CONCLUSION GÉNÉRALE
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La réflexion sur le concept de moralité
a montré que cette valeur humaine revêt une certaine
universalité. À ce titre, elle se traduit en divers termes car la
raison humaine semble en donner la possibilité. De la moralité et
l'accomplissement du devoir, il est possible de comprendre que tout être
humain possède la conscience du devoir de façon naturelle. Ce
dernier vient donner plus de consistance à l'universalité de la
moralité, et constitue pour l'homme la nécessité d'agir en
raison de la loi en lui. Cette disposition d'esprit s'explique alors par des
actions de bonne volonté, non rompues effectivement à cette fin.
De ce fait, la raison intervenant, apparaît comme la faculté qui,
au commande de la bonne volonté, pose la moralité en rapport avec
l'expression de la loi morale en chacun de nous. En tant
qu'élément déterminant de la raison, la loi morale se
présente comme la source par excellence des valeurs
humaines.
C'est justement la bonne volonté dont sont
capables les êtres raisonnables, qui donne plus de
légitimité au concept de moralité. La bonne
volonté, pour ainsi dire, aiguise le devoir de l'être raisonnable,
qui réside dans l'accomplissement d'actions par respect pour le plus
grand bien du monde. En ce sens, la bonne volonté doit être
portée vers des vertus comme le courage et l'effort sans fin dans les
rapports extérieurs entre les hommes. Mieux elle doit devenir une
volonté bonne et le demeurer dans l'intérêt de
l'humanité.
Pour cela, les êtres raisonnables doivent
cultiver des conduites perspicaces, de lucidité et de rigueur dans
l'emploi des exemples, et ce, dans le souci de la moralité. De plus, ils
doivent être considérés par les êtres humains comme
de véritables mobiles164 pour la transformation des valeurs
en vertus. En conséquence, les exemples doivent revêtir une
fonction pédagogique et provisoire dans la société. Ainsi,
à travers des conduites dignes des hommes, on pourra assister à
des sociétés humaines où règne des relations
intelligentes et intelligibles orientées vers la culture des
vertus.
164 Emmanuel Kant, Critique de la raison
pratique, Op. cit., p. 374.
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Dans cet élan de bienfaisance, la
moralité des actions pousserait davantage les hommes à promouvoir
la dignité humaine, principe fondamental conférant à tout
être humain une valeur absolue. Dès lors, la raison inciterait
chaque individu à témoigner de la moralité, en tant que
condition humanisant dans l'imitation et l'habitude. La connaissance selon
laquelle la moralité de l'imitation réside, principalement, dans
la culture des dispositions primitives au bien, bénéficierait
d'une attention particulière dans les sociétés humaines au
sein desquelles foisonnent les maux. De même, celle de l'habitude
indiquant qu'elle consacre, certes, le renforcement du jugement moral de
l'homme, mais ne saurait tenir en règle générale quand il
s'agit de la pratique, permettrait aux êtres raisonnables d'être
forgés moralement dans tous les domaines en rapport avec
ceux-ci.
En outre, la définition de l'homme par la
dignité d'homme suscite, à cet effet, la nécessité
de la moralité et le triomphe de l'humanité. Ainsi, l'homme se
révèle comme un être vivant dont la nature comporte la
dimension morale. Il se présente avec une volonté
caractérisée par l'autonomie. Elle est le principe suprême
de la moralité, et repose sur des principes rationnels. La
responsabilité de l'homme se pose avec légitimité dans le
monde. Cette dernière suggère que s'il est défini par la
liberté, de même qu'avec une volonté entièrement
autonome, il doit accomplir son devoir dans l'intérêt de
l'humanité. La responsabilité de l'homme implique qu'il doit
répondre de tous ses actes en tout temps et partout pour le triomphe de
l'humanité.
En tant que dépositaire de la raison, la
moralité liée à la nature de l'homme doit être
comprise comme le signe de la liberté propre à tout être
humain. En ce sens, l'homme doit fonder la moralité sur des principes
rationnels. Car l'affirmation de la dignité d'homme en dépend
moralement. De plus, l'être raisonnable doit comprendre que la
moralité lui incombe. Elle doit, par conséquent, porter les
actions pour un monde meilleur.
Dans ce sens, Emmanuel Kant nous donne de comprendre
que, si la moralité incombe aux hommes, le triomphe de l'humanité
réside dans la
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promotion de cette dernière à travers
nos conduites et actions sociales. Ce qui impliquerait, en effet, que les
pratiques injustes, les nouvelles formes de terrorisme, les transgressions
morales de tout ordre, entrainant nos sociétés dans les
sphères de violence doivent être compensées par la «
la moralité, qui constitue le bien suprême, comme première
condition du souverain bien »165. Doué de raison et de
liberté, l'homme est le seul être vivant capable de
moralité. En ce sens, le triomphe de l'humanité repose sur la
moralité dans tous les domaines d'activités en rapport avec
l'homme : agir avec la conscience du triomphe de l'humanité.
Dès lors, si tel est le défi qui se
présente aux hommes, alors la moralité apparaît en rapport
avec l'éducation dans la société, comme le moyen par
lequel il est possible de façonner166 et de diriger les
hommes pour le triomphe permanent de l'humanité. C'est ainsi que nous
avons tenté de montrer la moralité et son rapport à
l'éducation dans la société. En abordant la consistance de
l'éducation, nous avons pu comprendre qu'elle est la science de l'homme
qui permet la construction de l'humanité. On assiste à
l'instruction et à la formation des êtres humains aux valeurs
humaines et morales. La possibilité est donnée de forger les
comportements humains dans le bon sens. En ce sens, l'éducation
constitue la science dont l'actualité comporte de nombreux défis
de moralité à relever, en raison du foisonnement des maux qui
minent les rapports extérieurs entre les hommes. Ce fait permet de
comprendre, par conséquent que la négligence des hommes à
certains niveaux de la vie en société en est la
conséquence.
Toutefois, la pratique de l'éducation atteste
qu'elle porte les hommes vers une certaine noblesse : la sociabilité
effective. Elle comporte la compréhension selon laquelle
l'éducation a une finalité éthique qui consacre
l'intégration entière des êtres raisonnables à tous
les niveaux des sociétés humaines.
165 Emmanuel Kant, Critique de la raison
pratique, Op. cit., p. 324.
166 Jean-Jacques Rousseau, Émile ou
De l'éducation, Op. cit., pp. 145-147.
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Dans cette logique précise, elle confirme
davantage son rapport à la moralité. Toutes les conduites
moralement recevables sont consacrées par cette sociabilité
effective. De ce point de vue, l'éducation est, pour notre part comme la
science capable d'élever les êtres raisonnables à la
moralité, et toutes les valeurs humaines tant légitimes pour
l'espèce humaine. La fin de l'éducation, pour cela, consacre la
moralité dans la société à travers ses
différentes fonctions. Ce qui impliquerait un rapport entre elles.
Aussi, comme le témoigne l'organisation de la société
humaine, la séparation des pouvoirs en général, et le
respect des valeurs en particulier, la suppression des défis de
moralité est l'objectif visé pour un fonctionnement harmonieux et
raisonnable de la société.
De manière conséquente, il est
soutenable que l'éducation est la science, par excellence, de la culture
des valeurs humaines. Elle a pour vocation d'instruire, de discipliner les
esprits humains et de favoriser des relations dignes et humaines. À
l'éducation, semblent subordonner toutes les valeurs dressées en
principes par les hommes pour la stabilité des sociétés.
Elle paraît vraiment être le moyen catalyseur du véritable
triomphe de l'humanité dans la société. Pour cette raison,
il serait légitime d'entrevoir un creuset moral de l'exercice politique
sous toutes ses formes. Dans cette perspective, notre champ de recherche qui
s'étend à ce domaine s'ouvre sur l'univers politique où la
dignité humaine semble être prise entre bonheur et pouvoir
politique.
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