Conclusion partielle
Le présent chapitre avait pour objectif d'examiner les
ressorts normatifs de la Chefferie traditionnelle Bene à l'ère de
la libéralisation politique au Cameroun, force pour nous est de
constater que ces ressorts tiennent sur deux bras complémentaires. Le
premier bras tient sur les textes législatifs, entre autres la
Constitution de 1996 et le Décret de 1977 ; le second bras tient
sur la norme coutumière, qui donne un sens concret à la
règle de droit.
En définitive, dans le contexte de la
libéralisation politique, ces répertoires normatifs
méritent d'être réévalués, afin de donner aux
Chefferies traditionnelles une place plus adéquate entre tradition et
modernité.
Chapitre 2 : Les ressorts
affectifs de la Chefferie traditionnelle Bene de Nkol-Metet à
l'ère de la libéralisation politique
La Chefferie traditionnelle à Nkol-Metet s'est
formée autour des lignages issus de la postérité de
MbarTsogo ancêtre des Bene de Nkol-Metet. La parenté est donc la
règle qui a présidé à la formation des Chefferies
traditionnelles à Nkol-Metet. Cette pratique faisant
référence au système parental n'est pas qu'une
spécificité Bene. Elle est même très
récurrente dans l'espace Béti. Balandier affirme dans cette
veine :
« l'espace pahouin est un espace
où les groupes sociaux sont établis en fonction de la
parenté (Balandier, 1982 : 12).
A Nkol-Metet la Chefferie traditionnelle est née de
deux formes de sociabilités, qui découlent des unions
matrimoniales polygamiques de Mbartsogo ; il s'agit de la
communalisation, qui caractérise les relations sociales de
réciprocité, entre des individus participant à
l'activité sociale, sur la base d'un sentiment subjectif d'appartenance
à une même communauté. Ce sentiment se fonde sur une
dimension affective ou traditionnelle (Alpe 2005 :34) et la
sociation, qui caractérise les relations sociales de
réciprocité entre les individus participant à
l'activité sociale, sur la base de la poursuite des
intérêts communs ou convergents (Max Weber cité par Alpe,
2005 :240 ). Toutes choses étant égales par ailleurs, ces
deux dimensions de la sociabilité sont des dynamiques de l'action
collective et selon Braud :
« C'est la mobilisation des groupes d'individus
tournée en apparence vers des objectifs communs, mais le plus souvent
inspirée par des logiques diversifiées auxquelles un
mécanisme intégrateur donne une efficacité
globale » (Braud, 2008: 778).
L'objectif de ce chapitre consiste à élucider
les ressorts affectifs de la Chefferie traditionnelle Bene, et surtout à
évaluer leur pesanteur à l'ère de la libéralisation
politique. Ceci étant, la trame argumentaire de ce chapitre repose sur
deux sections. La première section va étayer l'émergence
de la Chefferie de Nkol-Metet entre communalisation et sociation comme le
creuset où se forge la légitimité traditionnelle. La
deuxième section, quant à elle, nous permettra de voir
qu'à l'ère de la libéralisation politique ces dynamismes
persistent, mais ont plutôt contribué à fragiliser la
grâce des Chefs.
Section 1 : Les ressorts affectifs de la Chefferie
traditionnelle Bene à Nkol-Metet entrecommunalisation et sociation
La Chefferie traditionnelle en pays Bene, nous le dirions
jamais assez, est une importation de l'Administration coloniale relayée
plus tard par les nouveaux pouvoirs publics indépendants. Selon
Laburthe-Tolra, la formation des Chefferies en pays Bene s'est faite sans une
véritable rigueur ; car l'Administration coloniale s'est
contentée d'enregistrer l'homogénéité globale de la
culture, et a opéré les regroupements sommaires en Chefferies
administratives (Laburthe-Tolra, 1980 :32). Bien que la Chefferie
traditionnelle à Nkol-Metet soit née de la sorte, il n'en va pas
de même, de relever que la communalisation et la sociation ont
été instinctivement mobilisées par les Bene comme mode
d'organisation de leur communauté.
La présente section est bâtie autour de deux
paragraphes. Le premier paragraphe explicite la formation des premières
Chefferies de Nkol-Metet entre communalisation et sociation. Le
deuxième paragraphe, met en lumière la configuration des
Chefferies de groupement actuelles à Nkol-Metet, comme un atavisme de
ces dynamiques de l'action collective.
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