Analyse de la performance sociale d'une institution de microfinance.( Télécharger le fichier original )par Michel MWILAMBWE MUVUALA Institut superieure de commerce de Kinshasa - licencié en microfinance 2015 |
Section 4 : Performance Sociale des IMFLutter contre la pauvreté est la mission de la
microfinance. L'analyse des résultats de cette mission permet
d'évaluer les performances sociales des IMF. Deux approches
d'évaluation qui sont complémentaires peuvent être
adoptées : une approche centrée sur l'institution à
travers la portée sociale et une approche centrée sur les clients
à travers l'analyse de l'impact. Les IMF déploient des efforts afin de servir ceux ou
celles qui sont constamment exclus des systèmes financiers. En effet,
ces IMF peuvent sélectionner, surveiller les microprojets de sa
clientèle, réduire les coûts de transactions et
résoudre les obstacles socio- économiques et culturels. Leur
fonctionnement repose sur les liens sociaux et la proximité avec les
bénéficiaires en s'installant dans les zones rurales, en les
contactant et en leur offrant des séances de formation. En outre, elles
se basent sur le travail de groupe et elles répondent aux attentes des
populations pauvres en leur offrant des prêts de petites sommes et des
remboursements réguliers. Ces efforts, visant à étendre
les services de microfinance aux populations non desservies par les
institutions financières, définissent la portée sociale.
Selon Isern ; Mwangi et Brown, cités par Jeanne Clarisse RUZIBIZA
(44(*)).Toutefois, les IMF
doivent déterminer quel groupe cible doit-elle satisfaire en terme de
services de microfinance puis savoir si elles arrivent à les
atteindrais. La pauvreté est par nature multidimensionnelle, comprend
différents aspects du statut économique et social des
ménages. Capturer ces dimensions nécessite des indicateurs
à la fois quantitatifs et qualitatifs. En effet, elle est définie
quantitativement comme étant un certain revenu par personne par jour ou
par an, sans la disposition d'un patrimoine, mais elle est aussi qualitative
où elle tient compte des conditions de vie. Elle peut intégrer
des données tels que les besoins de la nourriture et d'habillement, la
disponibilité d'un logement, le niveau d'instruction, les soins de
santé, l'émancipation des femmes, le degré
d'intégration dans le milieu social ... Pour la banque mondiale aussi,
les pauvres sont ceux dont le niveau de consommation est de moins de 2 dollars
par jour et les plus pauvres sont ceux dont le niveau de consommation est de
moins d'un dollar par jour. Afin de mesurer cette portée sociale,
certains indicateurs « outreach indicator » peuvent
être utilisés en termes d'étendue ou en termes de
degré. L'étendue « scale of outreach »
correspond aux nombres de clients servis et aux volumes des services comme
le total de l'épargne en dépôt et l'encours total du
portefeuille (45(*)) Le
degré de la portée «depth of outreach » permet
de savoir le niveau socio- économique de la clientèle servie par
les IMF, c'est-à- dire le niveau de pauvreté de ces clients (les
populations à très faible revenu, les populations rurales, les
femmes et/ou les chômeurs.). Schreiner cité par Jeanne Clarisse
RUZIBIZA (46(*)) compose
ces indicateurs de la portée sociale en proposant six dimensions dont
chacune peut également soutenir une composante de la valeur sociale. Ces
six dimensions sont : la valeur de la portée 4.2 L'approche de l'analyse d'impactLes performances sociales peuvent être évaluées par l'analyse d'impact sur les clients. En effet, la question de l'impact sur les bénéficiaires s'est posée, essentiellement sous la forme « Combien rapporte un dollar prêté en revenu supplémentaire pour le bénéficiaire ? ». Par conséquent, l'impact consiste à comprendre comment les services financiers affectent l'existence des pauvres. Il traduit les changements sur les clients attribuables à l'action de l'IMF. Ces changements constituent le rendement social d'un investissement procuré par les bailleurs de fonds. Ces derniers ont besoin de savoir si le soutien financier qu'ils apportent aux IMF atteint bien le but qu'elles se sont données. Ils se préoccupent d'en apprécier les résultats. A première vue, il peut sembler évident de mesurer l'impact du microcrédit mais la situation n'est pas assez claire. Certains des experts les plus connus de l'industrie de la microfinance ont émis des doutes à ce sujet. Ils se basent sur quelques arguments de base à l'encontre d'une évaluation de l'impact plus approfondie. D'abord, ces études d'impact sont coûteuses surtout s'il s'agit d'évaluer ce genre d'analyse régulièrement. En plus, la plupart des analyses d'impact ne respectent pas les critères de recherche théorique. Enfin, il existe des problèmes méthodologiques dans la mesure de l'impact. Toutefois, bien qu'elles rencontrent ces difficultés, les enquêtes s'avèrent nécessaire et elles doivent être multipliées pour qu'on puisse comparer leurs résultats. Ici la performance sociale doit être comprise comme la traduction effective de la mission sociale de l'IMF. Cela s'analyse dans la chaine depuis les intentions (missions, objectifs), les actions entreprises (mise en place des politiques, procédures, système interne, produits et services, etc.), les mesures correctives et le suivi des résultats. Les performances sociales se mesurent à partir des éléments internes à l'IMF (processus). Au delà de leur vocation de développement spécifique, consistant à « faire du bien » les IMF peuvent aussi prendre garde à leur responsabilité sociale, c'est-à-dire à « ne pas faire du mal ». Cette notion inclut : - La responsabilité vis-à-vis des clients ou protection des clients, comme minimum, pour éviter de nuire aux clients et leur proposer des services transparents et sans risques ; - La responsabilité sociale vis-à-vis des employés (normes sociales et notions de travail décent) ; - La responsabilité sociale vis-à-vis de l'environnement. Donc la responsabilité sociale est l'une des composantes de la performance sociale, mais la performance sociale ne se résume pas à la responsabilité sociale. Comme nous l'avons dit au début, Deux approches d'évaluation qui sont complémentaires peuvent être adoptées pour analyser la Performance Sociale de l'IMF : une approche centrée sur l'institution à travers la portée sociale et une approche centrée sur les clients à travers l'analyse de l'impact. Toutefois, la Performance Sociale ne peut se réduire au ciblage des pauvres et l'analyse d'impact et il faut élargir son cadre d'analyse. Ainsi, les problèmes de mesure de la performance sociale se posent encore. La performance de l'IMF s'apprécie non seulement au niveau de leurs clients mais aussi au niveau d'elle même. L'accent a été porté d'avantage sur la Performance Financière pour développer le secteur de la microfinance. Étant donné que généralement la rentabilité se mesure aux résultats, et plus précisément aux profits générés par l'activité des IMF, l'analyse des déterminants de cette rentabilité nous permet de constater que la réduction des coûts de transaction est difficile et il faut naturellement augmenter le taux d'intérêt. Toutefois, cette dernière solution est loin d'être la meilleure stratégie car elle peut nuire à l'IMF à son démarrage et conduire à sa disparition. Ainsi, le recours aux subventions au début de l'activité de l'IMF s'avère nécessaire car l'équilibre financier et une stratégie de long terme. Néanmoins, la performance sociale que l'IMF vise ne servirait à rien si elle n'est pas performante financièrement au risque de tomber en faillite. Il est donc nécessaire, pour assurer la pérennité de l'IMF, d'avoir une complémentarité entre la performance sociale et la performance financière. La synthèse de différentes études empiriques permet d'apporter une explication possible de la convergence entre les dimensions sociale et financière. En effet, les principaux facteurs qui contribuent à la détermination de cette convergence sont: la situation géographique, le statut, la technique de prêt (individuels ou collectifs), les subventions et le personnel. * 44 Jeanne Clarisse RUZIBIZA, op.cit. P.41. * 45 J.B. HARELIMANA * 46 Jeanne Clarisse RUZIBIZA, op.cit. p.47 |
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