Conclusion
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L'axiome selon lequel l'enfant se construit par lui-même
une pensée indépendante, libre et critique n'est que
chimère. Pour y parvenir, il est une nécessité
indéniable : l'école. Cette même école ambivalente,
lieu d'émancipation et pourtant parfois source d'inquiétudes et
de critiques : il serait délivrée, sous forme d'endoctrinement,
une morale d'oppression. Loin de ces accusations, elle a comme fondement la
méritocratie, de laquelle doit émaner une certaine justice
sociale, et pour principal dessein le vivre ensemble et l'autonomie de chaque
individu. Refusant les discours véhéments et démagogiques,
qui n'engendreront que velléités chez les élèves,
les enseignants doivent bien au contraire adopter des méthodes
situées aux antipodes de celles-ci. Ils doivent mêler
étroitement compréhension théorique et réalisations
pratiques, non pas sous forme d'un salmigondis d'apprentissages exsangues sans
lien précis entre eux, mais sous forme de projets, aux objectifs clairs
et bien définis, permettant ainsi de créer une réelle
synergie. Ce n'est qu'à partir de ce fonctionnement endémique que
l'on pourra amener les élèves à se sentir pleinement
concernés et ainsi avoir la volonté de réfléchir
pour comprendre, d'aller vers l'autre pour échanger, et finalement agir
pour le bien de tous. C'est ce qui fera la différence entre
pusillanimité et intrépidité citoyenne. Cependant, tout
cela n'est possible qu'à condition d'agir le plus tôt possible, en
refusant toute défection ou tout atermoiement : l'impact de
l'instruction civique et morale sur les enfants pourrait certes ne pas
être immédiatement pleinement apprécié, mais son
incidence sur les adultes de demain sera considérable...
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ANNEXE
Cette constitution a été créée
par Monsieur Étriard René, qui m'en a fait part. Les mots en gras
sont à définir avec les élèves pour la pleine
compréhension de ce mode de fonctionnement.
Constitution de la
République
Article premier : le
maître de la classe de CM1/CM2 est le président de la
république, ceci pour une durée d'une année
scolaire.
Article second : le président de la
république gouverne avec un premier ministre.
Article troisième : le premier ministre est
élu au suffrage universel direct, à
scrutin majoritaire à deux tours. Tout citoyen
de la république de CM1/CM2 a le droit de
vote. Les élections ont lieu après une
campagne électorale et sont à bulletin
secret. Tout bulletin comportant une rature ou un signe distinctif est
déclaré nul. Les bulletins blancs sont
comptabilisés.
Article quatrième : le président de la
république a le droit de vote.
Article cinquième : le premier ministre nomme
les ministres de son gouvernement et les
secrétaires d'état chargés de remplacer
et d'aider le ministre titulaire.
Article sixième : le président de la
république peut refuser un ministre proposé. Article
septième : un premier ministre ne peut se représenter deux
fois de suite.
Article huitième : le président de la
république peut refuser la candidature aux élections d'un citoyen
souhaitant devenir premier ministre.
Article neuvième : le président de la
république est tenu d'organiser des élections chaque fois que le
premier ministre présente la démission de son gouvernement.
Article dixième : la durée d'un
mandat est variable mais ne peut excéder deux mois.
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Article onzième : en cas de conflit entre le
premier ministre et le président de la république sur un point
portant sur la vie de la classe, il sera procédé à un
référendum qui départagera les deux
positions.
Article douzième : le premier ministre et le
président de la république peuvent demander à tout instant
un référendum sur tout sujet concernant la vie de la classe.
Article treizième : en cas de manquement grave
à la vie de la classe, le président de la république peut
exiger la démission du premier ministre, dissoudre le
gouvernement et procéder à de nouvelles élections.
Article quatorzième : le premier ministre peut
démissionner en cours de mandat. Sa démission entraîne la
dissolution de son gouvernement. Il sera alors procédé de
nouvelles élections.
Article quinzième : tout ministre peut
présenter sa démission au premier ministre qui peut l'accepter ou
la refuser. En cas de démission acceptée, le premier ministre
nomme alors un nouveau titulaire.
Article seizième : en cas de conflit et de
désaccord entre le premier ministre et l'un de ses ministres, le premier
ministre peut demander la réunion d'un conseil des ministres où
il sera décidé, après un vote, qui l'emporte. Ce conseil
extraordinaire est présidé par le président de la
république qui n'a pas le droit de vote. Le ministre ainsi
désavoué est contraint de présenter sa démission.
Si c'est le premier ministre, se référer l'article
quatorzième de la Constitution.
Article dix-septième : les secrétaires
d'état assistent de droit aux conseils des ministres
extraordinaires.
Article dix-huitième : pour tout problème
concernant la vie de la classe, tout ministre peut
demander la convocation soit :
- D'un conseil élargi où les secrétaires
d'état sont conviés.
- D'un conseil restreint où seuls les ministres
siègent.
Le président de la république peut ne pas
être convié à l'un de ces conseils.
Article dix-neuvième : le premier ministre est
responsable de son gouvernement devant le président de la
république.
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Article vingtième : un gouvernement comporte
un premier ministre, un ministre de l'intérieur, un ministre des
finances, un ministre des affaires étrangères, un ministre des
postes, un ministre de la santé, un ministre de la culture.
Chaque ministre, excepté le ministre de l'intérieur, est
assisté d'un secrétaire d'état.
En cas de crise grave ou de dysfonctionnement de la vie de la
république, (non-respect de différents articles, mises en
cause dans des problèmes de discipline au niveau de l'école...)
la constitution autorise le président de la république
à prendre les pleins pouvoirs et à prononcer la
dissolution du gouvernement selon l'article treizième. Le
président de la république peut alors gouverner sans
aucun contrôle démocratique et sans organiser de nouvelles
élections.
Cette dictature ne peut qu'être qu'occasionnelle
et permettre de rétablir l'ordre et le bon fonctionnement des
institutions.
Tout ministre peut proposer un nouvel article de loi.
Cet article ne peut être adopté qu'après un
référendum ou/et après un vote du conseil des ministres et
l'acceptation du président de la république.
Ce dernier ne peut néanmoins refuser de signer une loi
votée après référendum. Le président de la
république n'a pas le droit de véto.
Article vingt et unième : le premier ministre
peut nommer un conseiller spécial qui l'aide dans sa
tâche. Ce conseiller siège de droit dans un conseil élargi
mais ne peut siéger dans un conseil restreint. Il n'a pas rang de
ministre.
Article vingt deuxième : un nouveau
ministère peut être créé à la demande du
gouvernement. Pour que ce dernier soit installé, il faut
l'accord du président et un référendum.
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