Master: Intervention et Développent social
parcours Direction d'établissement et de
services pour personnes âgées
2015 / 2016
Christelle JUSTES
Le management des professionnels d'un
établissement d'accueil pour Personnes
Âgées : Intérêts et limites des
méthodes
spécifiques au coaching
Directrices de mémoire: Bernadette
PUIJALON
Jacqueline TRINCAZ
|
|
« J'adresse mes remerciements aux personnes qui m'ont
aidée dans la réalisation de ce mémoire.
En premier lieu, je remercie Bernadette PUIJALON et Jacqueline
TRINCAZ. En tant que Directrices de mémoire, elles m'ont guidée
dans mon travail et m'ont aidée à trouver des solutions pour
avancer.
Je remercie également Sonia, Jessica et Christophe. En
acceptant de me livrer leurs points de vue, ces professionnels ont
considérablement enrichit mon analyse. »
SOMMAIRE
PREFACE PAGE 0
INTRODUCTION PAGE 1
1- Définition du coaching page 5
a. Une multiplicité de définitions page
5
b. Principales caractéristiques des définitions du
coaching page 8
2- Histoire et fondement du coaching page 11
a. Quelques repères historiques... ... page
11
b. Les méthodes de développement
personnel.........................................page 17
3- Le coaching interne et la figure du
manager-coach................ page 23
a. Le coaching interne... page 23
b. Le manager-coach page 25
c. Intérêt de la logique d'accompagnement
......................................... page 26
d. Les déviances possibles de la pratique du
coaching.............................page 28
4- La réciprocité dans l'accompagnement page
33
a. La coopération page 33
b. Les échanges sociaux page 34
c. La reconnaissance du don ... page 36
d. Le lien social page 36
e. L'ambiguïté du don page 37
f. La notion de confiance page 38
g. Les émotions...... page 38
h. Le changement page 39
i. Le sens page 40
5- Les institutions d'accueil pour Personnes
Âgées...... page 43
a. L'EHPAD, Etablissement d'Hébergement pour Personnes
Âgées
Dépendantes page 43
b. l'Accueil temporaire page 44
c. Les CANTOU ou Unités de vie protégées
spécifiques Alzheimer page 45
d. Les logements-foyers ou EHPA page 46
e. Les résidences Services Seniors, pour des personnes
âgées
autonomes page 47
f. Les MARPA parmi les petites unités de vie, Maisons
d'accueil rurales pour
personnes âgées page 48
g. Les centres de long séjour hospitaliers ou USLD
(Unités de soins longue
durée)...... page 49
h. L'accueil de jour page 50
i. L'Accueil familial pour les personnes
âgées...... page 51
j. Les Petites Unités de Vie (PUV) page 53
6- Hypothèse et méthodologie de terrain page
55
a. Hypothèse... ... page 55
b. Méthodologie de terrain... ... page 57
i. Guide d'entretien page 58
ii. Présentation des personnes rencontrées
page 59
7- La parole aux professionnels page 63
a. Comment les personnes interviewées sont-elles
arrivées au
coaching ? pages 63
b. Quelle est la définition que les personnes
interviewées donnent au
coaching ? page 69
c. Quels sont les limites et les critiques de l'approche
coaching du point de
vue des personnes interviewées ? page 74
d. Quelle part donnent les personnes interviewées
à la réciprocité, la notion
de partage, entre les collaborateurs dans l'entreprise ?
page 78
e. Selon leur expérience, quelle
spécificité les personnes interviewées
donnent-elles au champ du vieillissement ? page 83
8- Vérification des hypothèses,
préconisations et conclusion page 85
a. Vérification de mes hypothèses page
85
b. Préconisations page 86
c. Conclusion page 89
POSTFACE PAGE 93
BIBLIOGRAPHIE PAGE 95
ANNEXES...... PAGE 97
- Entretien de Sonia page 99
- Entretien de Christophe page 109
- Entretien de Jessica page 125
- Le contenu de ma formation de coach professionnel, sa
philosophie page 129
- 3 exemples personnels d'utilisation de l'outil coaching en tant
que manager-
coach... ... page 135
PREFACE
Le choix de ce thème vient d'abord d'un
intérêt personnel qui est l'interaction entre les êtres
humains.
Quand je suis entrée dans le monde de l'entreprise, je
n'avais pas encore 18 ans, J'avais déjà remarqué que les
personnes qui avaient du « pouvoir », selon leur personnalité,
pouvaient nous faire réussir ou nous faire échouer. Je
n'utilisais pas ces mots là à l'époque, j'étais
plus dans l'intuition et le ressenti.
Jusqu'à mon arrivée en maison de retraite, mes
expériences professionnelles ne faisaient que confirmer cette sensation
mais je ne pensais pas qu'on pouvait y faire quelque chose, je croyais que
c'était une question de personnalité du manager.
Quand je suis arrivée en tant que directrice en maison
de retraite, tout ce que j'avais « analysé » sur ce sujet
depuis toutes ces années est naturellement ressorti et j'ai alors mis en
place, avec le personnel, le comportement que je trouvais adapté pour
vraiment l'aider et l'accompagner dans mon management, mais encore une fois, de
façon intuitive par rapport à toutes mes expériences sur
ce sujet.
La nouveauté, de taille, était d'intégrer
un contexte vulnérable avec des personnes âgées en
souffrance, en fin de vie, se sentant inutile et un personnel également
renvoyé à sa propre vulnérabilité.
J'ai moi aussi, et très vite, été
fragilisée par ce contexte.
J'ai eu la chance de rencontrer un consultant qui me propose
un accompagnement de type « coaching », je ne savais pas ce que
ça voulait dire mais j'ai accepté car j'étais perdu dans
mes émotions. Cette approche a été pour moi salvatrice car
elle m'a rendue à nouveau professionnelle pour remplir la mission qui
m'était confiée auprès des résidents et j'ai
naturellement pu transmettre aux salariés, dans mon management, ces
outils que je m'étais appropriés pour qu'ils en profitent aussi
dans leur positionnement professionnel.
C'est comme ça que j'ai décidé de devenir
manager coach et de faire une formation. J'étais tellement convaincue de
cette approche que je n'hésitais jamais à faire appel à un
coach pour moi ou mes équipes, jusqu'au jour où je suis
tombée sur une coach « malveillante ». Elle venait faire du
coaching d'équipe et, après chaque jour d'accompagnement
auprès des équipes, venait me voir avec un air triste pour me
dire que l'équipe n'allait pas bien, que c'était pire que la
dernière fois et qu'il fallait qu'elle revienne encore et encore pour
les aider... Grâce à ma formation et le fait qu'ils aient
énormément insisté sur ce genre de
dérives, j'ai compris la manipulation et la gravité de ce qui
était en train de se passer. J'en ai discuté avec l'équipe
qui m'a effectivement parlé de son malaise et j'ai alors annulé
toutes les interventions de cette coach.
A l'occasion de ce mémoire, j'ai tout de suite
pensé à ce sujet: En quoi le coaching en maison de retraite
est--il intéressant, puisqu'il est très rare de trouver cet
accompagnement dans ces institutions ? Et ensuite, quelles sont les limites et
les dérives notamment dans ce contexte de vulnérabilité?
C'était pour moi l'occasion d'enrichir encore mieux mes connaissances
sur ce sujet.
J'ai d'abord commencé le mémoire sur un travail
de définitions et d'histoire du coaching, ce qui permet de bien
comprendre de quoi on parle, à quoi sert le coaching dans
l'accompagnement, et du coup son intérêt également dans les
institutions accueillants les personnes âgées.
Puis j'ai commencé les lectures des livres de
Valérie Brunel et de Norbert Alter. Ces livres m'ont passionnée
car ils mettent des mots et des explications sur ce qui se passe en entreprise:
les changements incessants, la fragilité du personnel, l'interaction
entre les collaborateurs et le « pouvoir » du manager et de
l'entreprise à mettre en place ou non des attitudes ou des actions pour
faire réussir le personnel dans leur mission, pour les
reconnaître.
Ces livres ont mis également en avant toutes les
dérives et les manipulations possibles de certains employeurs quant aux
dons faits aux salariés pour les aider dans leur mission.
Toutes ces lectures ont démontré autant de
descriptions idéalisées du coaching que de critiques.
Après mes différentes lectures, j'ai pu poser
des hypothèses en lien avec l'intérêt du coaching, ses
limites, et les spécificités en maison de retraite.
Dans mon hypothèse, j'ai mis en avant différents
indicateurs qui ressortent fortement lors de la théorie de cette
pratique, tel que l'autonomie et le repositionnement des acteurs au sein des
institutions pour personnes âgées, le sens donné à
l'action et la notion de partage. J'ai alors fait 3 entretiens de
professionnels et J'ai analysé ces entretiens en lien avec ses
indicateurs.
Les indicateurs que j'ai mis en avant quand j'ai posé
mon hypothèse peuvent effectivement être utilisés dans
toutes les entreprises. Le fait de les associer au sein des institutions pour
personnes âgées a donné une autre dimension.
Pour exemple, je reprends les paroles de Christophe (un des 3
professionnels que j'ai interviewé) qui parlent de la logique du jeu
pour les entreprises commerciales et la
logique du sens pour les institutions pour personnes
âgées. L'indicateur du sens donné à l'action, pour
ces institutions, prend en compte le travail auprès de personnes
vulnérables, certaines en fin de vie, qui vivent au présent et ne
sont plus dans la construction de l'avenir mais dans le sens de leur vie
à cet instant. Cet indicateur prend également en compte les
salariés renvoyés à leur propre peur de la vieillesse
et/ou de la mort.
L'idée est bien de comprendre le sens d'avoir encore le
droit d'avoir une vie légitime dans notre société quand on
est vieux ou en fin de vie. Dans une société ou notre culture ne
prône pas l'intérêt de la vieillesse.
Chaque indicateur doit alors être associé avec la
notion suivante : « Quelle est l'utilité de s'occuper des personnes
âgées quand nous est renvoyé son peu d'importance
».
Dans les institutions pour personnes âgées, le
premier travail du coach est de mettre en avant la valeur et
l'intérêt d'être une personne âgée,
dépendante ou non, au niveau sociétal, au niveau culturel et au
niveau personnel. Cela permet de redonner du sens et de pouvoir ensuite
travailler sur les indicateurs professionnels, les renforcer et atteindre un
accompagnement de qualité réellement adapté.
1
INTRODUCTION
En septembre 2003, j'ai pris la direction d'un Etablissement
d'hébergement pour Personnes Âgées
Dépendantes (EHPAD).
Malgré mes études et formations, j'ai vite
été confrontée à une réalité de
terrain qui m'a décontenancée,
- Insatisfactions quotidiennes des résidents, des
salariés et des familles
- Problèmes budgétaires
- Rôle de « bouc émissaire » et non de
directrice
- Et cette horrible impression de subir et d'être
totalement démunie, alors, à quoi je servais?
A priori je n'avais pas signé de contrat pour un
rôle de bouc émissaire mais pour un rôle de directrice. J'ai
alors demandé un accompagnement d'aide à la prise de poste, de
type coaching. Je ne connaissais pas encore cette approche, cela m'a juste
été proposé.
Durant une année, j'ai vu 6 fois mon « coach
», tous les deux mois environ durant une séance de 3 h à
chaque fois.
Ces séances ont été extrêmement
bénéfiques, j'ai beaucoup appris et j'ai notamment mieux
compris:
- mon rôle et comment me repositionner dans mon
rôle de directrice
- mes responsabilités et mes champs d'action
- les enjeux de l'institution, de la direction
générale, des salariés, des résidents, des
familles... de les prendre en compte et de trouver des actions
adaptées.
- que le bien être des résidents passe par le
bien être des salariés (le bien être des résidents
suppose de s'intéresser au bien être du professionnel: conjonction
et non opposition).
J'ai également progressé sur les domaines
suivants:
- le développement des compétences
managériales et stratégiques,
- la recherche de l'efficience organisationnelle permettant le
juste équilibre entre les objectifs humains (bien-être des
résidents et des salariés) et les objectifs financiers
(contraintes budgétaires).
Dans cette perspective j'ai décidé de suivre
moi-même une formation de coaching professionnel en entreprise pour mieux
cerner les enjeux de l'être humain au travail et découvrir des
outils managériaux pour y répondre. Que le monde du travail en
EHPAD
2
ne devienne pas un lieu d'insatisfaction et de souffrance mais
un lieu de vie, de bien-être, en toute humilité et en
responsabilité.
Dans ce lieu de vie que l'on pourrait qualifier
d'idéal, voir d'utopique, personne ne deviendrait un robot avec un
sourire forcé sur le visage avec des techniques parfaites, sans n'avoir
jamais la main qui tremble. C'est un lieu où chacun garderait ses
défauts et qualités d'être humain et où chacun
trouverait un sens à son travail en adéquation avec ses valeurs
propres et en responsabilité avec ses choix d'actions et de
pensées.
Ce qui revient à créer un lieu imparfait,
parfait dans son imperfection! Des êtres humains en conflit (ou non), qui
prennent la responsabilité de leurs actes et de leurs pensées en
faisant l'effort de se comprendre, de se remettre en question (ou non), de
comprendre, chercher, trouver du sens et du bien-être à son
travail dans l'institution, et ceci dans le but de prendre soin et rendre
agréable la vie des résidents dans leur nouveau (et dernier pour
beaucoup) « chez eux institutionnel ».
Si l'on vend « l'excellence », le « zéro
défaut » dans un contexte de contraintes budgétaires et
d'enjeux humains si fort, alors on illusionne.
« L'intelligence du coeur est le flux intelligent de
conscience et d'intuition que nous ressentons lorsque le mental et les
émotions se trouvent dans un état d'équilibre et de
cohérence par un processus qui s'amorce lui-même. Cette forme
d'intelligence, vécue comme une sagesse directe et intuitive, se
manifeste dans les pensées et les émotions qui sont
bénéfiques pour nous-mêmes et pour les autres »
(1)
Le coaching, tel que je l'ai appris, cherche à faire
appel à cette force dans chaque être humain. L'idée
défendue est que chaque être humain possède cette
intelligence qui elle-même a accès à toutes les ressources
et au potentiel positif de chacun.
Ma question sera donc la suivante:
Quel est l'intérêt des méthodes
spécifiques au coaching dans le management des professionnels d'un
établissement d'accueil pour personnes âgées?
Il me faudra interroger les techniques de coaching
proposées et voir les limites et les dérives possibles.
(1) ATTALI Laurence (Sophrologue), (2013),
https://laurenceattali.com/2013/11/23/lintelligence-du-coeur-de-nouvelles-preuves-scientifiques/
Pour m'aider à trouver des éléments de
réponses, j'ai retenu différents auteurs, notamment
Valérie BRUNEL (1) et Norbert ALTER (2), pour leur approche sociologique
de l'interaction de l'être humain au sein de l'entreprise et de
l'accompagnement. J'ai pu aussi poser des hypothèses.
J'ai alors interrogé 3 managers qui pratiquent le
coaching sur leur lieu de travail. Ce qui m'a permis de vérifier mes
hypothèses et de faire quelques préconisations.
(1)
3
BRUNEL Valérie, (2008), Les Managers de
l'Âme, Editions La Découverte
(2) ALTER Norbert, (2010), Donner et Prendre, Editions
La Découverte
4
5
1) DEFINITION DU COACHING ET EPISTEMOLOGIE
Le premier point à considérer est celui des
définitions proposées sur le terme coaching.
A. UNE MULTIPLICITE DE DEFINITIONS
Elles foisonnent et ce foisonnement interroge. Je vais donc en
citer certaines avant d'en dégager dans un
2ème temps des lignes directrices.
Chaque organisme, chaque ouvrage, propose sa définition,
j'ai retenu les suivantes:
- Par l'ICF France (International Coach
Fédération France)
Le coaching professionnel se définit comme une relation
suivie dans une période définie
qui permet au client d'obtenir des résultats concrets et
mesurables dans sa vie
professionnelle et personnelle. A travers le processus de
coaching, le client approfondit
ses connaissances et améliore ses performances.
Le coaching peut se pratiquer en séances de
face-à-face, au téléphone ou en séances
collectives, voire dans un lieu spécifique (Coaching
sportif). Ces séances peuvent être
assorties d'échanges écrits par courrier ou par
e-mail.
Le coaching peut être utilisé parallèlement
à un travail de psychothérapie mais il ne
saurait s'y substituer.
Selon cet organisme, les objectifs du coaching individuel sont
les suivants:
- Donner à son entreprise une orientation pertinente,
choisir ses alliés et définir
les structures ad hoc.
- Mettre en place une délégation réussie qui
permette de se concentrer sur les
missions fondamentales.
- Animer son équipe avec le maximum d'efficacité et
d'enthousiasme.
- Concilier ses obligations professionnelles et personnelles.
- Exercer ses responsabilités avec plus
d'efficacité.
- Faire face à des évolutions plus ou moins
importantes de son environnement.
- Rétablir une situation managériale difficile.
- Réorienter sa carrière.
- Identifier ses enjeux et être performant plus rapidement
dans sa prise en main
d'un nouveau poste.
6
- Par Link Up Coaching, Centre Européen de Formation
au Coaching Professionnel
Le coaching renvoie à un principe d'action et à
une responsabilité inaliénable de l`individu. Il s'attache
à une logique de sens, au principe d'autonomie et d'intelligence
adaptative, à la question du comment: «comment changer ici et
maintenant», «comment vivre et se développer ici et
maintenant», «comment conduire sa propre vie selon ses choix»,
«comment évoluer, s'adapter, se réaliser ici et maintenant,
dans cette société, dans ce monde avec ce que je suis». Le
coaching est cette discipline transversale des sciences humaines dont la
rigueur éthique et épistémologique est fondamentale et
dont les principes d'autonomie de responsabilité et de mise en action
sont essentiels. Son ouverture aussi bien que sa finalité le
préservent des aveuglements de théories ne visant qu'à
s'auto-valider et éviter toute remise en question, toute
évolution. Par transversalité il faut comprendre fondements
théoriques puisant aux sciences humaines et ouverture aux apports du
comportementalisme, du cognitivisme, du constructivisme, de la psychologie
humaniste, de la sociologie des organisations, de la psychologie sociale, du
courant philosophique, de l'approche systémique et de la
psychanalyse.
Le coaching se doit aux hommes, à la réussite de
leur évolution, à leurs performances, et à la seule place
qui leur revienne dans les systèmes et les organisations du monde qui
est le notre...
Le coaching consiste à accompagner des personnes ou des
groupes dans la définition et l'atteinte de leurs objectifs, au
bénéfice de la réussite de leur évolution
personnelle et professionnelle. Le coaching est un accompagnement de personnes
ou d'équipes dans le but de développer leurs potentiels
respectifs, de permettre l'émergence et la mise en place de
stratégies de réussite pour définir et atteindre leurs
objectifs, tant dans les domaines personnels que professionnels. Le coaching a
pour but de libérer le potentiel des hommes et /ou des équipes.
Le coaching est l'art d'apprendre à "apprendre à
réussir». Le coaching est un véritable métier...
- Par la Société Française de Coaching
Le coaching professionnel est l'accompagnement de personnes ou
d'équipes pour le développement de leurs potentiels et de leurs
savoir-faire dans le cadre d'objectifs professionnels.
7
- Par Médiat Coaching, Organisme de Formation
Professionnelle Continue
Cet organisme m'a intéressée car il propose de
multiples définitions. Je vais dans un premier temps en citer
quelques-unes avec leurs références tel que lui-même les
présente:
- Le coaching professionnel, c'est accompagner une personne
dans un moment clé de sa vie professionnelle, à propos d'un
contexte précis, en maintenant une relation de parité et
d'adultat. L'objectif est que le client retrouve sa capacité à
agir. (Mediat-Coaching)
- Le coaching d'équipe est un travail
d'entraîneur qui consiste à favoriser les liens entre les membres
de l'équipe, à libérer les potentiels individuels et
collectifs afin de s'adapter à un environnement mouvant. Le coaching
accompagne les changements nécessaires pour mettre en oeuvre une
stratégie de réussite et atteindre un résultat
opérationnel ou à relever un défi. (Patrick Le
Breton Blon)
- Le but du travail d'entraînement est de libérer
le potentiel pour le porter à son niveau de performance optimale. Il
s'agit d'apprendre au client à apprendre par lui-même,
plutôt que de lui faire ingurgiter un savoir extérieur. (John
Whitmore: Coaching - Maxima)
- C'est l'accompagnement d'une personne ou d'une
équipe. Cet accompagnement s'apparente à celui d'un
entraîneur vis-à-vis d'un champion ou d'une équipe
championne.... Cette approche comporte à la fois une philosophie, une
attitude, des comportements, des compétences et des procédures.
(Vincent Lehnardt - Les managers porteurs de sens - INSEP)
- Le coaching, c'est l'accompagnement d'un manager ou d'une
équipe favorisant l'optimisation de leurs atouts humains et
professionnels pour un meilleur exercice de leurs responsabilités au
sein de leur entreprise. (Syndicat Syntec des conseils en évolution
professionnelle)
- Le coaching en entreprise vise à faire progresser les
personnes en libérant leur potentiel. Progresser en vue d'une meilleure
performance certes, mais souvent, tout autant, pour un mieux-être avec
une dépense d'énergie moins forte, moins de stress, moins de
souffrance, plus de relations et plus de plaisir et de joie.
(Bénédicte Gautier/Marie-OdileVervisch : Le Manager-Coach -
Dunod éditeur)
- Le coaching s'appuie sur le développement du
savoir-être du manager pour lui permettre l'acquisition du savoir-faire
du coach, de façon réellement intégrée...
8
Le coaching n'est donc pas un outil mais une méthode
créative, sollicitant des changements personnels, interpellant les
attitudes et les comportements, invitant à revisiter les cartes
mentales, les visions du monde de chacun. (Edward Stacke : Le coaching
d'entreprise - Village Mondial)
- Le coaching, c'est accompagner l'autre vers sa congruence
dans une société qui entretient la confusion et distingue mal
l'objet et le sujet. (Yves Lebedel)
- Le Coaching est un "ART" qui consiste à identifier et
gérer des talents professionnels et personnels avec l'ambition
permanente de voir grandir et s'épanouir l'autre. (Michel
Liardon)
- Le principe du coaching est d'aider une personne à
faire la distinction entre performance et potentiel, et ainsi l'accompagner
à découvrir et développer le potentiel qui sommeil en
elle. (Ruddy Prudent - ESC IDRAC Paris)
- Le coaching, c'est éclaircir pour mieux agir.
(Julie Pesesse)
- Dans une entreprise, c est un conseiller professionnel d'un
salarié dont il cherche à développer les performances.
(Larousse 2004)
- Le coaching est un style de relation, basé sur une
mentalité qui reconnaît l'être humain et l'aide qu'il peut
demander. Il ouvre une relation privilégiée de personne à
personne dans laquelle la personne dans son fonctionnement est plus importante
que le problème ou la situation. Le coaching vise une
auto-transformation vers l'autonomie, permettant au coaché d'adopter des
attitudes, des réactions et actions qui lui sont le plus favorable. Le
coaching cherche la dynamisation de la performance, notamment professionnelle,
en s'appuyant sur le présent pour aller vers le futur. Il contribue
à la recherche d'un sens riche et dynamisant donné à ce
qui est vécu. (Bernard Besson, Vito Vigano, Jean-Michel Vuagnaux,
Coaching-Services)
Je vais, dans un second temps, proposer une analyse de ces
définitions et mettre l'accent sur les lignes conductrices qui s'en
dégagent.
B. PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DES DEFINITIONS DU
COACHING
- Nous retrouvons les éléments clés
suivants:
o l'Accompagnement
·
9
Le coaching vise à accompagner une personne, un
manager, un dirigeant, en entretien individuel dans un cadre professionnel ou
personnel, pour résoudre un problème que l'individu n'arrive pas
à améliorer seul.
· Le coaching vise également à accompagner
une équipe de professionnels pour améliorer les performances
collectives.
o les Objectifs, de l'accompagnement de type coaching
· Le but est de faire progresser l'individu ou
l'équipe pour l'atteinte d'un but personnel et/ou professionnel. Pour le
coach, l'individu est plus important que le problème à
résoudre. Partant du principe que seul le fonctionnement de l'individu
est à l'origine des blocages qui l'empêche de régler la
difficulté qu'il perçoit, le problème se résout
alors de lui même quand le fonctionnement de l'individu est pris en
charge, plutôt que la difficulté en elle--même.
· Pour se faire, le coach va utiliser des outils qui
vont permettre à la personne, ou à l'équipe coaché,
de retrouver sa capacité d'agir, d'optimiser ses performances, de
prendre conscience de ses responsabilités et de ses capacités
pour y faire face, de libérer le potentiel et les talents de chaque
acteur, de prendre conscience de ses croyances limitantes et de renforcer les
croyances positives.
· L'idée est bien d'aider l'individu et
l'équipe à mettre en place une stratégie de
réussite en fortifiant le mieux être général de
l'individu, baisse du stress, moins de souffrance, plus de joie et
d'épanouissement
· Le coach va l'aider également à trouver
sa place au sein de l'entreprise ou de son environnement personnel, à
trouver sa motivation personnelle et à prendre du recul. Le
coaché devient alors plus autonome et plus confiant.
o L'attitude du coach envers le coaché
· Le coach sait qu'il ne va pas administrer chez le
coaché des compétences ou des talents qu'il n'a pas. Il part du
principe que l'individu qu'il accompagne a un fort potentiel dont il n'a pas
encore conscience et va donc l'aider à faire connaissance avec ses
10
capacités naturelles.
· Cette conscience oblige le coach a une attitude de
respect et de bienveillance. Ce que l'on appelle une « position basse
». Contrairement, par exemple, à un manager qui se place en «
position haute » envers son salarié, de part ses
responsabilités.
· La relation du coach et du coaché est sans
enjeux. Le coach sait que le potentiel qui sera découvert chez le
coaché est le seul fait de ce dernier, le coach est un « outil
» et son attitude se doit d'incarner l'humilité.
o L'éthique du coaching
· L'attitude du coach est naturellement en relation avec
l'éthique de l'approche coaching. Nous retrouvons dans les
définitions ci--dessus le respect de l'intégrité et de la
dimension humaine de chacun des individus. La reconnaissance de l'être
humain en tant que VIP (Very Important Person - Personne Très
Importante).
· Reconnaissant le potentiel naturel de l'être
humain, le coach fera toujours en sorte que son client ne soit pas
dépendant de lui et qu'il gagne en autonomie grâce à la
découverte de son propre potentiel.
On le voit, il y a une tension vers un idéal du
management, il me faudra y revenir lorsque je proposerai une approche plus
critique. Mais je vais au préalable m'intéresser à
l'histoire du coaching.
(1) WIKIPEDIA ENCYCLOPEDIE,
https://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia:Accueil
principal
(2) ALI KHAN Amandine (Coach), (2009),
http://amandinecoach.typepad.fr/developpementdelapersonne/2009/11/doù-vient-le-terme-de-coach-
etymologie-du-coaching.html
(3) LAUBIE Raphaëlle (Entrepreneur Web 2.0 et industrie
du Nom du Domaine), (2011),
http://raphaellelaubie.com/fr/2011/11/27/histoire-du-coaching/
11
2) HISTOIRE ET FONDEMENT DU COACHING
C. QUELQUES REPERES HISTORIQUES
Le verbe anglais « to coach » signifie
entraîner, accompagner, motiver et est issu du milieu sportif (Angel
& Amar, 2007). En français, les fédérations de coachs
ont travaillé et travaillent à trouver un terme adéquat.
Le fait est qu'il n'existe pas de traduction aujourd'hui satisfaisante. Si le
terme d'accompagnement semble un des mieux adapté, on
préfère conserver les termes de coach et de coaching pour toutes
les notions qu'ils englobent (malgré les confusions que cela peut
entraîner avec les utilisations galvaudées du mot coach que l'on
voit proliférer actuellement dans les médias (brico coach,
déco coach, coach régime, love coach, sex coach et j'en passe...
Bref, le « fourre--tout du coaching» (Délivré, 2002,
p.40)).
Wikipédia (1) rajoute également un sens
figuré au mot « coach » : « instructeur / formateur
», dans l'argot de l'Université d'Oxford, pour désigner un
tuteur, un mentor, qui « transporte » l'élève vers un
examen; le sens « entraîneur sportif » serait apparu vers 1861.
Le mot « coaching » désigne une activité
orientée vers l'accompagnement et l'épanouissement de la personne
coachée ainsi qu'un processus pédagogique d'apprentissage.
En France, la Commission générale de
terminologie et de néologie recommande l'usage, dans le domaine «
santé, médecine et psychologie » du terme « guidance
», dans le domaine « économie et gestion d'entreprise »,
« mentorat », dans le domaine du sport, « instructions par
signes ». Pour sa part, le Grand dictionnaire terminologique
québécois propose en outre, selon les domaines, les termes «
accompagnement », « pilotage », « direction
d'athlètes ».
Amandine Ali Khan (2) complète par le fait que dans
l'Antiquité le cocher est aussi celui qui se tient à coté
du prince et est chargé de conduire le char pendant la bataille.
Le terme « coach » est également initialement
employé au siècle précédent dans les domaines
théâtral, lyrique et cinématographique indique Raphaelle
Laubie (3). Il définit la notion d'accompagnateur d'artistes. Il sera
ensuite utilisé dans le domaine de
l'entraînement sportif, à dessein de
préparer et de motiver l'athlète ou les équipes à
améliorer leurs performances. Il sera alors adapté au monde de
l'entreprise (coaching de personne ou d'équipe) et à la personne,
indépendamment de tout contexte professionnel (Life-Coaching).
On peut remonter à Socrate pour définir les
origines du coaching, nous apprend Soladvance (1) : Socrate est le père
de la démarche maïeutique d' « accoucher les esprits ».
Lançant à qui voulait l'entendre le fameux « connais-toi
toi-même », il déclarait selon Xénophon : « Je
crois qu'on ne peut mieux vivre qu'en cherchant à devenir meilleur, ni
plus agréablement qu'en ayant la pleine conscience de son
amélioration »
D'après Caroline Carlicchi (2), l'objectif de Socrate
était, par son questionnement, d'aider la personne à trouver le
chemin de sa propre vérité.
Mentor dans la mythologie grecque éduquant le fils
d'Ulysse, Aristote en 322 avant Jésus Christ précepteur
d'Alexandre le Grand, les fous des seigneurs et écrivains publics au
moyen-âge; tous ces personnages se rapprochaient du rôle de «
coach » permettant à autrui de se révéler à
soi-même, ajoute Raphaelle Laubie.
Puis au fil de l'histoire, nombreux sont ceux qui ont
pratiqué une forme de coaching sans le désigner par un nom
spécifique nous rappelle Caroline Carlicchi.
Soladvance cite: « Le besoin de faire appel à
une aide extérieure devant des difficultés ou des interrogations
sur la conduite de sa vie apparait comme une pratique ancestrale. Au quotidien,
cette aide est apportée par des figures différentes qui peuvent
être, selon les cas, l'ami, le compagnon de vie, le médecin de
famille, le conseiller financier ou fiscal, le thérapeute, le
professeur, le collègue de travail, avec plus ou moins
d'efficacité » (Angel & Amar, 2007, p.12).
Raphaëlle Laubie détaille certains
éléments dans le contexte du monde de l'entreprise: les
théories des organisations définies par Henri Fayol (1916) et
Frederick Taylor (1911), d'approches respectives hiérarchiques et
fonctionnelles, ont été plus tard controversées par les
expériences réalisées par Elton Mayo (1930). Cette
dernière favorisait le climat psychologique comme déclencheur des
performances des
travailleurs. On pourra citer l'expérience sociologique
d'Hawthorne, démontrant que l'accroissement de la productivité
des ouvrières de l'usine d'Hawthorne ne dépendait pas des
conditions de travail appliquées mais de l'intérêt
porté à ces
(1) SOLADVANCE (Réseau de coachs et de consultants),
http://soladvance.com/SOLADVANCE/Le
coaching comment ca marche files/L'histoire%20et%20la%20
12
méthodologie%20du%20coaching%20en%20quelques%20lignes.pdf
(2) CARLICCHI Caroline (Coach Certifiée et
Consultante), (2013),
http://blog-fr.coaching-
go.com/2013/01/perception-et-realite-du-coaching-en-france/
13
dernières indépendamment de toute
amélioration du confort de travail, des allongements ou
réductions d'horaires de travail. Elton Mayo marqua ainsi une
première rupture avec le modèle taylorien et son approche de
l'intérêt individuel, favorisant l'esprit d'équipe, la
communication et l'écoute hiérarchique.
Dans le prolongement de cette approche, la pyramide des
besoins de Maslow (1940) définit une hiérarchie mettant l'accent
sur les caractères sociaux et leurs importances dans le monde de
l'entreprise, s'opposant également à Taylor, concentré sur
les besoins physiologiques des travailleurs, base de la pyramide de Maslow.
Mintzberg (1973) appréhendera les phénomènes de pouvoir et
de conduite du changement en s'opposant à Fayol et en démontrant
que le dirigeant doit notamment user de ses relations interpersonnelles pour
s'informer et pour agir, intégrant le fait qu'au sein de toutes
structures résident des jeux d'influence et de pouvoir en constante
évolution.
C'est ensuite dans les années 50 que les premiers
« coachs » sont nommés aux USA, nous informe Caroline
Carlicchi. D'abord dans le monde du spectacle puis dans celui du sport. Leur
spécificité est alors de travailler à la fois sur l'esprit
et le corps pour préparer leurs « champions ».
Raphaelle Laubie apporte quelques précisions, les
« conseillers et mentors » de stars américaines tiennent le
rôle précurseur de coachs d'artistes tout comme les
entraîneurs sportifs qui se penchent sur l'amélioration des
performances de leurs joueurs ou équipes, réalisant l'impact de
ce travail sur le mental. Timothy Gallwey affirmera que le principal adversaire
du sportif n'était autre que lui-même.
Le coaching, importé des Etats-Unis, est apparu en
France dans les années 80 et 90. Il s'inspire des grands concepts des
sciences humaines, relate Raphaelle Laubie.
Depuis 1980, le coaching a intégré le monde de
l'entreprise, se penchant sur les problématiques rencontrées par
les hauts dirigeants et les cadres.
Soladvance précise que « Les chefs
d'entreprise ont vite décelé que le monde du business n'avait pas
grand-chose à envier aux terrains de sport question concurrence,
âpreté des combats et besoin de dépassement. «
Pourquoi pas nous ? » se sont-ils demandés » (Angel &
Amar & Devienne & Tence, 2007, p.5). Si autrefois
bénéficier d'un coaching pouvait être
considéré comme un mauvais signe (ultime moyen de traiter des
difficultés psychologiques des salariés estimés par
ailleurs incompétents et vis-à-vis desquels le
14
management s'était avéré faillible),
cette pratique entre dans les moeurs afin d'optimiser les ressources de
l'individu et de l'entreprise (Délivré, 2002).
Soladvance nous apprend qu'en France, le coaching est
également apparu par le milieu sportif, notamment dans le milieu du
tennis et du football. On se souvient des exemples brillants qu'ont
été Noah ou Aimé Jacquet. Le métier de coach a fait
son entrée dans les entreprises dans les années 1990, avec les
grands précurseurs comme Vincent Lenhardt.
Dans ce contexte compétitif d'individualisation et de
flexibilisation de la société, à la recherche de la
performance individuelle et collective et de l'optimisation des ressources (de
l'individu, de l'équipe, de l'organisation), le coaching a connu son
essor. Dans les années 90 en Europe se sont développées
des pratiques d'accompagnement diverses comme le coaching, le conseil, le
mentoring (Bernhardt, Colnot, Vitry, 2008).
Wikipédia énonce qu'en France, outre le cabinet
Transformation qui a ensuite éclaté en plusieurs structures et a
donné naissance à Transformance et Mozaik International en 1995,
IFOD et le DÔjÔ ont été les premières
écoles de coaching jusque dans les années 2000. De nombreuses
autres écoles se sont ensuite développées répondant
ainsi à une forte demande de formation.
SF Coach (Société Française de
Coaching) est la première association de coachs en France crée en
1996.
ICF (International Coach Federation) créée
en 1995 aux US a ouvert un chapter France en
2002.
'ICF (International Coach Federation), CTI (Coaches
Training Institute), Coach U, Coachville, IAC
(International Association of Coaches) ont été
établis par participation directe ou indirecte de Thomas Leonard (en)
dans les USA.
Raphaelle Laubie précise que depuis 1990, le coaching
se déploie et s'adresse également aux individus hors du contexte
de l'entreprise (Life--Coaching).
Solavance nous informe que de nos jours, le coaching trouve
son créneau dans un marché concurrentiel.
« A un niveau sociétal, le coaching
répond à un environnement économique de plus en plus
compétitif et complexe qui demande une plus grande flexibilité
dans les compétences et les comportements : réorganisations,
internationalisation, délocalisations, évolution des
15
méthodes de management et d'évaluation,
émergence de nouvelles technologies sont quelques-uns des
phénomènes qui appellent des changements plus fréquents et
une capacité d'adaptation plus grande » (Angel, & Amar,
2007, p.12).
Selon Délivré (2002), depuis l'an 2000, les
choses ont vraiment changé en entreprises pour le coaching : alors qu'il
était avant considéré avec méfiance et amusement,
les entreprises se sont depuis lors décidées à investir
dans des consultants extérieurs pour leurs cadres à haut
potentiel.
Réservé aux cadres de très haut niveau
dans les premiers temps, il s'étend désormais à une plus
large population de cadres, notamment pour les hauts potentiels, ou les cadres
en évolution professionnelle.
Les tendances actuelles sont au coaching d'équipe,
d'organisation et au coaching de vie.
Fort des résultats sur l'individu, les entreprises
utilisent actuellement de plus en plus le coaching dans le cadre des
équipes : « il en va d'une équipe comme d'une personne :
pour qu'elle parvienne à apporter ses réponses aux questions et
aux défis rencontrés, pour affronter le changement notamment,
elle peut avoir un grand besoin de l'intervention d'un... coach », (Moral
& Giffard, 2008, p.130). On considère alors l'équipe comme
une entité à part entière. Les techniques utilisées
s'appuient sur la synergie (point différenciant des autres interventions
sur l'équipe) (Moral & Giffard, 2008) et utilisent pour beaucoup les
théories issues de la systémique.
Une tendance encore plus récente est le coaching
d'organisation:
« Le coaching d'organisation couvre [...]
l'agencement des relations hiérarchiques, les mécanismes de
coopération et de décision, les dynamiques groupales, le
leadership, les normes et cultures organisationnelles et, enfin, le changement
» (Moral & Henrichfreise, 2008, p.16). Le coaching d'organisation
rassemble différents types d'intervention, dirigé par un cabinet
de coach jouant le rôle d'architecte : formation, team building, coaching
d'équipe, et a minima quelques recommandations (Moral &
Henrichfresie, 2008). Les problématiques touchant les frontières
de l'entreprise, la gestion du risque, la créativité,
l'innovation et surtout le changement sont du domaine du coaching
d'organisation. Les questions plus techniques relatives à la
création de valeur ajoutée, aux processus, à la gestion de
l'information et à la qualité sont plutôt du domaine du
conseil. La gestion des connaissances peut s'aborder selon les deux voies. Dans
un contexte d'urgence, priorité
16
doit être donné au consultant expert pour se
substituer au client et répondre aux questions (ce que le coach ne sait
et ne veut faire). Dans un souci d'autonomie et d'apprentissage, certaines
entreprises préfèrent aujourd'hui l'accompagnement
stratégique délégatif du consultant coach.
Enfin, la notion de coaching s'est étendue au grand
public avec le coaching de vie ou life coaching. « En ce qui concerne
le coaching, une mère peut expliquer à sa fille qu'un coach
« aide les gens à mieux faire leur métier et y être
plus heureux ». Si la maman est américaine, elle dira (en anglais,
bien sûr) : « ma petite fille chérie, un coach aide les gens
à réussir leur vie » » (Délivré,
2002, p.11). « A la différence du coaching d'entreprise, cette
demande [de coaching personnel] ne vise plus exclusivement la performance et
l'excellence prescrite dans la sphère professionnelle. Elle s'attache
surtout à la réalisation d'un projet personnel de vie, lequel
n'exclut pas pour autant, bien au contraire, la dimension professionnelle, ni
aucune autre du reste » (Bernhardt, Colnot, Vitry, 2008, p.19).
Très développé aux USA, le coaching de
vie est encore assez nouveau en France. Souffrant du fait que certains
professionnels du coaching considèrent que celui-ci doit se limiter aux
sphères professionnelles et que la frontière entre coaching de
vie et psychothérapie est très subtil, il prend doucement ses
lettres de noblesse, reconnu par les associations de professionnels et
développé dans des ouvrages récents.
Que retenir de cette approche historique?
- Les auteurs qui se sont intéressés à
l'histoire enrôlent beaucoup de monde sous la bannière du
coaching. Les pères fondateurs abondent, convoqués comme autant
de référents prestigieux.
- Le coaching se repartit dans de multiples champs: sport,
entreprise, vie personnelle...
Il reste donc à s'interroger sur les outils
proposés pour couvrir une telle surface.
Une des sources principales se trouve dans le registre du
développement personnel. Je vais maintenant retenir les
références de Valérie Brunel en ce domaine.
(1) BRUNEL Valérie, (2008), Les Managers de
l'Âme, Editions La Découverte
17
B. LES METHODES DE DEVELOPPEMENT PERSONNEL
Je m'appuie sur le livre de Valérie Brunel, « les
managers de l `âme »(1), qui nous présente 6 méthodes
de développement personnel (page 63).
A ce stade, je me contenterai de les présenter
succinctement avant une approche ultérieure plus critique.
Nous retrouvons tout d'abord la méthode PNL (Programmation
Neuro Linguistique). Cette méthode a été inventée
dans les années 1970 par les américains Richard Bandler,
étudiant en informatique et mathématiques, et John Grinder,
maître adjoint en linguistique.
Les modèles de la PNL reposent sur l'idée que
c'est le cerveau qui, grâce aux cinq sens, perçoit
l'environnement, interprète, code et transmet les messages de tous
ordres (neuro).
La PNL s'appuie aussi sur une conception constructiviste de la
connaissance, selon laquelle l'homme n'agirait pas en fonction des
propriétés objectives de son environnement, mais en fonction des
représentations qu'il s'en fait. Tout ce que l'on voit et tout ce que
l'on pense du monde, n'est pas le monde. Notre représentation de la
réalité n'est pas la réalité. Les limites ne sont
pas dans le monde mais dans la représentation que l'on en a.
Chaque personne à son modèle du monde qui est sa
représentation de la réalité (sa carte). Le but de la PNL
est alors de proposer le choix entre plusieurs « cartes »
différentes. Aucune carte n'est plus vraie qu'une autre, mais certaines
« marchent mieux ». Plus sa carte offre de choix, plus elle est
aidante.
La première étape est la prise de conscience de
sa carte limitante et ensuite l'apprentissage de nouveaux choix et donc de
nouvelles actions.
L'Analyse Transactionnelle (AT) a
été développée dans les années 1950 par le
psychiatre et psychanalyste américain Eric Berne.
Cette méthode est centrée également sur
l'observation des comportements reliée à des expériences
intrapsychique individuelles et à une théorie de la
personnalité via une dizaine de grilles de lecture, dont les plus
connues sont les « états du Moi », les « transactions
» et les « scénarios de vie ».
18
Les 3 états du Moi identifiés sont l'état
Parent, l'état Adulte et l'Etat Enfant. On considère que
l'individu fait appel à son état du Moi Parent à chaque
fois qu'il émet un jugement, à son état du Moi Enfant
à chaque fois qu'il exprime une émotion à son état
du moi Adulte à chaque fois qu'il traite une information ou un message
de manière neutre et « objective ».
Il existe deux transactions dans cette communication entre
deux individus : soit « parallèle », les deux individus
utilisent deux états du Moi similaires, soit « croisée
» lorsque l'individu dont un état du Moi a été
sollicité répond à partir d'une autre état du Moi.
Cette forme de transaction serait la cause la plus fréquente de
mésentente, selon Berne.
Les scénarios de vie trouvent leur existence en
réaction aux messages permissifs ou inhibiteurs envoyés par les
parents. Ils sont regroupés en 5 types : « Sois parfait »,
« Fais un effort », « Fais-moi plaisir »,
Dépêche-toi », « Sois fort » (ne manifeste pas tes
émotions). Ces messages développent chez l'individu une
survalorisation ou dévalorisation de soi ou d'autrui.
Dans la perspective de l'AT, l'individu pourra remédier
à ces déformations notamment en renforçant la
compétence de l'état du Moi Adulte dans la gestion des
émotions.
La théorie de l'élément humain et
la méthode Schutz s'appuie sur le concept suivant: chacun
expérimente que la relation à l'autre est très directement
connectée à la relation à soi, c'est-à-dire comment
je me comporte avec moi-même et comment je me ressens moi-même.
Ainsi mieux on se sent en sa propre compagnie, meilleure est
son estime de soi et plus grande est sa capacité à nouer une
relation authentique et à travailler avec les autres. Dans son ouvrage
publié en 1994, Will Schutz, psychologue américain,
considère que chacun est totalement responsable de la totalité de
sa vie. « Je choisis ma propre vie - mes comportements, mes
pensées, mes sentiments, mes sensations, mes souvenirs, mes faiblesses,
mes maladies, mon corps, tout - ou alors je choisis de ne pas savoir que j'ai
le choix. »
Selon lui, il existerait des liens de causalité
réciproque entre l'estime de soi des salariés, la confiance dans
l'entreprise et la productivité globale de l'organisation.
Son approche est construite sur un socle essentiellement
constitué de 2 principes forts: la vérité et le choix. Je
fais un choix et j'en prends consciemment la responsabilité.
19
L'Ennéagramme est un modèle de la
structure de la personne humaine. Ce modèle aboutit à neuf
configurations différentes de la personnalité, neuf
manières de se définir: - Je suis droit et travailleur
- j'aime, j'aide
- je réussi, je suis efficace
- je suis différent, je suis sensible
- je sais, je comprends,
- je suis loyal, je fais mon devoir
- je suis optimiste, je suis heureux
- je suis fort, je suis juste,
- je suis bien, calme, facile à vivre
Chacun d'entre nous a tendance à donner dans sa vie la
priorité à une de ces images de soi. En étudiant les
conséquences de ce choix, l'Ennéagramme donne une description qui
se veut précise de la psyché humaine et qui permettrait
d'expliquer et/ou de prévoir, avec une fiabilité
étonnante, notre attitude face aux diverses circonstances de la vie. La
connaissance de son type, de son centre préféré et des
divers autres aspects de sa personnalité telle que codée par
l'Ennéagramme est censée permettre d'anticiper et de gérer
ses comportements, de développer son empathie, de mieux communiquer avec
autrui et, bien sur, d'évoluer en se connaissant mieux et en se
réconciliant avec soi-même.
Le Myers-Briggs Type Indicator (MBTI) et la Process
Communication (PC)
Le MBTI est utilisé par beaucoup
d'écoles pour leurs conseils d'orientation. C'est l'indicateur le plus
utilisé au monde.
Cet outil est un questionnaire d'auto-diagnostic qui a pour
objectif de faire découvrir son type psychologique.
Les résultats du MBTI identifient les
différences qui existent entre les personnes, différences qui
peuvent être cause de nombreux malentendus. Les réponses au
questionnaire MBTI permettent, au cours de l'entretien qui suit, d'identifier
ses talents
20
personnels. Ces informations aident à mieux se
connaître, à découvrir ses motivations, ses atouts naturels
ainsi que les domaines dans lesquels l on peut se développer. Elles
aident également à comprendre et apprécier les personnes
qui sont différentes de nous. Une bonne compréhension de son type
MBTI permet de s'affirmer et de développer la coopération avec
les autres.
Les différents types psychologiques reposent sur la
théorie de Carl G. Jung.
Cette vision est fondée sur la loi des
polarités, notre dynamisme supposant un mouvement entre deux
pôles. Il déduit de ses observations que l'esprit humain dispose
de 4 fonctions psychologiques de base:
- 2 fonctions irrationnelles de Perception, lui permettant de
recueillir de l'information de 2 manières opposées : l'Intuition
ou la Sensation
- 2 fonctions rationnelles de Jugement, lui permettant de
traiter cette information
pour aboutir à des conclusions : la Pensée
(Thinking) ou le Sentiment (Feeling).
Il a observé que les individus ont tendance à
trouver leur énergie et être dynamisés soit par:
- l'environnement extérieur, les activités et les
expériences : Extraversion
- l'univers intérieur des idées, des souvenirs et
des émotions : Introversion
Le Process Communication modélise 6
types de personnalité: Empathique, Travaillomane, Rebelle,
Persévérant, Promoteur, Rêveur.
Cette méthode mise au point par le docteur en
psychologie américain Taibi Kahler, en 1982, pour le compte de la
NASA. il s'agissait de s'assurer que les
astronautes destinés à vivre ensemble jour et nuit, d'abord,
étaient compatibles en termes de personnalité et, ensuite,
sauraient adopter sous stress des réactions adaptées.
La dernière méthode présentée est
la théorie de l'Intelligence Emotionnelle. En 1995,
Daniel Golemann, a rendu ce sujet très populaire a la sortie de son
premier livre « Emotional Intelligence: Why it can matter more than IQ ?
» (L'intelligence émotionnelle : Pourquoi peut-elle être plus
importante que le QI ?)
Cette théorie a pour thèse principale
l'idée que, afin de « réussir sa vie », c'est à
dire d'être un membre pleinement adapté et fonctionnel de la
société, une personne doit être pourvue à la fois
d'intelligence traditionnelle (QI quotient intellectuel) et d'intelligence
émotionnelle (QE quotient émotionnel).
L'intelligence émotionnelle consiste à avoir
conscience de ses émotions et de la façon
21
dont elles peuvent influencer l'intelligence au sens
traditionnel, par exemple en altérant le jugement.
Lors de décisions personnelles, l'émotion joue
un rôle déterminant. L'intelligence peut dire « non »,
mais c'est finalement le sentiment qui décidera.
Sa thèse montre que c'est l'équilibre des deux
cerveaux qui non seulement régule nos comportements, mais
détermine aussi la qualité de notre pensée et de nos
décisions.
Là aussi, on le voit, les outils évoqués,
les sources et les appuis sont multiples. Leurs lectures soulèvent
plusieurs questions. La psyché humaine peut-elle être
réduite de cette façon ? Les mots clés sont-ils aussi
simplistes? Il me faudra y revenir.
Il est à noter une distinction entre coaching interne
(coach salarié de l'entreprise) et coaching externe (coach
extérieur à l'entreprise). Je vais approfondir ci-après la
notion du coaching interne et la figure du manager-coach.
22
3) LE COACHING INTERNE ET LA FIGURE DU
MANAGER--COACH
A. LE COACHING INTERNE (1)
Le coaching interne apparaît souvent lorsque
l'entreprise est confrontée à de fortes évolutions pour
accompagner le changement. Le coaching interne perdure ensuite dans
l'amélioration constante des performances du dirigeant aux
salariés.
Une présentation « positive » :
Je reprends ici les présentations « positives
» qui en sont faites.
Dans une entreprise, la présence de coachs internes
parle de sa volonté de développer les compétences
relationnelles et managériales, individuelles et collectives. Elle
atteste de l'intérêt donné à un accompagnement
professionnel inscrit dans la durée et complémentaire de
l'accompagnement hiérarchique et représente en même temps
une preuve supplémentaire de la confiance que les dirigeants placent
dans leur encadrement. Elle atteste de l'ambition de l'entreprise en
matière de management des personnes et des équipes.
Le coaching s'inscrit dans un mouvement de nos organisations
qui peut paraître paradoxal: d'un côté des positionnements
économiques exigeants et de l'autre un besoin de sens et de lien. En
cela les entreprises qui emploient des coachs disent généralement
faire le pari de réconcilier l'économique et l'humain.
Un coach interne est d'abord un coach professionnel. Il est
formé au coaching (certification), possède une bonne connaissance
des organisations et bénéficie, le plus souvent, d'une
expérience en tant qu'opérationnel ou fonctionnel. La
connaissance de la stratégie, des enjeux, des projets et de la culture
de l'entreprise permet ainsi une plus grande finesse de l'analyse de la
demande.
Un coach interne est aussi un salarié qui a
négocié avec son employeur une certaine marge de manoeuvre
indispensable à l'exercice de son métier. Il rend des comptes sur
son activité à l'aide d'indicateurs quantitatifs (volume de
coachings réalisés, population ciblée,...), et sur la base
de témoignages volontaires et le plus souvent anonymes des personnes
qu'il accompagne, voire de leur responsable hiérarchique. Son employeur
respecte, toutefois, scrupuleusement la stricte confidentialité à
laquelle il s'engage
(1) Quelques parties de ce texte sont issues des sources
suivantes:
a. In'Coach - Spécificités du coaching interne
(Association de coaching interne), (Version du 19/06/2007), source internet
supprimée depuis
b. Auteur inconnu, (2009), Le coaching interne, source
internet supprimée depuis
|
23
|
24
auprès de ses « clients internes ».
L'avantage que le coach interne peut avoir sur le coach externe est sa
connaissance de l'organisation dans laquelle il intervient (gain de temps,
compréhension de la culture, partage d'un sentiment
d'appartenance...).
De nombreuses organisations demandent, enfin, au coach interne
de remplir un certain nombre de missions complémentaires à son
métier de coach professionnel. Les coachs internes sont, ainsi, en
capacité de jouer un rôle de « fonction support » dans
toutes les démarches visant à développer une culture de
l'accompagnement professionnel. Ils peuvent par exemple initier, suivre et
valoriser les actions combinées de coaching et de tutorat. Les coachs
internes jouent également un rôle utile dans le domaine de la
veille interne. La logique du contrat tripartite leur donne de nombreuses
occasions d'échanger avec des cadres à des niveaux de
responsabilité variés dans tous les secteurs de l'organisation.
Ils représentent ainsi une source complémentaire de
remontée des « signaux faibles ». Un certain nombre d'entre
eux rédigent ainsi périodiquement des notes de synthèse en
croisant des données pertinentes dans le respect de l'anonymat des
personnes.
Le coaching interne consiste à accompagner des
personnes ou des groupes dans l'atteinte de leurs objectifs et, plus largement,
dans la réussite de leur évolution personnelle et
professionnelle. Ce qui est annoncé est la volonté de :
- Clarifier ses objectifs
- Gagner en confiance
- Résoudre une situation professionnelle
problématique
- Améliorer ses performances
- Mieux gérer son stress
- Mieux gérer son temps
- Adapter la bonne posture professionnelle
- Adapter la bonne posture managériale
- Développer des compétences relationnelles et
managériales, individuelles et
collectives
Aucun lien hiérarchique ne devrait exister entre le
coach interne et le coaché. Le coach interne devrait rester en dehors de
tout risque d'influence entre la hiérarchie, le coaché et les
prescripteurs. Est--ce possible?
Le coach interne peut être présent pour des
interventions « flash » en cas d'urgence ou de crise. Il facilite la
prise de hauteur en phase initiale.
Le donneur d'ordre peut être la personne elle-même
ou la hiérarchie. S'ensuit alors l'élaboration d'une convention
qui définit les objectifs et le nombre de séances.
B. LE MANAGER-COACH
La définition du manager-coach n'est pas une addition
de la définition du manager et de la définition du coach.
Le manager-coach a sa propre définition et son propre
rôle qui consiste à rester manager en position haute et à
utiliser les méthodes de coaching comme outil de management.
Comme l'explique très bien Anaïs Pierre, manager
d'un cabinet conseil en management et organisation (1) :
Anaïs Pierre pose la question suivante : « Coach
et manager deux termes antinomiques ? » Elle cite Vincent Lenhardt
(consultant, coach et formateur en coaching français, auteur de
plusieurs ouvrages sur le management, l'Intelligence Collective et le coaching)
qui explique que l'attitude du coach considère la personne ou
l'équipe dans son fonctionnement actuel et son potentiel en train de se
réaliser et que cette approche comporte une philosophie et des
compétences spécifiques.
Il précise également que le terme manager est un
terme latin qui signifie la prise en main « manus ». Le manager prend
des décisions importantes concernant le fonctionnement de
l'entreprise.
Anaïs Pierre donne l'exemple du manager «
conduite du changement » qui doit utiliser des approches
comportementales et psychologiques pour obtenir l'implication des acteurs et en
même temps diriger et coordonner. Ce qui fait alors de lui un
manager-coach : supérieur hiérarchique au plus près de ses
collaborateurs et de ses équipes.
Elle soulève alors le fait suivant: «
Cependant, le manager- coach étant lui-même impliqué dans
la situation, il manque de recul vis-à-vis de la situation et
vis-à-vis du coaché. Ainsi le manager- coach passe d'une attitude
directive (contrôle, ordonne...) à une attitude «
coopérative ».
Elle note alors qu'il est difficile dans la
réalité de concilier ces deux rôles et que ce rôle
serait alors un idéal à atteindre.
La bonne définition serait-elle alors à penser
« Le coaching comme style de management » affirme Anaïs
Pierre.
(1)PIERRE Anaïs, (2013),
http://www.journaldunet.com/management/expert/54868/le-manager-coach---
nouvelle-posture-du-manager.shtml, Journal du
Net. 25
26
Effectivement elle met en avant l'utilité du coaching
qui permet d'augmenter les performances des managers et des équipes et
qui permet également de rendre d'environnement moins stressant pour les
équipes, de favoriser le travail en équipe, l'aide mutuelle et de
diminuer les luttes de pouvoir.
Le manager-coach n'est alors pas un coach à part
entière mais utilise l'outil du coaching comme management.
Pour cela le manager-coach a acquis plusieurs compétences,
explique Anaïs Pierre:
- Celle de savoir observer ses subordonnées
(comportement et performance) pour agir rapidement,
- La capacité d'analyser et d'identifier les
opportunités pour que les membres de
son équipe augmentent leurs capacités et
améliorent leurs performances,
- Celle de savoir identifier une situation ou le coaching est
nécessaire,
- L'acquisition de l'écoute l'active et de l'art du
questionnement.
C. INTERET DE LA LOGIQUE D'ACCOMPAGNEMENT
Pour traiter ce point, je m'appuie à nouveau sur
l'ouvrage de Valérie Brunel « Les Managers de
l'Âme ». C'est un ouvrage critique.
Dans un premier temps, Valérie Brunel expose les
laudateurs du coaching.
Elle nous explique avant tout que le changement étant
devenu un état permanent dans l'entreprise, le manager doit alors passer
d'une logique hiérarchique à une logique d'accompagnement de ses
collaborateurs.
Pour cela, l'auteure nous dit qu'il faut d'abord comprendre
que l'efficacité et la performance de l'individu sont
déterminées par la qualité de ses relations à lui
même et à son environnement. Cette bonne qualité permet de
développer la confiance, le développement des ressources
humaines, la coopération et le partage du savoir, nécessaires au
bon fonctionnement de l'organisation.
Ce qui amène les managers à développer
dans l'entreprise un « savoir être » envers soi et autrui fait
d'ouverture, d'empathie, de prise en compte des affects et de
représentations de l'autre, de partage et d'enjeux et de recherche
d'objectif partagé. L'entreprise se transforme alors en organisation
« apprenante », ou chacun apprend en permanence des autres. Le
manager va s'employer à écouter les opinions des employés
en matière d'organisation du travail ainsi que les besoins fluctuants
des clients. Il s'agit
27
de remettre en cause des façons de faire et de penser
et de s'améliorer sans cesse.
Valérie Brunel cite les théoriciens du
management qui expliquent que l'organisation doit désormais
reconnaître, gérer et tirer profit des différents
comportements des collaborateurs comme une force permettant l'adaptation au
changement, la créativité et l'innovation. Pour l'entreprise, il
s'agit donc d'une évolution vers une meilleure prise en compte de
l'individualité et de permettre l'intérêt et l'expression
de chacun, au lieu d'exercer le pouvoir et de tout contrôler.
Comme nous le formule Valérie Brunel, réduire le
contrôle n'empêche en rien de garder le contrôle
nécessaire sur les salariés et d'assurer la coordination des
acteurs. Les collaborateurs, de ce fait, accroissent leur autonomie selon le
principe « d'autonomie dans l'interdépendance ». Pour les
salariés, il s'agit de garder une dépendance du cadre à
respecter, des interactions avec les collègues, du respect de la
réglementation et en même temps de développer son pouvoir
d'initiative, de devenir acteur dans un travail qu'ils se seront
attribués. Chacun est alors considéré responsable de
lui-même et de ses comportements: Le manager considère mieux ses
collaborateurs de façon individuelle, prend en compte chacune de leurs
remarques, respecte leur autonomie en réduisant les contrôles sous
contrat de confiance, ce qui impose une prise de responsabilité plus
forte de la part des salariés.
Valérie Brunel nous parle également de la
technique d'influence qui permet de garder de bonnes relations, de n'être
ni autoritaire ni menaçant, et qui permet également au
collaborateur d'intégrer mieux la contrainte que si le manager lui avait
donné un ordre. La technique d'influence est un mode de communication
qui reconnaît l'autre dans sa capacité de compréhension de
la problématique. L'auteur nous donne comme exemple le manager qui donne
simplement un ordre à une assistante : « J'ai besoin de ce document
sous 24 heures, si vous ne pouvez pas le faire j'en parlerai à votre
chef et vous aurez des ennuis ». Ce ton est menaçant et montre que,
pour lui, l'assistante n'est pas capable de comprendre les contraintes.
Quand le manager adopte une logique d'accompagnement, il va
plutôt lui expliquer pour quelles raisons il a besoin de ce document sous
24 h et va remercier l'assistante pour sa compréhension. L'assistante
s'appropriera alors la tâche dans un souci de coopération,
d'autonomie et de responsabilité.
Dans le rôle du manager-coach, Valérie Brunel
insiste sur la posture « intelligente » de ce dernier concernant le
Feed back, il lui est alors demandé de ne pas interpréter mais
28
d'observer les faits et de les formuler avec tact et respect
selon la personnalité du salarié. Chaque partie est
incitée à se montrer respectueuse, ouverte et à accepter
la parole de l'autre.
D. LES DEVIANCES POSSIBLES DE LA PRATIQUE DU COACHING
Jusqu'alors, dans les différents points traités,
j'ai présenté le coaching tel que le défendent ceux qui
sont convaincus de son intérêt. J'ai amorcé qu'il me
faudrait revoir de manière plus critique ces différentes
positions. Pour ce faire, je reprends l'ouvrage de Valérie Brunel qui
insiste longuement sur les déviances de l'accompagnement de type
coaching.
La première concerne les outils de développement
personnel, tels que l'AT, le MBTI, la PNL et la Process Communication, que j'ai
développés plus en amont.
Valérie Brunel nous dit que ces outils visent la
gestion des situations de communication interpersonnelle et présentent
deux types de dérives qui sont les suivantes:
- Le Processus d'attribution: Le fait de ranger les individus
dans une « case ». Quoi que fasse l'individu, ce sera toujours
expliqué par le fait qu'il est dans cette « case » et
l'individu lui même va se comporter comme tel puisqu'il a
été « enfermé » dans cette version
réduite de lui même.
- Les conduites de l'individu ne sont attribuées
qu'à sa propre personnalité. Le contexte et les conditions de
travail ne sont plus pris en compte.
Valérie Brunel dit qu'effectivement il n'est pas
possible de réduire la responsabilité des réussites ou des
échecs à la seule « norme d'internalité » qui
revient à dire: Nous sommes à la source de ce qui nous arrive.
L'auteur cite Marx: « séparer l'homme du monde extérieur
sensible, le plonger dans son intériorité abstraite afin de
l'améliorer revient à lui crever les yeux » (page 113).
Car bien évidemment les contraintes sociales, organisationnelles et
managériales sont également responsables des échecs et
réussites. Cela fait écho à un souvenir personnel lorsque
je dirigeais une maison de retraite, le Directeur General de l'association
avait le désir « d'injecter de la crise, par le changement
incessant » car, selon sa croyance, cela permettait aux salariés de
ne pas « s'endormir » dans un quotidien. Naturellement cette pratique
a provoqué au sein du
29
personnel une grande fatigue, une démotivation et un
sentiment de ne pas être reconnu. Ces symptômes ont alors
été perçus par le Directeur Général comme
une rébellion, une paresse du personnel et une incompétence
professionnelle. L'approche systémique n'a pas été
étudié, seuls les individus portaient la responsabilité
des échecs ou des réussites.
Valérie Brunel nous donne également l'exemple
d'une entreprise totalement tournée vers le développement
personnel: cette entreprise offre des formations couteuses, des coachs
personnels et des parcours individualisés en fonction des souhaits des
consultants et besoins de développement. Le sentiment qui est
donné aux consultants, est que l'organisation donne tous les moyens pour
progresser au maximum avec bienveillance. Cependant cette entreprise a mis en
place également un processus d'évaluations et de sanctions
permanentes, entre collègues, qui ne donne aucun droit à l'erreur
ni à la remise en question du processus puisque l'entreprise est «
extrêmement bienveillante » envers ses consultants. Chaque
consultant est remis en question par ses collègues, lors d'un Feed back,
et ne peut qu'accepter les remarques (même s'il n'est pas d'accord)
puisque l'organisation donne le sentiment de donner toutes les
possibilités pour réussir. Il doit le vivre comme un don puisque
la critique est constructive et l'aide à s'améliorer. L'auteur
ajoute que transformer la critique en don, c'est annuler le pouvoir de la
remettre en question. C'est alors une dénégation de la violence
du système.
Valérie Brunel revient également sur la
méthode d'influence en indiquant que si celle-ci est utilisée
avec une intention de manipulation « diabolique » et que l'autre le
perçoit, alors la méthode ne fonctionnera plus. Cela revient
à dire qu'utiliser des méthodes de manipulation pour obtenir
quelque chose ne fonctionne que si l'intention est respectueuse et
bienveillante. Elle nous donne l'exemple d'un consultant qui utilisait la
méthode d'influence pour amener les ouvriers d'une usine à juger
eux-mêmes leurs postes superflus et à légitimer leur propre
licenciement.
Valérie Brunel note également la
difficulté du rôle de manager-coach si celui-ci n'a pas les
compétences telles que l'intuition des problèmes d'autrui,
l'empathie, une grande souplesse d'attitude et une importante
sécurité personnelle. Effectivement, lors de ma formation de
coach professionnelle, ces compétences dites essentielles sont
très largement mises en avant et pratiquées.
30
L'auteure nous faire remarquer que les organisations sont
parcourues de tensions car traversées par une multiplicité de
logiques différentes. Par exemple la logique financière et la
logique commerciale, la logique du travail bien fait et la logique de
rationalisation économique... La dérive se trouve à faire
intérioriser ces tensions aux individus et à leur faire porter
sous la forme d'un don de soi.
Valérie Brunel constate que l'approche du
développement personnel a également pour effet d'éviter,
d'annihiler toute sorte de conflit. Cependant elle rappelle que le conflit est
essentiel dans une entreprise car il permet de mettre en mots les tensions, les
oppositions et les contradictions qui existent dans une organisation sociale et
de les arbitrer. Cela permet de rétablir l'équilibre social.
L'organisation étant un monde de tensions et de
contradictions, elles doivent pouvoir s'exprimer, au besoin par le conflit,
ajoute l'auteur.
Valérie Brunel résume ainsi que le
développement personnel en entreprise n'existe que parce qu'il existe
une demande individuelle pour la connaissance et l'amélioration de soi.
Elle précise que l'entreprise offre ces accompagnements arguant aux
bénéficiaires qu'ils sont uniquement destinés à
leur bien être et non pour le bien de l'entreprise.
Valérie Brunel rajoute également que le
manager-coach peut être dangereux de part sa double casquette de deux
postures opposées. Le manager qui prend en compte uniquement
l'entreprise et le coach qui prend en compte uniquement l'individu.
De part mon expérience et ma formation, le
manager-coach n'a pas comme première intention d'offrir une
méthode de développement personnel à ses collaborateurs
pour leur bien-être personnel. Il reste le manager qui se doit
d'atteindre l'objectif final de son entreprise et non l'objectif personnel du
salarié. Le coaching reste alors un outil du manager pour, dans cette
forme de manipulation, aider le salarié à trouver du bien
être personnel pour atteindre le but de l'entreprise. Les outils du
coaching peuvent facilement glisser vers la manipulation comme le montre
Valérie Brunel. Une entreprise n'a pas à demander au
salarié de reconnaître ou de remercier son employeur pour tout le
bien être qu'il lui offre car ce n'est pas « gratuit ».
Effectivement, comme nous l'explique l'auteure, les
déviances sont d'ordre de la
31
manipulation faisant croire à l'individu que les
dispositifs d'accompagnement sont autant de services qui lui sont rendus pour
se développer, en dehors des besoins de l'entreprise.
J'ai abordé à plusieurs reprises les
échanges entre coach et coaché. Aussi, parmi tous les concepts
proposés dans le cadre du coaching, j'ai choisi d'approfondir celui de
la réciprocité.
32
(1) ALTER Norbert, (2010), Donner et Prendre, Editions
La Découverte
33
4) LA RECIPROCITE DANS L'ACCOMPAGNEMENT
Je me suis appuyée sur le livre de Norbert Alter «
donner et prendre » (1) pour comprendre la réciprocité dans
l'accompagnement au sein de l'entreprise.
Norbert Alter ne travaille pas dans le cadre du coaching, il
est un spécialiste de l'innovation et du changement en entreprise.
Il nous explique se fonder sur les perspectives
développées par les anthropologues à propos des dons et
contres dons des sociétés dites « primitives » ; il les
a superposé avec le monde des entreprises d'aujourd'hui et a pris compte
des similitudes. Il a également pris en compte les analyse de Marcel
Mauss (né le 10 mai 1872 à Épinal et mort le 1er
février 1950 (à 77 ans) à Paris), ethnologue, et
généralement considéré comme le « père
de l'anthropologie française » et Bronisaw Kasper Malinowski (Clan
Jastrzebiec, né le 7 avril 1884 à Cracovie, et mort le 14 mai
1942 à New Haven), anthropologue, ethnologue et sociologue polonais dont
les propos lui ont semblé précieux et plus précis sur ce
sujet.
A. LA COOPÉRATION
Dans un premier temps, Norbert Alter met en avant la notion de
coopération: coopérer c'est donner: « Donner quelque
chose de précieux à quelqu'un permet de sceller une relation dans
un endettement mutuel » (page 11).
Il explique que cet endettement permet l'échange social
qui permet de créer des alliances et donc de la coopération.
Dans la relation de coopération s'installe alors le
don, le contre don et le « rendre » (la gratitude). Cette gratitude
assure la durée et la stabilité des échanges.
La répétition des échanges rend complices
et la complicité permet la pérennité des
échanges.
Norbert Alter nous précise alors que le don est un
cadeau (donc non obligatoire), le contre don est une reconnaissance de ce don
et le « rendre » est la gratitude d'avoir été
reconnue.
Concrètement Norbert Albert développe comment
cela se passe dans le monde de l'entreprise. Chaque collaborateur fait des dons
à l'entreprise, ce qui n'est pas « compris dans la fiche de poste
», ce que l'on appelle le « travail invisible ».
34
Il donne comme exemple que la procédure n'est pas
suffisante pour la finalité du travail. S'il y a un problème sur
une machine, le collaborateur a le choix de suivre la procédure et le
temps que cela prend (appeler la maintenance, remplir la fiche d'intervention,
etc) ou de faire appel a un collaborateur plus expérimenté qui va
prendre de son temps de travail pour réparer la machine. Ce
collaborateur va alors faire un don. Le problème va se régler
plus vite et à ce moment là cela va créer un endettement
de la part du demandeur qui, au moment ou ce sera utile, viendra
également en aide à celui qui l'a aidé (le contre don), ce
dernier en sera reconnaissant et se sentira reconnu et viendra à nouveau
l'aider (le rendre, la gratitude). La coopération s'est mise en place.
L'entreprise y gagnera en temps et en argent.
Seulement l'entreprise ne reconnaît pas ce don que font
les salariés. Si le collaborateur dit qu'il a du finir tard car il a
aidé son collègue, on lui répondra qu'il y avait une
procédure à suivre. L'entreprise ne reconnaitra pas que cela a
permis un gain de temps et un gain de production.
Effectivement cela fait écho à une
expérience personnelle lorsque j'étais secrétaire
salariée dans une maison de retraite. Il n'existait aucune
procédure et pour pallier certains conflits entre des membres du
personnel, le directeur a décidé d'écrire une
procédure pour chaque résident et a bien insisté
auprès des salariés sur l'obligation de suivre ces
procédures à la lettre (qui fait quoi, comment et avec qui). La
procédure du « coucher des résidents » avait
été oublié pour un résident: ce dernier a donc
passé la nuit dans la salle à manger. Il n'était pas
mentionné dans la procédure du « coucher des
résidents » et le personnel suivant la procédure à la
lettre... en a perdu son autonomie de réflexion et de jugement.
Il a été reproché au personnel une faute
professionnelle avec sanction.
A ce moment là, l'entreprise ne reconnaissant pas le
don ne s'est pas remise en question. La mise en place de procédures trop
rigides a entrainé la fin de la coopération.
B. LES ÉCHANGES SOCIAUX
Norbert Alter dit que ses recherches ont confirmé
l'hypothèse suivante: « l'entreprise fonctionne, produit et
innove parce que les opérateurs acceptent de s'ad-donner à ses
projets ». Et à propos du mal--être au travail:
« Il provient bien plus de l'incapacité de
35
l'entreprise à reconnaître la valeur des dons
des salariés, la valeur de leur travail, que de sa volonté de
tirer le meilleur partie de leur contribution ».(page 10)
On peut alors penser que la procédure est
intéressante pour ne pas oublier un acte ou pour se rappeler une
manipulation technique ou quand on est seul et nouveau à un poste...
mais ne doit pas remplacer la réflexion et donc les échanges
sociaux. Pour reprendre un exemple dans une maison de retraite, quand certains
salariés préfèrent demander à un collègue de
l'aider à faire une toilette plutôt que de lire la
procédure qui explique comment faire une toilette, cela permet de mettre
en place cette coopération. Il en reste cependant que le salarié
« aidant » a donné de son temps de travail et a accepté
de mettre en place cette collaboration, qui sera efficiente pour l'entreprise.
Mais qu'en est-il de cette reconnaissance de la part de l'entreprise? Car ce
n'est pas inscrit dans la fiche de poste...
Comme le cite Norbert Alter: « Mais ces
procédures ne permettent pas à elles seules d'assurer de
manière effective la coordination des activités. Encore faut-il
que les opérateurs acceptent de coopérer pour leur donner du
sens, en faire usage et finalement les rendre efficaces. »(page
18)
Norbert Alter nous précise également que ces
échanges sociaux, permettant cette coopération, se mettent en
place et/ou se renforcent lors de regroupement informelle (autour de la machine
à café, en allant prendre une boisson après le travail, en
s'arrêtant quelques minutes dans le bureau d'un collègue pour
parler de choses et d'autres, etc...) Cependant l'entreprise appelle cela de la
« flânerie », une perte de temps, du non-professionnel: Les
salariés se rejoignent à la machine à café,
discutent, et pendant ce temps, le travail ne se fait pas. Cela pose un
véritable problème de management puisque ce sont ces «
flâneries » qui tissent le lien social, donc la coopération
et donc le travail en équipe et l'efficience professionnelle.
L'objectif du livre de Norbert Alter est de démontrer
que l'entreprise ne peut se passer d'échanges sociaux car ce sont ces
échanges qui permettent que l'entreprise fonctionne, que l'entreprise
gère des imprévus et continue malgré les
difficultés. Et non seulement grâce aux procédures.
Ces échanges sociaux passent par ce don précieux
que font les individus et qui est fédérateur.
36
C :LA RECONNAISSANCE DU DON
L'auteur explique que l'entreprise ne peut reconnaître
ce fonctionnement car il irait à l'encontre de l'idée du
management et de la rationalisation du travail.
IL précise: « la solution retenue par
l'entreprise, c'est alors d'accepter ces « cadeaux » mais sans
célébrer leur réception, de les prendre sans
reconnaître explicitement leur valeur et, surtout, de transformer ces
manifestations de liberté en obligation ».(page 9)
J'ai fait l'expérience de l'entreprise qui fige chaque
action et chaque pensée dans une procédure. Le collaborateur n'a
plus à réfléchir. Et, à chaque «
dérapage » l'entreprise reproche à ses salariés de ne
pas être plus coopératif, ce comportement devant être un
dû pour l'entreprise. La coopération et le don ne sont
effectivement pas pris en compte comme un cadeau mais comme un dû.
On retrouve le paradoxe décrit par Norbert Alter: on
suit les procédures sans réfléchir / on doit donner de soi
et coopérer.
Le don est un acte libre, volontaire et non obligatoire, nous
précise Norbert Alter. Comment alors exiger d'un individu un acte libre?
C'est pour cela que Norbert Alter annonce qu'il est préférable de
développer la coopération qui existe déjà dans
l'entreprise, plutôt que de créer des procédures de
coordination tel que « boite à idées pour innovation »,
« séminaires pour favorise l'esprit d'équipe, etc...
»
Il présuppose alors que l'entreprise doit accepter les
échanges sociaux et le vivre comme un investissement, et non une perte
de temps, et qu'il faut savoir célébrer les dons et les
sacrifices faits par les salariés à l'entreprise, en faisant
preuve de gratitude.
D. LE LIEN SOCIAL
Norbert Alter a construit son développement de la
façon suivante:
Il nous apprend que le don n'est pas gratuit, il crée
un lien social. Ce lien social permet de compter sur l'autre pour soi.
Le don en entreprise peut être de donner une information
qui fait avancer son collègue, le contre don peut être un sourire,
un café, un échange d'information, ou autre. Il n'y a pas de
délai à tenir. Le « rendre » s'apparente à la
reconnaissance du contre don, la gratitude. Cela signifie que chacun est
d'accord pour coopérer.
37
Il donne d'ailleurs un autre exemple de don et de contre don
entre un collaborateur cadre et sa direction: le cadre donne plus à son
directeur, au niveau de son temps ou d'actions à entreprendre ou de
solutions pour son entreprise (don) et, en contre partie, le directeur lui
confie des « secrets » sur ce qui s'est dit en comité de
direction ou sur ce qu'il pense réellement de l'organisation
imposée, etc... (contre don). Ces échanges créent la
coopération.
Il met également en avant le choix de l'affectif dans
la relation, l'individu cherche avant tout à coopérer avec
quelqu'un qu'il apprécie pour éviter la « froideur » de
la coopération.
Il explique bien que l'échange affectif n'est pas
forcément un échange entre amis, ce n'est pas un échange
affectueux. Ces échanges conventionnels n'empêchent en rien la
sincérité.
E. L'AMBIGUITÉ DU DON
Norbert Alter démontre cette ambiguité.
Le don est un principe de générosité,
cependant c'est aussi un moyen stratégique d'obtenir des avantages, ce
peut être un don égoïste. Le don peut alors devenir un
échange économique: « je te donne ceci car je
désire que tu me donnes cela », à valeur
équivalente.
La personne recevant le don peut également
décider de le prendre et de ne pas faire de contre don. L'auteur nous
explique alors le sentiment de trahison et la fin de la coopération.
Norbert Alter met en avant que cette coopération n'est
pas contradictoire avec la concurrence. Les individus pratiquent alors le don
égoïste, pour obtenir des informations qui leur permettent
d'être le « meilleur » dans l'entreprise. Il dit: « La
concurrence amène à se rapprocher de celui que l'on cherche
à séduire, à se lier à lui, à étudier
ses forces et ses faiblesses et à s'y adapter » (page 61).
En revanche, la coopération et le conflit sont
totalement en opposition, chacun ne recherchant qu'à détruire
l'autre avant même l'idée de glaner des informations: «
la situation de concurrence suppose de préserver la capacité de
coopération et donc ne pas entrer en conflit» (page 62), nous
dit l'auteur.
38
F. LA NOTION DE CONFIANCE
Norbert Alter insiste aussi sur la notion de confiance. Il
explique que la confiance n'est pas synonyme de sincérité mais de
loyauté.
La coopération demande de la confiance des deux
individus. De même qu'un manager ne peut faire du « coaching
management » que s'il a la confiance de son salarié.
Si le salarié apprend que son manager ne donne pas les
mêmes droits à chacun, il ne pourra plus coopérer (notion
de loyauté, d'honnêteté).
G. LES ÉMOTIONS
Norbert Alter explique que l'échange social ne peut se
réaliser pleinement que par l'existence d'émotions positives.
Le partage des émotions donne le sentiment d'exister et
du sens à l'action. Il représente un puissant vecteur
d'intégration sociale nous dit l'auteur: « Le sentiment
d'exister semble, de ce point de vue, avoir plus de valeur que l'échange
social lui-même. « Donner » mobilise peut être plus que
« donner à l'autre ». (page 134).
Norbert Alter cite le témoignage d'opérateurs
qui disent préférer travailler avec une personne avec laquelle
elles éprouvent du plaisir, de la joie à échanger et que
cela permet de renforcer encore plus la coopération professionnelle.
Elles disent ne donner que le minimum à des collègues moins
sympathiques.
Norbert Alter fait remarquer que certains donnent et
n'attendent rien de spécial en retour. A cet instant se trouve la notion
de plaisir : travailler au nom du lien, donner à la collectivité
pour un bien être général est source de « contre don
».
Alors l'émotion positive ressentie quand on donne est
à elle seule un « contre don ». A ce moment là, le don
n'est pas offert à un autre mais à un tiers qui redistribue les
richesses. C'est le plaisir de la fusion dans un être collectif.
Les émotions guident la rationalité en lui
fournissant un sens et une orientation. L'émotion permet donc de
distinguer l'avantage ou l'inconvénient d'une fréquentation par
exemple: Si je suis heureuse de partager avec cette personne alors je renforce
cet acte. Si je suis en colère contre cette personne, je ferme la
relation.
Il y a bien un espace émotionnel qui se niche dans la
coopération.
39
H. LE CHANGEMENT
Norbert Alter développe que la dynamique des
entreprises aujourd'hui est le changement: « changement technique,
organisationnel, économique, stratégiques et spatiaux qui se
succèdent, se superposent et s'entrechoquent en permanence »
(page 82)
Le changement est un état chaotique qui permet de
passer d'un état stable à un autre état stable. Le
changement a besoin de temps pour se mettre en place: réguler,
négocier, corriger, adapter...
Durant ce temps, l'auteur nous explique que l'entreprise se
trouve dans un effet « d'apesanteur » qui produit un grand
désordre qui lui même nuit au travail collectif car il augmente
lourdement la charge de travail politique et administrative. Dans un changement
permanent, le stress s'installe, les opérateurs sont pressés,
plus personne n'a le temps pour l'autre.
Ces situations bouleversent les liens sociaux et la
coopération pourtant indispensable pour l'entreprise.
Effectivement le don et le contre don, qui permettent la
coopération et le lien social, n'a pas de délai dans le temps. Je
donne et le jour venu, le contre don arrive. Dans cette cacophonie de
changements incessants, il n'y a plus le temps pour l'autre, ni de donner, ni
de rendre. Le lien social et la coopération s'étiolent et les
procédures s'accentuent.
Cela fait résonnance à une autre
expérience personnelle lorsque j'étais directrice d'un EHPAD :
Les autorités de tutelles réclamaient des changements de tous
ordres pour répondre à leur vision administrative
d'accompagnement des résidents et l'association gestionnaire exigeaient
également des changements au sein de leurs établissements selon
leur propre vision également. Naturellement, les deux visions
n'étaient pas forcément en adéquation. L'EHPAD ne
connaissait plus de période stable, les employés étaient
totalement déconcertés et épuisés et n'avaient plus
le temps pour cette coopération, ce qui a provoqué des
dysfonctionnements. L'association gestionnaire a alors écrit
procédure sur procédure pour « recadrer » les
équipes et s'en est suivi un référentiel qualité de
1000 questions. Deux fois par an, l'association gestionnaire venait
contrôler que ses 1000 points étaient bien mis en place (cela
pouvait être d'ordre technique (bien faire la toilette), moral
(répondre correctement à son collègue), d'ordre
bientraitant (dire bonjour au résident), d'ordre organisationnel
(à telle heure, à tel
40
endroit pour telle tâche). L'accompagnement coaching et
les procédures de coordination sont alors apparues.
On peut légitimement se demander si les aides, type
coaching ou autre pour accompagner le changement, aurait une place en
entreprise si ces derniers ne créaient pas eux-mêmes leurs propres
dysfonctionnements?
Je cite Norbert Alter: « Il est ainsi devenu
obligatoire de changer. Pour des raisons plus culturelles
qu'économiques, (...), la norme managériale actuelle consiste
à valoriser ce qui change et ceux qui changent» (page 85).
Et il est interdit de critiquer les changements sans passer pour une
personne qui se plaint, rajoute t il.
Le problème qui se lève alors est que cet
état de changement permanent, qui n'a plus de début ni de fin,
qui ne se stabilise plus durablement, perd son sens. Pourquoi je fais ce que je
fais puisqu'il n'y a pas de but fondé? Dès que l'objectif est
atteint, on change à nouveau.
I. LE SENS (la Reconnais « sens »)
Norbert Alter cite les opérateurs: « on n'est pas
reconnus ». « Le déficit de reconnaissance s'associe au
déficit de sens». (page 178), nous dit-il.
Effectivement l'entreprise ne reconnaissant pas le don, cela
provoque chez les opérateurs une perte de sens en plus de la perte de
sens provoquée par les changements incessants sans buts.
Norbert Alter exprime parfaitement que la reconnaissance, par
la valeur de son expérience dans le temps et sa progression, suppose une
certaine stabilité que l'on ne trouve effectivement plus dans ce
mouvement.
Il nous dit: « Les individus, pour participer
à la transformation de leur univers professionnel, doivent prendre la
décision de changer « leur fusil d'épaule », de
modifier leurs projets professionnels et parfois personnels et familiaux. Cette
contribution personnelle et récurrente est à la fois
coûteuse et ignorée. » (page 179)
Cette reconnaissance permet pourtant au salarié de
s'assurer de sa place.
Cette perte de sens générale va instaurer ce que
l'on appelle un « mauvais climat social », une perte d'énergie
et de bonne volonté, une perte de don. L'entreprise appellera cela
« la résistance au changement ». La résistance au
changement n'est pourtant qu'un préjugé puisqu'elle n'existe que
dans la perte de sens créée par les seules
41
croyances de l'employeur sur le bien fondé du
changement incessant, pareil à une mode managériale, mais qui n'a
montré au final que des problématiques telles que les
décrit Norbert alter.
Ce qui fait sens est de comprendre la finalité de son
action. Les changements sans buts fondés car il faut changer à
nouveau ne trouve plus de finalité, plus de sens et provoque
l'anxiété. Il doit y avoir une cohérence entre les raisons
du changement et ce qui est effectivement vécu. Comme ce n'est pas le
cas, cela provoque un nouveau changement. Trouver du sens à son action
donne le sentiment d'exister. Quand les opérateurs se retrouvent autour
du café pour échanger leurs émotions sur l'épisode
du changement, il crée un lien social qui permettra de réguler la
situation et de surmonter le changement qui crée l'incomplétude.
Ce lien social, non reconnu par l'entreprise, viendra pourtant combler le vide
que l'entreprise a créé dans le changement. En refusant cette
« flânerie », en ne reconnaissant pas ce don donné par
les opérateurs, le sens n'est plus.
« Alors il faut moins donner pour moins souffrir et
chercher du sens individuel quand il n'y a plus de sens collectif»
souligne une des opératrices.
Norbert Alter conclut: « Les échanges sociaux,
à l'intérieur des organisations, représentent infiniment
plus qu'un supplément d'âme associé aux activités
ordinaires des salariés. Ils en définissent pour une grande part
le contenu, le sens et l'efficacité. » (page 221)
Â
Puisque ma question porte sur le coaching en institutions
d'accueil pour Personnes
gées, je vais maintenant présenter les
différents types d'institutions. Pour ce faire, je vais citer les
diverses structures telles que les ont décrites les membres du site
internet «
agevillage.com » (1).
42
(1) AGE VILLAGE, (Organisme d'information, conseils, services),
http://www.agevillage.com/
43
5) LES INSTITUTIONS D'ACCUEIL POUR PERSONNES AGEES
A. EHPAD ou maisons de retraite
médicalisées
Les EHPAD (Etablissements d'Hébergement pour personnes
âgées dépendantes) sont des maisons de retraite accueillant
des personnes âgées ayant besoin d'aides dans les actes de la vie
quotidienne (se lever, se laver, se nourrir, s'habiller) et ayant besoin de
soins. Il en existe plus de 7 000 en France. Les trois-quarts des EHPAD sont de
statut public ou associatif (donnant largement accès à l'aide
sociale), un quart est privé commercial.
L'entrée en EHPAD est liée à un besoin
d'aide à la vie quotidienne, 24h sur 24. Les résidents sont
évalués selon leur niveau de dépendance calculé en
GIR, allant de 1 à 6.
Selon la loi du 2 janvier 2002 qui structure les services et
établissements du secteur médico-social, tout
établissement de plus de 25 lits qui accueille des personnes
âgées dépendantes c'est-à-dire dont le GMP (Gir
Moyen Pondéré) est supérieur à 300, doit devenir un
EHPAD.
Pour repère, en unité de soin
hospitalière, le GMP est supérieur à 800.
De ce GIR dépend aussi le montant des aides
financières comme l'APA : allocation personnalisée
d'autonomie.
Vous devrez remplir un dossier d'admission complet. Cette
admission sera validée par le directeur de l'EHPAD mais aussi son
médecin coordonnateur qui vérifiera la capacité des
équipes de soin à répondre aux besoins.
Des EHPAD encadrés: Chaque maison de retraite qui
accueille des personnes âgées dépendantes devient
administrativement un EHPAD qui doit signer une convention tripartite
renouvelable tous les 5 ans avec:
· l'Etat/l'ARS (Agence régionale de santé)
qui finance le budget soins, soit le personnel soignant : infirmier,
aide-soignant, médecin coordinateur, matériel,
médicaments... Ce budget dépend du GMP et d'une autre
échelle qui mesure les besoins en soin (Pathos - PMP : pathos moyen
pondéré). Selon la taille de l'Ehpad et son PMP le temps de
présence du médecin coordonnateur varie. En moyenne, il n'est
présent qu'à mi-temps. Ces soignants ne sont plus libéraux
mais salariés. Vous gardez votre médecin traitant.
·
44
le Département ou Conseil général qui
finance le budget dépendance : une partie des aides--soignants, produits
d'incontinence, certaines animations... Le conseil général peut
aussi habiliter l'établissement à l'aide sociale.
· L'Ehpad s'engage sur un cahier des charges, une
démarche qualité, une mise aux normes. Ils s'engagent aussi dans
l'accueil de personnes atteintes de pathologies
neurodégénératives comme Alzheimer avec des unités
spécifiques appelés PASA, UHR. Ils doivent aussi
développer l'hébergement temporaire.
B. L'ACCUEIL TEMPORAIRE
Il faut réserver longtemps à l'avance mais la
formule de l'accueil temporaire (en maison de retraite) n'est pas à
négliger. L'accueil temporaire offre aux personnes âgées la
possibilité d'être hébergées quelques semaines,
voire quelques mois (la durée maximale est de six mois) dans une
résidence de retraite publique ou privée. Les raisons d'un
emménagement temporaire peuvent être multiples. On peut
l'envisager pendant la réfection ou l'adaptation d'un logement, à
la sortie d'hôpital, en l'absence momentanée de l'aide à
domicile ou, plus simplement, pour changer d'air, se dépayser, et passer
des vacances dans un environnement autre.
L'accueil temporaire permet aussi une acclimatation
progressive à la vie en collectivité lorsque l'on envisage une
éventuelle entrée en maison de retraite. Cette formule tend
à se répandre.
Le contrat de séjour: L'entrée d'une personne
âgée en établissement à titre temporaire ne peut
avoir lieu sans la signature préalable d'un contrat. Il est
recommandé d'en lire attentivement les différents articles. La
personne âgée doit également se faire communiquer le
règlement intérieur. Mieux vaut visiter l'établissement
auparavant, et parler avec le personnel avant de s'installer.
Le droit des résidents: Le résident, même
avec un statut de temporaire doit pouvoir mener la vie sociale qu'il souhaite :
recevoir des amis et des parents dans sa chambre et disposer de lieux d'accueil
confortables permettant des visites et des conversations sans être
dérangé.
Les services fournis: Les services mis à la disposition
du résident sont ceux d'une maison de retraite classique : logement,
chauffage, électricité, eau, entretien collectif, encadrement de
direction, animation.
45
Attention ! Les établissements d'accueil temporaire ne
sont pas toujours médicalisés. Tous les services en provenance de
l'extérieur (repas, soins, visite de médecins...) ont droit de
cité mais doivent être acquittés directement par la
personne âgée.
C. Les CANTOU ou Unités de vie
protégées spécifiques Alzheimer
Une formule d'accueil pour les personnes âgées
désorientées ou souffrant de la maladie d'Alzheimer.
Le CANTOU est apparu alors comme une solution quand une
personne âgée ne peut plus rester chez elle et qu'elle
représente pour ses proches une charge qui dépasse leurs
capacités. Ce dispositif n'entend se substituer ni aux uns ni aux
autres. Il leur propose seulement, sans les démobiliser, de leur
apporter une aide qu'on pourrait appeler, en langage actuel, " subsidiaire ".
Rien ne peut en effet remplacer comme facteur de prévention pour la
personne âgée devenue dépendante, la participation active,
comme au domicile, aux tâches de la vie quotidienne.
Selon la profession de foi des CANTOU: « Personne non
plus ne peut ni ne doit, selon nous, prétendre remplacer les proches
dans les deux domaines de la " pourvoyance affective " et de la
responsabilité. C'est cette conviction qui fonde l'obligation minimale
faite à chaque famille de participer avec les autres à une
rencontre mensuelle. C'est cette obligation qui justifie, du reste, que l'on
n'accepte dans les CANTOU que les vieillards dont les proches sont en mesure de
l'honorer ».
Le fonctionnement d'un Cantou : Les CANTOU peuvent être
intégrés à un EHPAD ou bien être autonomes. Chacune
de ces petites unités autonomes comprend 12 chambres individuelles avec,
pour chacune d'elles, une salle de bains avec lavabo, un WC, une douche,
répartis autour d'une salle commune qui permet, dans le même lieu,
de préparer les repas, de les partager, de se reposer et de passer la
journée. Les résidents d'un même CANTOU vivent avec les
maîtresses de maison (4 par CANTOU) et un personnel polyvalent qui les
accompagne et se tient à leur disposition, tout en évitant de se
substituer à eux pour les actes qu'ils peuvent encore effectuer
seuls.
Pour éviter la perte d'autonomie, les personnes
âgées sont invitées, en fonction de leurs
possibilités et de leurs souhaits, à participer à tous les
actes de la vie quotidienne (épluchage des légumes, mise de la
table, vaisselle, pliage du linge). Une réunion
46
mensuelle est organisée à laquelle participent
toutes les familles du CANTOU, les maîtresses de maison et la
direction.
La décoration et l'aménagement des chambres
sont à la discrétion des familles. Le libre choix du
médecin est possible. Le résident doit fournir son trousseau
personnel.
D. Les logements-foyers ou EHPA
Les retraités attachés au principe du logement
individuel, mais qui craignent la solitude, peuvent être
intéressés par la formule du logement-foyer. Il s'agit de
logements autonomes, assortis d'équipements ou de services collectifs
(restauration, blanchissage, infirmerie...) dont l'utilisation est
facultative.
Le logement-foyer est un établissement
médico-social destiné aux personnes autonomes (seules ou en
couple). Un appartement (studios le plus souvent, T1 ou T2),
équipé d'un coin cuisine et de sanitaires indépendants
où vous emménagez avec vos meubles, bibelots et effets
personnels, est mis à votre disposition conformément à un
contrat de séjour qui définit vos obligations et celles du
gestionnaire de l'établissement (prestations, tarifs...).
Ces établissements ne sont pas
médicalisés et n'assurent pas de soins en interne. Cependant,
comme à votre domicile, vous pouvez avoir recours à des services
extérieurs (aide à domicile, infirmiers...).
Le principe est le suivant : Vous louez ou achetez un
appartement dans un logement foyer situé dans un immeuble du
centre-ville. Il s'agit le plus souvent de studios, T1 ou T2,
équipés d'un coin cuisine et de sanitaires indépendants
où vous emménagez avec vos meubles, bibelots et effets
personnels. Des services collectifs facultatifs sont prévus - dont une
permanence nocturne-, mais l'indépendance de chaque résident est
préservée. Il n'y a pas d'aide individualisée.
En théorie, le logement-foyer est réservé
aux personnes fragilisées mais valides. Mais depuis plusieurs
années, la formule tente de s'adapter à la présence de
personnes en perte progressive d'autonomie.
L'enjeu pour ce type d'établissement est d'accompagner
leur clientèle et donc de s'adapter à la prise en charge de
personnes en perte d'autonomie. Ainsi, nombre d'établissements disposent
désormais d'une section de cure médicale. Ce qui ne va pas sans
difficultés : la tarification à la carte est rendue plus
complexe, la plupart des
47
immeubles doivent être aménagés pour
devenir accessibles aux fauteuils roulants ou aux brancards...
Le rythme de construction des logements-foyers est maintenant
moins élevé. Les prix et la cohabitation difficile entre
personnes valides et personnes dépendantes ont engendré une
certaine désaffection pour ce type de formules. Des études sont
en cours pour tenter de faire évoluer le concept de manière
à mieux accompagner les personnes dépendantes.
En pratique: L'entrée en logement-foyer passe, comme en
maison de retraite, par un contrat écrit. Il doit prévoir une
période d'essai et préciser, entre autre, la durée et les
modalités du maintien à disposition en cas d'hospitalisation. Le
coût des différentes prestations ainsi que le calcul de leur
réactualisation doivent également y être
précisés. Le loyer n'inclut ni les frais de restauration, ni ceux
de blanchissage. Il varie beaucoup en fonction de l'implantation du
logement-foyer, et il est donc impossible de donner des tarifs, même
à titre indicatif.
E. Les Résidences Services Seniors, pour des
personnes âgées autonomes
A coté des logements-foyers construits dans les
années 60/70 pour répondre à une demande urgente de
logement des personnes âgées, s'est développée une
offre de résidences avec services par des promoteurs privés.
Elles s'adressent à une population de retraités plutôt
aisée et autonome.
La formule est presque toujours la même : des
appartements groupés autour de services à la carte
(blanchisserie, restauration, ménage, personnel de garde 24h/24...).
Implantée le plus souvent en centre ville, à proximité de
commerces et d'espaces verts, la résidence-service offre un
environnement qui se veut protégé et rassurant.
Une formule intermédiaire entre le domicile et l'EHPAD
:
Dans les années 1990, est apparu un concept nouveau
pour les personnes âgées, formule intermédiaire entre le
maintien à domicile et l'hébergement en EHPAD, les
résidences services séniors, avec d'un côté des
investisseurs immobiliers (individus, banques..) et de l'autre
côté des exploitants d'immeubles et des locataires.
Les anciennes générations de résidences
services privilégiaient l'achat de l'appartement tandis que les
nouvelles proposent essentiellement des logements en location avec une
48
gamme de services tels que restauration, animation,
gardiennage, services d'aide à la personne... plus ou moins
étendue sous la marque différenciante de «
résidences services séniors. ».
Elles sont équipées pour la prévention
des risques de chutes et disposent le plus souvent d'un service d'accueil, d'un
dispositif d'appel d'urgence.
Comme les logements--foyers, ces résidences services
séniors sont non médicalisées. Elles se composent de
logements individuels allant du studio au T4, regroupés au sein d'un
même immeuble, voire de villas ou pavillons.
F. Les MARPA parmi les petites unités de vie,
Maisons d'accueil rurales pour personnes âgées
Comme son nom l'indique, la Maison d'accueil rurale pour
personnes âgées (MARPA) s'adressait à l'origine à
celles et ceux qui vivaient en milieu rural. Dans le cadre de la prochaine loi
ASV (Adaptation de la Société au Vieillissement), elles sont
amenées à devenir les Maisons d'Accueil et de Résidence
pour l'Autonomie.
La Mutualité sociale agricole (MSA), l'organisme de
protection sociale phare du monde agricole, a inauguré au début
des années 80 cette formule qui, inspirée des MAPA et des CANTOU,
permet de regrouper, au sein de petites unités indépendantes (de
15 à 20 lits), des personnes issues d'un même milieu, à la
fois social et géographique. Aujourd'hui, les Marpa forment un
réseau de près de 200 maisons, en fort développement. Il
s'en crée environ 10 à 15 par an. Chaque projet de maison
reçoit le soutien financier d'une caisse de MSA et résulte d'un
partenariat avec les collectivités territoriales. Une fois construite,
elle est gérée au quotidien soit par une association loi 1901
soit par une collectivité locale (CCAS, CIAS).
L'ensemble des Marpa est regroupé au sein de la
Fédération nationale des Marpa.
Définition: La Marpa est une petite unité de
vie (PUV). Sa capacité est volontairement limitée à 24
personnes accueillies. Les logements privatifs préservent
l'intimité de chacun des résidents. Les espaces communs leur
permettent de vivre en convivialité. S'ils le souhaitent, les
résidents participent à la vie quotidienne de la maison
(jardinage, préparation des repas, etc.). Chacun vit chez soi et
bénéficie des services de la collectivité.
49
A qui s'adressent les Marpa ?
Ces établissements accueillent plutôt des
personnes âgées qui ont besoin de l'aide d'un tiers pour certains
actes de la vie courante, mais aussi des personnes valides qui vivent seules ou
isolées. L'objectif affiché des Marpa, dès l'origine,
était de recréer des conditions de vie proches de celles
qu'avaient connues les résidents. Pour prolonger l'autonomie de chacun,
tous sont étroitement associés à la vie matérielle
de la communauté, notamment la préparation des repas...
Caractéristiques: Chaque Marpa comporte environ 20
logements individuels, tous de plain-pied. Ces logements disposent d'un
accès privatif et sont aménagés pour répondre aux
nécessités des personnes à mobilité réduite.
De type T2 pour les couples (46 m2), de type T1 bis (30 m2) pour les personnes
seules, ils sont équipés d'un coin cuisine et d'une salle de
bains.
La Marpa n'est pas un établissement
médicalisé. Les aides et soins sont apportés à la
demande. Pour y répondre, l'équipe s'appuie sur les
professionnels et services existant localement notamment les Service de soins
de soins infirmiers à domicile (SSIAD), les services d'aide à la
personne, les réseaux de santé gérontologiques s'il y en a
sur le territoire. Les personnes accueillies gardent leur médecin
traitant ou en choisissent un librement.
G. Les centres de long séjour hospitaliers ou USLD
(Unités de soins longue durée)
Qu'est-ce qu'un service de long séjour?
Il s'agit d'un service hospitalier comptant des unités
de 30 à 35 lits. Il fonctionne selon les mêmes horaires classiques
que l'hôpital : petit-déjeuner à 6 heures 30 le matin et
dîner à 17 heures 30.
Les résidents sont des personnes dont l'état
nécessite, en principe, une surveillance médicale constante et
des " traitements d'entretien" (article L 711-2 du Code de la santé
publique). Neuf personnes sur dix y sont confinées au lit ou au fauteuil
et doivent être aidées pour se laver ou s'habiller (la proportion
est de 50 % dans les maisons de retraite).
La capacité d'accueil en long séjour est de 80
000 lits (elle a progressé de moitié depuis
50
1981), dont 72 000 rattachés à des
établissements publics de santé. La durée moyenne de
séjour y est d'une année et demie.
L'Admission: Il faut tout d'abord présenter toutes les
caractéristiques de la perte d'autonomie : impossibilité de se
laver, se lever, s'habiller et se nourrir seul. Il faut ensuite constituer un
dossier médical, passer un examen auprès du médecin
responsable de l'établissement hospitalier et obtenir une autorisation
du médecin conseil de la caisse primaire d'assurance maladie (CPAM).
L'admission en long séjour, le plus souvent, se fait naturellement : une
personne hospitalisée atterrit en court séjour pour un banal
accident, passe en moyen séjour pour une rééducation, mais
son état se dégrade et elle se retrouve en long séjour.
Conseil : Des associations se sont souvent constituées
dans chaque hôpital. Certaines d'entre elles rayonnent sur plusieurs
départements.
Les Aides financières: Deux aides sont compatibles
avec le long séjour : l'APA et l'allocation logement. A condition
toutefois que les surfaces attribuées aux résidents soient
respectées : 9 mètres carrés pour une personne seule et 16
mètres carrés pour deux... Si elles ne l'étaient pas,
l'allocation logement pourrait encore être attribuée à
condition que l'établissement hospitalier apporte la preuve qu'un
programme d'investissement assure dans un délai de trois ans la
conformité aux normes fixées.
H. L'accueil de jour
Il ne faut pas confondre hôpital de jour et accueil de
jour.
Le premier est une alternative à l'hospitalisation
complète, au sein même de l'hôpital. Il permet de
réaliser dans la journée différents examens
nécessaires au diagnostic et de mettre en place des actions de suivi des
traitements. Il est pris en charge par l'assurance maladie y compris le
transport.
Le second est défini par la circulaire de mars 2005.
Il permet d'accueillir des personnes âgées vivant à
domicile pour une ou plusieurs journées, voire demi-journées par
semaine. C'est une structure médico-sociale, donc en grande partie
à la charge de la personne malade elle-même, éventuellement
avec financement par l'APA. L'accueil de jour peut être autonome ou
rattaché à une structure telle qu'une maison de retraite ou un
établissement d'hébergement pour personnes âgées
dépendantes. Chaque personne y bénéficie d'un projet
individualisé de prise en charge, avec des activités
51
adaptées: activités physiques, stimulation
mémoire, activités conviviales, etc.. Les tarifs varient d'un
accueil de jour à l'autre selon les financements accordés par le
département, l'assurance maladie et autres soutiens. Et depuis 2007, le
transport des personnes bénéficiant d'un accueil de jour autonome
agréé ou rattaché à un EHPAD, est pris en charge
par un forfait fixé par décret.
Le plus souvent, l'accueil se fait du lundi au vendredi,
certains établissements commencent toutefois à proposer des
plages horaires étendues à 6 jours sur 7, voire 7 jours sur 7.
Les accueils de jours sont traditionnellement ouverts de 9
heures à 17 heures, bien souvent pour faciliter la gestion du personnel
et l'équilibre financier. Mais les horaires peuvent ne pas convenir
à bon nombre d'aidants, en particulier ceux qui travaillent. Certains
accueils en EHPAD commencent donc à proposer des horaires
élargis, des petits-déjeuners ou une toilette aux malades (le
matin) et un dîner (le soir). Pour trouver un accueil de jour,
adressez-vous au Centre Communal d'action sociale (CCAS) de votre mairie,
à l'assistante sociale de l'hôpital local.
I. L'Accueil familial pour les personnes
âgées
Une solution d'hébergement intermédiaire encore
peu connue.
Le site «
âgevillage.com » rapporte
l'exemple suivant:
"Tout le monde me disait: Il n'y a pas de solution de
rechange ! Mais aujourd'hui je sais que ce n'est pas vrai ! " Mathilde F.,
53 ans, ne voulait pas que sa mère adoptive, âgée de 92
ans, finisse ses jours en maison de retraite. Elle ne voulait pas non plus
l'accueillir chez elle, dans un appartement dont chaque mètre
carré était occupé par les membres de sa propre famille.
C'est à ce moment-là qu'une assistante sociale lui a parlé
de l'accueil familial.
L'accueil familial peut être:
- Temporaire (par exemple, en cas d'absence des proches) - A
temps partiel (par exemple, une semaine tous les mois),
- Permanent.
52
Qu'est--ce que l'accueil familial?
Une formule d'accueil par des particuliers à domicile,
moyennant rémunération, de personnes âgées de plus
de 60 ans ou de personnes handicapées adultes n'appartenant pas à
leur famille jusqu'au 4° degré inclus.
Instauré en 1989, l'accueil familial est une
alternative d'hébergement pour les personnes âgées et
handicapées, qui ne souhaitent pas vivre dans un établissement
collectif ou qui ne peuvent ou ne souhaitent pas rester seules à leur
domicile. C'est une solution intermédiaire et enrichissante
humainement.
Il peut répondre à des demandes de prise en
charge durable ou d'accueil temporaire, notamment pendant les vacances ou
après une hospitalisation.
Une formule humaine et chaleureuse mais pour peu que les
règles du jeu soient claires de part et d'autre.
La loi du 10 juillet 1989 avait clairement dressé le
cadre de l'accueil familial. Cela pour mettre fin à un certain nombre
d'abus. Depuis lors, des modifications législatives et
réglementaires sont intervenues pour permettre notamment d'adapter les
conditions d'accueil à l'évolution des modes de vie, tant des
personnes accueillies que des accueillants familiaux.
Une enquête sur l'accueil familial,
réalisée par l'IFREP fin 2014 et publiée en avril 2015,
montre que, fin 2013, 6 700 personnes âgées ont été
accueillies et 7 404 accueillants étaient agréés dont 94 %
pour un accueil à temps complet.
Quelles formalités pour la personne accueillie?
Demander en premier lieu, la liste des accueillants familiaux
au conseil départemental. La personne accueillie, ou son
représentant légal, doit signer avec l'accueillant familial un
contrat d'accueil privé dit « de gré à gré
» conforme à un contrat type réglementaire. La signature
doit avoir lieu au plus tard le jour de l'arrivée de la personne
accueillie. Un exemplaire signé du contrat, ainsi que toute
éventuelle modification ultérieure, est à adresser aux
services du conseil départemental.
Ce contrat fixe la nature de l'accueil (tous les samedis, par
exemple, ou à plein temps...), les services fournis ainsi que les locaux
mis à disposition, la rémunération, les conditions
particulières de modification, de suspension ou de dénonciation
du contrat, la période d'essai, les indemnités qui pourraient
être dues, les effets du défaut d'assurance...
53
La personne accueillie, ou son représentant
légal, doit demander à l'Urssaf son affiliation en tant qu'
« employeur ». A noter que le dispositif du chèque emploi
service universel (CESU) déclaratif ne peut être
utilisé.
La demande se fait par formulaire cerfa n°11469*03 dans
les 8 jours suivant l'accueil. Ensuite, chaque trimestre, l'Urssaf adresse
à la personne accueillie une déclaration nominative
simplifiée (DNS) à compléter pour le calcul des
cotisations.
Quel coût?
Le législateur a voulu encourager l'accueil mais aussi
limiter les abus dont les personnes âgées ont pu être les
victimes. Pour réduire le risque de spoliation, il a donc strictement
encadré la rémunération de l'accueillant.
La personne accueillie a à sa charge la
rémunération de l'accueillant familial. Elle doit aussi payer les
cotisations sociales patronales sauf si elle remplit les conditions d'âge
ou de dépendance pour en être exonérée. La demande
doit être adressée à l'Urssaf.
Le prix de journée se compose d'une
rémunération journalière des services rendus ainsi que
d'une indemnité de congé, le cas échéant, d'une
indemnité journalière pour sujétions particulières
fixée au regard du degré d'autonomie de la personne accueillie,
d'une indemnité d'entretien correspondant au remboursement des frais
occasionnés pour l'accueil (alimentation, électricité,
chauffage...), et d'un loyer pour la partie de l'habitation
réservée à la personne accueillie.
La fourchette de rémunération varie donc en
fonction de l'état de dépendance de la personne accueillie et de
son handicap. Elle s'appuie sur un barème arrêté par le
président du Conseil départemental.
J. Les Petites Unités de Vie (PUV)
Une bonne alternative selon de nombreux professionnels du
secteur.
Domiciles collectifs, MARPA, CANTOU, domiciles
protégés, logements regroupés, petites unités de
vie sont autant d'appellations pour une catégorie de petites structures
alternatives d'hébergement qui a émergé en France au
début des années 80 pour des personnes ne pouvant ou ne voulant
plus rester seules chez elles. Ainsi, depuis lors, de nombreuses initiatives
ont vu le jour en milieu rural comme en ville, à l'initiative du secteur
associatif ou mutualiste, de CCAS, ou de municipalités isolées ou
regroupées.
54
Les petites unités de vie s'adressent à ceux qui
ne peuvent ou ne veulent plus vivre chez eux, mais souhaitent éviter la
vie en collectivité. Leur implantation au coeur du tissu social permet
aux personnes âgées de ne pas se déraciner. Il existe en
France, un millier de petites unités de vie, plus ou moins
médicalisées.
Comment fonctionne une petite unité de vie?
Il s'agit de petites structures de moins de 25 places. Elles
peuvent faire partie d'établissements plus importants. Le principe est
de recréer un univers familial et chaleureux pour chacun des
résidents selon son degré d'autonomie. Quelles
formalités?
L'admission à l'entrée d'un résident
suppose qu'une évaluation soit réalisée tant du point de
vue de son état neurologique ou général que de son
degré de dépendance. L' Organisation: Comme chez soi, avec
l'enjeu de maintenir voire renforcer l'autonomie des personnes. Les
résidents des petites unités de vie vivent dans leur logement
indépendant, mais participent à la vie matérielle de la
communauté : préparation des repas, jardinage etc. La petite
unité de vie est orchestrée par une maîtresse de maison.
Les atouts des petites unités de vie:
· des logements privatifs permettant de vivre de
façon indépendante (petite cuisine, salle de bain...)
· un environnement sécurisé 24H/24 avec un
personnel dédié, un système de téléalarme
· une adaptation aux personnes à mobilité
réduite : les logements comme les parties communes sont
généralement conçues pour permettre la circulation de
fauteuils roulants
· les espaces communs favorisant les rencontres et le
lien social (salle à manger, cuisine collective)
· des services personnalisés à la demande
des résidents.
Le Suivi médical?
Selon les petites unités de vie, l'accès aux
soins est intégré à la prestation ou organisé
à la demande, avec l'intervention de professionnels médicaux
externes (libéraux...).
55
6) HYPOTHÈSE ET MÉTHODOLOGIE DE
TERRAIN
A. HYPOTHÈSE
Ma question était la suivante:
Quel est l'intérêt des méthodes
spécifiques au coaching dans le management des professionnels d'un
établissement d'accueil pour personnes âgées?
Pour l'approfondir, j'ai tout d'abord fait un travail de
définition.
Les points clés qui en résultent sont, en
premier lieu, la notion d'accompagnement d'une personne pour atteindre un
objectif personnel ou professionnel. Ensuite est mis en avant le positionnement
du coach qui devrait être « bienveillant et humble », partant
du principe qu'il est seulement « l'outil » qui aidera la personne
accompagnée à trouver en elle ses propres ressources pour y
parvenir.
Je me suis ensuite attardée sur l'histoire et les
fondements du coaching.
Nous apprenons que le terme coaching vient de l'anglais «
to coach » qui signifie entrainer, accompagner, motiver. Cette notion
d'accompagnement remonte à Socrate qui parlait « d'accoucher les
esprits », se connaître soi-même. Le coaching a ensuite
été utilisé dans le milieu du sport pour évoluer
ultérieurement vers l'entreprise et le coaching personnel.
Il en a découlé un lien avec les méthodes
de développement personnel, j'ai alors décrit 6 méthodes
que sont la Programmation Neuro Linguistique (PNL), l'Analyse
Transactionnelle (AT), la Théorie de
l'élément humain et la méthode
Schutz, l'Ennéagramme, le Myers-Briggs Type Indicator (MBTI) et la
Process Communication (PC) et la dernière méthode est la
théorie de l'Intelligence Emotionnelle
Mon point suivant a porté sur le coaching interne et la
figure du manager coach. J'en ai présenté la version
idéalisée.
Il apparaît que le manager coach garderait la position
« haute » dû à son rôle et sa
responsabilité et utiliserait le coaching comme outil de management.
Cette approche tendrait à apaiser les situations stressantes et à
augmenter la performance des équipes.
56
Le coach interne, quant à lui, n'est pas manager, il
est salarié de l'entreprise et missionné pour accompagner les
équipes notamment lors de changement.
J'ai alors continué ma réflexion sur la
nécessité d'accompagnement, l'intérêt de passer
d'une logique hiérarchique à une logique d'accompagnement de ses
collaborateurs.
Je me suis attardée sur les limites et déviances
de l'accompagnement de type coaching. Des points forts sont apparus: processus
d'attribution qui interpelle l'individu et non la structure,
dénégation de la violence du système, méthode
d'influence allant jusqu'à la manipulation... J'ai approfondi cette
pensée en révélant les points de limites et les
déviances possibles de l'accompagnement de type coaching. Il est
clairement mis en avant l'unique posture nécessaire et indiscutable que
doit avoir le coach envers la personne qu'il accompagne.
Un point central également est la volonté et la
recherche de la suppression du conflit.
Enfin, un de mes concepts clé a été celui de
la réciprocité dans l'accompagnement. Il s'agit d'abord de
comprendre la notion de don et de contre don qui se passe entre collaborateur
au sein de l'entreprise et la difficulté pour l'entreprise de
reconnaître, apprécier, valoriser et remercier ce processus
naturel qui pourtant serait la base des réussites de la
société.
J'ai enfin présenté les divers types d'institutions
d'accueil pour Personnes Âgées.
A la suite de ces divers points, je pose l'hypothèse
suivante:
Sachant que les modalités de management des institutions
d'accueil pour personnes
âgées évoluent rapidement, les
méthodes du coaching sont un outil privilégié pour
accompagner les logiques du changement en permettant de mettre
l'accent sur les
points suivants:
-- L'importance de l'autonomie
-- Le repositionnement des acteurs
-- l'accent mis sur le sens donné à l'action
-- l'importance des notions de partage et de
réciprocité
57
Ces notions tirées du monde de l'entreprise peuvent
être particulièrement intéressantes dans un lieu
dédié à l'accompagnement de personnes âgées.
Cependant les institutions d'accueil courent le même risque de
dérives que ceux pointés dans le champ de l'entreprise
(manipulation, sous-estimation des conflits...)
B. METHODOLOGIE DE TERRAIN
L'entretien semi-directif permet de
vérifier l'hypothèse et d'illustrer des théories en
apportant un réservoir d'opinions. Il s'agit de recueillir des
témoignages détaillés et individualisés afin de
comprendre les logiques qui sous-tendent les pratiques, en provoquant chez les
enquêtés la production de réponses à des questions
précises. L'entretien semi-directif permet d'entrer dans le champ des
représentations et des pratiques individuelles. Il permet de formaliser
et de systématiser la collecte des données et permet de
constituer un corpus de données homogènes rendant possible une
étude comparative des entretiens.
L'entretien semi-directif suppose la constitution d'un
guide thématique formalisé (des consignes portant sur
des aspects particuliers du thème) et la planification de
stratégies d'écoute et d'intervention (les relances ou les
reformulations). Contrairement au questionnaire, le guide d'entretien
structure l'interrogation mais ne dirige pas le discours. En effet,
les questions ne sont pas nécessairement posées, ni dans l'ordre,
ni suivant la formulation prévue.
Le guide d'entretien a pour but d'aider l'enquêteur
à recentrer l'entretien sur l'objectif de l'étude et à
relancer l'interlocuteur, au moment le plus approprié et de
manière aussi naturelle que possible, sur les thèmes qu'il
n'évoque pas spontanément. Cette technique doit permettre
d'obtenir à la fois un discours librement formé par les
interviewés et répondant aux questions de la recherche. Les
entretiens ont été enregistrés. Ce qui a permis de
restituer fidèlement l'intégralement de l'entretien, avec ses
hésitations, ses répétitions, ses fautes de syntaxes...
Le chercheur structure le guide d'entretien en fonction de
l'hypothèse qu'il cherche à tester. Cette dernière agit
comme un filtre dans le déroulement des conversations.
58
L'analyse transversale des entretiens
découpe ce qui d'un entretien à l'autre se réfère
au même thème. Elle permet de dégager la structure, les
processus et les thématiques. On ne tient compte que du contenu des
messages afin de pouvoir les comparer avec d'autres entretiens. Le
découpage du discours en fragments correspondant à des
thèmes permet d'en repérer les modalités et les
fréquences d'apparition à l'aide d'une grille d'analyse
construite sur la base d'une première lecture de quelques
entretiens ainsi que sur les hypothèses initialement posées. Les
discours singuliers sont ainsi détruits et structurés. Les
extraits d'entretiens se rapportant au même thème sont
regroupés et traités transversalement. L'intérêt est
de confirmer ou d'infirmer des hypothèses. L'entretien semi-directif se
rapproche alors de la logique de l'exploitation de questionnaires.
L'analyse des entretiens semi-directifs, surtout si elle est
principalement transversale, laisse une part importante à
l'interprétation de la personne qui retranscrit les entretiens.
Hypothèses de recherche, questions de la grille et
interprétations du retranscripteur constituent les principes de
catégorisation qui impriment une grille d'interprétation
arbitraire.
I. Guide d'entretien
- Qu'est-ce qui vous a amené à retenir l'outil du
coaching dans vos pratiques du
management?
- Comment y avez-vous été sensibilisé?
- Depuis combien de temps pratiquez-vous?
- Quelle a été votre formation?
- Etes-vous supervisé?
- Quel est l'intérêt du coaching par rapport:
o à l'importance de l'autonomie
o au repositionnement des acteurs
o à l'accent mis sur le sens donné à
l'action
o l'importance des notions de partage et de
réciprocité entre les collaborateurs dans l'entreprise (don et
contre don / lien social).
59
- Pouvez-vous me donner des exemples précis?
- Quel lien faites-vous entre coaching et développement
personnel?
- Quelle est la limite du coaching? Quelles critiques
apporteriez-vous sur cette pratique?
II. Présentation des personnes rencontrées
|
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ANCIENNETE
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LIEU
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PRENOM
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AGE
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FONCTION
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DANS LE
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D'EXERCICE
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COACHING
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DIRECTRICE
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SONIA
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40
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5ANS
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EVRY (ESSONNE)
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D'EHPAD
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CONSULTANT ET
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CHRISTOPHE
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54
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COACH
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26 ANS
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PARIS
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PROFESIONNEL
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|
DIRECTRICE DES
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PÔLES MÉDICO-
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JESSICA
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40
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6 MOIS
|
PARIS
|
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|
SOCIAUX AU SEIN
|
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D'UNE FONDATION
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|
|
Sonia, 40 ans, est directrice d'un Etablissement
d'Hébergement pour Personnes Âgées
Dépendantes (EHPAD) depuis l'année 2011, au sein d'une
association loi 1901 à but non lucratif dans l'Essonne.
Sonia m'explique son parcours professionnel et me fait part de
ses évolutions professionnelles. Elle se destinait d'abord à
l'étude des systèmes éducatifs européens et a alors
passé, en 2000, une Maîtrise en Sciences de l'Education option
politique formation adulte à la Sorbonne. Lors de sa prise de poste au
sein de l'éducation nationale, elle a pu apprécier sa formation
et, également, accentuer sa connaissance des modes d'apprentissages
humains pour mieux comprendre, par la suite, les membres du personnel qu'elle a
eu à manager. Quand son parcours professionnel l'a conduite au sein
d'une préfecture, au niveau de la politique des publics
défavorisés, elle s'est alors mobilisée sur le sujet de la
précarité qui touchait les personnes âgées. Ce
chemin l'a amenée à s'intéresser aux différents
moyens de prise en charge des personnes âgées et
60
elle a ainsi décidé d'évoluer vers la
direction d'un EHPAD durant l'année 2011. La même année,
pour renforcer son management, elle a décidé de passer sa
certification de coach professionnel. Son futur projet professionnel, dans le
domaine social et médico social, est de prendre la direction
générale d'une structure associative afin de pouvoir impulser du
dynamisme dans les projets et avoir une vision plus stratégique de
l'activité qu'elle aurait à gérer et ainsi pouvoir
continuer à se servir de l'outil coaching comme valeur
managériale au sein de l'association en elle--même.
J'ai fait sa connaissance par le biais d'une ancienne
collègue, Véronique, directrice d'EHPAD également, qui
connaissait Sonia et savait qu'elle avait passé une certification de
coaching professionnel. Elle lui a donc présenté ma demande
d'interview, Sonia a immédiatement accepté car ce sujet la
passionne.
Nous avons organisé l'interview le samedi 28 mai 2016
à 14h00 à son domicile à Evry dans l'Essonne. L'entretien
a duré 45 minutes. Nous nous sommes installées dans son salon et
Sonia nous a servi une boisson chaude avec des biscuits. J'ai
déposé le dictaphone sur la table, je lui en avais
déjà parlé et cela ne lui posait aucun souci.
Effectivement elle paraissait plutôt à l'aise, elle disait que ce
sujet la passionnait, nous étions donc sur la même longueur
d'onde. Je lui ai expliqué que j'avais différentes questions
assez précises sur ce thème et qu'elle n'hésite pas
à me solliciter pour avoir plus de détails si je n'étais
pas assez claire. Nous avons donc débuté l'interview.
Christophe, 54 ans, est consultant, manager, formateur et
coach professionnel. Il a créé sa propre société en
1990.
Christophe a d'abord fait des études
d'ingénieur. Il est issu d'une famille d'ingénieurs sur plusieurs
générations, la valeur fondamentale de la famille étant de
construire. Christophe s'est très vite intéressé de
façon naturelle à l'être humain au travail, l'être
humain qui construit, au delà de la technique.
La rencontre avec un consultant, formateur et coach, l'a
conforté dans ce sens et, de cette rencontre, Christophe a
décidé de créer son propre cabinet d'accompagnement.
Après avoir testé son approche auprès de grandes
entreprises et de collectivité territoriales, il s'est
intéressé aux maisons de retraite et a fait la découverte
de l'humanité dans ce qu'elle a de plus vulnérable. Christophe a
alors décidé de proposer ses compétences d'accompagnement
auprès des accompagnants des personnes âgées, dans ce
contexte de fragilité et d'humanité.
61
Professionnellement, j'ai travaillé avec Christophe, de
l'année 2004 à l'année 2012. Christophe intervenait comme
coach professionnel auprès de moi en tant que directrice de l'EHPAD,
auprès de chaque responsable de service et, en tant que formateur
auprès des équipes.
Pour l'interview, Christophe m'a donné rendez--vous au
café--restaurant « le train bleu » à la gare de Lyon,
le Jeudi 23 juin 2016 à 10h30. Nous avons pris place dans un petit
salon, pas trop bruyant, nous avons commandé une boisson et avons
débuté l'entretien, le dictaphone posé sur la table.
L'entretien a duré 1h50.
Jessica, 40 ans, est Directrice des pôles
médico--sociaux au sein d'une Fondation (hôpitaux et centre de
soins) à Paris. Elle dirige 20 directeurs au total tous pôles
confondus (Séniors - Maintien à domicile - Handicap - Enfance),
sur 45 établissements. Jessica a d'abord fait des études de Droit
privé à la Sorbonne, puis des études de Droit
médical à Paris Descartes et enfin des études sur la
gestion des établissements hospitaliers et de sante, Dossier des
patients, au Conservatoire National des Arts et Métiers.
Jessica a commencé son parcours professionnel comme
Juriste au sein d'un institut hospitalier, durant un peu plus de 3 ans. Puis
elle a eu l'envie de s'impliquer davantage dans la gestion d'un
établissement et a donc pris le poste de directrice d'une Maison
d'Accueil Spécialisée durant également un peu plus de 3
ans. Elle a ensuite été nommée, dans la même
association, directrice du pôle handicap, poste qu'elle a tenu
près de 3 années. Jessica a ensuite intégré un
autre institut en tant que directrice du pôle pédiatrique durant
plus de 4 ans. Et cela fait maintenant plus de 3 années qu'elle dirige
les pôles médico--sociaux de la Fondation située à
Paris.
Extrêmement passionnée par le coaching et
l'être humain au travail, elle a décidé en 2015 de faire
une Formation de coach professionnelle et a obtenu sa certification en Janvier
2016.
J'ai professionnellement fait sa connaissance, de
l'année 2003 à l'année 2008, quand j'étais
directrice d'un EHPAD, car nous travaillions dans la même association.
Pour cette interview, Jessica m'a donné rendez--vous dans
un café, métro République, le mardi 28 juin 2016 à
16h00. Nous avons pris un jus de fruit et notre entretien a duré 1h15.
Ce jour là, au métro République, il y avait des
manifestations. Au milieu de notre conversation et durant 10 minutes environ,
notre café a été entouré par les CRS car les
62
manifestants se dirigeaient vers notre rue, mais tout s'est bien
déroulé. J'avais posé le dictaphone devant Jessica et,
à la fin de l'entretien, je me suis rendue compte que celui--ci n'avait
gardé aucun enregistrement! En rentrant, j'ai donc retranscrit
immédiatement l'entretien, en résumant les propos de Jessica.
63
7) LA PAROLE AUX PROFESSIONNELS
J'ai donc réalisé 3 entretiens.
Même si j'ai choisi attentivement mes interlocuteurs, mon
panel est trop succinct pour
me permettre d'être affirmative dans mes remarques.
Je peux cependant proposer quelques pistes d'analyses et
dégager quelques tendances.
J'ai considéré successivement plusieurs points:
- Comment les personnes interviewées sont-elles
arrivées au coaching
- Quelles définitions donnent-elles du coaching
- Les limites et critiques de l'approche coaching du point de vue
des personnes
interviewées
- La part donnée à la réciprocité et
la notion de partage entre collaborateurs
- Les spécificités du coaching dans le champ du
vieillissement
Je vais les considérer successivement pour proposer une
analyse transversale de mes
entretiens.
Je chercherai, pour chacun de ces points, à établir
des liens avec les auteurs de ma
problématique.
A) Comment les personnes interviewées sont-elles
arrivées au coaching?
Je commence par l'histoire de Christophe car il a donné
beaucoup de détails lors de son interview.
Christophe a d'abord fait des études
d'ingénieur, il nous explique qu'il vient d'une lignée
d'ingénieurs car la valeur fondamentale de sa famille est la
construction. Nous retrouverons dans son itinéraire la conjugaison de
son héritage, la construction, et de son esprit novateur qui s'appuie
sur deux idées qui ne le quittent pas: la notion d'humanité et le
projet. Nous verrons comment il réussit à nourrir son projet pour
le lier à la notion d'humanité et, après plusieurs
étapes que je vais détailler ci-après, comment a-t-il
été amené à travailler pour les maisons de
retraite.
Christophe comprend intuitivement qu'il doit associer l'humain
à la construction, il dit: « Ceci dit, ce qui m'a paru
intéressant une fois arrivé dans l'école
d'ingénieurs c'est que les enjeux de la construction du monde de demain
étaient davantage de l'ordre de l'humain
64
que du technique ... je voulais garder cette dimension de
construction et, en même temps, ce qui m'intéressait avant tout
c'était la notion d'humanité ».
Il ajoute une pensée novatrice qui est d'allier la
construction et l'humain mais dans une dynamique de projet. Son idée se
précise alors, il est question de construire un projet autour de
l'humain au travail.
Le hasard fait qu'il rencontre un consultant lors d'un
déjeuner et que ce dernier lui fait découvrir le métier.
Il raconte : « il m'a invité à des interventions, des
stages deformation, j'ai trouvé ça passionnant».
Cette rencontre a incontestablement confirmé l'approche
qu'il cherchait pour mettre en place son projet. Christophe décide alors
de créer sa propre société en tant que consultant. Il
franchit sa première étape.
Pour débuter, il propose ses services en
commençant par de la formation continue auprès de grandes
entreprises. Sa première idée était de former les
personnes pour les aider à se construire en compétence et en
affirmation de soi. Au fil de cette expérience, il prend conscience de
l'importance de certains éléments liés aux grandes
entreprises et se rend compte qu'il ne peut y atteindre son but, il dit: «
A la suite de ça, je me suis rendu compte que le
développement de la personne dans un contexte professionnel était
très lié au management, et à la culture interne, la
communication interne, le fonctionnement interne, donc sur les grandes
entreprises c'était difficile d'intervenir à ce niveau là
».
Cette expérience a apporté une nouvelle
dimension à son projet, celle d'identifier le mode managérial et
de le faire progresser en intégrant l'étendue de l'être
humain au travail. Il construit alors une école de management avec des
chefs d'entreprise. Très vite, il n'y trouve pas son compte, cela
diffère de son projet initial, il dit: « j'ai travaillé
à la création d'une école de management avec des chefs
d'entreprises, mais qui ne m'a pas satisfait parce qu'en fait, très
vite, on est sorti de la problématique de management au profit d'une
préoccupation de développement personnel des chefs d'entreprise,
ce n'est pas ça qui m'intéressait. Ce qui m'intéressait
était d'avoir des managers qui intègrent pleinement la dimension
humaine ».
Obstiné, Christophe ne quitte pas la voie qu'il s'est
tracée, il s'intéresse alors à des petites entreprises,
plus accessibles à la transformation interne. Cette expérience
lui fait découvrir deux enjeux nouveaux à intégrer dans
son projet: le sens et la finalité. Il explique: « je me suis
rendu compte que la structuration des entreprises se faisait
65
beaucoup autour du sens, donc quand on travaille sur la
cohésion on se pose la question de la finalité ».
L'itinéraire de Christophe se précise de plus en
plus, de nouvelles clés apparaissent: la construction, la notion
d'humanité, le projet, l'être humain au travail, le management, le
sens et la finalité.
Il quitte finalement les petites entreprises car
l'organisation de ces entreprises se fait davantage dans des logiques de
marché technique.
A ce stade, nous pouvons nous rendre compte qu'à chaque
étape Christophe précise son projet et démarre alors une
autre quête auprès d'une cible différente.
Avec ces nouveaux éléments il décide donc
de s'intéresser à la fonction publique car le management ne peut
s'y faire qu'autour du sens, il précise pourquoi: « le
management de la contrainte n'est pas possible, parce que le salarié,
l'agent est tellement protégé que finalement, la seule
façon de fédérer et de gérer, c'est de ramener au
sens et d'aller chercher la motivation ».
Il rajoute alors un nouveau mot à intégrer
à son projet: la motivation.
A ce moment là il s'intéresse aux maisons de
retraite lors de la réforme de la tarification. Cette nouvelle
réforme va effectivement faire résonnance à ses valeurs,
il explique: « on est passé du soin au projet, du social
à la construction, donc on était dans une profession... On
était généreux avec des personnes en souffrance,
vulnérables et compagnie. On essaie de faire en sorte que ce soit moins
difficile pour elles. On essaie de créer une cohésion, une
dynamique de projet, mais c'est quoi un projet pour une personne
âgée en maison de retraite ? ». Nous retrouvons donc
dans ses propos la construction et le projet mais nous retrouvons aussi et
surtout la notion d'humanité qu'il recherchait, il répond
à sa question: « Et donc c'est arrivé à la
question de la fin de vie, donc vivre jusqu'au bout. Et à partir de
cette notion ou on n'est pas là pour sauver des gens qui se noient, mais
davantage là pour accompagner des personnes jusqu'au bout, donc et dans
cette logique là, le fait de découvrir l'humanité dans ce
qu'elle a de plus vulnérable, et en même temps de plus
épanouie, parce qu'une personne âgée en fin de vie, il n'y
a pas plus libre, elle n' a plus aucun enjeu que son humanité, donc
finalement c'est une très belle approche et une très belle
découverte de l'humanité à mon sens ».
Christophe fait alors la découverte et
l'expérience de sa quête humanitaire personnelle dont il avait
l'intuition.
66
Il revient d'ailleurs sur cette notion d'humanité en
divisant bien l'accompagnement du personnel d'une entreprise commerciale et
d'une maison de retraite. Il ajoute que dans une entreprise commerciale on est
dans une logique de jeu alors que dans une maison de retraite, on est dans une
logique de sens, il précise: « Dans la logique du jeu on gagne
à réussir, on décroche un marché, on gagne de
l'argent, on réussit une belle opération, tout ça c'est
très amusant, mais c'est pas forcément relié à la
finalité...le problème est que le jeu est un éternel
recommencement et n'entre pas dans une dynamique de construction ».
Nous retrouvons donc la finalité et la construction, deux valeurs
qui comptent pour lui. Par ailleurs, il rajoute que l'accompagnement du
personnel en maison de retraite est plus abouti car il se fait autour de la
notion du sens. Et pour accentuer la dimension humaine qu'il retrouve en maison
de retraite, il ajoute: « C'est à dire, ce qui
différencie à mon sens le jeu du projet c'est que un moment
donné la question se pose pour l'être humain de se dire « je
suis sur cette planète pour une centaine d'années au maximum
» pour faire simple (rire), « et finalement quelle va être ma
contribution ? A ce moment là, je m'inscris dans l'histoire de
l'humanité, je prends, je fais un bout de chemin avec l'humanité
et quel va être mon apport». Et donc moi ça rejoint mon
aspiration à la construction. Ceux qui sont dans le jeu, au bout d'un
moment, se posent cette question là parce que l'âge avance et
après on se dit a partjouer à quoi je sers ? »
Christophe trouve ce qu'il cherche depuis le départ. Il
savait ce qu'il voulait faire sans savoir comment le faire. Ses
différentes étapes ont nourri sa quête et son métier
d'ingénieur lui a permis de construire pas à pas son parcours.
Sonia a eu un itinéraire différent. Son approche
du coaching est venue plus tard dans son expérience professionnelle.
Elle a commencé par faire des études en Sciences de l'Education,
elle dit que ces études ont été sa première
approche pour mieux comprendre par la suite les membres du personnel à
manager. Son parcours professionnel l'a ensuite conduite au sein d'une
préfecture au niveau de la politique des publics
défavorisés. On peut alors déjà se rendre compte
qu'elle se tourne naturellement vers l'être humain et l'éducation.
Son travail auprès des publics défavorisés l'a
amené à se mobiliser sur le sujet de la précarité
qui touchait les personnes âgées. Ce cheminement l'a alors
conduite à s'intéresser aux différents moyens de prise en
charge des personnes âgées. C'est ainsi qu'elle a pris la
décision de devenir Directrice d'un établissement pour personnes
âgées dépendantes.
67
Dans ce résumé, on devine bien l'attirance vers
l'être humain quand elle parle de « comprendre le personnel »
et qu'elle s'intéresse aux publics défavorisés. Ses
études en sciences de l'éducation qui l'ont amené à
s'interroger sur l'être humain sont déjà un signe
d'intérêt naturel pour les sciences humaines et comment
l'éducation et le management peuvent y apporter des réponses.
Sonia explique qu'elle a commencé à
s'intéresser à l'outil coaching en tant que Directrice de maison
de retraite quand elle a été elle--même coachée,
elle raconte: « Et bien j'y ai été sensibilisé
parce que j'ai eu la chance en fait d'avoir un accompagnement moi-même,
pour ma prise de poste, de type coaching et j'ai pu vivre de l'intérieur
effectivement ce que ça apportait comme aide à la prise de recul,
face à la responsabilité, face à des choses à
mettre en place, face au management... je me suis sentie quelque part
recadrée mais avec bienveillance, recadrée dans ma pratique
professionnelle, mais avec beaucoup de bienveillance, comme une... commentje
pourrais dire ça... comme une éducation en fait». Son
approche est effectivement plus de l'ordre de l'expérience interne. On y
retrouve le mot « éducation ». Lors de son coaching elle a
vécu de l'intérieur cette éducation qui lui parlait
intuitivement et qu'elle a essayé de trouver dans ses études.
Elle a pu alors mettre des mots sur ce qu'elle recherchait: aide à la
prise de recul, responsabilité, management, être recadrée,
bienveillance. Son vocabulaire est différent de celui de Christophe.
Elle emploi des termes tels que: « je me suis rendue compte... »,
« j'ai remarqué... ». D'ailleurs elle dit: «
Voilà en fait, j'ai appris de l'intérieur cette pratique
là, comment être reconnu et responsabilisé dans son
rôle sans être écrasée, en fait».
Sonia explique le mot « écrasée »
qu'elle ressent: elle dit que le travail en maison de retraite est très
fragilisant émotionnellement et qu'avec cette pratique elle a compris
comment gérer ses responsabilités, ses émotions, tout en
restant professionnelle, très humaine et sans se sentir
écrasée par les responsabilités ou ses propres
émotions.
Lors de son expérience en tant que coachée,
Sonia s'est également rendu compte que le travail effectué sur le
sens avait été très salvateur et très aidant, elle
l'explique ainsi: « On m'a expliqué mes responsabilités
dans ce rôle là, mais qui n'était plus écrasantes
telles que je les vivais avant. Mais des responsabilités que
j'étais capable d'assumer parce qu'il y avait un cadre, parce qu'il y
avait un sens, parce qu'il y avait un objectif qui était en l'occurrence
le bien être des résidents. » . On retrouve le mot
« sens » employé également par Christophe et le mot
« objectif», qui rejoint celui de « finalité » que
Christophe mettait également en avant. Sonia parle plusieurs fois de
responsabilité, ce qui nous fait
68
ressentir l'ampleur qu'elle vit personnellement concernant
cette fonction et la réponse qu'elle en a trouvée au travers du
coaching qu'elle a vécu.
Sonia a donc décidé de mettre en pratique ce
qu'elle a vécu de l'intérieur pour aider le personnel.
Christophe de son côté avait déjà
des convictions personnelles, il cherchait à les préciser et les
mettre en place. Sonia a d'abord dû les vivre personnellement pour en
avoir la conviction et ensuite les mettre en pratique au sein de
l'établissement qu'elle dirige.
Elle utilise alors cet outil comme une transmission de
l'éducation qu'elle a reçue, l'éducation qui fait grandir
et rend professionnel et autonome. Elle l'exprime ainsi: « dans le
management... c'est un outil qui prenait en compte les salariés, c'est
un outil bienveillant, c'est un outil qui appuie beaucoup sur l'autonomie et la
responsabilité. J'ai remarqué que les salariés, à
partir du moment où on les regardait, on leur parlait comme des
personnes sensées, des personnes capables de réfléchir,
des personnes capables d'autonomie, des personnes... capables d'être
responsables de leurs actes, qui sont capables d'avoir de bonnes idées,
qu'on les respecte... je me suis rendu compte qu'ils devenaient matures,
professionnels ».
En ce qui concerne Jessica, elle a toujours su qu'elle voulait
être coach, dans le sens du guide, c'est sa personnalité. Elle a
commencé par faire des études de Droit avant de se lancer dans
des études sur la gestion des établissements hospitaliers et de
santé. Ses choix professionnels ont très vite pris cette
orientation puisqu'elle a occupé la direction d'une Maison d'accueil
spécialisée. Elle a donc pu guider toute une équipe dans
la gestion de l'établissement. Elle a ensuite eu la direction du
pôle handicap de l'association. Puis elle a quitté cette
association pour prendre la direction d'un pôle pédiatrique dans
un institut. Aujourd'hui elle dirige le pôle médico social d'une
fondation à Paris. Toutes ces expériences l'ont confortée
et renforcée dans son rôle de guide, celle qui montre la
direction.
Sa vision de guide exclut toutes directives
dénuées de sens. Elle dit avoir toujours su intuitivement qu'en
s'intéressant à l'être humain avant tout, l'entreprise
avançait mieux. Elle met alors un point d'honneur à comprendre et
guider chaque être humain au travail, pour les impliquer plus sur la
mission, recueillir tout leur potentiel et obtenir les résultats voulus.
Ce sont les raisons qui lui donné envie de devenir coach
professionnel.
69
Une recherche commune se dessine avec, pour chacun, un terme
différent: Jessica parle de résultat, Sonia parle d'objectif et
Christophe parle de finalité. Nous retrouvons également la notion
de sens donné à l'action, abordée dans ma
problématique.
B) Quelle est la définition que les personnes
interviewées donnent au coaching?
Christophe avait déjà dans l'idée d'aider
les personnes au travail, il a très vite su qu'il voulait être
consultant et utiliser cette approche coaching car ce qui l'intéressait
dans cette approche, c'est qu'elle n'était pas basé sur du soin,
comme le travail que fait le psychologue, mais sur l'affirmation de soi et la
compétence professionnelle. Il dit qu'il n'a pas suivi de formation car
il s'est servi de sa personnalité, de ses intuitions et parle de son
métier d'ingénieur à ce sujet: « moi c'est plus
mon métier d'ingénieur qui opère, une analyse très
rationnelle des choses, une observation. J'en déduis un certain principe
de comportements, ce que génère l'agressivité, ce que
génère l'écoute, c'est de la sociologie en fait je pense.
». Ce qui lui permet alors d'avoir des clés de
compréhension, de comprendre mieux ce qui se passe pour la personne et
de pouvoir donc l'aider à y voir plus clair « à trouver
son chemin » pour reprendre ses mots. Effectivement nous pouvons
remarquer chez Christophe cette capacité d'analyse logique,
méthodique et raisonnable et il l'exprime parfaitement quand il dit que
son travail de coach est très technique et non psychologique: «
en fait je n'interviens qu'à partir du moment où j'ai un objectif
opérationnel clair, d'efficacité collective, d'excellence, de
qualité, de performance ». C'est pour cette raison qu'il
explique ne pas avoir besoin d'être supervisé car il
s'évalue sur le résultat. Il dit « en fait je suis
supervisé par mes clients ». Si la mission est réussie
et que la personne coachée arrive à gérer ce qui
était difficile pour elle, alors c'est qu'il a utilisé les bons
outils sinon il s'adapte aussitôt et utilise de nouveaux outils, de
nouvelles approches. Christophe n'a pas eu de formation spécifique
cependant il dit qu'il a eu des influences, qu'il a pioché des
idées à droite et à gauche, il l'explique ainsi: «
c'est plus ce qu'on m'a dit d'un livre qui m'a intéressé que
de le lire. Parce qu'il ne me semble pas qu'on soit arrivé encore
à une connaissance de l'humanité telle que l'on puisse proposer
un schéma global. Quand je lis un livre je trouve que c'est trop
exclusif ou trop finalisé, trop fermé par rapport à la
vision de la personne qui l'a écrit, j'aime bien que ça reste
ouvert. Trop schématique, trop modélisé, moi j'aime bien
en revanche me dire « tiens cette personne a perçu ça, son
idée est intéressante » Christophe ne se formate pas
sur une idée
70
précise, il écoute toutes les idées, les
analyse avec son esprit logique, les teste sur les clients et voit si cela
fonctionne. On retrouve son côté très rationnel. Il
explique bien que certaines approches peuvent réussir sur un client et
pas sur un autre: « L'humanité est tellement complexe que
finalement il y a des angles d'approches et c'est très
intéressant. Quand on a compris ça, les choses
s'éclairent... pour être plus lucide sur ce qui se passe
». Christophe précise que le coach doit effectivement
être lucide mais que cela ne donne pas forcément de la
pédagogie. Il dit se servir également beaucoup d'outils de
développement personnel comme la PNL et l'analyse transactionnelle, les
utiliser par bribes également et ne les utiliser qu'à partir du
moment où il les a vérifiés. Certaines approches de
développement personnel lui paraissent effectivement très
intéressantes notamment pour maitriser la dimension émotionnelle.
Pour Christophe tous ces outils sont avant tout des outils de
compréhension de l'être humain plus que des outils d'action. Il
s'est ouvert à toutes ces approches de compréhension de
l'être humain pour se faire sa propre « palette d'outils »
qu'il a lui--même expérimenté et qui ont fonctionné.
Christophe reste dans l'ouverture, il ne classe pas l'être humain, ce qui
lui permet de rester dans le respect et la bienveillance: « Il y a une
règle pour moi qui est impérative et bien au delà, c'est
le non jugement, c'est l'absence total de jugement. Même si la personne
raconte des horreurs, ce n'est pas mon rôle de juger, moi je suis
à recevoir la personne, c'est l'accueil. ». Il précise
qu'à travers l'accueil, la personne peut alors prendre conscience de ses
attitudes et ses actes. On comprend ainsi que l'accueil est également un
outil. Quand, dans son livre « les managers de l'âme »,
Valérie Brunel insiste sur la posture « intelligente » qui est
de ne pas interpréter mais d'observer les faits et de les formuler avec
tact et respect, cela rejoint, à mon avis, ce concept de non
jugement.
D'ailleurs, concernant le positionnement du coach, Christophe
met bien en avant l'humilité, il dit « Il faut beaucoup
d'humilité et être très centré sur l'enjeu de la
personne qu'on a en face de soi ». Il explique que cela demande
beaucoup d'énergie et qu'il est plus important pour le coach de se
ressourcer que d'être supervisé. Il précise sa
pensée en indiquant qu'il s'est rendu compte que le coaching le plus
efficace n'était pas forcément le coaching le plus
intellectualisé, il rajoute d'ailleurs : « C'est à dire
que c'est, un moment donné, de l'énergie. On sent qu'il y a de
l'angoisse, du stress, du déni, de la mauvaise foi, qu'on nous raconte
des salades et tout ça, qu'il y a beaucoup de stress, que ça part
dans tous les sens, donc la seule chose à faire est d'arriver à
se recentrer soi même, de se poser et d'attendre que ça passe
», il a fait l'expérience que cela permettait de revenir dans
la
71
réalité et d'être plus sensé. On
retrouve encore sa rationalité qui permet de travailler sur des faits et
calmer et/ou gérer alors les émotions. Il rajoute: «
Petit à petit la personne commence à reprendre des
repères un peu plus solides et des fois il faut accepter de rentrer dans
le trouble, d'aller dans la désorientation, émotionnelle, ou
intellectuelle, de la personne, plutôt que de l'empêcher de faire
des bêtises. L'accompagner la dedans et la rejoindre là où
elle est sensée.... ou elle a besoin d'un avis sensé ».
On comprend alors mieux pourquoi Christophe dit que le coach doit rester
calé dans sa propre dimension. Nous avons vu que grâce à
son métier d'ingénieur qui a induit sa logique rationnelle,
Christophe peut alors ramener à la réalité le tourbillon
émotionnel que vit la personne et ainsi travailler de façon
méthodique sur l'affirmation de soi et les compétences
professionnelles. Pour cela Christophe s'appuie sur des éléments
basés sur le développement personnel ou sur son expérience
factuelle et utilise diverses approches. Il utilise comme levier la
pensée suivante: « sortir de l'enfance et devenir adulte
». Pour cela, il va se servir de méthodes qui
développent la posture adulte. Par exemple il va travailler sur le sens,
il dit: « ce qui donne du sens, c'est pas moi, c'est l'autre
». Son idée étant de sortir de soi pour se centrer sur
l'enjeu de quelqu'un ou d'une société. Il va également
travailler sur l'autonomie, il confirme: « pour moi l'autonomie est au
coeur du processus ». Il va alors aider la personne pour qu'elle se
construise et trouve ou retrouve son autonomie, notamment pour renforcer sa
relation à l'autre. Comme l'exprime Christophe, si la personne perd son
autonomie, elle n'est plus en relation et fait alors simplement ce qu'on lui
demande. Nous comprenons bien le cheminement logique de passer de l'enfance
à l'adulte. L'enfant fait ce qu'on lui demande alors que l'adulte
intègre les enjeux et fait des choix responsables. Pour renforcer cette
dimension, Christophe nous renvoie également sur la question du
positionnement et donc du rôle. Il nous explique qu'elle est fondamentale
dans la notion de responsabilité. Il précise: « ce qui
fédère l'équipe c'est la mission commune, mais par rapport
à cette mission commune la cohésion se construit, se fait dans la
notion d'interdépendance. Donc on a besoin les uns des autres mais pour
avoir besoin les uns des autres, il faut savoir qui fait quoi ou qui est
responsable de quoi. ». Nous retrouvons ainsi parfaitement le
positionnement adulte.
Nous découvrons chez Sonia certains mots et/ou une
approche similaire ou complémentaire à la vision de Christophe.
Je vais les détailler ci--après.
72
La première phrase que dit Sonia quand elle parle du
coaching est: « c'est un outil qui prenait en compte les
salariés, c'est un outil bienveillant, c'est un outil qui appuie
beaucoup sur l'autonomie et la responsabilité ». Nous
retrouvons cette approche concernant la notion de l'autonomie. Cependant Sonia
l'exprime différemment, elle met davantage en avant la reconnaissance
des ressources des salariés mais en tant qu'être humain avant
tout, dans le sens du vivant, de l'existentiel. Elle exprime qu'elle s'est
rendu compte qu'en considérant la sensibilité de l'être
humain, son savoir être, ses capacités de compréhension et
ses ressources alors les salariés se sentaient davantage exister et
respectés, elle ajoute qu'elle s'est rendue compte: « qu'ils
devenaient matures, professionnels... et le coaching apporte ça en fait.
». Valérie Brunel, dans son livre « les managers de
l'âme » rejoint cette idée en parlant de la technique
d'influence. Cette technique, permettant au manager de n'être ni
autoritaire ni menaçant, reconnaît le salarié dans sa
capacité de compréhension de la problématique.
Nous retrouvons également dans les propos de Sonia
l'approche sur la maturité, le mode adulte. Pour Christophe cette
pensée est un levier sur lequel appuyer son accompagnement pour
atteindre la mission commune, pour Sonia c'est un but à atteindre pour
permettre à la mission commune de se réaliser car elle
précise que le personnel se sent alors plus concerné: «
l'importance de l'autonomie pour moi est lié à l'importance
de la responsabilité et donc la personne se sent exister et
concernée et je pense que tout le monde à besoin de se sentir
exister ». Par ailleurs, nous retrouvons également cette
notion d'existence dans les propos de Christophe quand il met en avant la
question de s'inscrire dans l'histoire de l'humanité, de donner sa
contribution personnelle en tant qu'être humain.
Contrairement à Christophe, Sonia a effectué une
formation pour devenir coach professionnelle. Elle parle également de
divers outils qu'elle utilise dans son coaching. Elle nomme deux exemples
d'outils de développement personnel, la PNL et l'analyse
transactionnelle identiques à ceux qu'utilise Christophe. Et,
pareillement elle parle de ces outils comme d'une aide pour mieux comprendre
l'être humain, elle dit: « en coaching on utilise un peu de tout
ça, on n'est pas des praticiens de la PNL ou autre, on est petit
praticien de tout, on utilise les bases de tout pour comprendre ce qui se passe
chez l'être humain, ou il en est, comment il fonctionne, connaître
ce qu'il se passe chez l'être humain, en terme de croyance, ou de
positionnement, de psychologie, on a besoin de comprendre tous ces aspects pour
savoir comment l'aider, avec notre art du
73
questionnement». Effectivement, elle rajoute
comme outil « l'art du questionnement ». Elle en donne la
définition suivante : « comment questionner quelqu'un avec
bienveillance et humilité pour l'amener à réfléchir
et aller au plus profond de lui même pour aller chercher ses ressources
et sa façon... et ses croyances limitantes et positives, qu'il en prenne
conscience pour pouvoir les modifier ou les renforcer ». Sonia nomme
cet outil de par sa formation. Christophe, n'ayant pas eu de formation,
l'utilise également de façon intuitive sans le nommer.
Dans la posture du coach, on retrouve le mot «
humilité » qu'utilise également Christophe ainsi que la
notion de bienveillance, Christophe quand à lui parle de non--
jugement.
Sonia confirme aussi l'utilité de travailler sur le
sens et le positionnement des rôles, elle en parle avec des mots
différents et en même temps complémentaires de ceux de
Christophe. Concernant le sens, elle part du principe que personne ne doit
faire quelque chose juste parce qu'on le lui demande. Elle précise que
tout s'explique : « vous signez tel contrat, pourquoi, à quoi
il sert, la loi, au niveau de l'entreprise, on a besoin que vous soyez
là de telle heure à telle heure car nous avons besoin de
quelqu'un pour s'occuper des résidents, pour quelles raisons, etc...
Déjà rien qu'au niveau du contrat, ensuite au niveau du cadre, de
l'organisation, pourquoi nous avons mis cette organisation en place, en quoi
elle est intéressante par rapport à nos résidents,
à leurs besoins, etc ». En ce qui concerne le
positionnement des rôles, Sonia explique qu'il est important de
reconnaître et comprendre l'importance de son rôle pour
éviter ce qu'on appelle « les glissement de tâches »,
c'est à dire ne plus faire son travail mais faire celui de son
collègue, elle détaille: « ou quelqu'un va plus
s'occuper du travail de l'autre et le fait de repositionner chaque
salarié dans son rôle c'est redonner de l'importance à son
rôle, qu'il reconnaisse l'importance de son rôle, en quoi c'est
intéressant qu'il ait ce rôle là, en quoi on ne peut pas se
passer de ce rôle là, et ça lui permet du coup de retrouver
une sensibilité importante dans son travail ». Nous retrouvons
l'approche de Sonia dans son coaching, qui est que le salarié se sente
reconnu et vivant pour pouvoir alors devenir responsable, mature et
concerné par la réussite de la mission commune.
L'interview de Jessica nous apporte un premier
élément différent. Effectivement elle dit que le coaching
est un outil de développement personnel alors que Christophe et Sonia
nous disent utiliser des outils de développement personnel pour faire du
coaching.
74
Jessica nomme d'ailleurs de nouveaux outils de
développement personnel qu'elle utilise en coaching, comme
l'ennéagramme, la sophrologie, la procès communication.
Jessica apporte également un élément
nouveau concernant la notion de sens donné à l'action. Pour elle,
c'est effectivement essentiel, et c'est avant tout le b.a.--ba d'un manager.
Par ailleurs, Jessica rejoint aussi l'idée de devoir repositionner les
salariés dans leur rôle et notamment pour que les personnes
âgées sachent vers qui se tourner. Dans son approche coaching,
elle travaille aussi sur l'autonomie et emploi un langage différent de
Sonia et Christophe, elle dit que le salarié peut et doit
développer l'innovation, sa créativité et son bon sens.
Elle rajoute un élément que Christophe a aussi mis en avant: le
cadre doit avant tout être bien clair et posé.
Dans son livre « les managers de l'âme »,
Valérie Brunel exprime très bien cette dernière
pensée. Elle affirme qu'il est évident que les contraintes
sociales, organisationnelles et managériales sont responsables des
échecs et des réussites et non uniquement les conduites du
salarié.
Et pour revenir au sens et à la reconnaissance
qu'apporte cet approche coaching, dans son livre « Donner et Prendre
», Norbert Alter exprime que le déficit de reconnaissance de
l'entreprise envers ses salariés s'associe au déficit de sens. Ce
qui instaure une perte de bonne volonté, d'énergie et un mauvais
climat social. Cela confirme alors la question de l'utilité du coaching,
pour l'entreprise, de travailler sur la notion du sens donné à
l'action et la reconnaissance du travail et des travailleurs.
C) Quels sont les limites et les critiques de l'approche
coaching du point de vue des personnes interviewées?
La première limite exprimée par Christophe est
la notion de ne pas être maître du résultat, il dit: «
parce qu'en fait c'est la personne qui est maître, la personne si
elle ne veut pas déverrouiller, si elle veut pas lâcher, elle
continue à raconter des choses annexes, périphériques
à ce dont elle a besoin et ça n'avance pas ». Nous
comprenons alors qu'une personne ne peut changer que si elle l'a
décidé, que le coach n'a pas le pouvoir de transformer quelqu'un
d'où sa posture humble et bienveillante.
Il parle d'une autre limite liée à une
problématique personnelle. Effectivement Christophe nous explique
n'intervenir que sur une situation professionnelle et si, lors du coaching, il
s'avère que le coaché à un problème personnel qui
l'empêche d'atteindre son
75
objectif professionnel alors, dans ce cas, le coaching a
atteint sa limite à la découverte de ce nouveau fait. Il donne
l'exemple suivant: « Moi il m'est arrivé de faire un coaching
sur la gestion du temps car la personne n'arrivait pas à gérer
son temps et on s'est rendu compte que si elle n'arrivait pas à
gérer son temps c'est parce qu'elle avait un problème conjugal
donc elle ne voulait pas rentrer chez elle. ». Effectivement la
personne se plaignait de rentrer trop tard chez elle et voulait revoir son
organisation professionnelle avec Christophe et s'est rendu compte que le
problème ne venait pas de là et était plus personnel. A ce
moment, Christophe explique alors avoir atteint sa limite d'accompagnement.
En ce qui concerne les dérives, Christophe met en avant
une problématique récurrente que sont l'interprétation et
le jugement, il explique: « le plus grave est le jugement, ça
c'est radical, c'est pas possible. Mais il y a l'interprétation, c'est
une forme un peu plus... forcément on interprète mais est ce
qu'on privilégie son interprétation ? ». Christophe
raconte avoir déjà identifié cette situation chez lui
quand il est fatigué et qu'il veut que le coaching se termine
rapidement, il l'identifie ainsi: « je m'aperçois que dans des
entretiens j'ai trop vite la solution et que du coup il y a une espèce
de bagarre, ou de rapport de force qui s'établit avec la personne, parce
qu'elle ne se sent pas comprise et je m'aperçois qu'elle se sent pas
comprise car pour moi ça parait trop clair, et je me dis pourquoi
ça me paraît trop clair, parce que je ne suis pas disponible, je
suis trop fatigué... ». C'est alors que l'on retrouve la
notion de supervision par ses clients car quand il prend conscience de ce
rapport de force, de la réaction de son client, il dit faire tomber ses
a priori, se rendre à nouveau disponible et ajoute : « et tout
se dénoue alors rapidement et finalement on arrive à une solution
très éloignée que celle que j'avais imaginé pensant
avoir compris le problème et avoir la solution. Les personnes
s'expriment en fonction du niveau d'écoute, alors quand j'ai vraiment
écouté, ça a avancé, si on n'est pas disponible
elles disent des trucs anecdotiques, elles doivent sentir qu'on est vraiment
à l'écoute, c'est très important. ». Cela
rejoint la posture « d'accueil » dont il nous parlait. Nous avions
bien identifié l'accueil comme un outil et cet exemple nous permet de
comprendre la force de cet outil qui nous ramène d'ailleurs à la
posture d'humilité et de non-jugement. Pour revenir à la notion
de non-jugement, Christophe met également en avant la dérive qui
consiste à perdre de vue l'objectif du client et à se centrer sur
ses propres objectifs personnels, il donne comme exemple d'attitude: «
et moi ça me rappelle si... donc j'en profite pour régler mon
truc à moi... j'ai besoin de me valoriser etc » Il faut
beaucoup
76
d'humilité et être très centré
sur l'enjeu de la personne qu'on a en face de soi. ». Il explique
effectivement la difficulté du coach d'être renvoyé
à ses propres problématiques qu'elles soient affectives,
politiques ou de l'ordre de la croyance. Il explique qu'à ce moment
là, le coach n'est plus lucide et n'est plus à l'écoute,
il développe: « dans ce qu'évoque la personne il peut y
avoir quelque chose qui pour nous n'est pas acceptable, donc du coup on n est
plus disponible. Ça peut être la fatigue, ça peut
être une fragilité, ça peut être une opinion
politique, une vision du monde, ça peut être n'importe quoi, ce
qui fait que je me recentre sur moi, sur mon interprétation et je suis
sur une attitude défensive, donc là le coaching n'est plus
efficace ».
Christophe signifie que ce n'est pas grave tant que l'on prend
conscience de ses dérives. Il rajoute que ce qui est destructeur, parce
que le coaché est vulnérable, est que le coach se sert de sa
propre interprétation pour gérer son propre problème
à travers la problématique de son client. Il se rappelle d'une
expérience personnelle avec un coach qui lui a dit: « vous ne
comprenez pas car vous avez des problèmes avec votre père »,
Christophe ajoute: « c'était un jugement personnel et
fermé et une grosse faute professionnelle, d'autant que je n'ai jamais
parlé de mon père lors de l'entretien ! »
De ce fait, Christophe réaffirme son point de vue quant
au fait que le coaching doit avoir un objectif clair, il dit qu'il refuse les
coachings où le directeur général lui dit qu'il a carte
blanche. Effectivement nous comprenons maintenant parfaitement que « carte
blanche » peut amener à une dérive du coaching et alors en
quoi il est important d'avoir un objectif clair pour rester lucide et ne pas
s'éparpiller dans ses propres problématiques car, comme le
précise Christophe: « qu'est-ce qui va nous permettre
d'arbitrer».
En ce qui concerne Sonia, elle a également le
même regard que Christophe sur les limites du coaching quant au fait
qu'on ne peut pas changer quelqu'un qui ne veut pas changer, elle dit: «
C'est à dire qu'un moment donné, le coach peut faire tout ce
qu'il veut, s'il a devant lui une personne qui n'a pas envie, qui n'a pas envie
de changer, de s'ouvrir à ça... le coaching a ses limites dans le
sens où ça ne fonctionne que si le coaché l'a
accepté, c'est pour ça que tout revient au final au coaché
». Elle précise qu'effectivement le coaching est un engagement
de moyens et non de résultats. Nous retrouvons cette notion chez
Christophe quand il parle d'apporter des outils pour aider la personne et nous
comprenons que seule la personne peut décider de les utiliser ou non.
77
Au niveau des dérives, Sonia apporte une nouvelle
notion, celle de la manipulation. Elle dit: « il y a une espèce
de manipulation, à priori bienveillante, mais du coup qui peut se
transformer en malveillance bien entendu, c'est à dire on peut tomber
sur un coach malveillant qui fait culpabiliser la personne, qui l'embarque
sur... parce que le coaché est complètement... il se laisse
guider, il est ouvert... certains peuvent en faire malheureusement ce qu'ils en
veulent». Nous retrouvons l'idée du coaché qui est
vulnérable et l'obligation alors du coach d'avoir une posture
bienveillante et humble. Sonia parle même de perversion de la part du
coach. Elle donne du fait une autre vue de cette perversion qui peut exister
dans cet accompagnement coaching, quand l'employeur offre un accompagnement
coaching à un salarié et qu'il attend ensuite de lui qu'il soit
parfait: « je vous ai payé un coaching, vous devriez être
parfaite, si vous n'y arrivez pas, c'est que vous êtres nulle »
cite t--elle comme exemple. Sonia dit que le coaching est une force, elle
rajoute même « une belle force » pour effectivement
aider à retrouver de la motivation, se repositionner, devant la pression
du travail et les divers changements incessants car tout ceci fatigue et
affaiblit les professionnels. Mais pour elle cela n'empêche en rien le
droit à l'erreur, elle dit: « je veux dire personne n'est
parfait, on est dans la vie, dans la vie, personne n`est parfait».
Nous entendons bien que le coaching ne change pas la personne en « robot
» parfait, qu'elle reste un être humain avant tout avec comme
avantage de cet accompagnement, d'avoir pu se reconnecter à ses
ressources, son potentiel pour surmonter des difficultés
professionnelles.
Cette histoire fait écho au livre « les managers
de l'âme », l'auteure, Valérie Brunel nous parle
également de manipulation de la part de l'entreprise qui
privilégie l'accompagnement en développement personnel, dont le
coaching, pour tous ses salariés et qui ensuite ne tolère aucune
erreur se gratifiant d'offrir ces accompagnements pour le seul bien être
du personnel. Christophe nous disait que c'était destructeur pour le
coaché de vivre ces dérives là et Sonia affirme que ces
méthodes peuvent « déglinguer réellement
quelqu'un » . Elle rajoute: « s'il existe la bienveillance,
c'est parce qu'il existe la malveillance ».
Jessica, quant à elle, apporte deux faits concernant
les limites et les critiques sur la pratique du coaching. Tout d'abord, elle
exprime que le plus dur est de ne pas donner de conseils par rapport à
sa propre vision des choses. Ce qui nous ramène à la vision de
Christophe qui parlait de rester neutre et bien calé sur l'objectif de
son client. Jessica
78
met ensuite en avant le côté « manager-coach
», elle nous dit que cette posture ne permet pas toujours d'utiliser la
méthode coaching pour toutes les situations. Elle donne l'exemple
d'urgences à régler pour lesquelles elle a besoin de recadrer les
choses sur la vision du groupe et les besoins des personnes âgées
et, dans ce cas, elle dit redevenir le manager à part entière.
Elle rajoute d'ailleurs que son patron, manager-coach également, utilise
aussi cette approche coaching avec elle et que parfois elle aimerait simplement
qu'il lui dise ce qu'il attend d'elle. Nous comprenons alors bien la
différence entre coach et manager-coach, que nous avons
détaillé dans les diverses définitions. Cela confirme bien
que le manager-coach reste avant tout manager, en position haute de par ses
responsabilités, et utilise les outils du coaching dans son approche
managériale. Alors que le coach, en tant qu'intervenant extérieur
dans l'entreprise par exemple, gardera constamment la position basse,
l'humilité, lors des échanges avec le coaché.
D) Quelle part donnent les personnes interviewées
à la réciprocité, la notion de partage, entre les
collaborateurs dans l'entreprise?
Christophe émet tout de suite une vision
extrêmement claire pour lui qui parle de la convivialité comme
d'un facteur contre productif. Il l'explique de cette façon:
«C'est à dire que le fait de bien s'entendre avec son
collègue est un élément qui empêche de travailler,
pour moi c'est très clair. Un moment donné mon collègue ne
fait pas ce qu'il devrait faire, je n'ose pas lui dire, parce que j'ai pas
envie d'altérer le bien être ensemble. Pour moi la
convivialité est un frein à l'efficacité ». Ce
qu'il veut dire a effectivement un sens car il développe sa vision en
expliquant que ce n'est pas la bonne ambiance qui produit un bon travail mais
bien la finalité. Il détaille son point de vue en
déclarant que si les procédures et les organisations sont claires
et compréhensibles par tous, ciblées sur la mission commune et
que les salariés sont convaincus du projet et donc s'y investissent,
alors effectivement la convivialité et la notion de partage deviennent
un fruit de cette collaboration autour du projet commun, il dit: «
à ce moment la convivialité se développe mais elle n'a
pas d'intérêt, c'est un fruit, c'est un effet secondaire, qui est
très agréable, mais qui reste secondaire par rapport à la
satisfaction de bien travailler par rapport aux besoins et demandes de les
personnes âgées ». Il insiste sur la pensée que
les procédures claires gèrent le lien social. Il donne
également l'exemple d'entreprises ou tout le monde s'entend très
bien mais que le travail n'est pas fait car la mission
79
commune n'a pas été investie, seuls les besoins
personnels de sociabilité ont été comblés. Il dit:
« Si on développe du lien social les personnes vont être
dans la motivation, comme on disait tout à l'heure, donc c'est du
narcissisme partagé et, ça, ça mène à rien.
ça met de la bonne ambiance et compagnie, peut être que les gens
sont plus contents d'aller travailler, mais ça ne donne pas de
l'efficacité. », il rajoute: « En revanche, quand il
y a la mission commune et que tout le monde s'investit ensemble, il y a une
super ambiance ! Du don, du contre don et tout ça. Mais tout ça,
pas par rapport à mon besoin à moi mais par rapport à ma
responsabilité. Par rapport au sens. On est dans une autre dimension et
si on ne prend en compte que les besoins des salariés, ce n'est pas
ça qui fait une équipe. Il faut toujours arriver à se
sortir de soi même. »
Christophe revient alors sur l'idée de devenir adulte
et de quitter l'enfance. Il nous parle à nouveau de l'enfant qui a
besoin d'aimer et d'être aimé et de l'adulte qui est capable de
sortir de soi, d'intégrer davantage la notion qui consiste à
apporter sa contribution, se sentir utile et se sentir responsable. Christophe
rajoute que le problème est de mélanger tout le temps la
dimension affective avec la dimension existentielle, il dit: « et je
suis dans une dimension où j'existe et je rentre dans la dimension
historique où j'apporte quelque chose à l'extérieur, et
là je ne m'écoute plus. Je réponds à mon besoin de
me sentir utile et que ce que j'apporte a du sens par rapport à moi ou
à ce que les autres me demandent ». Christophe met en avant la
fierté que ressentent les membres du personnel quand ils
reçoivent un courrier d'une famille les remerciant de s'être aussi
bien occupé de leur parent. Il dit que ça leur donne envie
d'aller plus loin car le personnel a fait un travail difficile, qui a un sens.
Nous comprenons bien le sentiment d'existence dont il nous parle et le
sentiment d'utilité qui prime effectivement sur les besoins affectifs
personnels liées à l'enfance comme il nous l'explique: ne pas
être généreux pour être aimé mais être
généreux pour se sentir utile, exister. Il donne d'ailleurs un
exemple personnel, il explique qu'il arrive souvent que certaines personnes lui
fassent remarquer à quel point il doit être content de recevoir de
la reconnaissance de ses clients quand il les a aidés. Il répond
alors qu'il ne cherche pas à être aimé à travers son
travail, il dit que ce qui le valorise est le résultat obtenu et qu'il y
trouve là une satisfaction. Il rajoute que c'est son métier
d'ingénieur: « il fait un truc et ça marche ! ».
Dans son approche, nous entendons bien que pour la qualité du
travail, il est d'abord important de prendre une posture adulte, de sortir de
soi, d'investir la mission commune et d'y donner un sens existentiel au
delà de son besoin d'être aimé ou reconnu
80
personnellement. On entend que la satisfaction se trouve alors
dans la réussite de la mission qui fait se sentir utile et exister et
que c'est uniquement ce partage de satisfaction autour de la finalité
qui permet d'installer un lien social et une convivialité qui ne nuit
pas à l'efficacité du travail collectif.
Nous allons voir que Sonia dit quelque chose qui paraît
complètement différent de ce que l'on vient de voir avec
Christophe, et pourtant nous allons au final y retrouver les mêmes
intentions.
La première phrase que dit Sonia est qu'elle est
convaincue qu'une bonne ambiance fait fonctionner l'entreprise. Elle explique
que quand elle entend les salariés rire avec les résidents, bien
s'entendre et s'entraider, elle se dit alors que ça fonctionne bien.
Elle dit réaliser chaque année un spectacle avec les
résidents et le personnel, où tout le monde participe, et que
cela permet de lâcher prise et se connaître différemment,
elle dit: « Cette fois ci on est vraiment sur le coté
échange, partage, positif on n'est pas sur les soins ou la technique, on
est sur un autre niveau, on se voit tous différemment et du coup je me
suis rendu compte que ces rapprochements là faisaient que, après,
il y a comme une espèce... comment je pourrais dire... j'allais dire
intimité, je ne sais pas si c'est le mot... d'affectif, je ne sais pas
comment dire, qui se met en place entre nous, qui fait que le travail est plus
facile. ». Sonia dit qu'elle ne sait pas mettre de mot sur ce
phénomène mais, qu'en le pratiquant, elle a vu que cela
fonctionnait mieux et que tous devenaient plus professionnels auprès des
résidents. En entendant cette approche de Sonia, on pourrait
effectivement penser qu'elle est totalement à l'opposé de ce que
nous disait Christophe. Seulement Sonia rajoute 3 éléments qui
finalement se rapprochent de l'intention de Christophe. Tout d'abord, elle dit
que, dans ses moments de fête, elle reste la directrice et elle garde son
positionnement de directrice, de manager. Ensuite elle dit que personne ne
devient copain/copine car ce qu'elle recherche n'est pas que le personnel
rigole de son côté et les résidents de l'autre mais qu'il y
ait bien une osmose tous ensemble autour du bien--être des
résidents. Pour finir, elle dit bien qu'elle prend tellement de temps
pour expliquer le sens de chaque action et de la mission que cette approche
permet uniquement de casser la barrière un peu rigide de trop de
procédures. Elle dit: « il n'y a plus cette barrière, tu
es le chef, je garde mes distances et j'obéis. Il y a un réel
échange qui est plus constructif, on devient plus professionnel et on
devient meilleur pour les résidents du coup. ». Sonia dit que
les résidents ont souvent exprimé leur
81
contentement à entendre les rires du personnel. On peut
entendre que la maison de retraite étant un lieu de vie, les
résidents chercheraient effectivement à ressentir la bonne humeur
générale, en plus, bien entendu, de l'efficacité des
services proposés. Sonia est convaincue que si on empêchait ce
lien social de se former, il faudrait alors la remplacer par autant de
procédures qui déshumaniseraient ce lieu de vie, elle dit: «
je pense que si, au contraire, on disait « arrêtez de rigoler,
ça ne fait pas professionnel, buvez votre café l'un après
l'autre, sinon ce n'est pas professionnelle, etc... », je pense qu'elles
ne se parleraient plus, que chacun ferait son travail de son coté, qu'il
n'y aurait plus d'aide, puisqu'elle ne se connaitraient pas bien, et du coup je
pense que le travail ne se ferait pas correctement, on serait obligé
d'écrire pleins de procédures pour pallier à ce manque de
partage et d'aide, et d'entraide, je pense que ce serait très
très très froid et très inhumain, ce serait l'enfer, je ne
crois pas en cette façon de faire. ». On peut comprendre son
approche puisqu'elle précise bien que cette convivialité se met
en place alors que le sens et la mission sont très clairs au
départ. Pour Sonia on pourrait penser dans son approche et par son
expérience que c'est une évidence que le personnel ait investi la
mission et qu'elle cherche alors à mettre en place ce lien social, par
le spectacle annuel par exemple, comme une force supplémentaire, Sonia
parle de la maison de retraite qu'elle dirige. Pour Christophe, au contraire,
ce n'est pas une évidence puisqu'il intervient en maison de retraite
pour accompagner le personnel à investir et comprendre sa mission. J'y
vois donc la même intention au départ, qui est d'abord de donner
sens à l'objectif commun.
Sonia donne un autre exemple sur ce sujet qu'elle a
vécu personnellement auprès des personnes du siège social
de l'association pour laquelle elle travaille. Elle se rappelle qu'au
début, elle ne connaissait personne et que les relations étaient
donc très réduites à une petite question professionnelle
de temps en temps. Elle rajoute en plus qu'elles n'osaient pas trop poser de
question de peur qu'ils pensent qu'elle n'est pas autonome, etc... Sonia
raconte être partie en séminaire avec ses collègues et que
cette occasion avait tout changé. Elle dit qu'effectivement ils ont
appris à se connaître un peu plus personnellement et
professionnellement, que la confiance s'est installée, qu'il y a eu un
lâcher prise, et elle explique alors : « Quand on est revenu de
ce séminaire, tout a changé, au niveau des relations de travail,
on s'appelait plus souvent, on mettait plus d'humour et d'intérêt
à l'autre dans nos mails ou nos échanges
téléphoniques, on était plus en collaboration, on
collaborait beaucoup plus souvent, on n'hésitait pas à se poser
des
82
questions qui pouvaient nous paraître idiotes mais
du coup on devenait plus professionnel parce qu'on avait une réponse a
une question qu'on aurait jamais posé avant de peur que... etc...
». Elle rajoute que contrairement à ce que l'on pouvait alors
imaginer, même quand ils se voyaient en dehors du travail, c'était
pour parler travail. On retrouve alors encore la notion de partage, de lien
social autour, avant tout, de la mission commune professionnelle.
Jessica apporte un fait nouveau dans cette notion de partage
et de réciprocité, elle dit effectivement laisser ce lien se
mettre en place naturellement car il apporte une ambiance qui permet plus de
collaboration et d'implication dans les équipes. Elle rajoute
également quelque chose de très important puisqu'elle dit que les
personnes âgées se sentant plus rassurées peuvent alors
laisser exprimer leur vulnérabilité en confiance car l'ambiance
générale est saine. Elle finit par une phrase essentielle qui
fait écho à ce que l'on vient de voir dans les interviews de
Christophe et Sonia, elle dit qu'elle laisse ce lien se mettre en place
uniquement si le cadre est bien posé par les managers et
respectés par tous.
Dans ces 3 approches, nous retenons que la notion de partage
et le lien social sont des éléments très positifs à
condition que la mission commune ait bien été comprise et
investie.
Tout ce que nous venons de voir rejoint tout à fait les
points que nous retrouvons dans le livre « donner et prendre » de
Norbert Alter. L'auteur nous parle de la coopération, du lien social qui
se crée et qui fait avancer l'entreprise au delà ou en plus des
procédures, que ces dernières ne sont pas suffisantes pour la
finalité du travail. Il précise bien que l'entreprise fonctionne
uniquement si les salariés font vivre les projets et les
procédures et ceci se produit par la mise en place naturelle des
échanges sociaux. Norbert Alter rejoint la pensée de Christophe
concernant la satisfaction autour de la mission commune, quand il met en avant
le plaisir de la fusion dans un être collectif. C'est à dire
travailler au nom du lien, donner à la collectivité pour un bien
être général. A mon sens, nous retrouvons alors là
la notion de travailler avant tout au nom de la finalité, de l'objectif
commun et d'y trouver comme conséquence un plaisir d'échanger
ensemble, de partager et de collaborer autour de la mission commune. Le
coaching qui propose alors
83
un accompagnement autour du sens que l'on donne à la
mission permet de faire vivre, renforcer ou faire apparaître ce lien
social entre collaborateurs et donc consolider la coopération et le
professionnalisme dans l'entreprise.
E) Selon leur expérience, quelle
spécificité les personnes interviewées donnent--elles au
champ du vieillissement?
Christophe, lors de son cheminement professionnel, nous a
déjà expliqué que, pour lui, l'accompagnement au sein
d'une structure pour personnes âgées était plus abouti car
la logique du sens était nettement plus élevée que la
logique du jeu. Il l'explique par le fait que les personnes âgées
n'ont plus d'autres enjeux que leur humanité et c'est aussi ce qui les
rend vulnérables. L'accompagnant a donc peu à « gagner
» au niveau narcissique mais tout à acquérir au niveau
existentiel. Il dit: « Dans un établissement d'accompagnement
pour personne âgées en fin de vie, le jeu est difficile, ça
élimine cette dimension là et du coup les personnes sont
confrontées à une obligation, sauf à se désinvestir
et à faire le minimum, et se protéger d'une certaine
manière. Mais de toute manière le travail qu'elles font ne peut
se faire que dans une dimension d'altruisme et de confrontation, sinon c'est
difficile de tenir sur du long terme donc, ça, ça amène un
accompagnement plus épuré».
Christophe rajoute que c'est un accompagnement plus axé
sur la relation. Il explique que pour épauler ou soigner les personnes
âgées, la capacité de l'accompagnant à être en
relation fait la différence. Il intervient donc beaucoup à ce
niveau là au sein de ces institutions, il dit: « Donc oui on
peut aider un technicien à serrer des boulons mais une personne quand
elle accompagne ou soigne une personne âgée, on peut lui montrer
comment faire techniquement, on peut lui montrer... la cadrer dans son
comportement pour pas qu'elle fusionne, pour pas qu'elle projette, etc...
qu'elle gère bien la distance mais l'essentiel va venir de sa propre
capacité à s'investir dans une relation ». Il explique
que la qualité vient de l'humanité, de qui on est. Nous
comprenons alors que le sens est lié à la notion
d'humanité et que l'action qui en découle et qui apporte de la
valeur, est la relation que l'accompagnement a su mettre en place.
Christophe raconte également très bien ce qu'il
a vu lors de ses différents stages dans l'accompagnement de fin de vie,
il a pu remarquer que les personnes étaient totalement renvoyées
à leur propre approche de la fin de vie et le vivaient mal pour
certaines. Dans
84
ce cas, comment accompagner une personne en fin de vie si
c'est un problème pour soi-- même? Christophe répond:
« Je dirais c'est la capacité à être
professionnel, à mettre à distance sa propre problématique
pour s'occuper des autres, on peut faire un bon accompagnement de fin de vie en
vivant soi même difficilement les choses, mais il faut être en
mesure de ne pas mélanger tout». C'est donc également
une spécificité qu'apporte le coaching lors d'accompagnements au
sein des institutions pour personnes âgées. Christophe explique
bien qu'au sein de ces structures, le personnel travaille avec la
vulnérabilité et est renvoyé à sa propre
vulnérabilité.
Je reprends également les termes utilisés par
Sonia, que nous avons déjà vus, et qui correspondent
également à cette notion d'humanité dont nous parle aussi
Christophe. Effectivement Sonia insiste beaucoup sur le fait que travailler
avec et pour des personnes âgées est très fragilisant car
cela renvoie à ses faiblesses, ses peurs sa sensibilité
émotionnelle. Elle dit une phrase que nous retrouvons également
chez Christophe: « et comment rester professionnelle tout en
étant humain et sans être mal le soir en rentrant chez soi.
».
Je termine en mentionnant la perception de Jessica, que nous
avons également déjà vu, et qui explique clairement que
les personnes âgées ont besoin d'une ambiance saine et rassurante
pour exprimer leur vulnérabilité en confiance.
Dans ces 3 points de vue, nous retrouvons comme
spécificité la notion d'humanité dans ce qu'elle a de plus
vulnérable et de plus fragile et nous comprenons alors le coaching
spécifique sur ce point lors d'interventions au sein d'institutions pour
personnes âgées.
85
8) VÉRIFICATION DES HYPOTHÈSES,
PRÉCONISATIONS ET CONCLUSION
A) VERIFICATION DE MES HYPOTHESES
J'avais retenu le fait qu'étant donné
l'évolution rapide des méthodes de management au sein des
institutions d'accueil pour personnes âgées, les méthodes
du coaching pourraient être un outil privilégié et
permettrait de mettre l'accent sur les points suivants:
-- l'importance de l'autonomie
-- le repositionnement des acteurs
-- l'accent mis sur le sens donné à l'action
-- l'importance des notions de partage et de
réciprocité
Dans un premier temps, je peux dire que mes hypothèses
se vérifient. Les 4 points mis en exergue sont repris par mes
interlocuteurs qui oeuvrent dans le champ de l'accompagnement des personnes
âgées et tous sont conscients des dérives possibles.
Cependant, ces entretiens m'amènent à proposer
des nuances. Dans le domaine du coaching, bien sûr la formation compte,
bien sûr l'expérience compte aussi mais, ce qui est frappant, est
la manière dont s'exprime dans le coaching la personnalité du
coach. D'où l'importance de retracer les itinéraires de chacun.
Une formation initiale d'ingénieur débouche sur la perception et
une pratique du métier
autre qu'une formation en gestion ou en psychologie. La
notion d'autonomie (Autonomos : celui qui fixe sa propre loi) est à
nuancer en fonction des contextes et des profils des personnes en place (coach
et coaché). En ce qui concerne la réciprocité et le
partage, elles se révèlent centrales. Elles sont non seulement le
but mais aussi le moyen de l'action. Christophe ne cesse de le dire dans son
entretien, il présente son itinéraire comme une quête de
sens, de réciprocité et de partage.
Oui, un établissement d'accueil pour personnes
âgées est un lieu privilégié pour déployer
les méthodes propres au coaching, à condition (et je pourrais
l'écrire : « À CONDITION »)
d'être averti des dérives possibles que sont l'emprise et la
manipulation.
86
B) PRECONISATIONS
J'ai choisi de leur donner une forme particulière,
interactive! Sous forme de questionnement et d'exposé d'une
expérience:
Par curiosité, j'ai décidé de faire une
toute petite enquête auprès de 5 directeurs
d'établissements d'hébergement pour Personnes
Âgées dépendantes, leur demandant: « Vous
êtes-vous dit à nombreuses occasions: « j'aurai besoin
d'être aidé, épaulé, soutenu, éclairé,
entouré... ». Si vous deviez formaliser ces besoins en l'associant
à un contexte, quels seraient-ils?
Voici les réponses des directeurs, retranscrites
telles qu'elles ont été formulées:
« Un accompagnement pour la réalisation du Projet
d'établissement et de son suivi et actualisation » ;
« Conseil concernant les relations avec les familles qui
sont dans la revendication » ; « Accompagnement des équipes
pour tenir une distance professionnelle sans que l'affect ou les convictions
personnelles ne prennent le dessus dans le processus de prise en charge »
;
« J'aurais apprécié être
épaulé lors de certains dysfonctionnements sur
l'établissement: sentiment de ne pas avoir droit à l'erreur,
d'être souvent jugé. »
« Parfois j'aurai aimé avoir été
conseillée sur ma posture face à certains conflits. Il semble
important que les chefs de services aient une formation ou un accompagnement
pour acquérir la posture professionnelle adéquate. J'aurai
aimé être accompagnée dans l'élaboration du projet
d'établissement et certainement pour une convention tripartite. Il me
semble essentiel qu'un dirigeant soit à un moment donné
accompagné dans sa fonction notamment quand il connaît des
situations difficiles. »
« J'aurai souhaité un accompagnement des
responsables de service en management et un accompagnement sur leur
positionnement hiérarchique. Un accompagnement spécifique dans le
cadre de la rédaction du projet d'établissement pourrait
également nécessiter un conseil et un accompagnement
spécifique. »
« J'aurai aimé être formée et
accompagnée au suivi d'un chantier en cours. »
Ces demandes sont effectivement des problématiques que
propose, en théorie, d'aider à résoudre l'accompagnement
de type coaching.
87
Pour tester personnellement ces problématiques, j'ai eu la
chance de pouvoir accompagner, en tant que coach professionnel d'entreprise,
une infirmière coordinatrice, dans un EHPAD.
Quels étaient les enjeux de cette réalisation?
En 2012, il a été demandé l'accompagnement
en coaching d'une l'infirmière
coordinatrice dans un EHPAD de Seine Saint Denis. Les objectifs
étant de l'aider à
acquérir une posture managériale et des outils de
communication pour repositionner les
rôles de chacun et refixer le cadre avec fermeté.
-- apprendre la communication managériale et
interprofessionnelle
-- asseoir son rôle
-- nommer les référents d'équipe
-- stabiliser les équipes de l'unité
-- comprendre le rôle de chacun
-- apprendre à déléguer en gardant la
responsabilité de la tâche
-- gérer son temps
Quelles difficultés rencontrées et quelles
contraintes à gérer?
L'infirmière coordinatrice et son directeur expliquent un
contexte difficile pour les raisons suivantes:
-- les postes de responsables de service sont restés
vacants très longtemps. Tous ces postes ont été
recrutés cette année.
-- Cette problématique a fait apparaître des
conflits d'intérêts et de positionnement dans les équipes,
des enjeux de pouvoirs et des glissements de tâches.
-- Les difficultés interculturelles en rapport avec
l'implantation géographique de l'établissement.
Comment s'y prendre pour mener à bien cette
réalisation?
J'ai rencontré l'idec en coaching une fois par mois,
durant 5 mois. Chaque séance durait
3 heures.
J'ai proposé les principaux axes de travail
envisagés:
-- savoir utiliser les différentes postures du manager
88
- associer exigence et bienveillance dans la relation
- mieux comprendre les besoins individuels des collaborateurs
et les ressorts de la motivation
J'ai demandé quels seraient les indicateurs qui
permettraient de vérifier que les objectifs sont bien atteints,
l'infirmière coordinatrice me répond que:
- les membres de l'équipe s'adresseraient alors
dorénavant aux bonnes personnes quand ils ont un problème
- les membres de l'équipe respecteraient l'organisation
et le référentiel qualité de l'association
- il y aurait moins de réclamations des
salariés, résidents et familles
- les équipes poseraient moins de questions car leur
mission et le sens de cette mission seraient plus clairs
- les objectifs seraient réalisés dans les temps
impartis (référentiel qualité)
- il y aurait d'avantage d'échange dans les
réunions de l'équipe pluridisciplinaire L'infirmière avait
évalué à 5 sur 10 les résultats qu'elle obtenait
avant le coaching.
Quels ont été les résultats obtenus?
Après les 5 mois de coaching, l'infirmière
coordinatrice a réévalué à 9 sur 10 les
résultats de l'atteinte de l'objectif.
Nous avions fait un point à mi-parcours pour
réexaminer la situation et revoir les objectifs ou les moyens si
besoin.
Elle a également précisé, après le
coaching qu'elle serait partie si elle n'avait pas été
accompagnée.
L'exposé de cette situation ne se veut pas être
l'exposé d'un idéal.
Quand on parle de coaching, le risque est grand de tomber dans
cette dérive.
Les « il faudrait », « on devrait »,
peuvent vite être déconnectés du réel, de ces
contraintes, de sa complexité.
D'où mon choix de simplement relater une
démarche possible.
Nous avons appris que la norme managériale actuelle est
d'inciter à des changements organisationnels, ce qui provoque une forte
déstabilisation et une perte de sens dans les
89
institutions. Nous avons également appris que le sens
donné à chaque action en lien avec la mission commune
était indispensable à la prise de responsabilité des
salariés, leur autonomie, leur positionnement adapté au
rôle que l'entreprise leur a confié et la création de lien
social autour de l'objectif commun. De ce fait, cela favorise la
réussite de la mission de l'entreprise. Nous avons aussi compris que
dans le contexte d'établissements qui accueillent les personnes
âgées, nous retrouvons beaucoup de vulnérabilité et
de fragilité et qu'il est important de travailler sa relation à
la personne âgée, en lien avec son éthique, pour faire un
bon accompagnement et ainsi prendre de la distance avec sa propre souffrance.
Nous avons entendu que l'accompagnement de type coaching au sein d'un
établissement d'accueil pour personnes âgées avait pour but
d'aider les accompagnants à trouver ou retrouver du sens en rapport avec
la mission commune. Ce qui permet alors de mieux comprendre son rôle et
d'adapter son positionnement et sa relation à la personne
âgée, et envers ses collègues, pour apporter un
accompagnement efficace et de qualité. Cela permet également de
développer sa confiance envers son environnement professionnel
nécessaire au bon fonctionnement de l'organisation. Nous avons aussi
pris conscience des déviances possibles liées à cet
accompagnement et qu'il était absolument essentiel, sans exception, que
l'accompagnant apparaisse sans jugement aucun et avec un positionnement
bienveillant et humble. Suite à ces différentes lectures,
analyses, entretiens et exemples, nous pouvons alors affirmer de
l'intérêt des méthodes spécifiques au coaching dans
le management des professionnels d'un établissement d'accueil pour
personnes âgées.
C) CONCLUSION
Pour conclure, voici une petite histoire de coaching qui a retenu
mon attention:
Il était une fois, dans un village au
Moyen-Âge, un homme plutôt malingre, qui avait femme,
enfants et amis. Il possédait également un champ reçu de
ses parents mais, trop faible pour le moissonner lui-même, il en laissait
la charge à de plus forts que lui qui, en compensation, prenaient une
bonne part de la récolte. Il ne lui restait en fait que le strict
minimum pour vivre, et il en concevait grand'peine. Tout le monde autour de lui
le plaignait: « il est si chétif, il n'y peut rien », «
le pauvre n'aura bientôt plus que la peau sur les os ». Ses proches
ne cessaient de l'inciter à moins d'ouvrage encore devant son
état, de
90
peur qu'il n'empire. Et le Père Saint-Yves, qui
confessait le village, lui disait de surtout se reposer, que chacun en ce monde
avait sa place et qu'il était bon d'y rester.
Un jour d'été, alors que les moissons
allaient commencer, notre homme était assis au bord du chemin. Les
larmes aux yeux, il songeait à ce qu'il allait encore devoir laisser, au
peu qu'il aurait pour lui et les siens. « Il y a sûrement un
moyen... mais je suis si faible », se disait-il. Un Curieux Original A
Cheval vint à passer, qui le vît et lui demanda la raison de son
état. L'homme se confia:
- Vois, c'est mon champ, et pourtant je n'en
récolterai pas le dixième. - Pourquoi cela ? - C'est que regarde,
je suis si faible que je n'ai pas la force d'en rien faucher. Le Curieux
Original A Cheval ne dit rien. Il regarda tour à tour le champ, superbe
de blé, et l'homme qui poursuivit: - Mes enfants, ma femme et moi allons
encore subir la faim tout l'hiver. - Et que souhaiterais-tu, à la place
? - Comment ? Mais c'est évident !, dit l'homme, je voudrais le faucher
moi-même pour pouvoir profiter de ma récolte. - Pourquoi cela
est-il important ? - Tu as de drôles de questions !, dit l'homme, pour
que mes enfants mangent à suffisance, et ma femme et moi de même.
- Et comment saurais-tu que tu l'as fauché ? - L'ami, vraiment, tu es
drôle ! J'aurais tout le blé moissonné dans ma grange
à la fin de l'été, et j'en porterais les sacs chez le
meunier pour qu'il nous fasse de la farine pour notre pain. - Ainsi donc, si
à la fin de l'été tu portais des sacs au meunier pour
qu'il fe tasse de la farine pour du pain afin de nourrir tes enfants et ta
famille, grâce à ta propre moisson, tu serais satisfait ? - Et
comment donc! Oui!
Le Curieux Original A Cheval regarda à nouveau
l'homme, puis son champ, puis l'homme. Puis il demanda : - Comment s'y
prend-on, pour moissonner ton champ ? - Eh bien, les gens du village commencent
toujours par la parcelle que tu vois, près du bosquet mais elle est en
haut de la colline et rien que d'y arriver je suis épuisé ! Puis
ils continuent avec la parcelle de l'autre côté, ensuite celle-ci,
puis celle après le ruisseau...
Et l'homme énuméra toutes les parcelles. Le
Curieux Original A Cheval demanda ensuite : - Et toi, seul, comment pourrais-tu
faire?
L'homme réfléchit un instant, et dit : - Ma
foi, je commencerais par celle d'en bas, là, devant moi. Elle n'est pas
bien grande, et je suis reposé. - Et quand pourrais-tu le faire ? - Il
est encore matin, si je commençais maintenant j'aurais fini pour les
Vêpres. - Je te revois donc aux Vêpres, à l'autre bout de
cette parcelle.
Et le Curieux Original A Cheval s'en alla au petit trot.
L'homme, interloqué mais résolu, se mit à l'ouvrage. Comme
il n'avait jamais fauché, il lui fallu du temps pour trouver un
geste
91
qui convienne et ne lui soit pas trop pénible, mais
il fit tant et tant qu'aux Vêpres, la parcelle était aux
trois-quart moissonnée ! Il était épuisé, mais la
joie d'avoir réussi ceci était si forte qu'elle lui faisait
oublier ses douleurs. A l'annonce de la nouvelle, tout le village accourut:
« mais il est fou ! » disaient les uns, « quelle drôle
d'idée de commencer par là ! » disaient les autres. Et le
Père Saint-Yves, à qui notre homme avait relaté sa
rencontre, regarda d'un mauvais oeil ce Curieux Original A Cheval qui,
d'après lui, jouait avec la santé de son ouaille. L'homme eut
certes des courbatures, mais cette année-là il put faucher
près de deux parcelles, et la moisson qu'il en retira lui permit de
nourrir correctement ses enfants, sa femme, et lui-même, si bien
qu'arrivé l'été suivant, il avait commencé à
prendre bonne force. Il putfaucher trois parcelles de mieux!
En quelques années, il putfaucher son champ et
conserver par devers lui ce qui lui revenait, et de quoi subvenir largement aux
besoins de sa famille, jusqu'a en redistribuer au reste du village. Parfois,
d'autres plus faibles l'appelaient pour moissonner leur champ, et il repensait
toujours à ce Curieux Original A Cheval, qu'il n'avait jamais revu,
lorsqu'il leur disait: « dis-moi, si tu devais le faire, toi, tu
procéderais comment ? ».
92
93
POSTFACE
Ce que j'ai entendu lors de ces entretiens et les
expériences que j'ai personnellement vécues en tant que
coaché, coach ou manager--coach confirme effectivement que cet outil a
sa place dans les institutions qui accueillent les personnes
âgées.
C'est un outil humain qui prend en compte l'être humain
et qui le respecte. Cet outil aide à sortir de soi par la reconnaissance
de soi, en faisant grandir ses propres ressources internes pour mieux
comprendre l'autre et l'accompagner.
Cependant, utiliser cet outil avec une intention malveillante,
qu'elle soit consciente ou non de la part du coach, qu'elle soit pour utiliser
ou manipuler l'autre sciemment ou en profiter pour régler ses propres
problèmes de façon inconsciente, a prouvé son effet
destructeur. C'est très grave car la fragilité observée
dans les institutions pour personnes âgées, pour toutes les
raisons humaines qui ont été mises en avant, ne peut pas se
permettre de tels ravages. Les conséquences humaines sont trop
dévastatrices. Les positionnements indispensables que le coach doit
avoir lors de ses interventions sont la bienveillance, le non -jugement, la
position dite « basse » (contrairement à la position haute du
manager par exemple) et le respect sans faille de l'être humain qu'il a
en face de lui. Chaque coach a le devoir d'intégrer cette
déontologie pour pouvoir exercer. Cet outil fonctionne et fait ses
preuves indéniablement, mais exclusivement dans le respect de son
éthique.
Cet accompagnement coaching fonctionne uniquement si le
manager/l'entreprise a la volonté de participer activement à la
conscientisation des points forts et des difficultés rencontrées
et ainsi le désir de mettre en place des ajustements
nécessaires.
La réussite de cet accompagnement ne repose pas
seulement sur le binôme coach/coaché. Le positionnement et la
responsabilité de l'entreprise, dans son organisation et son management,
fait partie intégrante de ce succès.
94
95
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La Découverte
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(2) BESSON Bernard, VIGANO Vito, VUAGNAUX Jean-Michel,
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(3) In'Coach - Spécificités du coaching interne
(Association de coaching interne), (Version du 19/06/2007), source internet
supprimée depuis
(4) LAROUSSE 2004
(5) LE BRETON-BLON Patrick, PDG STRAT Consultants -
PARTENAIRE France Belbin - MASTER ACCRÉDITEUR Méthode Belbin -
EXPERT APM - PRÉSIDENT IEPMS
(6) LEBEDEL Yves, Consultant - Coach - Formateur,
ViveLaVie
(7) LIARDON Michel, Coach - Formateur, Coaching-Partner
(8) PRUDENT Ruddy - Co-Fondateur du Groupe Délia, ESC
IDRAC Paris
(9) SFcoach (Société Française de
Coaching)
97
98
99
Entretien de Sonia
Qu'est-ce qui vous avez amenée à retenir
l'outil du coaching dans vos pratiques du management?
J'ai retenu cet outil parce que je me suis rendue compte que
dans le management... c'est un outil qui prenait en compte les salariés,
c'est un outil bienveillant, c'est un outil qui appuie beaucoup sur l'autonomie
et la responsabilité. Et je me suis rendu compte que quand on prenait en
compte l'être humain, sa sensibilité, sa façon d'être
et que l'on met bien en avant qu'il a des capacités, qu'il a des
ressources et qu'il n'est pas juste là pour répondre à un
ordre, mais que l'être humain n'est pas idiot, il comprend ce qu'on lui
dit, comprend l'ordre, comprend le sens, et qu'a partir de là il savait
utiliser... il se sentait mieux. J'ai remarqué que les salariés,
à partir du moment où on les regardait, on leur parlait comme des
personnes sensées, des personnes capables de réfléchir,
des personnes capables d'autonomie, des personnes... capables d'être
responsables de leurs actes, qui sont capables d'avoir de bonnes idées,
qu'on les respecte... je me suis rendu compte qu'ils devenaient matures,
professionnels... et le coaching apporte ça en fait. Voilà
pourquoi j'ai décidé d'utiliser cet outil là, que je l'ai
retenu en tout cas dans mes pratiques.
Et comment y avez-vous été
sensibilisée?
Et bien j'y ait été sensibilisée parce
que j'ai eu la chance en fait d'avoir un accompagnement moi-même, pour ma
prise de poste, de type coaching et j'ai pu vivre de l'intérieur
effectivement ce que ça apportait comme aide à la prise de recul,
face à la responsabilité, face à des choses à
mettre en place, face au management, face au...comment dire... c'est pas
toujours facile à mettre des mots sur des choses que l'on ressent, mais
je me suis sentie quelque part recadrée mais avec bienveillance,
recadrée dans ma pratique professionnelle, mais avec beaucoup de
bienveillance, comme une... comment je pourrais dire ça... comme une
éducation en fait. Je tiens à dire que bienveillance ne veut pas
dire mollesse! On a parfois besoin d'être bousculé, même
avec bienveillance! Vous voyez ce que je veux dire...On m'a expliqué mes
responsabilités dans ce rôle là, mais qui n'était
plus écrasantes tel que je les vivais avant. Mais des
100
responsabilités que j'étais capable d'assumer
parce qu'il y avait un cadre, parce qu'il y avait un sens, parce qu'il y avait
un objectif qui était en l'occurrence le bien être des
résidents. Voilà en fait, j'ai appris de l'intérieur cette
pratique là, comment être reconnue et responsabilisée dans
son rôle sans être écrasée, en fait. Et du coup
ça m'a... j'ai pu mettre du sens à tout ça. J'ai pu
devenir plus autonome, parce que j'ai compris. Cette pratique là m'a
aidée à comprendre en fait, à comprendre comment
gérer toutes ses responsabilités, gérer mes
émotions également, être professionnelle tout en restant
humaine, tout en restant même très humaine mais sans être
écrasée, vraiment c'est le mot... sans être
écrasée ou être... En plus quand on travaille dans un
établissement d'accueil pour personnes âgées comme
ça, on est... c'est très fragilisant, on est vraiment entre
humain, tous, entre humain avec nos faiblesses, avec nos émotions, avec
nos peurs, donc on est vraiment dans une sensibilité
émotionnelle, les salariés, les résidents, et comment
rester professionnelle tout en étant humain et sans être mal le
soir en rentrant chez soi.
Dites-moi, depuis combien de temps pratiquez-vous le
coaching?
En fait, quelque part, je me suis rendu compte que j'avais
déjà la fi... avant même ma formation, j'avais
déjà un petit peu cette fibre là puisque j'étais
déjà... même si je ne comprenais pas ce que je faisais car
je n'avais pas encore eu cette formation, j'étais déjà
dans cette approche là, c'est à dire une approche bienveillante,
plus humaine tout en étant professionnelle. Je faisais... j'avais en
tout cas cette intention là, même si je faisais quelques erreurs
parce que je n'avais pas la technique. Je n'avais pas toujours la technique ou
toujours le recul mais j'avais déjà cette intention là et
sinon je l'ai réellement pratiqué... pratiqué
réellement à partir du moment ou j'ai eu ma formation, ou j'ai pu
comprendre tout ça, c'était au cours de l'année 2011. J'ai
commencé ma formation à ce moment là.
Et justement, quelle a été votre
formation?
Et bien j'ai fait une formation dans un centre de formation
sur Paris et ça a duré presque une année ou j'allais en
cours à Paris et puis en dehors de ça, en dehors des cours, on
avait des exercices de pratique puisqu'à la fin on avait un
mémoire et une soutenance.
101
On avait des exercices théoriques et pratiques et
également des cours à la maison sur la plateforme, on appelait
tous la plateforme et on avait quelqu'un qui nous faisait des cours par
téléphone. Et puis après on pratiquait entre nous et on a
du trouver des personnes « stagiaires » à coacher pour
pratiquer... pour pratiquer, pour s'entrainer en fait. Et puis après, et
bien voilà, il a fallu faire un mémoire là dessus, qui
était donc noté... comment s'était passé le
coaching, ce qu'on a ressenti, ce qu'à ressenti le coaché, si...
voilà, si... comment on s'est senti, si on a pu utilisé les
outils que l'on a appris, à quoi ça a servi... On a
analysé en fait toutes nos pratiques, pendant un an et après au
bout d'un an, on a fini notre mémoire. Entre temps on voyait toujours
nos professeurs, on avait un directeur de mémoire qui nous aidait dans
nos pratiques...on avait donc des cours une semaine par mois, on allait sur
Paris suivre ces cours, puisqu'en fait les cours étaient... on avait
d'abord... par exemple, on apprenait d'abord le coaching, ce que c'était
le coaching, après on apprenait des techniques, l'art du questionnement,
on a eu tous les outils, les uns après les autres... et après un
module sur le coaching en entreprise...on a vu un peu de tout en fait dans la
formation, moi je me suis spécialisée dans la gestion du stress.
J'ai fait 4 jours en plus pour une spécialisation sur la gestion du
stress, donc on retrouve des outils du coaching qu'on adapte effectivement sur
les situations stressantes que ce soit en entreprise ou de façon
personnelle, mais on retrouve les mêmes outils, la même
bienveillance, la même posture, ça, ça ne change pas,
voilà...
Et, êtes--vous supervisée pour votre pratique
du coaching au sein de votre établissement
?
Oui! En supervision j'ai effectivement un coach qui vient sur
l'établissement, que je prévois dans le plan de formation, il
vient... je le vois deux fois par an et on discute de ce qui s'est
passé, des difficultés que j'ai eu... et il m'aide effectivement
à « recadrer » mes pratiques et mon ressenti je dirai...
Selon vous, quel est l'intérêt du coaching par
rapport à l'importance de l'autonomie, d'être autonome dans son
rôle professionnel?
Je dirai que c'est un petit peu comme je disais tout à
l'heure, l'autonomie... les personnes... le coaching aide effectivement
à rendre la personne responsable et
102
autonome et existante, et du coup doit se sentir plus, comment
dire... Disons que voilà, ce n'est plus une personne qui baisse la
tête et obéît aux ordres, mais elle devient un être
vivant qui réfléchît, qui se sent plus concerné.
Voilà c'est le mot que je cherchais, une personne qui se sent plus
concernée, plus reconnue, parce que du coup elle met en place sa
responsabilité, son autonomie, parce que je pense que ça va
ensemble. Tout ce qu'elle met en place est reconnue puisque c'est elle qui...
ce n'est pas juste un ordre qu'elle a suivi. Puisqu'il y a un cadre de toute
façon, mais elle a compris le cadre, elle a compris le sens puisqu'on
lui a expliqué que c'est pour ça que... l'importance de
l'autonomie pour moi est lié à l'importance de la
responsabilité et donc la personne se sent exister et concernée
et je pense que tout le monde à besoin de se sentir existé et je
pense que le mal être est quand on ne se sent pas existé.
Et quel est l'intérêt du coaching par rapport
au repositionnement des acteurs, des membres du personnel?
Alors ça c'est intéressant effectivement parce
qu'il arrive que certaines personnes fassent le travail d'un autre, s'occupent
de ce que fait le voisin plutôt que de s'occuper de ce qu'il fait lui et
du coup son travail à lui n'est pas fait et par contre ils sont deux sur
un autre travail, ce que l'on appelle aussi le glissement de taches... ou
quelqu'un va plus s'occuper du travail de l'autre et le fait de repositionner
chaque salariés dans son rôle c'est redonner de l'importance
à son rôle, qu'il reconnaisse l'importance de son rôle, en
quoi c'est intéressant qu'il ait ce rôle là, en quoi on ne
peut pas se passer de ce rôle là, et ça lui permet du coup
de retrouver une sensibilité importante dans son travail, dans son
rôle, en quoi il est intéressant et pourquoi on a besoin qu'il
soit plus là que sur une autre tâche qui elle même est
déjà prise par quelqu'un donc du coup ça
génère des conflits puisque tout le monde s'occupe de la
même tâche. Donc je pense que ce qui est important dans le
repositionnement des acteurs c'est que chacun effectivement reconnaisse
l'importance de son rôle et de sa fonction en fait et, à partir du
moment, je pense, ou il reconnaît l'importance de son rôle il peut
s'y mettre à 100% puisqu'il comprend que ce n'est pas un poste qui a
été ouvert pour rien, pour... c'est vraiment un poste dont
l'organisation a besoin pour que ça fonctionne et ce n'est pas un
hasard.
103
Et l'intérêt du coaching par rapport à
l'accent mis sur le sens donné à l'action, aux actes
professionnels?
Et bien voilà... ça c'est intéressant
puisque effectivement il est important de donner du sens à tout ce qu'on
fait, sur tout. C'est à dire expliquer aux salariés, par exemple,
le sens du cadre, le sens du contrat... vous signez tel contrat, pourquoi,
à quoi il sert, la loi, au niveau de l'entreprise, on a besoin que vous
soyez là de telle heure à telle heure car nous avons besoin de
quelqu'un pour s'occuper des résidents, pour quelles raisons, etc...
Déjà rien qu'au niveau du contrat, ensuite au niveau du cadre, de
l'organisation, pourquoi nous avons mis cette organisation en place, en quoi
elle est intéressante par rapport à nos résidents,
à leur besoin. Donner du sens à tout, pourquoi on vous demande
d'être à l'heure, pourquoi on vous demande de suivre ce
règlement intérieur, en quoi ce règlement intérieur
est--il intéressant, par rapport aux résident, en quoi commencer
à telle heure et finir a telle heure est--il important pour les
résidents, d'être en pause à ces heures là, par
rapport à la loi, aux résidents, aux finances, par rapport aux
budget... pourquoi on peut faire ci ou ça, par rapport à l'ARS et
au conseil général, on ne peut pas avoir plus de budget,
pourquoi... enfin il y a un sens à tout, et moi je n'ai pas de... en
tout cas il y a une explication à tout qui donne un sens en fait, donc
moi ne n'ai pas de ... je suis complètement transparente par rapport
à ça, je n'ai pas de secret, tout s'explique, ce que l'on fait
s'explique. A partir du moment ou on ne peut pas expliquer ce que l'on fait, on
ne peut plus donner de sens, pourquoi on fait ça, pourquoi on met sa
blouse le matin, pourquoi on l'enlève, au niveau de l'hygiène
pourquoi on met sa « charlotte » avant d'aller en cuisine, le sens
c'est sur n'importe quoi, pourquoi est ce qu'on donne des soins aux
résidents, ça peut être vraiment sur tout et à
partir du moment ou on commence à dire « on fait ça parce
que c'est comme ça », je pense qu'il y a un problème, car il
y a forcement une explication qui donne le sens, si on n'a pas
d'explications... personne ne - peut juste faire quelque chose parce que c'est
comme ça, c'est pas une raison valable, il n'y a pas de sens, je pense
que le sens, quel qu'il soit, quelle que soit l'explication... je pense que
tout le monde peut comprendre une explication, par exemple, je n'ai pas assez
d'argent pour acheter telle chose, parce que pour avoir plus d'argent il
faudrait que j'augmente tous les résidents de 2 euros par jours et pour
eux c'est trop cher et donc du coup je ne peux pas me permettre d'acheter ceci.
C'est une explication qui donne du sens et du coup tout le monde l'accepte
parce qu'effectivement les salariés acceptent que sans budget on ne peut
pas faire, les résidents acceptent parce qu'effectivement ils ne
104
peuvent pas payer deux euros de plus par jour et du coup
ça donne un sens et tout le monde le comprend et voilà c'est la
vie et du coup, il n'y a pas de conflit, au pire une frustration «
acceptée » !
Et que pensez-vous de l'intérêt du coaching
par rapport à l'importance des notions de partage et de
réciprocité entre les collaborateurs dans l'entreprise, c'est
à dire le lien qui se crée entre les membres du personnel et ce
que cela apporte ou non à l'entreprise?
Je pense comprendre votre question, vous me direz si je suis
à côté de la plaque !...
En tout cas, c'est vrai que je suis convaincue qu'une bonne
ambiance fait fonctionner l'entreprise. Je vais m'expliquer: quand j'entends
des salariés rire entre eux et avec les résidents, je me dis
« ça marche! » Du coup je vais entendre des choses telles que:
« tu veux que je t'aide? ». C'est quelque chose que je
n'empêcherai jamais par exemple, les rires, la bonne entente... par
exemple je suis convaincue, et je le fais d'ailleurs sur mon
établissement, au moins une fois par an, de faire en sorte, avec les
résidents, qu'on fasse une fête tous ensemble avec les
résidents et le personnel, par exemple nous on a l'habitude une fois par
an de créer un spectacle pour et avec les résidents, tous les
personnels se regroupent, font des chansons et des danses, moi aussi d'ailleurs
je m'y inclus et puis ça nous rapproche énormément et avec
les résidents. Cette fois-ci on est vraiment sur le coté
échange, partage, positif on n'est pas sur les soins ou la technique, on
est sur un autre niveau, on se voit tous différemment et du coup je me
suis rendu compte que ces rapprochements là faisaient que, après,
il y a comme une espèce... comment je pourrais dire... j'allais dire
intimité, je ne sais pas si c'est le mot... d'affectif, je ne sais pas
comment dire, qui se met en place entre nous, qui fait que le travail est plus
facile. Je suis la directrice et je reste la directrice, je garde mon
positionnement de manager, etc... mais j'ai l'impression d'être mieux
comprise quand je partage avec les personnels ces choses un plus « intimes
», et je les comprends mieux aussi je trouve, et des fois même on se
comprend sans se parler, parce que justement ils savent ce que j'attends et ils
ont compris le sens que j'ai bien pris le temps d'expliquer, il n'y a plus trop
cette barrière... on n'est pas copain, on n'est pas devenu copain,
copine, c'est vraiment... il n'y a plus cette barrière, tu es le chef,
je gardes mes distances et j'obéis. Il y a un réel échange
qui est plus constructif, on devient plus professionnel et on devient meilleur
pour les résidents du coup. En tout cas, même si je n'ai pas
l'explication
105
complète de ce qui se passe, en tout cas, je sais que
ça fonctionne mieux comme ça et donc que ce soit tous ensemble ou
par petit groupe qui se retrouve lors de la pause, voilà, il y a des
petits groupes avec plus d'affinités, qui se retrouvent lors de la
pause, qui rigolent. Et moi je trouve ça très bien. La seule
chose que je demande est que, quand le personnel est avec les résidents,
qu'ils rigolent avec les résidents et pas seulement entre eux. C'est la
seule chose. Après quand ils sont en salle du personnel et que c'est
leur moment de pause, j'apprécie que les résidents puissent les
entendre rigoler, puissent entendre cette bonne ambiance, les résidents
eux mêmes m'ont déjà fait la remarque disant: « elles
sont rigolotes, ça fait plaisir de les entendre rire», je pense que
la bonne ambiance liée au fait qu'on partage des choses et qu'on
s'entraide les uns les autres qui, à mon avis... je pense que l'on
arrive à s'entrainer les uns les autres, à s'entraider pardon, et
s'entrainer même d'ailleurs, quand justement il y a cette
émulsion, ce besoin, ce partage qui se fait, je pense que si, au
contraire, on disait « arrêter de rigoler, ça ne fait pas
professionnel, buvez votre café l'un après l'autre, sinon ce
n'est pas professionnel, etc... », je pense qu'elles ne se parleraient
plus, que chacun ferait son travail de son coté, qu'il n'y aurait plus
d'aide, puisqu'elle ne se connaitraient pas bien, et du coup je pense que le
travail ne se ferait pas correctement, on serait obligé d'écrire
pleins de procédures pour pallier à ce manque de partage et
d'aide, et d'entraide, je pense que ce serait très très
très froid et très inhumain, ce serait l'enfer, je ne crois pas
en cette façon de faire.
Par rapport à tout ce que l'on vient
d'échanger, auriez--vous un exemple précis que vous voudriez me
faire partager?
Attendez, je vais réfléchir, car des exemples
quelque part, j'en ai pleins, puisque c'est un quotidien, c'est ce qui se passe
au quotidien tout le temps, je ne note pas forcément... c'est devenu un
peu naturel... j'essaie de me rappeler s'il y a vraiment quelque chose
dernièrement qui mériterait d'être plus mis en avant... je
réfléchis ...
Ah ! Et bien j'ai envie de donner un exemple pour le coup qui
me concerne, tout simplement en tant que directrice. Donc je travaille avec des
personnes du siège social, (là c'est pour revenir sur la notion
de partage et de réciprocité dont on parlait) et donc je
travaille avec des gens du siège, je ne les connaissais que par
téléphone, je les avais vu une fois et, c'est pareil, j'avais des
collègues directeurs. Bon on ne s'était pas rencontré,
106
et puis notre direction a décidé de faire un
séminaire où on se retrouve tous pendant deux jours et en
même temps faire un travail et en même temps se retrouver pour des
moments plus plaisirs, autour de repas ou d'une ballade par exemple. Et bien
ça a tout changé. C'est à dire, je ne travaillais pas trop
avec eux, j'avais des relations très banales avec ces collègues,
une petite question de temps en temps, et puis pour peu que j'ai peur de
déranger, enfin bref... ou que j'ai peur que l'on croit que je ne sois
pas autonome, enfin bref ... il y avait pleins de croyances derrière. Et
on s'est retrouvé en tant qu'êtres humains, en fait, et on a
partagé des choses ensemble, on a rigolé, on a parlé de
choses personnelles, donc on est sorti du professionnel, on a parlé de
choses personnelles et professionnelles, du coup, dans une ambiance
relaxée, de confiance, on apprenait à se connaitre les uns les
autres et se... à lâcher prise, etc... Quand on est revenu de ce
séminaire, tout a changé, au niveau des relations de travail, on
s'appelait plus souvent, on mettait plus d'humour et d'intérêt
à l'autre dans nos mails ou nos échanges
téléphoniques, on était plus en collaboration, on
collaborait beaucoup plus souvent, on n'hésitait pas à se poser
des questions qui pouvaient nous paraître idiotes mais du coup on
devenait plus professionnel parce qu'on avait une réponse a une question
qu'on n'aurait jamais posé avant de peur que... etc... et du coup on est
devenu plus professionnel, on a collaboré tous ensemble, mieux, beaucoup
mieux, et bien voilà, un vrai effet de groupe, un vrai effet d'esprit
d'équipe en fait... qui nous a aussi donné envie de nous voir de
temps en temps après le travail, des choses comme ça, et qui ne
faisait que renforcer cet esprit d'équipe, parce que même en se
voyant après le travail, finalement, qu'est ce qu'on faisait, on parlait
du travail, ce qu'on allait mettre en place le lendemain, ce qu'on allait
pouvoir faire et au final, on aurait pu croire que le travail ne se ferait pas
et que l'on ne parlerait que de choses personnel, et en fait il s'est
passé le contraire, c'est à dire que quand on était en
regroupement « personnel , » on parlait du travail et c'était
très agréable en fait. Donc la pour le coup, c'est un exemple que
j'ai pu vivre personnellement.
Faites--vous un lien entre coaching et développement
personnel?
Oui, pour le coup je ferais un fort lien puisque dans le
coaching les outils que nous utilisons, entre autres, sont des outils de
développement personnel comme, par exemple, la PNL ou l'analyse
transactionnelle et d'autres, mais oui effectivement. Le plus
107
gros outil que nous utilisons est ce que l'on appelle «
l'art du questionnement », comment questionner quelqu'un avec
bienveillance et humilité pour l'amener à réfléchir
et aller au plus profond de lui même pour aller chercher ses ressources
et sa façon... et ses croyances limitantes et positives, qu'il en prenne
conscience pour pouvoir les modifier ou les renforcer. Et après, tous
ces outils comme la PNL, etc... qui sont des outils à part
entière dans le développement personnel, en coaching on utilise
un peu de tout ça, on n'est pas des praticiens de la PNL ou autre, on
est petit praticien de tout, on utilise les bases de tout pour comprendre ce
qui se passe chez l'être humain, ou il en est, comment il fonctionne,
connaître ce qu'il se passe chez l'être humain, en terme de
croyance, ou de positionnement, de psychologie, on a besoin de comprendre tous
ces aspects pour savoir comment l'aider, avec notre art du questionnement.
Pour finir, j'ai une dernière question si vous
voulez bien: selon vous, quelle est la limite du coaching? Quelles critiques
apporteriez-vous sur cette pratique?
Hum, déjà, au niveau de la limite, elle est que
l'on ne peut pas changer quelqu'un qui ne veut pas changer. C'est à dire
qu'un moment donné, le coach peut faire tout ce qu'il veut, s'il a
devant lui une personne qui n'a pas envie, qui n'a pas envie de changer, de
s'ouvrir à ça... le coaching a ses limites dans le sens ou
ça ne fonctionne que si le coaché l'a accepté, c'est pour
ça que tout revient au final au coaché. On dit que le coaching
est un engagement de moyens et non de résultats. Après, au niveau
des critiques, je dirai que comme tout accompagnement, il peut y avoir des
dérives, le coach doit avoir une posture bienveillante et humble... Et
parce que il y a une espèce de manipulation, à priori
bienveillante, mais du coup qui peut se transformer en malveillance bien
entendu, c'est à dire on peut tomber sur un coach malveillant qui fait
culpabiliser la personne, qui l'embarque sur... parce que le coaché est
complètement... il se laisse guider, il est ouvert, il a accepté
le coaching il se laisse guider donc on peut... certains peuvent en faire
malheureusement ce qu'ils en veulent. Cette manipulation n'existe pas que dans
le coaching, ça peut exister dans le management, en psychologie, entre
collègues, etc... enfin ce n'est pas... mais quand en plus on a ses
outils là, c'est vraiment de la perversion quoi, ça peut
être aussi...encore une fois le coaching ne se met pas en avant, c`est
vraiment beaucoup d'humilité. Si par exemple... voilà... je
parlais de manager-coach mais si par exemple votre directeur... enfin, moi qui
ait eu du coaching par rapport à ma prise
108
de poste, mon directeur, par exemple, m'a « offert ce
coaching », ça m'a énormément aidé à
être plus professionnelle et...bon ben après il m'arrive encore de
faire des erreurs, il ne m'a jamais dit: « je vous ai payé un
coaching, vous devriez être parfaite, si vous n'y arrivez pas, c'est que
vous êtres nulle » ou quelque chose comme ça. Je sais que ce
sont des choses qui arrivent par exemple, que l'on paye un coaching à
quelqu'un, à un directeur, et après qu'on lui dise: « non
mais attendez... », alors que le coaching reste.. je veux dire personne
n'est parfait, on est dans la vie, dans la vie, personne n`est parfait, ce
n'est qu'une force, une belle force cela dit, pour s'aider et se repositionner
mais on en a toujours besoin, c'est à dire que devant la pression tous
les jours, la pression du travail, les changements, puisqu'on est constamment
en train de changer d'organisation, changer ceci, changer cela, enfin etc...,
tout ça, ça affaiblit, on est fatigué, on est affaiblit,
un moment donné, on n'a plus d'idée, on a plus de... et si on
avait pas... on a besoin de ce coaching, on a besoin d'un accompagnement un
moment donné, je dirai presque régulier, pas tous les mois mais
une fois par an, un petit, comme on dit, une petite piqûre qui nous
redonne de la motivation, mais même sans l'appeler coaching à la
limite, je ne sais pas trop quoi dire, alors que certains, je sais que certains
effectivement peuvent s'en servir pour, de façon un peu perverse quoi,
« je vous paie un coaching donc maintenant vous êtes parfait, vous
n'avez pas le droit à l'erreur sinon vous êtes nul »... de
toute façon, c'est comme toutes les pratiques, voilà, ça
fait parti des choses... c'est douloureux parce que effectivement si on ne le
sait pas, ça peut déglinguer réellement quelqu'un... Bon
voilà comment je verrais les limites et les critiques mais je les
verrais également sur d'autres approches aussi quoi c'est un peu...
voilà, ce sont des choses...tout ce qui peut... voilà
voilà... s'il existe la bienveillance, c'est parce qu'il existe la
malveillance et vice et versa quoi...voilà ce que je pourrais en dire.
C'est triste...
Je vous remercie infiniment pour le temps que vous m'avez
accordé et pour vos réponses très enrichissantes.
Voulez--vous rajouter quelque chose?
Non non, je ne pense pas... c'était très
agréable pour moi de discuter sur ce sujet. J'ai beaucoup cherché
mes mots mais je crois que ça me passionne trop!
109
Entretien de Christophe
Pouvez-vous me communiquer votre âge et me parler de
votre parcours professionnel?
J'ai 54 ans.
Alors moi je suis ingénieur de formation, j'ai fait
l'école centrale de Lille, pour une raison simple, c'est que je suis
d'une famille d'ingénieurs sur plusieurs générations, et
donc la valeur fondamentale de la famille c'était de construire. Ceci
dit, ce qui m'a paru intéressant une fois arrivé dans
l'école d'ingénieurs c'est que les enjeux de la construction du
monde de demain était davantage de l'ordre de l'humain que du technique,
donc mes grands--parents, mes parents, mes oncles et tout ça avaient
construit des chemin de fer, des barrages, des systèmes financiers, des
tas de choses, et moi je voulais garder cette dimension de construction et en
même temps ce qui m'intéressait avant tout c'était
l'humanité. Donc, à l'époque, le métier de
consultant existant à peine, ou en tout cas était essentiellement
des psychologues, des sociologues, qui étaient d'avantage dans une
approche de soin, gestion de conflits, faire en sorte que les gens se sentent
mieux au travail et compagnie, donc moi je voulais investir cette dimension
là mais le faire dans une dynamique de projet. Je me suis
retrouvé consultant par hasard parce que j'ai rencontré un
consultant, on a déjeuné ensemble, et j'ai découvert le
métier à travers ça. Donc il m'a invité à
des interventions, des stages de formation, j'ai trouvé ça
passionnant. Donc il m'a embauché et donc après j'ai
créé mon propre cabinet parce que le gars en question
était insupportable! (rire) c'était un gars assez génial
par certains aspects, assez difficile à côtoyer par d'autres. Donc
je crée... il m'a proposé de créer une filiale donc je
crée ma boite et il était actionnaire, sauf que depuis il a
quitté la boite, ça c'était en 1990. Donc dans le parcours
que j'ai suivi, j'ai commencé dans les grandes entreprises sur de la
formation continue, donc là l'enjeu était d'aider les personnes
à se construire en compétence et en affirmation de soi, des
choses comme ça. A la suite de ça, je me suis rendu compte que le
développement de la personne dans un contexte professionnel était
très lié au management, et à la culture interne, la
communication interne, le fonctionnement interne, donc sur les grandes
entreprises c'était difficile d'intervenir à ce niveau là.
Donc j'ai travaillé à la création d'une école de
management avec des chefs d'entreprises, mais qui ne m'a pas satisfait parce
qu'en fait, très vite, on est sorti de la problématique de
management au profit
110
d'une préoccupation de développement personnel
des chefs d'entreprise, ce n'est pas ça qui m'intéressait. Ce qui
m'intéressait était d'avoir des managers qui intègrent
pleinement la dimension humaine et non des managers... Donc j'ai quitté
et je me suis intéressé à des petites entreprises sur
lesquelles la transformation interne était davantage accessible, donc
j'ai développé ça. A la suite de quoi je me suis rendu
compte que la structuration des entreprises se faisait beaucoup autour du sens,
donc quand on travaille sur la cohésion on se pose la question de la
finalité. Hors, le tissu industriel, l'organisation des entreprises, se
fait davantage dans des logiques de marché technique et pas
forcément humaines. Donc du coup je me suis intéressé
à la fonction publique, j'ai commencé à travailler pour
des collectivités territoriales, pour des mairies, sur lequel le
management doit être autour du sens parce qu'il y a très peu de...
le management de la contrainte n'est pas possible, parce que le salarié,
l'agent est tellement protégé que finalement, la seule
façon de fédérer et de gérer, c'est de ramener au
sens et d'aller chercher la motivation. Et puis à partir de là,
je me suis intéressé aux maisons de retraite, justement à
travers un moment de la réforme de tarification, ou on était...
on est passé du soin au projet, du social à la construction, donc
on était dans une profession... on était généreux
avec des personnes en souffrance, vulnérables et compagnie. On essaie de
faire en sorte que ce soit moins difficile pour elles. On essaie de
créer une cohésion, une dynamique de projet, mais c'est quoi un
projet pour une personne âgée en maison de retraite? Et donc c'est
arrivé à la question de la fin de vie, donc vivre jusqu'au bout.
Et à partir de cette notion où on n'est pas là pour sauver
des gens qui se noient, mais davantage là pour accompagner des personnes
jusqu'au bout, donc et dans cette logique là, le fait de
découvrir l'humanité dans ce qu'elle a de plus vulnérable,
et en même temps de plus épanouie, parce qu'une personne
âgée en fin de vie, il n'y a pas plus libre, elle n' a plus aucun
enjeu que son humanité, donc finalement c'est une très belle
approche et une très belle découverte de l'humanité en mon
sens. Donc voilà c'est tout un parcours qui a lié la
construction, vers quel monde va t--on, comment organiser le monde du travail,
la notion de l'humanité qui se prend en main et puis en même temps
de découvrir quelle est cette humanité.
Je vous remercie, vous m'avez également donner des
informations sur ce qui vous a sensibilisé et amené à
retenir l'outil au métier du coaching dans vos pratiques. Selon
vous,
111
quelle est la différence entre l'accompagnement
d'accompagnants de personnes âgées et l'accompagnent de
salariés dans le commerce par exemple?
C'est à dire que je dirai... c'est plus abouti. Parce
que si on prend en compte le fait que dans l'accompagnement... je dirai il y a
deux logiques dans le monde du travail qui se mélangent, il y a la
logique du sens et la logique du jeu. Dans la logique du jeu on gagne à
réussir, on décroche un marché, on gagne de l'argent, on
réussit une belle opération, tout ça c'est très
amusant, mais c'est pas forcément relié à la
finalité. Ça me fait plaisir parce que j'ai réussi quelque
chose. Donc c'est comme une partie de carte, j'ai gagné, il y a des fois
je perds, mais demain je gagnerai. Et donc je pense qu'il y a toute une partie,
un ensemble de personnes, qui fonctionne comme ça, le problème
est que le jeu est un éternel recommencement et n'entre pas dans une
dynamique de construction.
Le jeu est plus personnel?
Oui, c'est très narcissique mais ça fonctionne,
on fait des règles alors après, au bout d'un moment les personnes
sont atrophiées dans leur dimension historique. C'est à dire, ce
qui différencie à mon sens le jeu du projet c'est que un moment
donné la question se pose pour l'être humain de se dire « je
suis sur cette planète pour une centaine d'années au maximum
» pour faire simple (rire), « et finalement quelle va être ma
contribution ? A ce moment là, je m'inscris dans l'histoire de
l'humanité, je prends, je fais un bout de chemin avec l'humanité
et quel va être mon apport ». Et donc moi ça rejoint mon
aspiration à la construction, ceux qui sont dans le jeu, au bout d'un
moment, se posent cette question là parce que l'âge avance et
après on se dit a part jouer à quoi je sers? Donc il y a ces 2
dimensions qui coexistent, je ne pense pas qu'il n'y ait que des personnes qui
sont dans le soi, la construction, la contribution et l'altruisme et d'autres
qui sont narcissiques. Dans le jeu, c'est le mélange d'un peu des
deux... l'absurde, c'est difficile d'être dans l'absurde alors je dirais
dans le monde professionnel économique et commercial. Dans un
établissement d'accompagnement pour personnes âgées en fin
de vie, le jeu est difficile, ça élimine cette dimension
là et du coup les personnes sont confrontées à une
obligation, sauf à se désinvestir et à faire le minimum,
et se protéger d'une certaine manière, mais de toute
manière le travail qu'elle font ne peut se faire que dans une dimension
d'altruisme et de confrontation, sinon c'est difficile de tenir sur du
112
long terme donc, ça, ça amène un
accompagnement plus épuré, autour de la notion du sens alors que
dans le monde commercial on est plus à jouer sur les deux quoi, on tient
de la dimension du sens et en même temps on tient compte de l'envie de
réussir de la personne, de son coté plus narcissique, du jeu
donc.
Depuis quand pratiquez-vous?
Depuis 1990, depuis que j'ai créé ma boite.
Et quelle a été votre formation?
Alors là c'est compliqué à dire car... je
ne saurais pas dire parce qu'on m'a déjà posé cette
question là et je n'ai pas su dire. Car j'ai drainé des choses
qui m'intéressent dans de multiples sources. Et, une fois, le consultant
qui m'a formé au départ, dont j'ignore sa formation, avait
assisté à une intervention et m'avait dit qu'il ne reconnaissait
plus du tout ce que lui m'avait transmis, que je l'avais transformé, que
j'avais rajouté des tas de choses et que je l'avais fait
évolué par rapport ... moi c'est plus mon métier
d'ingénieur qui opère, une analyse très rationnelle des
choses, une observation, j'en déduis un certain principe de
comportements, ce que génère l'agressivité, ce que
génère l'écoute, c'est de la sociologie en fait je pense.
Et donc, par rapport à ca, j'ai un certain nombre de schémas en
tête, de clés de compréhension sur certains
phénomènes et quand j'écoute ça me donne...
ça m'aide à comprendre un peu mieux ce qui se passe et à
mettre en place éventuellement des éléments pour aider la
personne à y voir plus claire, à trouver son chemin.
Avez-vous été chercher des outils au sein
deformations ou dans différents livres?
Oui j'ai des influences mais de façon
synthétique. C'est à dire, c'est plus ce qu'on m'a dit d'un livre
qui m'a intéressé que de le lire. Parce qu'il ne me semble pas
qu'on soit arrivé encore à une connaissance de l'humanité
telle que l'on puisse proposer un schéma global. Quand je lis un livre
je trouve que c'est trop exclusif ou trop finalisé, trop fermé
par rapport à la vision de la personne qui l'a écrit, j'aime bien
que ça reste ouvert. Trop schématique, trop
modélisé, moi j'aime bien en revanche me dire « tient cette
personne
113
à perçu ça, son idée est
intéressante ». Peut être de l'extrapoler dans tout ce
qu'elle en déduit c'est peut être trop mais par contre son
idée m'intéresse et je rajoute avec toute les idées
piochées à droite et à gauche.
Etes-vous supervisé?
Non, parce que, en fait, le travail que je fais est
très technique, ce n'est pas un travail de psy, c'est à dire
qu'en fait je n'interviens qu'à partir du moment ou j'ai un objectif
opérationnel clair, d'efficacité collective, d'excellence, de
qualité, de performance. Donc je dirais, mon évaluation va venir
du résultat, si la personne concernée arrive à
gérer ce qu'elle n'arrivait pas à gérer, si collectivement
leur mission est réussie en fonction des exigences des clients, etc,
C'est ça mon évaluation. Et avec le critère de : «
est-ce que la personne subie ou est ce que la personne maitrise ».
Que pensez-vous du besoin du coach d'être
supervisé par rapport à un problème de positionnement par
exemple?
C'est une question d'objectif je pense.
Si les personnes se perdent un peu c'est qu'en fait elles
perdent de vue leur objectif et mélangent un objectif personnel avec un
objectif professionnel: « et moi ça me rappelle si... donc j'en
profite pour régler mon truc à moi... j'ai besoin de me valoriser
etc ». Il faut beaucoup d'humilité et être très
centré sur l'enjeu de la personne qu'on a en face de soi. Alors
ça demande énormément d'énergie, donc supervision
pas forcément car je trouve que c'est difficile d'arriver devant une
supervision et d'avoir des personnes qui soient vraiment utile. Je dirais, car
soit les personnes sont trop... c'est un travail, c'est une réflexion
que je trouve extrêmement complexe, parce que quand on écoute
quelqu'un on n `a pas la maitrise, on a juste certains éléments
de lucidité, de compréhension, on donne quelques clés mais
on n'a pas la globalité, donc par rapport à ça...
retransmettre ça par ailleurs c'est difficile. Par rapport au
positionnement, oui il peut y avoir ... mais pour moi le plus important est de
se ressourcer. Donc c'est oui, avoir des relations enrichissantes dans lequel
on va pouvoir soi-même évoquer ses propres aspirations, questions
sur soi même, sur la vie, un certain nombre de choses, avoir un espace
pour exprimer ces choses là, oui c'est important, mais pas en lien
direct avec le travail.
114
Par contre, surtout qu'en fait de plus en plus je me rends
compte que le coaching le plus efficace n'est pas forcement le coaching le plus
intellectualisé, c `est assez étonnant. C'est à dire que
c'est, un moment donné, de l'énergie. On sent qu'il y a de
l'angoisse, du stress, du déni, de la mauvaise foi, qu'on nous raconte
des salades et tout ça, qu'il y a beaucoup de stress, que ça part
dans tous les sens, donc la seule chose à faire est d'arriver à
se recentrer soi même, de se poser et d'attendre que ça passe. Et
généralement, alors, ça, ça demande
énormément d'énergie, mais quand on reste posé,
calme et soi même dans la vie, dans une certaine réalité,
au delà des émotions, alors les personnes, sans avoir rien
à dire, tout d'un coup « boum » bascule d'en autre chose,
elles se mettent à dire tout ce que nous on pensait sans qu'on est
besoin de dire quoi que soit. Parce qu'en fait on se laisse pas piéger
par un jeu intellectuel de la mauvaise foi et compagnie, on se laisse pas
piéger par les émotions ou tous les amalgames sont possibles mais
on reste au niveau plus existentiel ou on est soi même et on n'a pas
besoin de se raconter d'histoires.
Quand vous coachez une personne, avez vous des a priori
sur la personne « il va y arriver, il ne va pas y arriver » ou
êtes vous neutre?
Neutre, non, parce que je ne suis pas neutre, je suis au
service. Ils m'ont choisi moi, s'exprime auprès de moi, sente qu'en moi
quelque chose peut les aider, mon rôle est de rester moi même dans
l'ouverture, dans l'interaction. J'écoute, j'exprime ce qui me vient et
voilà. En même temps je ne suis pas maitre du résultat,
parce qu'en fait c'est la personne qui est maitre, la personne si elle ne veut
pas déverrouiller, si elle veut pas lâcher, elle continue à
raconter des choses annexes, périphériques à ce dont elle
a besoin et ça n'avance pas et en même temps quand on est dans
cette attitude là... la personne sent très bien... elle est
sollicitée dans une dimension de vérité qui est au
delà de ses mensonges donc ou de son déni, donc ça devient
compliqué pour elle.
Une bienveillance de la part du coach est-elle essentielle
alors?
Il y a une règle pour moi qui est impérative et
bien au delà, c'est le non jugement, c'est l'absence total de jugement.
Même si la personne raconte des horreurs, ce n'est pas mon rôle de
juger, moi je suis à recevoir la personne, c'est l'accueil. Et
même en espérant, qu'à travers l'accueil, la personne par
elle même va prendre conscience de l'importance de la
115
gravité de ses attitudes ou de ses actes. Ceci dit je
n'ai jamais été confronté à des problèmes
juridiques, c'est plus de la perversité, un fonctionnement destructeur
ou du mensonge, des choses comme ça.
On me manipule tout le temps soit par rapport aux autres ou
à soi même. C'est normal, la personne est dans ses propres
contradictions, si elle a besoin d'aide c'est qu'elle n'est pas lucide sur elle
même. C'est donc très important de rester ancré. Donc en
fait elle voudrait être lucide mais elle n'y arrive pas donc elle dit les
choses sans les dire ou elle dit les choses tout en essayant d'avoir la
garantie qu'on ne lui dit pas quelque chose qu'elle n'a pas envie de regarder,
mais qu'elle a envie quand même de regarder, enfin tout ça c'est
très compliqué.
Et rester calé dans sa propre dimension, quelque fois
ça me donne le sentiment d'être le moniteur d'auto école
d'un gars super enthousiaste, qui conduit comme un taré, qui fait des
tonneaux à n'en plus finir, et on lui dit qu'il faudrait peut être
freiner un petit peu, et il continue de foncer et après avoir fait 15
tonneaux, de dire « il me semble que la route est vers la gauche, ah,
heureusement que vous être là ».(rire)
Petit à petit la personne commence à reprendre
des repères un peu plus solides et des fois il faut accepter de rentrer
dans le trouble, d'aller dans la désorientation, émotionnelle, ou
intellectuelle, de la personne, plutôt que de l'empêcher de faire
des bêtises. L'accompagner là--dedans et la rejoindre là
où elle est sensée. ou elle a besoin d'un avis sensé,
alors ce travail là, je pense qu'il faut aussi le nuancer par le fait
que... moi il y a des interventions que je ne sens pas du tout, là j'y
vais pas, quand je sens que c'est trop piégé, que la
finalité il n'y a pas forcément de sincérité
profonde, ou que je la sens pas, je fais de la convivialité, on raconte
de choses et d'autres et je ne rentre pas dans un véritable
accompagnement et je fais en sorte que ça se termine le plus vite
possible donc là, mais je reste dans l'accueil même si la
sollicitation n'a pas de sens. Il veut trop me manipuler, se servir de moi pour
ce conforter dans ses rigidités, et il laisse tomber car ça ne
marche pas.
Selon vous, quel est l'intérêt du coaching
par rapport à l'autonomie des salariés en institutions pour
Personnes Agées ?
Donc là, dans le coaching, il y a beaucoup de choses.
Pour moi c'est d'aider la personne, d'être un support pour que la
personne se construise, avance, dans sa problématique,
116
Pour moi l'autonomie est au coeur du processus. Alors par
rapport à la personne âgée, ça me paraît
d'autant plus important que, en fait, ce type de travail... la qualité
vient de l'humanité donc comme on est... il y a des compétences
techniques, il y a une maitrise de soi et compagnie... mais ce qui va compter
en terme de qualité de travail ça va être la
capacité de la personne à entrer en relation, c'est la relation
quoi, donc la relation elle est à l'éthique de soi, elle concerne
deux personnes, personne ne peut intervenir, donc on peut aider une personne
à se construire pour être apte à développer des
relations professionnelles positives et solides, mais on ne peut guère
le faire à sa place. Donc oui on peut aider un technicien à
serrer des boulons mais une personne quand elle accompagne ou soigne une
personne âgée, on peut lui montrer comment faire techniquement, on
peut lui montrer... la cadrer dans son comportement pour pas qu'elle fusionne,
pour pas qu'elle projette, etc... qu'elle gère bien la distance mais
l'essentiel va venir de sa propre capacité à s'investir dans une
relation.
Elle n'est plus elle même et n'est plus dans la relation
si elle perd son autonomie et fait simplement ce qu'on lui demande, elle n'est
plus dans la relation possible.
Et maintenant, votre avis sur l'intérêt du
coaching par rapport au repositionnement des salariés?
La question du positionnement c'est la question du rôle,
et la question du rôle elle est fondamentale dans la notion de
responsabilité. C'est à dire qu'il est très important...
comment dire ça... ce qui fédère l'équipe c'est la
mission commune, mais par rapport à cette mission commune la
cohésion se construit, se fait dans la notion d'interdépendance.
Donc on a besoin les uns des autres mais pour avoir besoin les uns des autres,
il faut savoir qui fait quoi ou qui est responsable de quoi. Parce
qu'autrement... oui ça peut être sympathique que tout le monde
s'occupe de tout mais là on est tous très enthousiastes, tout le
monde met la table, tout le monde fait tout ce qu'il y a à faire et
compagnie, mais c'est pas très efficace parce que... si sur un terrain
de foot, tout le monde se met à prendre la ballon ... non c'est la
même chose donc un moment donné, on se dit pour être plus
efficace, c'est important que chacun tienne un bout et le tienne bien. Donc
Voilà, il y a un gardien de but, il y a des arrières, il y a des
attaquants, ya des milieux de terrain et on sait que, quand on en a besoin, on
sait que le milieu de terrain est là, le gardien dans ses buts etc.
117
Mais ceci dit, faut pas que ce soit au détriment de la
mission commune, c'est à dire que oui, l'infirmière coordinatrice
peut faire le travail d'animation, il n'y a pas de souci, à partir du
moment ou elle tient toujours son rôle d'infirmière coordinatrice
et que, quand on a besoin de l'infirmière coordinatrice, elle est
là quoi, et qu'elle respecte la responsabilité des autres. Si
elle fait de l'animation, c'est sous la responsabilité de l'animatrice,
sinon ça démobilise tout le monde.
Quand ce problème existe, il se joue une bascule entre
la logique de la motivation et la logique de la responsabilité, c'est
ça le problème. C'est à dire que dans ce cas on
préfère travailler à la motivation « je fais ce que
j'ai envie et sans m'en rendre compte, même si je le fais pour la
personne âgée, je le fais en fonction de mes propres envies
à moi, » ça c'est dangereux. On croit se recadrer sur la
personne âgée mais en fait on le fait sur soi même, on
dérive sur un enjeu personnel qui est « moi j'aime bien faire de
l'animation » par exemple. Je m'amuse à faire de l'animation mais
si ma préoccupation de la personne âgée est juste et
réelle, je dirais, je m'aperçois qu'il faut qu'une équipe
fonctionne.
L'enjeu extérieur est la logique de
responsabilité, ça ne me plait pas, ça me casse les pieds,
mais je le fais, et le bénéfice que j'en retire est du sens, peut
être ça me plait pas mais ça a du sens, et je grandis et je
développe des choses que peut être je n'aurais pas
développé si j'étais seulement dans une vision
narcissique.
Que pensez-vous de l'intérêt du coaching quant
au sens donné à l'action?
C'est compliqué la question du sens car intuitivement
ça paraît évident mais après on s'aperçoit
que dans le sens il y a pleins de gens, tout le monde y met sa propre vision,
ce qui a du sens pour moi n'en a pas forcément pour les autres. Je pense
que la question du sens, il y a une première chose c'est le... et c'est
peut être salutaire, c'est ce que l'on disait tout à l'heure,
c'est le « ce qui donne du sens, c'est pas moi, c'est l'autre ».
ça c'est clair. Un moment donné, je sers à quelque chose,
je ne suis pas centré sur mon propre univers personnel, je suis
centré sur un enjeu pour quelqu'un ou pour la société.
Alors, après l'enjeu en question, il peut y avoir des
interprétations, et ça peut dépendre d'options très
subjectives, de conceptions, de relations, de l'être humain, de la
société, de la vie, et ce qui du sens pour moi n'en a pas
forcément pour les autres, ou pas le même sens.
118
Et qu'en est-il du sens donné à la mise en
place d'une organisation ou d'un changement d'organisation en institution pour
Personnes Âgées?
Le sens ou plutôt la raison, je dirais. Donc là
les personnes veulent comprendre pourquoi, il faut lutter contre l'absurde,
c'est effectivement un niveau de sens, peut être il y a plusieurs niveaux
de sens, les règles doivent être reliées à la
légitimité, ça on a besoin de comprendre le pourquoi pour
pouvoir développer une motivation liée au sens ou à la
raison, à la finalité.
Là c'est toute l'horlogerie du travail équipe
d'une organisation professionnelle, on accepte d'effectuer une action qui a un
sens théorique même si on est pas d'accord avec cette
théorie. Je ne suis pas d'accord mais est ce que c'est mon rôle,
est ce que ça relève de ma responsabilité ou pas, parce
que la personne qui décide normalement, dans le fonctionnel, a les
informations, les finalités et les contraintes, elle sait pourquoi et
sait ce qui faut prendre en compte, elle partage la finalité des
contraintes, les personnes ne sont pas d'accord mais c'est elle qui a la
responsabilité. Donc si on lui a confié cette mission, c'est
qu'on lui fait confiance et des fois elle peut décider contre l'avis des
autres.
Et quand une nouvelle organisation est mise en place et
expliquée pour donner du sens et que la personne âgée se
plaint auprès de l'aide soignante de cette nouvelle organisation. Quelle
est l'utilité du sens en ce cas?
Ça c'est la question du projet, c'est important d'avoir
une vision commune et donc un sens commun. C'est à dire que si le projet
c'est de satisfaire les demandes du résident, on est dans
l'hôtellerie, donc si le résident veut du vin, on lui en donne,
s'il veut fumer, il fume. Si on est dans une approche ou l'on soigne alors non
on ne lui donne pas de vin car il ne faut pas, etc... je veux dire tout
ça il faut le définir en amont et ensemble et le faire valider
avec le résident à leur arrivée en disant « nous
notre conception de l'accompagnement c'est celui ci » donc là il
n'y a plus d'interprétations possibles sur des fondamentaux. De
même que la disponibilité du personnel va avec le prix de
journée, cela donne un sens également à l'organisation en
place. C'est important en terme de responsabilité envers le
résident d'expliquer s'il est dans un 2 ou 3 étoiles, pour qu'il
n'y ait pas de malentendus. Il faut que les choses soient claires au
départ sinon le personnel est confronté sans arrêt avec
cette ambigüité là.
119
Quel est l'intérêt du coaching par rapport
l'importance des notions de partage et de réciprocité entre les
collaborateurs dans l'entreprise (don et contre don / lien social) ?
Je pense que les procédures claires gèrent le
lien social, parce que pour moi ce qui compte c'est la finalité, donc la
convivialité est un facteur contre productif. C'est à dire que le
fait de bien s'entendre avec son collègue est un élément
qui empêche de travailler, pour moi c'est très clair. Un moment
donné mon collègue ne fait pas ce qu'il devrait faire, je n'ose
pas lui dire, parce que j'ai pas envie d'altérer le bien être
ensemble. Pour moi la convivialité est un frein à
l'efficacité. En revanche... donc c'est pour ça qu'on est
obligé de mettre en place des organisations, donc ce qui marche c'est la
mission commune, donc à partir du moment ou tout le monde est convaincu
du projet et tout le monde s'investit sur le projet, à ce moment la
convivialité se développe mais elle n'a pas
d'intérêt, c'est un fruit, c'est un effet secondaire, qui est
très agréable, mais qui reste secondaire par rapport à la
satisfaction de bien travailler par rapport aux besoins et demandes de la
personne âgée. Donc tant que la convivialité devient
agréable parce que c'est une... mais qu'elle est secondaire par rapport
à la satisfaction de bien travailler ensemble, il n'y a pas de soucis.
Par contre si elle devient un élément du fonctionnement de
l'équipe, là c'est sur ça part dans la patinoire. Le
nombre d'entreprise, d'équipe, d'établissement que j'ai vu, qui
disaient « oui mais monsieur ça communique très bien, il n'y
a pas de souci » et s'apercevoir que ça communique très bien
en effet mais à la pause! On plaisante, on fête la fin
d'année entre nous, ça rigole dans les couloirs, c'est
génial mais les résidents sont dans un coin. Et quand on regarde
le travail auprès des résidents, rien n`est fait ou c'est du
conflit extrêmement violent ou du blocage ou du mutisme et qu'à un
moment donné on ne peut plus travailler. La convivialité c'est ok
si c'est considéré comme n'ayant pas d'importance.
Est-ce que la collaboration entre salariés,
à la place de procédures strictes, est une force pour
l'institution?
Oui mais il manque un élément à mon sens,
c'est la mission commune. Si on développe du lien social les personnes
vont être dans la motivation, comme on disait tout à l'heure, donc
c'est du narcissisme partagé et, ça, ça mène
à rien. ça met de la bonne ambiance et
120
compagnie, peut être que les gens sont plus contents
d'aller travailler, mais ça ne donne pas de l'efficacité. Donc
oui on peut trouver des endroits ou il y a une très bonne ambiance,
ça tourne, mais il n'y a pas de qualité. En revanche, quand il y
a la mission commune et que tout le monde s'investit ensemble, il y a une super
ambiance! Du don du contre don et tout ça. Mais tout ça, pas par
rapport à mon besoin à moi mais par rapport à ma
responsabilité. Par rapport au sens. On est dans une autre dimension et
si on ne prend en compte que les besoins des salariés, ce n'est pas
ça qui fait une équipe. Il faut toujours arriver à se
sortir de soi même. Oui bien sur, quand un établissement
reçoit une lettre d'une famille en disant « mon parent est
décédé, on vous remercie pour la qualité de
l'accompagnement » les personnes sont fières! ça les motive
pour aller plus loin et c'est parce que ça a été difficile
pour elles de s'occuper de la personne, elles ont été faire des
choses qui leur ont coutées et elles n'étaient pas dans la
motivation mais dans le sens, et donc ça les incite à aller plus
loin et donc le fait d'aller plus loin... c'est là que les choses
peuvent paraître ambiguës, c'est que le fait de se motiver ensemble
pour faire de la qualité, prendre en charge les personnes, plus c'est
difficile et plus ça demande... qui fait qu'après on va avoir une
super ambiance, qu'on va être super content de retrouver ses
collègues le matin, mais c'est parce qu'on a le sentiment qu'on va
réussir quelque chose de ... et ce n'est pas parce que ça
répond à mon besoin ou que j'ai besoin qu'on me fasse un petit
bisou le matin en arrivant. Le problème est qu'on mélange tout le
temps la dimension affective avec la dimension existentielle. Le
problème est quand on s'intéresse à l'être humain on
voit toujours ses besoins affectifs, il a besoin d'être aimé il a
besoin d'aimer et compagnie mais ça c'est l'enfance quoi. Un moment
donné quand on devient adulte ce qui nous intéresse c'est pas
d'être aimé, d'aimer les autres et compagnie, c'est de servir
à quelque chose, j'apporte une contribution, et je suis dans une
dimension ou j'existe et je rentre dans la dimension historique ou j'apporte
quelque chose à l'extérieur, et là je ne m'écoute
plus. Je réponds à mon besoin de me sentir utile et que ce que
j'apporte à du sens par rapport à moi ou à ce que les
autres me demandent. Il faut faire très attention à ça car
on est dans une société ou on est obnubilé par l'affectif,
c'est tout ce qu'on entend au niveau médiatique, au niveau politique,
à tous les niveaux, c'est tout le temps mon besoin d'être
aimé, mon besoin d'être aimé, mon besoin d'être
aimé... mais ça c'est l'enfance. Et le problème c'est que
en faisant ça on fait régresser tout le monde quoi, alors que la
puissance de vie elle pousse par, voilà oui, quand je suis enfant j'ai
besoin d'être aimé bien sûr mais un
121
moment donné quand je deviens adulte, voilà je
crée une famille, je m'engage dans un travail et là ce n'est plus
moi qui compte, c'est mon enfant, c'est mon conjoint, c'est mes clients, c'est
les personnes dont je m'occupe et donc là c'est là qu'on... le
fait d'exister a de la valeur car tant que je suis dans le besoin d'être
aimé mon existence n'a aucune valeur, c'est un poids pour les autres
(rire). Alors il y a une entourloupe qui est terrifiante c'est qu'en fait on se
sort de cette absurdité en faisant croire aux gens qu'ils
s'intéressent aux autres alors qu'en fait ils ne s'intéressent
qu'à eux mêmes. Donc j'ai le sentiment d'être très
généreux mais en fait je ne suis généreux que pour
qu'on m'aime derrière. Souvent on me dit que je dois être content
de recevoir la reconnaissance des gens que j'accompagne mais je réponds
que ce qui me valorise est uniquement le résultat obtenu et non que la
personne m'aime ou me fasse des bisous à la
fin. la réussite est mon sentiment
d'exister même si je n'ai aucun retour directement mais que j'entends par
ailleurs que ça va mieux, que la personne s'épanouie dans son
travail que tout le monde est content et que grâce à elle on bosse
bien. Là je trouve que ça s'est super, pour moi c'est une
satisfaction et je n'ai rien besoin d'autre. Là c'est le métier
d'ingénieur, j'ai fait un truc et ça marche! J'ai fait une
voiture elle roule et je n'ai pas besoin que le conducteur vienne me dire merci
(rire). Par contre ça m'intéresse beaucoup de voir le chemin que
parcourent les personnes et voir leur évolution et leur
épanouissement. Effectivement, je n'ai pas d'exemples précis
où j'en ai plusieurs mais ce sont surtout des clins d'oeil
d'encouragement que j'ai en retour.
Faites-vous un lien entre coaching et développement
personnel?
Oui je m'en sers beaucoup mais par bribes, je n'ai pas de
formation qualifiante en analyse transactionnel, PNL et compagnie, mais il y a
des choses dans ce que j'ai pu lire ou voir ou expérimenter qui me
paraissent très intéressantes et que j'utilise, mais bon c'est
comme des outils, une attention, et je ne les utilise qu'à partir du
moment ou je les vérifie. Je m'aperçois, oui, que de fait,
certaines attitudes induisent des émotions et donc il faut maitriser
cette dimension là. Après je n'en ai pas fait une méthode
en tant que telle C'est plus dans la palette. L'humanité est tellement
complexe que finalement il y a des angles d'approches et c'est très
intéressant. Quand on a compris ça, les choses
s'éclairent. Ce sont des outils de compréhension de l'être
humain plus que des outils d'actions, pour être plus lucide sur ce qui se
passe. Après, quand le travail du coach, qui
122
est très difficile, c'est d'être lucide, de
comprendre mais cela ne donne pas la pédagogie. Alors quelquefois les
apprentis psychologues vous bazardent « oui tu as un problème avec
ton père... » donc une fois qu'ils ont compris ils ont l'impression
que c'est merveilleux et que tout est réglé alors que ça
ne fait que commencer. Je pense qu'il y a des personnes qui exercent ce
métier et qui ne sont pas forcément...
Justement, quelle est la limite du coaching ? Quelles
critiques apporteriez-vous sur cette pratique?
Je pense que la limite est lié à l'objectif
toujours, a partir du moment ou j'ai en face de moi un professionnel avec qui
on travaille sur une problématique professionnelle et que, ça,
ça reste clair, on peut tout entendre, même des choses très
intimes, même des choses très psychologiques, très
culturelles, très de l'ordre des croyances et compagnie à partir
du moment ou c'est légitime par rapport à la problématique
qu'on aborde. Donc, ça, la légitimité c'est la personne
qui le gère parce que c'est elle qui en parle. Moi il m'est
arrivé de faire un coaching sur la gestion du temps car la personne
n'arrivait pas à gérer son temps et on s'est rendu compte que si
elle n'arrivait pas à gérer son temps c'est parce qu'elle avait
un problème conjugal donc elle ne voulait pas rentrer chez elle. Donc
elle rentrait à 9 h tout les soirs, le problème était
« j'en ai marre de rentrer à 9h tous les soirs mais je n'y arrive
pas » et quand je lui ai demandé si elle était contente de
rentrer le soir, elle m'a parlé de ça donc elle a compris que
pour rentrer avant 9h elle devait régler son problème car elle ne
faisait pas tout pour atteindre son objectif, il y a des actes manqués,
c'est pour ça que j'ai été cherché plus loin:
« vous êtes pressée de rentrer chez vous le soir », elle
a lâché au détour de certaines phrases que si c'est pour
trouver son mari devant la tv... quelques allusions qui montrent que le
problème est plus global que la vie professionnelle. Après on
s'est quitté et elle a compris que son problème n'était
pas professionnel mais privé et que j'avais donc là atteint ma
limite d'accompagnement.
Pour les dérives le problème est
l'interprétation et le jugement, le plus grave est le jugement,
ça c'est radical, c'est pas possible. Mais il y a
l'interprétation, c'est une forme un peu plus... forcément on
interprète mais est ce qu'on privilégie son interprétation
? je sens très bien chez moi cette dérive là que
j'identifie comme une forme de fatigue, je m'aperçois que dans des
entretiens j'ai trop vite la solution et que du coup il y a une
123
espèce de bagarre, ou de rapport de force qui
s'établit avec la personne, parce qu'elle ne se sent pas comprise et je
m'aperçois qu'elle se sent pas comprise car pour moi ça parait
trop clair, et je me dis pourquoi ça me paraît trop clair, parce
que je ne suis pas disponible, je suis trop fatigué... Je veux aller
vite et à ce moment là j'essaie de comprendre, c'est
éprouvant pour moi et je me rends à nouveau disponible, je laisse
tomber mes a priori et tout se dénoue alors rapidement et finalement on
arrive à une solution très éloignée que celle que
j'avais imaginée pensant avoir compris le problème et avoir la
solution. Les personnes s'expriment en fonction du niveau d'écoute,
alors quand j'ai vraiment écouté, ça a avancé, si
on n'est pas disponible elles disent des trucs anecdotiques, elles doivent
sentir qu'on est vraiment à l'écoute, c'est très
important.
En fait, je suis supervisé par mes clients ! (rire).
J'ai moi--même fait l'expérience d'un coach qui
m'a dit « vous ne comprenez pas car vous avez des problèmes avec
votre père » c'était un jugement personnel et fermé
et une grosse faute professionnelle, d'autant que je n'ai jamais parlé
de mon père lors de l'entretien!
Et concernant l'accompagnement des accompagnants dans les
institutions qui accueillent des personnes âgées ? Les
dérives sont elles différentes ou plus dangereuses?
Oui les conséquences ne sont pas les mêmes du
point de vue humain. La difficulté de la dérive c'est la
subjectivité et je pense qu'on est plus du tout dans du rationnel, on
est... on l'évoquait quand on parlait de sens, on est dans une structure
de sens par rapport à la fin de vie. J'ai fait des stages dans
l'accompagnement de fin de vie, c'était manifeste que la personne
était complètement renvoyée à leur propre approche
de la fin de vie, donc des personnes qui ne l'avaient pas vécu avec des
proches, qui le vivaient mal pour elle même et donc quelles
conséquences pour l'accompagnement de fin de vie? Je dirais c'est la
capacité à être professionnel, à mettre à
distance sa propre problématique pour s'occuper des autres, on peut
faire un bon accompagnement de fin de vie en vivant soi même
difficilement les choses, mais il faut être en mesure de ne pas
mélanger tout et c'est la même chose pour le coaching. Moi ce que
je vois avec mes collègues coachs, quand ça déconne, de
mon point de vue, c'est que les personnes ne sont plus lucides, sur les enjeux
de leur travail parce qu'elles y mettent leur propre problématique, soit
affective, soit de croyance, de militantisme politique ou religieux, donc a ce
moment là
elles ne sont plus du tout dans l'écoute, elles sont
... je dirais normalement il y a plusieurs étapes, le coaching on est en
phase avec la personne, on est disponible, mais dans ce qu'évoque la
personne il peut y avoir quelque chose qui pour nous n'est pas acceptable, donc
du coup on n'est plus disponible. ça peut être la fatigue,
ça peut être une fragilité, ça peut être une
opinion politique, une vision du monde, ça peut être n'importe
quoi, ce qui fait que je me recentre sur moi, sur mon interprétation et
je suis sur une attitude défensive, donc là le coaching n'est
plus efficace. Bon on l'a tous vécu, ce n'est pas grave, ce qui est
grave c'est quand la personne part de son interprétation et essaie de
gérer à travers la personne qu'elle coach son propre
problème et alors là des personnes qui médiatisent leur
névroses, leurs contradictions et qui essaient de les résoudre
à travers les autres, c'est monnaie courante, c'est même je crois
la distraction favorite de notre société et je pense que dans le
coaching c'est extrêmement destructeur, il faut être très
vigilant à ça, le coaché est vulnérable. Je refuse
les coaching ou le directeur général me dit que j'ai carte
blanche, la j'arrête tout de suite, je ne suis pas là... qu'est ce
qui va nous permettre d'arbitrer, je travaille pour l'entreprise, elle doit me
communiquer un objectif pour savoir sur quoi je travaille. Dans les structures
pour personnes âgées on travaille avec la
vulnérabilité et on est renvoyé à notre propre
vulnérabilité alors on perd le nord et les personnes se
retrouvent emmêlés.
Voilà, j'espère avoir bien répondu
à toutes vos questions (rire).
124
C'est parfait, je vous remercie infiniment pour votre temps
et vos réponses enrichissantes!
125
Entretien de Jessica
- Qu'est-ce qui vous a amenée à retenir l'outil
du coaching dans vos pratiques du management?
o Jessica est contre l'idée de la directive toute simple
et veut se servir du potentiel de l'être humain pour obtenir des
résultats en impliquant plus le personnel dans les décisions du
groupe et sur la mission. Elle a toujours compris intuitivement qu'en
s'intéressant à l'être humain avant tout, l'entreprise
avançait mieux.
- Comment y avez-vous été sensibilisée?
o Jessica a toujours voulu être coach sans savoir comment
cela a
commencé... c'est sa personnalité. Elle est
même devenue « love coach » en parallèle de son travail
auprès des personnes âgées. Elle aime être un
guide.
- Depuis combien de temps pratiquez-vous?
o Jessica pratique depuis qu'elle a obtenu sa certification de
coaching, soit depuis janvier 2016.
- Quelle a été votre formation?
o Jessica a passé sa formation sur toute l'année
2015 auprès de l'organisme Activision coaching à Paris. Elle a
appris la théorie et a énormément pratiqué en
groupe de travail pour s'entrainer.
- Etes-vous supervisée?
o Jessica est effectivement elle même coachée par
le biais du plan de formation professionnelle. Elle raconte que son patron lui
a organisé ce coaching pour qu'elle travaille sur sa nouvelle posture
professionnelle car il veut la nommer directrice générale
adjointe. Cependant Jessica se sert de ce coaching comme supervision
également.
- Quel est l'intérêt du coaching par rapport:
o
126
à l'importance de l'autonomie
· Jessica pense que le salarié peut et doit
développer l'innovation, sa créativité et son bon sens,
mais dans un cadre bien clair posé par la direction. Elle dit que sans
cela, cela a des répercussions sur les personnes âgées : ou
bien le personnel ne s'en occupe pas bien, ou bien les résidents
profitent du chaos organisationnel pour créer une sorte de
révolution, ça peut même devenir un jeu.
o au repositionnement des acteurs
? Jessica a régulièrement eu besoin de recadrer
les salariés dans leur rôle et de faire des réunions
d'équipe pour expliquer le rôle de chacun, aussi bien pour les
salariés que pour les personnes âgées qui ne savent plus
vers qui se tourner pour répondre à leurs besoins.
o à l'accent mis sur le sens donné à
l'action
· Pour Jessica, c'est plus du management que du coaching,
donner du sens est le b.a.--ba d'un manager.
o l'importance des notions de partage et de
réciprocité entre les collaborateurs dans l'entreprise (don et
contre don / lien social). ? Effectivement, Jessica laisse ce lien se mettre en
place naturellement car il apporte une ambiance qui permet plus de
collaboration et d'implication dans les équipes et les personnes
âgées sentent la bonne ambiance, se sentent plus rassurées
et peuvent laisser exprimer leur vulnérabilité en confiance car
l'ambiance générale est saine. Mais uniquement si le cadre est
bien posé par les managers et respecté par tous.
-- Pouvez--vous me donner des exemples précis?
o Jessica a eu à gérer plusieurs crises sur les
établissements (licenciements de directeurs - glissements de
tâches - gestions de conflits...). Elle a utilisé le coaching pour
fédérer les équipes sur un objectif commun qui
était de se repositionner pour le bien être des résidents
en insistant sur le sens,
127
leur autonomie, leur professionnalisme et l'objectif commun
valorisé. Les salariés se sont alors senti totalement
impliqués reconnaissants leurs rôles comme importants et utiles
pour les résidents.
- Quel lien faites-vous entre coaching et développement
personnel?
o Jessica dit que le coaching est un outil de
développement personnel et qu'elle utilise également des
méthodes de développement personnel pour renforcer ses coachings
(comme la sophrologie, la procèss communication,
l'ennéagramme...)
- Quelle est la limite du coaching? Quelles critiques
apporteriez-vous sur cette pratique?
o Jessica dit que le plus dur est de ne pas donner de conseils
par rapport à sa propre vision des choses. le coaching devant
effectivement être neutre de conseils du coach et de vision du coach. En
tant que manager-coach, elle se sent quand même obligée de rester
le manager et de recadrer les choses sur la vision du groupe et les besoins des
personnes âgées. Elle n'a pas toujours le temps d'utiliser la
méthode coaching avec les salariés devant des situations
d'urgence. Jessica raconte que son patron utilise aussi la méthode
coaching avec elle (ils ont fait la même formation) et que, quelquefois,
elle aimerait juste qu'il lui dise ce qu'il attend d'elle plutôt que de
lui faire prendre conscience des choses avec pleins de
questions « façon coach » !
128
129
Le contenu de ma formation de coach professionnel, sa
philosophie
J'ai passé ma certification de coach professionnel en
coaching individuel et d'entreprise de février à octobre 2008,
auprès du Centre Européen de Formation au Coaching Professionnel
« Link up Coaching » situé à Paris.
La philosophie de Link Up Coaching:
LES ACTIVITES HUMAINES ONT BESOIN D'HUMANITE
Link Up Coaching privilégie la transmission d'une
discipline passionnante, d'un véritable métier reconnu, avec
comme fil conducteur l'exigence méthodologique et la rigueur
éthique.
Les formateurs de Link Up Coaching pratiquent chaque jour en
tant que professionnels du coaching, alors ils comprennent et partagent les
attentes et besoins des coachs en formation.
La volonté de Link Up Coaching et leur exigence de
professionnalisme sont tournées vers la réussite du projet des
coachs en formation.
Ce sont les talents, le potentiel et les aspirations des coachs
en formation que Link Up Coaching accompagne vers l'excellence et le
professionnalisme.
Professionnels du coaching: acteurs essentiels d'une discipline
noble et forte de valeurs humaines : HUMANITÉ - ETHIQUE -
PERFORMANCE.
Une forte aspiration de bienveillance et de non--jugement
renforce leur philosophie.
Le contenu de ma formation:
La formation contient 10 modules:
-- Les fondements théoriques et éthiques du
coaching
o Origine et épistémologie du coaching
o Place et apport du coaching dans les métiers de la
relation d'aide
o Repères méthodologiques et
déontologiques
o Champs d'intervention du coaching
o le métier de coach aujourd'hui -- Le processus du
coaching
o Cadre et processus de coaching
o
130
Le premier entretien
o Analyse et typologie des demandes
o Protocole de formulation et de détermination de
l'objectif
o Le contrat
-- La pragmatique de la relation et les fondamentaux des
techniques d'entretien
o Nature et finalité de la relation d'aide
o Identité et posture du coach dans la relation
o Introduction au rapport collaboratif
o Outils opérationnels de l'écoute active
o Pratique de l'entretien de coaching
o Transactions et jeux relationnels
o Repères neurobiologiques, affects, filtres,
inférences et interprétations
o Relations dysfonctionnelles
o Transfert / contre transfert
-- L'art et la maîtrise du questionnement, niveau 1 et
2
o Questionnement socratique et typologie de questionnement
o Stratégies de questionnement de l'objectif
o Filtres sémantiques et questionnement
o Pratique du questionnement
-- Le processus de construction identitaire -
Développement personnel et professionnel
o Théories de la personnalité et coaching
o Epistémologie des croyances, cognition, biais cognitifs
et fusions
o Flexibilité psychologique et structure du langage -
Introduction à la sémantique générale
o Cohérence et congruence individuelle - Valeur et
affirmation de soi
o Besoins, plaisirs et estime de soi
o Limites et confiance en soi
o Emotions, habilité et intelligence
émotionnelle
o Les leviers motivationnels -- Les transitions et les
changements
o Approches théoriques et pratiques du changement
o Méconnaissances et apprentissages - Processus de
deuil
o
131
Les outils opérationnels du coaching de transition
o Ages de la vie et scénario de vie
o Scénarios d'échec et scénarios de
réussite
o Modélisation des stratégies de réussite
-- Les outils de l'approche systémique
o Introduction à l'approche systémique
o Les notions de rôles et d'identité : l'individu
dans son environnement
o Connaissance de soi et construction mentale de l'individu
o Domaines de consciences
o Exploration systémique - clarification des demandes
o Résolution de problème -- La gestion du
stress
o Epistémologie du stress et des risques psychosociaux
o Tonicité des facteurs de stress
o Mécanismes émotionnels et systèmes de
réponse aux facteurs de stress
o Analyse fonctionnelle et évaluation -- Coaching de
manager et de dirigeant
o Spécificité du coaching de dirigeant
o Types de leadership
o De l'égo au soi : intelligence émotionnelle
o La question du sens
o Représentation et fonction
o Equilibre Pouvoir / Identité
o Contrat tripartite -- Coaching d'équipe
o La cohésion des équipes - Eléments de
dynamique des groupes
o Modèle et logique de développement des
équipes
o Les phénomènes à l'oeuvre dans les
équipes au travail
o Rôles et identité
o Le manager et l'équipe
o Grilles d'évaluation du travail en équipe
o Grilles d'évalution de la performance collective
o Zones et principes d'intervention en coaching
d'équipe
o
132
Les outils de la créativité
o Les outils de l'intelligence collective
o Protocole de décision
o Posture du coach en coaching d'équipe - Coaching
stratégique
o Repères théoriques et pratiques: agir sur la
culture et les comportements organisationnels
o Intelligence collaborative et cohésion : les jeux,
les acteurs, le cadre
o Autorité - Pouvoir - Influence
o Conduite du changement
o Appreciative Inquiry
o Coaching intercuturel (modèle ECLET) Une soutenance
de mémoire technique valide la certification.
En octobre 2010, j'ai également suivi une
spécialisation en coaching d'entreprise et en coaching d'équipe,
avec le même centre de formation, qui contenait les thèmes
suivants: - Comment intervenir en entreprise?
- Quelle sorte de recommandation bâtir à partir d'un
briefing?
- Coaching de manager et de dirigeant, coaching
d'équipe, coaching d'organisation...
- Comment aborder la dimension de la motivation, des conflits
au travail, de la prise de décision, du sens et de la reconnaissance, du
management, de l'efficacité professionnelle, de la performance, de la
performance individuelle et collective?
En février 2011, j'ai suivi une autre
spécialisation en coaching et gestion du stress, qui répondait
aux questions suivantes:
- Qu'est-ce que la prévention primaire?
- Quelle est donc cette spécificité du stress des
dirigeants en entreprise?
- Que sont les dispositifs d'accompagnement et de soutien des
personnels en difficulté?
- Comment reconnaître les symptômes du burn out.
Epuisement professionnel, conférences de sensibilisation, seuil maximal
d'absorption... Comment aller plus
133
loin que la simple gestion de niveau quatre (phase
d'épuisement). Suffit--il de se relaxer, de faire du sport pour
gérer efficacement le stress au travail?
En tant que directrice d'EHPAD, je me suis servie
concrètement de cette formation et ces spécialisations pour un
rôle de manager/coach au sein de mon établissement.
Je me suis également servie de cette formation pour un
rôle de « coach interne » au sein de l'association. Par
exemple, quand j'ai accompagné l'infirmière coordinatrice d'un
EHPAD en Seine Saint Denis. Je l'ai accompagné en tant que « coach
interne » missionné par le Directeur Général de
l'association.
134
135
Trois exemples d'utilisation de l'outil coaching en
tant que manager-coach
Pour illustrer la notion d'accompagner le personnel en le
ramenant dans la direction de la mission commune, de comprendre et prendre soin
de la personne âgée, je propose ci-dessous 3 exemples de coaching
que j'ai pratiqué moi-même en tant que directrice d'EHPAD et
manager coach:
1) Un aide soignant se plaint qu'il n'a pas le temps de
rester longtemps avec le résident et qu'alors ce qu'il fait ne sert
à rien car il lui manque la relation.
Pour cet aide soignant la valeur et le sens de son travail
passe par la relation (par exemple d'autres aides soignants pensent que
l'action de prendre soin a un sens qui se suffit à lui-même). Je
prends alors en compte ce besoin de l'aide soignant, sa frustration et son
mal-être, qui peut faire ricochet sur le bien être du
résident (En tant que manager-coach, je n'ai aucun jugement sur le
besoin de cet aide soignant, j'en tiens juste compte par rapport au besoin du
résident également). Je vais alors entendre et prendre en compte
cette demande et je vais lui expliquer qu'effectivement je comprends sa
frustration. Je vais lui rappeler que malheureusement je ne peux pas lui donner
plus de temps car les autorités de tutelles n'ont pas pu accepter de
personnels supplémentaires, pour des raisons budgétaires, et que
ce sont des contraintes que nous ne pouvons écarter.
Et comment alors répondre à ce besoin? Je vais
donc utiliser la méthode coaching pour que l'aide soignant retrouve du
plaisir, du sens et de la joie dans son travail:
Je demande à l'aide soignant ce qu'il voudrait à
la place? L'aide soignant répond qu'il aimerait plus de temps pour
pouvoir discuter avec le résident.
Je demande à l'aide soignant s'il discute avec le
résident le temps, le peu de temps, ou ils sont ensemble ? L'aide
soignant répond que non car il sait qu'il ne va pas rester longtemps.
Je lui demande de quoi il aurait le temps de parler pendant ce
« peu de temps » ? L'aide soignant réfléchit...
Je propose: « le film d'hier soir », le beau pull
que le résident a choisi de mettre aujourd'hui », « prendre
des nouvelles de la famille du résident»...?
136
Alors l'aide soignant répond qu'effectivement il
n'avait pas pensé à des discussions simples, un échange
simple.
Je lui demande ce que, d'après lui, le résident
ressentira de ce petit échange pendant ce petit temps? L'aide soignant
répond qu'il pense qu'il sera certainement plus heureux, que de n'avoir
aucun échange du tout.
Je demande à l'aide soignant comment il se sentirait
s'il a ce petit échange avec tous les résidents dont il s'occupe
pendant ces petit laps de temps? L'aide soignant répond qu'il se
sentirait plus utile car son métier reprend du sens.
Je lui souhaite alors une bonne journée remplie de sens
et surtout je lui demande de me tenir au courant en fin de journée de
son « mieux être ».
Et si l'aide soignant ne vient pas, j'irai lui poser la
question.
Ce « coaching » aura pris 5 minutes, dans les
couloirs, entre deux chambres et aura contribué au bien être du
salarié et au bien être du résident.
2) Comprendre le sens du règlement intérieur
en rapport avec la finalité: le bien être du
résident.
Je reçois l'équipe autour d'une table et demande
à chacun de choisir quelque chose, un symbole qui représente le
résident.
Les membres de l'équipe le choisissent et le posent au
milieu de la table. Je
reprends le règlement intérieur et à
chaque thème demande: « en quoi « » contribue au bien
être du résident? »
Exemple: « En quoi « les vestiaires doivent
être utilisés en respectant les règles
élémentaires d'hygiène et maintenus dans un état
constant de propreté » contribue au bien être des
résidents » ?
Aucun collaborateur ne trouve la réponse.
Je continue: « si les vestiaires sont sales, que se passe t
il ? »
Les salariés répondent qu'un agent de service devra
venir le nettoyer.
Je rappelle que l'agent de service a également une
fiche de poste avec un temps défini, pour les raisons habituelles de ne
pouvoir obtenir du personnel supplémentaire, et demande: « Quelle
« tâche » doit--il abandonner pour alors aller nettoyer les
vestiaires, sur ce temps non prévu » ?
Le personnel répond qu'il doit laisser une chambre de
résident, ou les salles communes des résidents.
137
Je touche alors le symbole au milieu de la table et pose
à nouveau la question: « En quoi « les vestiaires doivent
être utilisés en respectant les règles
élémentaires d'hygiène et maintenus dans un état
constant de propreté » contribue au bien être des
résidents » ? Les salariés répondent alors que leur
lieu d'habitation (chambres, salles communes) reste sale et que le service pour
lequel nous nous sommes engagés envers le résident, pour son bien
être, n'a pas été respecté.
3) La responsable hôtelière demande à
un agent de service d'aller ramasser le plateau laissé dans une
chambre.
L'agent de service lui répond : Oui, je vais vous le
faire!
Visiblement l'agent de service pense qu'il fait cette action
pour rendre service à la responsable hôtelière. La
responsable lui demande alors: « en quoi il est bon pour le
résident que ce plateau, qui traine dans sa chambre, soit
débarrassé? ». J'avoue que cette question est facile et le
salarié comprend tout de suite que toute action demandée est en
rapport avec le bien être du résident et non pour faire plaisir ou
rendre service à son chef de service ou son manager.
Le management des professionnels d'un établissement
d'accueil pour Personnes Âgées : Intérêts et limites
des méthodes spécifiques au coaching
Dans une société où le changement
d'organisation est devenu permanent, les établissements accueillant les
personnes âgées n'ont nullement été
épargnés par cet état de fait.
Le coaching a commencé à trouver sa place au
sein de ces institutions pour accompagner les personnels en difficulté,
déstabilisés par autant de modifications organisationnelles et
qui ne trouvent plus de sens quant à la finalité de leurs
missions auprès des personnes âgées.
Le coaching externe, le coaching interne et le rôle de
manager-coach ont alors fait leur entrée.
Au travers de définitions et en revisitant l'histoire
du coaching, ce mémoire met en avant ce en quoi théoriquement
cette approche serait intéressante, voir idéale.
Divers ouvrages nous aident à comprendre les pratiques
des managers pour faire face aux changements, leurs intérêts pour
les méthodes de développement personnel et les risques
sous-jacents.
L'entretien avec des professionnels qui pratiquent le coaching
au sein d'établissement d'accueil pour personnes âgées nous
permet de nous faire une opinion plus précise et plus critique quant au
réel bien-fondé de cette approche coaching. Ceci face aux
difficultés organisationnelles rencontrées dans un contexte
particulièrement vulnérable qu'est l'accompagnement des personnes
âgées en institution.
MOTS CLES :
- Vieillesse
- Institution
- Coaching
- Accompagnement
- Approche humaniste
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