La rationalité comme fondement du bonheur( Télécharger le fichier original )par Pasteur MUGISHO Philosophat Isidore Bakanja (Bukavu) R.D.Congo - Graduat en Philosophie et Sciences Humaines 2016 |
I.2. LA VERTU COMME SOURCE DU BIEN EN SOIDe prime à bord, commençons par comprendre ce que dit Aristote des vertus en général. Dans son deuxième livre de Ethique à Nicomaque, Aristote distingue les vertus intellectuels des vertus morales. Les premières naissent de l'intelligence ou de la pensée et les secondes de l'habitude ou du caractère20(*). Parmi les vertus intellectuelles, on trouve la philosophie comme vertu de l'intellect spéculatif et la sagesse comme vertu de l'intellect pratique. Philosophie et sagesse que nous englobons dans le terme contemplation sont donc des activités de l'intellect bien distinguées et qui peuvent être subdivisées en deux : d'une part, les activités servant à produire des résultats extérieurs à elles-mêmes et d'autre part, les activités immanentes c'est-à-dire qui ne sont faites que pour elles-mêmes, trouvent leur fin et leur achèvement en elles-mêmes. On comprend que le bien en soi, étant une des activités immanentes, trouve sa source dans les vertus intellectuelles et forme le troisième genre de vie qui est la vie contemplative. Revêtue d'un sens laudatif chez Platon et d'un éloge particulier chez Aristote, l'activité contemplative est non seulement un acte mais aussi une vie. Elle participe et donne sens aux autres genres de vie cités plus haut. « La contemplation, ici évoquée par Aristote, n'est pas une méditation pure comme l'indique la connotation religieuse mais une activité de recherche rationnelle des principes premiers ».21(*) En effet, Aristote affirme que « l'activité de l'intellect qui s'enquiert des principes suppose une application plus sérieuse ; il n'a pas d'autre but que lui seul, et il porte avec lui son plaisir qui lui est exclusivement propre, et qui augmente encore l'intensité de l'activité »22(*). L'activité de l'intellect est donc le bien parfait car, la raison droite est pleinement en action et ne se heurte à aucune entrave. En plus, elle est une activité immanente c'est-à-dire contient sa fin et se suffit à elle-même. Enfin, elle est une activité conforme à la vertu la plus haute. C'est-à-dire l'activité de la faculté par laquelle l'homme participe au divin. Cette faculté est l'usage de l'intellect qui est propre à l'homme. Ainsi l'homme, par l'usage de la raison, participe à la vie divine. Selon Aristote, c'est de cette manière que l'homme s'immortalise en faisant tout pour vivre selon la raison droite. Cette partie la plus noble qui existe en lui fait que « la vie selon l'intellect, [(vie contemplative ou théorétique)] est aussi la vie la plus heureuse que l'homme puisse mener »23(*). Elle est le souverain bien, le bien suprême, le bien en soi, la source des autres biens car il est supérieur au reste. * 20 Aristote, Ethique à Nicomaque, op. cit. p. 77. * 21 Idem p.21. * 22 Aristote, Ethique à Eudème, op.cit., pp.418-419. * 23 Aristote, Ethique à Nicomaque, op. cit. p.420. |
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