I.4.4.impact du changement climatique sur cycle cultural
A l'échelle du cycle cultural tout entier,
l'augmentation de la température provoque unraccourcissement du cycle
cultural des plantes annuelles (comme la plupart des grandescultures).
Cependant, ce sont surtout les phases de montaison et de remplissage qui
sontconcernées, alors que la phase végétative se trouve
allongée (par manque de températuresbasses nécessaires
à la vernalisation). Le déplacement des phasesthermosensibles
(montaison et remplissage des grains) augmente les risques d'accident dus augel
ou à des températures trop élevées(Caroline G.,
2005).
Si l'augmentation de la teneur en CO2 de l'atmosphère
active la photosynthèse, elle peut être compensée comme
nous l'avons vu par les interactions avec la température et le
raccourcissement des cycles culturaux. De plus si la production primaire
augmente, cela ne se traduit pas nécessairement par une augmentation du
rendement. Outre la quantité, les rendements peuvent également
être affectés en termes de qualité, en particulier, la
teneur en azote des productions. La forme de l'étroite liaison qui
existe entre la teneur en carbone et en azote d'une plante ; principe de
la courbe de dilution de l'azotedeLemaire et Gastal énoncé en
1997,implique donc, pour une fertilisation azotée identique à
l'actuelle, une diminution de la teneur en azote de la plante et donc de la
teneur en protéines des grains. De même, la baisse du rapport
protéine/énergie des fourrages entraîne une moindre
disponibilité en protéines microbiennes pour les ruminants, ce
qui induit également une production accrue de méthane par les
micro-organismes du rumen. Cet effet serait modulé selon la nature de la
prairie pâturée, car les élevages extensifs aux prairies
peu riches en protéines auraient ainsi tendance à être plus
méthanogènes, alors que les élevages intensifs valorisant
des prairies riches en protéines verraient leur production de
méthane augmenter modérément (Soussana, 2001). Enfin, les
fourrages auront tendance à être plus riches en lignine ce qui
diminue leur digestibilité.
I.5.Impact du changement climatique sur la santé
humaine
Sur le plan sanitaire, au début des années 90,
on était peuconscient des risques pour la santéque
représentaient les changementsclimatiques. Ce manque de prise
deconscience traduisait le manquegénéral de connaissances
concernantles effets néfastes probables de laperturbation des
systèmesbiophysiques et écologiques sur lebien-être et la
santé des populations.L'apport d'évaluation du Groupe d'experts
intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) publiéen
1991, en témoigne. La température et l'eau de surface ont toutes
deux une influence importantesur les insectes vecteurs de maladiesinfectieuses
comme le paludisme oude maladies virales comme la dengueet la fièvre
jaune. Lahausse des températures favorise lareproduction des vecteurs et
réduit la période dematuration de l'agentpathogène dans
l'organisme duvecteur. Cependant, une trop grandechaleur ou un manque
d'humiditépeuvent nuire à la survie desmoustiques.
De nos jours, le paludisme ne sévitque dans les
régions tropicales etsubtropicales. La sensibilité de lamaladie
au climat est illustrée par deszones en bordure de déserts et
dehautesterres où des températuresplus élevées
et/ou des pluies associées à El Niño peuventaugmenter la
transmission du paludisme (CambrigeUniversityPress; 2013). Dans leszones de
paludisme instable des paysen développement, les populationsexemptes
d'immunité sont plusexposées à des épidémies
quand lesconditions météorologiques favorisentla transmission.La
chaleur est un risque sanitaire immédiat à envisager. Près
des trois-quarts des jours chauds observésdepuis 1850 sont attribuables
au changement climatique(Fischer E, Knutti R., 2015). Rappelons que les
canicules de 2003 puisde 2006 et 2015 ont causé respectivement
15 000,2 000 et 3 300 décès en excès en quelques
joursenFrance (Fouillet. et al, 2008). Des interactions entre pollution et
chaleur extrêmes ont également été
documentées en France et dans le monde(Pascal M. et al., 2014).Les
changements climatiques globaux provoqueront des dispositions spatiales
nouvelles et différenciées sur la surface de la planète et
dans la vie des hommes. Tout en appartenant encore au domaine de la
spéculation, les influences du réchauffement planétaire
sur les conditions de santé et de maladie de la population doivent
être prises au sérieux, car elles constituent une menace pour
l'humanité (Mendonça, 2014).
D'après Czeresnia et Ribeiro (2000, p. 12) « les
conséquences épidémiologiques de cet intense processus de
transformations sont radicales et imprévisibles. L'émergence de
nouvelles maladies, qui peuvent aussi se manifester, sous forme
d'épidémies fatales et dévastatrices, n'est pas seulement
une fiction ».
Gatrel (2002,p. 11-12) considère que les effets du
réchauffement global sur la santé se feront sentir à long
terme, alors que les effets provenant d'épisodes climatiques
extrêmes se font sentir à court et très court terme.
En considérant les changements climatiques
liés à l'effet de serre planétaire, Haines (1992, p.140)
affirme que « différentes maladies, telles que le paludisme, la
trypanosomiase, la leishmaniose, la filariose, l'amibiase, l'onchocercose, la
schistosomiase et diverses maladies parasitaires vermineuses, aujourd'hui
restreintes aux zones tropicales, sont liées à la
température et pourraient théoriquement être
affectées par le changement du climat ». Les travaux de nombreux
experts montrent que la température est aussi liée à
beaucoup d'autres maladies non-parasitaires, telles que la fièvre jaune,
la dengue et d'autres maladies virales transmises par des arthropodes, la peste
bubonique, la dysenterie et d'autres affections diarrhéiques.
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