Section 2 : Le caractère récessif des
normes coutumières de la Chefferie traditionnelle à l'ère
de la libéralisation politique
La coutume est un ensemble de comportements plus ou moins
obligatoires, en général validés par
référence aux ancêtres. Elle a pour fondement la tradition.
La répétition sans exception confirme sa valorisation sociale.
Son origine est le plus souvent immémoriale et sans texte. Ces
caractéristiques la distinguent de la loi dont l'origine est
précise, connue et dont les règles sont écrites (voir
Grawitz, 2004 : 96-97). Mappa affirme dans cette veine que :
« Ce qui est supposé distinguer
le pouvoir moderne du pouvoir traditionnel est qu'en réalité, le
premier a des documents, qui sont réglementés (code civil,
constitution, décrets) ; par contre le Chef coutumier travaille
sans constitution et sans documents écrits, il s'agit de deux pouvoirs
parallèles, l'un étant dépositaire du pouvoir
administratif, et l'autre, du pouvoir ancestral » (Mappa
1998 : 181).
La récessivité de la coutume est liée par
le fait qu' elle prescrit des normes spécifiques à un groupe
social déterminé et de ce fait vient compléter le
caractère général et impersonnel des textes
législatifs. En d'autres termes, la coutume étant un usage ayant
acquis une épaisseur dans le temps et l'espace lui confère un
caractère obligatoire et est aussi l'élément
distinctif d'un groupe social, dans la mesure où chaque groupe social
à des usages qui fondent sa particularité. Ainsi dit, quoique les
textes législatifs s'imposent comme les référentiels
juridiques régissant la Chefferie traditionnelle au Cameroun, les
coutumes leur donnent un sens concret. A titre d'exemple, l'article 6 du
décret de 1977 prévoit que le Conseil de notables soit
institué selon la tradition locale.
La présente section a pour objectif d'expliciter la
place de la coutume dans l'échiquier des normes régissant la
Chefferie traditionnelle. Pour ce faire, il est question pour nous dans une
première perspective, d'élucider la coutume comme cadre de
dévolution et d'exercice du pouvoir traditionnel, et ensuite, nous
aborderons la relativisation de la norme coutumière à
l'ère de la libéralisation politique.
Paragraphe 1 : La coutume
comme cadre de dévolution et d'exercice de Traditionnelle
Pour Weber
(1919 :30), le pouvoir trouve sa raison d'être dans la domination.
La domination résulte du recours à la puissance pour obtenir
l'exécution des décisions. Elle aboutit à une
dissymétrie totale entre dominants et dominés.
L'obéissance est consentie lorsque l'autorité est
légitime. Cette légitimité peut être soit
traditionnelle, c'est-à-dire, qu'elle repose sur les valeurs de la
tradition ; soit charismatique, quant à elle repose sur les valeurs
de la personne du Chef ; soit encore rationnelle, dans ce cas, elle repose
sur le droit et la compétence.
Pour le moment, nous porterons particulièrement
notre attention sur la première et la deuxième forme de
légitimité, qui correspondent respectivement aux fondements
coutumiers du pouvoir traditionnel chez les Bene en général et
les Bene de Nkol-Metet en particulier.
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