II.2.4.SITUATION ACTUELLE DE LA MICROFINANCE EN RDC
1. GENERALITES
Comme déjà annoncé
précédemment, la crise économique qui sévit en RDC
depuis plus d`une décennie, a laissé des séquelles sur le
système financier. Nous citerons entre autres :
· La faillite des banques commerciales
contrôlées par l`Etat et l`essoufflement de celles à
capitaux privés;
· La réduction significative des activités
des institutions financières non bancaires ;
· Le ralentissement sensible de l`activité des
COOPEC en matière de collecte de l`épargne et de distribution de
crédit.
En outre, un bref aperçu de l`organisation du
système bancaire congolais a permis de dégager deux constats
majeurs à savoir, la couverture bancaire insuffisante du pays et les
distorsions existant dans l`implantation provinciale des guichets des banques
commerciales.
Ce constat a rendu plus pressant la nécessité de
promouvoir des structures alternatives de financement capables d`assurer la
mobilisation de la petite épargne, d`octroyer du crédit en milieu
rural et milieux urbains défavorisés, et de créer des
conditions d`une insertion progressive du secteur informel de l`économie
moderne.
Par ailleurs, de nombreux ménages, confrontés au
problème de pauvreté, ont entrepris des activités
nouvelles capables de générer des revenus. Cette situation les a
amenés à concevoir des micro-projets en quête de
microfinancements. En réponse à ces attentes, on a assisté
à l`éclosion d`une catégorie d`institutions
chargées de mobiliser des ressources tant internes qu`externes et
capable d`octroyer des microcrédits. Elles ont donc commencé
à offrir des services financiers, de crédit et/ou
d`épargne, aux personnes les plus démunies ne pouvant
accéder aux avantages du système bancaire classique. De
manière générale, les acteurs impliqués dans ce
secteur en République Démocratique du Congo sont :
? Des individus ou des groupes de base
bénéficiaires des services de micro-finance
;
? Les ONG de diverses natures, qui ont en leur sein des volets
microcrédits ; ? Des Systèmes Financiers
Décentralisés (SFD) formels et semi-formels;
? Des bailleurs de fonds qui interviennent, soit dans la
promotion de ces SFD au niveau du renforcement des capacités, soit dans
leurs actions sur le terrain par l`octroi de financement ;
? Le Gouvernement et la Banque Centrale du Congo.
Les institutions du Système Financier
Décentralisé opérant en République
Démocratique du Congo se reconnaissent par l`exercice de l`une ou
plusieurs activités ci-après :
1. l`octroi de microcrédit en espèce ou en nature
;
2. la mobilisation de l`épargne ;
28
3. l`utilisation d`un système de garantie des
crédits très simplifié. En plus, ces institutions se
caractérisent par :
· Des conditions d`adhésion ou d`ouverture des
comptes très simples;
· Des taux d`intérêts
généralement subsidiés sur ressources affectées et
relativement élevés sur ressources propres;
· Des faibles ressources par rapport aux besoins;
Du point de vue de leur fonctionnement sur le terrain, on
peut les regrouper en plusieurs catégories :
· Celles de type mutualiste et coopératif
travaillant avec des critères bien définis d`adhésion et
de fonctionnement et s`appuyant sur la collaboration des membres
· Celles octroyant des microcrédits sur leurs
ressources propres et /ou sur des lignes de crédit externes;
· Celles collectant uniquement l`épargne de la
clientèle ;
· Celles dispensant des microcrédits d`abord et
mobilisant l`épargne ensuite.
2. STRUCTURE D'ENCADREMENT AU NIVEAU INSTITUTIONNEL
L`encadrement institutionnel est assuré par la Banque Centrale
du Congo (BCC). En effet, le secteur de la micro-finance étant devenu un
outil d`émancipation économique et sociale, une Sous-direction
chargée de la micro-finance a été mise en place au mois de
septembre 2000 au sein de la BCC.
Ainsi, les missions ci-après ont été
assignées à cette Sous- Direction :
· dresser le diagnostic du secteur et constituer une
base de données fiables et actualisées ;
· vérifier et contrôler la
conformité des opérations aux instructions réglementaires
y relatives;
· S'assurer de la régularité de la gestion
interne et de la conformité des activités des organismes de
micro-finance aux dispositions légales en la matière.
3. DEMANDE DES SERVICES FINANCIERS EN R. D.
CONGO
La demande en services financiers est difficile voire
impossible à chiffrer à cause des régions encore en
situation de conflit, le manque de données statistiques fiables du fait
de l`absence d`un recensement national des opérations de micro-finance
en RDC, le problème de confiance entre la population et certaines
institutions de crédit qui ont par le passé fait perdre des
sommes importantes aux épargnants. Toutefois du fait de la situation
socio-économique dans laquelle se trouve la RDC, la demande de services
financiers est extrêmement importante. Selon le rapport FENU/PNUD (2003),
plusieurs facteurs appuient ce constat :
· La taille de la population, estimée à 52
millions de personnes;
· La place du secteur informel comme source d`emplois et
de revenus, estimée entre 80% et 90%;
29
? La pauvreté, chiffrée en termes
économiques (PNB annuel par habitant autour de $80) et en termes sociaux
(accès limité à l`éducation, à des services
de santé), qui touche au moins 80% de la population ;
? Les taux de croissance extrêmement
élevés de certains opérateurs (plus de 7000 clients en
moins d`un an pour FINCA).
Face à cette demande, l`offre est minimale et elle ne
correspond pas toujours à l`objectif de mise en place de programmes
pérennes et rentables.
|