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La rationalité comme fondement du bonheur

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par Pasteur MUGISHO
Philosophat Isidore Bakanja (Bukavu) R.D.Congo - Graduat en Philosophie et Sciences Humaines 2016
  

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Conclusion partielle

La recherche faite aura satisfait quelque peu au dessein que nous nous sommes proposé dans ce chapitre : celui de chercher les principes de l'activité rationnelle. Les présupposés de cette recherche étaient de prendre comme principes de base la volonté et la liberté et chercher à y joindre d'autres principes complémentaires pour fonder solidement l'activité rationnelle. En définissant la volonté sous plusieurs approches, nous avons découvert qu'elle est, quelle que soit l'approche, un processus qui comprend plusieurs étapes qui sont à la fois des fonctions de la volonté au cours de l'activité rationnelle. Ces étapes sont les suivantes : la conception du plan, la délibération, la décision réfléchie, l'exécution du projet d'activité. La volonté sert, en plus, à éclairer l'homme sur l'idée du bien (en parlant du bien et du mal).

Le deuxième principe fondamental de l'activité rationnelle est la liberté, sans laquelle l'action de l'homme ne peux être dit vertueux ni revêtir une autre valeur morale. Dans l'excès ou dans le défaut de la liberté, intervient un troisième principe mais qui est secondaire : la contrainte qui peut être soit individuelle (norme morale), soit sociale (loi positive). L'autre principe secondaire est la conscience morale. Elle sert à suppléer aux incohérences entre liberté et pluralité des normes pour responsabiliser la personne sur l'idéal qui doit l'attirer, le devoir à accomplir et le bonheur attendu d'une vie vertueuse. L'activité rationnelle ainsi fondée sur des principes à la fois moraux et rationnels est l'activité humaine la plus parfaite et par conséquent ouvre sur le bonheur. Il reste à déterminer, et c'est la tâche principale du chapitre suivant, les principales voies qui mènent directement au bonheur tel que présenté par Aristote.

CHAPITRE TROISIEME : LA VOIE RATIONNELLE DU BONHEUR

« Assurer son bonheur est un devoir ; car le fait de ne pas être content de son état, de vivre pressé de nombreux soucis et au milieu de besoins non satisfaits pourrait devenir aisément une grande tentation d'enfreiner ses devoirs »54(*).

Préambule

Après deux pas gigantesques de notre démarche, celui d'identifier le souverain bien dans l'ordre naturel des biens et celui de chercher le fondement de l'activité rationnelle, respectivement premier et deuxième chapitre, le troisième pas veut, enfin, nous rassurer sur la voie rationnelle du bonheur. Ce chapitre est un aboutissement de ces deux premiers esquisses car logiquement, il ne suffit pas de savoir le bien suprême et de pratiquer l'activité la plus parfaite mais il faut aussi et surtout atteindre le bonheur comme fin suprême et conséquence logique de ce savoir et de cette pratique.

La vie de l'homme de tous les temps est pleine d'inquiétudes portant sur son existence. Chacun se pose et se repose des questions sur le sens de la vie, le sens de l'existence, le sens du mal et sur le sens de l'au-delà etc. Toutes ces questions font que l'homme désire vraiment une vie meilleure. Mais, ce qui est étonnant c'est que ce désir du bonheur fait naître encore d'autres inquiétudes . Ce sont ces inquiétudes au sujet de la vie heureuse qui font que l'homme ne sait pas au juste quelle voie pourrait le conduire convenablement au bonheur.

Pour ne pas embrasser un sujet trop large qui porterait sur l'ensemble de la vie et ses inquiétudes, nous avons choisi seulement d'élaborer, à partir d'un support aristotélicien, les luminaires sur le désir du bonheur et sur l'inquiétude existentielle liée à ce désir avant de proposer la voie jugée convenable pour atteindre le bonheur. Cette voie est celle de la raison que nous, en lisant à fond Aristote, avons abordé en deux aspects : l'aspect pratique et l'aspect théorétique. Cette même lecture nous conduit à considérer le bonheur aristotélicien comme étant un bonheur intégral.

III.1. Le désir du bonheur et l'inquiétude existentielle

On s'est avisé de dire au début de notre travail, comme au début de l'Ethique à Nicomaque, que la poursuite du bonheur est une fin universelle à la nature humaine. Tous les hommes, on le constate dans leurs actions, recherchent d'être heureux. Cela parait comme un désir inné qu'on ne peut assouvir, ni par la souffrance ni par la jouissance heureuse car étant sans bonheur on désire être heureux, devenu heureux on désir le rester pour toujours.

Aspirer au bonheur implique la connaissance de ce bonheur. Car, comme le pense Thomas d'Aquin, «l'homme à qui il appartient d'agir pour une fin, n'agit jamais pour une fin qu'il ignore » 55(*). Agir pour une fin donnée, c'est diriger son action vers cette fin et cela est l'oeuvre de raison à tel point qu'on ne peut l'attribuer aux êtres sans raison.

Mais, du fait que cette fin peut être confondue, nous nous sommes fait cette peine dans le premier chapitre d'orienter ceux qui se tromperaient sur ce sujet et nous avons montré que les plaisirs, les richesses, les honneurs, et les gloires sont des pseudo-biens, ils ne suffisent pas à eux-mêmes et sont extérieurs à la nature humaine spécifique. Le seul bien susceptible de nous satisfaire restait le « souverain bien » qui est une activité conforme à la raison. C'est l'activité de l'intellect qui est ce bien inaliénable car, contrairement aux pseudo-biens, elle se suffit à elle et est spécifique à la nature de l'homme raisonnable. Il y a donc un lien vécu entre la poursuite du bien et la quête du bonheur surtout car de tous les biens, le plus parfait se nomme bonheur56(*).

Il faudrait aussi nuancer cette approche de la quête du bonheur en évitant tout eudémonisme pur et strict et s'approcher du côté du coeur de la morale : celui de remplir correctement son devoir et attendre sa fin ultime qui est la béatitude ou le bonheur accomplissant l'homme dans toutes ses dimensions.57(*) Même si nous avions dit que tout homme désire le bonheur, qu'il le connait en le distinguant des biens éphémères ; il y a lieu de se demander si l'homme peut obtenir le bonheur. N'est-il pas un bien utopique ? C'est la première inquiétude de l'homme en ce qui concerne le bonheur. La réponse est chez Saint Thomas d'Aquin pour qui, « quiconque est capable du bien parfait peut donc parvenir à la béatitude. Or, que l'homme soit capable du bien parfait, on le voit à ce que son intellect peut embrasser le bien universel et parfait, et sa volonté le désirer, c'est pourquoi l'homme peut obtenir la béatitude. »58(*)

L'autre inquiétude est de savoir si l'homme peut être heureux en cette vie ou bien l'atteindre pour une autre vie après la mort. Ici, comme pour toutes les inquiétudes existentielles, les tendances philosophiques sont divergentes et s'opposent surtout aux tendances religieuses. Aristote a, pour sa part, confirmé la considération selon laquelle le bonheur est aussi possible dans les limites de l'horizon de la vie terrestre. Mais du fait qu'il doit être permanent, le bonheur doit s'étendre jusqu' à la vie divine : c'est-à-dire dans l'au-delà59(*). Saint Thomas d'Aquin n'est pas de cet avis. Pour lui, l'homme ne peut que participer à la vie heureuse soit par la jouissance ou par l'espoir qu'il a d'acquérir la béatitude dans la vie future et pas de l'atteindre en cette vie60(*).

Cette approche ne devrait pas décourager car le futur se prépare dans le présent. L'inquiétude existentielle ne concerne pas seulement le bonheur mais englobe aussi toutes les questions de toujours sur le sens de la vie. Notamment celles qui portent sur l'origine et la fin dernière de l'homme et de l'univers. Cette inquiétude engendre une certaine « lutte pour la vie » que la morale, la religion et la philosophie doivent orienter pour éviter toute déviation. Avec ces préliminaires sur le désir du bonheur et l'inquiétude existentielle, on comprend que l'homme veut le bonheur mais il ignore les moyens d'y arriver. C'est ce moyen qui fait l'objet du point suivant.

* 54 E. Kant, Fondement de la métaphysique des moeurs, trad. V. Deblos, J. Vrin, paris, 2004, p.90.

* 55 Saint Thomas d'Aquin, Somme théologique, op.cit.( Ia, IIae, Q1, art. 2, objection), p.17.

* 56 André Léonard, Fondement de la morale. Essai d'éthique philosophique générale, cerf, Paris, 1991, p. 332.

* 57 Idem, p.334.

* 58 Saint Thomas d'Aquin, Somme théologique, op.cit., ( Ia, IIae, Q5, art. 1, réponse), p.51.

* 59 J. F. Thuriot, op.cit., p.1O9.

* 60 Saint Thomas d'Aquin, Somme théologique, op.cit., ( Ia, IIae,Q5, art.3, réponse), pp.52-53.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo