Conclusion partielle
Au terme de ce chapitre, il était question pour nous
d'élucider les ressorts affectifs de la Chefferie traditionnelle Bene
à Nkol-Metet et surtout évaluer leur pesanteur à
l'ère de la libéralisation politique. Force pour nous est de
constater que toute l'organisation politico- administrative de la Chefferie
traditionnelle dans l'Arrondissement de Nkol-Metet trouve ses fondements dans
les lignages issus de la postérité de MbarTsogo. Il est donc
logique qu'avec l'avènement des Chefferies de groupement à
Nkol-Metet, que ce soit toujours les descendants de MbarTsogo qui soient
à la tête de celles-ci. Cependant, avec la libéralisation
politique, la Chefferie traditionnelle BENE de Nkol-Metet connaît une mue
parce que, ses Chefs sont devenus les promoteurs du développement local
et se font de plus en plus aider par des élites philanthropiques, et
certaines associations qui donnent opportunément à la Chefferie
une nouvelle vigueur.
Deuxième partie : Les ressorts pragmatiques de la
Chefferie traditionnelle Bene de Nkol-Metet à l'ère de la
libéralisation politique
La libéralisation politique marque relativement la
renaissance de la Chefferie traditionnelle au Cameroun ; mieux, du
`'retour des rois'' (voir Perrot et Fauvelle Aymar, 2003). Cette renaissance
de la Chefferie traditionnelle dépend d'un regain
d'intérêts combinés des détenteurs du pouvoir
traditionnel et des élites toutes, obédiences confondues.
A Nkol-Metet, ce dynamisme est assez perceptible. Dans ce
terroir la Chefferie traditionnelle est devenue une entreprise politique,
où les politiciens investisseurs injectent d'importants capitaux pour la
requinquer. Cet activisme se traduit par une flopée d'activités
socioéconomiques et sociopolitiques, qui participent du
développement local de cette unité administrative.
Toutefois, la mobilisation de ressources par ces acteurs
sociaux réalisant des actes concrets, s'inscrit dans l'optique à
produire du pouvoir ; et dans une perspective Goffmanienne, elle
relève de la grammaire de l'interaction ; mieux, pour ces acteurs,
de `'sauver la face'' (work face). En d'autres termes, cela signifie
pour ces acteurs sociaux de se comporter conformément aux attentes des
populations, qui sont des attentes normatives sociales, exprimant ce que c'est
de se comporter normalement dans telle ou telle situation (voir Cécile
Bonicco, 2006 : 31-48). Ainsi dit, derrière la recherche du bien
pour le village se tramerait des calculs politiques assez précis ;
en l'occurrence, le contrôle de la Chefferie et la confortation des
assises politiques. C'est pourquoi Miaffo affirme empiriquement :
« Toutes les croisades actuelles en direction
des Chefferies où les principaux acteurs sont des ministres ;
d'hommes d'affaires et de hauts fonctionnaires acquis à la cause
du Rdpc, répandant en dons, des sanctuaires et établissements
comme s'ils cherchaient à se dédouaner de quelques mauvaises
consciences, cherchent à transformer celles-ci en instruments de
manipulation des populations » (Miaffo cité par Mouiche,
2005a :18).
Au demeurant, pour mieux décrypter ces dynamismes
à Nkol- Metet, deux chapitres meubleront notre argumentaire dans cette
partie. Le premier chapitre, intitulé : Les ressorts
stratégiques delaChefferie traditionnelle Bene de Nkol-Metet à
l'ère de la libéralisation politique, nous permettra
d'examiner les compétitions pour la détermination des Chefs comme
lutte de pouvoir ; de mesurer leur niveau de pouvoir dans les jeux de la
décentralisation ; toutefois, en ressortant les enjeux pour le
contrôle du développement local.
Le deuxième chapitre éponyme à cette
partie, est intitulé : Les ressorts pragmatiques de la
Chefferie traditionnelle Bene à Nkol-Metet à l'ère de la
libéralisation politique, a pour objectif de démontrer
que les Chefs traditionnels de Nkol-Metet ne sont pas étrangers aux
dynamismes apportés par la libéralisation politique ; tout
au contraire, ils promeuvent eux aussi, les activités
socioéconomiques et sociopolitiques dans leur terroir respectif. Enfin,
nous démontrerons également que l'implication grandissante des
Chefs traditionnels consiste pour eux, à façonner leur
personnalité politique, dans la mesure où ils sont politiquement
engagés dans de diverses compétitions électorales.
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