels comme le climat via ses
éléments sont à même d'expliquer cette fluctuation,
ainsi que les activités comme la coupe du bois de chauffe dans les
savanes arbustives, faciles d'accès et du bois d'oeuvre dans les savanes
arborées à boisées.
Les différences d'évolution des classes
d'occupation du sol des pas de temps analysés sont
résumées dans la figure 34.
Brulis
Bâtis, champs et sols nus
Savane herbeuse
Savane arborée à boisée
Savane arbustive
Forêt claire
Forêt galerie
-400 -300 -200 -100 0 100 200 300
Différence 2015-1997 Différence 2015-1999
Différence 1999-1987
Figure 34. Récapitulatif des différences
entre les classes d'occupation du sol sur les trois dates
étudiées (en km2)
En analysant l'évolution d'ensemble pour toutes les
classes, on se rend compte que les changements majeurs se sont effectués
dans l'intervalle de temps 1999-2015. La moyenne d'occupation pour chaque
classe est présentée dans la figure 35.
Dynamique des paysages végétaux dans
une ville moyenne et sa périphérie : cas de Meiganga (de 1987
à 2015) 100
150,00 100,00 50,00 0,00 -50,00 -100,00 -150,00
-200,00
|
|
|
|
89,14
|
|
105,17
|
|
|
|
|
|
|
|
58,53
|
|
|
|
|
|
|
15,22
|
Forêt galerie
|
Forêt claire Savane
|
arborée boisée
|
Savane
à arbustive
|
Savane Bâtis,
herbeuse champs et
|
Brulis
|
-51,15
|
-45,63
|
sols nus
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
-169,07
|
|
|
|
Figure 35. Moyenne des différences d'occupation de
sol sur les trois scènes (en km2)
Sur les trois scènes, les formations dont
l'évolution des superficies est positive sont par ordre d'importance les
savanes herbeuses (105,17 km2), les forêts claires (89,14
km2), le bâti, les sols nus et champs (58,53 km2)
et les brulis (15,22 km2). S'agissant des classes dont
l'évolution est négative, seule la végétation est
concernée avec les savanes arborées à boisées
(-169,07 km2), les forêts-galeries (51,15km2) et
les savanes arbustives (45,63 km2).
Les différences d'occupation du sol entre les
années étudiées via les images Landsat permettent
d'appréhender statistiquement l'évolution des superficies de
chaque classe. En effet, en produisant la carte des changements sous ENVI, on
peut visiblement remarquer les superficies en régression, celles en
augmentation et enfin celles restées inchangées (figure 36)
La couleur rouge sur la carte traduit les superficies en
régression pour le couvert végétal. Elles sont
situées en bordure des voies principales (routières) et autour du
centre urbain. Les champs, brulis et l'habitat sont les éléments
qui ont remplacé la végétation à cet endroit. Le
jaune quant à lui traduit une situation inchangée. Autrement dit,
les formations qui occupaient ces superficies en 1987 sont toujours les
mêmes qu'en 2015 et le vert traduit les surfaces en extension. En fait,
nous estimons à ce niveau qu'il s'agit des superficies dans lesquelles
les changements s'effectuent entre les formations végétales.
Contrairement aux superficies en jaune où l'on retrouve les mêmes
formations, c'est plutôt la végétation, sans que ce soit
forcement la même formation végétale que celle
rencontrée en 1987.
Dynamique des paysages végétaux dans
une ville moyenne et sa périphérie : cas de Meiganga (de 1987
à 2015) 101
Figure 36. Évolution des paysages
végétaux entre 1987 et 2015
Dynamique des paysages végétaux dans
une ville moyenne et sa périphérie : cas de Meiganga (de 1987
à 2015) 102
Figure 37. Aperçu de l'occupation du sol sur les
trois scènes (1987, 1999 et 2015)
Les changements opérés au niveau de l'ensemble
de la zone sont perceptibles en faisant la juxtaposition des différentes
cartes réalisées à l'issu des classifications
dirigées. On se rend ainsi compte que, située au centre de la
zone, la ville de Meiganga en tant que centre urbain est le principal moteur de
la dynamique perceptible sur sa périphérie.
Dynamique des paysages végétaux dans
une ville moyenne et sa périphérie : cas de Meiganga (de 1987
à 2015) 103
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