CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Nous avons mené une étude descriptive
transversale à visée analytique sur l'évaluation de
l'état nutritionnel des enfants de 0 à 5 ans atteints de
paludisme grave dont les objectifs étaient de décrire les
paramètres sociodémographiques, cliniques et paracliniques des
enfants atteints de paludisme grave, d'étudier le lien entre le
paludisme grave et l'état nutritionnel des enfants de 0 à 59 mois
et, enfin, de décrire l'évolution clinique de ces enfants.
A l'issue de notre étude, nous avons trouvé les
résultats suivants :
- La prévalence globale du paludisme grave était
de 14,91% pour le service de Pédiatrie et de 42,65% par rapport aux cas
de paludisme et, la prévalence annuelle moyenne était de 43
cas ;
- La tranche d'âge majoritairement atteinte était
de plus de 24 mois, avec 47,13% ; l'âge moyen des malades
était de 28,58#177;17,59 mois, le médian était de 24 mois,
pour les extrêmes de 2 et 60 mois ;
- Les patients étaient majoritairement de sexe masculin
avec 54,02%, soit un sex-ratio de 1,17 et, la grande partie des malades
(87,80%) résidaient dans la zone de santé
étudiée ;
- L'anémie sévère, le neuropaludisme et
la fièvre bilieuse hémoglobinurique étaient les formes
cliniques les plus retrouvées avec respectivement 63,22%, 35,63% et
9,77%. Les diagnostics associés les plus enregistrés
étaient la méningite, les verminoses et la fièvre
typhoïde avec respectivement 28,99%, 10,14% et 8,70%.
- La prévalence globale de la malnutrition aiguë
chez nos patients était de 21,84%, avec 7,47% de malnutrition aiguë
sévère et 14,37% de malnutrition aiguë
modérée.
- L'insuffisance pondérale était
prévalente à 18,39%, soit 5,17% d'insuffisance pondérale
sévère et 13,22% d'insuffisance pondérale
modérée.
- Le retard de croissance avait une prévalence globale
de 11,49%, soit 5,17% pour la forme sévère et 6,32% pour la forme
modérée.
- La goutte épaisse était triplement positive
chez 86,11% de nos patients et, le test de diagnostic rapide était
positif chez 94,94% des patients.
- Bon nombre de malades (33,85%) étaient du groupe
sanguin B rhésus positif ;
- La quinine était la molécule la plus
utilisée en hospitalisation avec 94,25% et, la guérison
était notée chez 74,71% des patients avec un séjour
moyen de 5,67#177;3,26 jours, pour les extrêmes de 0 et 15 jours. Le
séjour médian était de 5 jours.
Par ailleurs, nous avons observé une association
statistiquement significative entre les formes cliniques (près de 8
fois pour la fièvre bilieuse hémoglobinurique et 6 fois pour la
détresse respiratoire) et l'évolution des patients et, aucune
association statistiquement significative n'a été trouvée
entre les formes cliniques et l'âge, le sexe et l'état
nutritionnel.
Partant de tous ces résultats, il y a lieu de
considérer que le paludisme grave demeure un véritable
problème de santé publique dans notre milieu, susceptible
d'entraîner non seulement la mortalité chez les enfants de 0
à 5 ans mais, aussi la morbidité, dont fait partie la
malnutrition, dont les retombées pourraient favoriser
l'endémicité du paludisme dans notre milieu ; ce qui conduit
à un cercle vicieux bien évident dans nos milieux ; pour
cela, il convient pour nous de produire les recommandations :
- Aux décideurs (autorités
politicoadministratives et autorités sanitaires), de veiller à
l'assurance de la santé de la population en général et des
enfants en particulier en :
· disponibilisant les moustiquaires
imprégnées d'insecticides à toute la population et en
vulgarisant son usage et la lutte contre les moustiques et leurs gîtes
larvaires ;
· disponibilisant des moyens diagnostiques et
thérapeutiques conséquents dans les hôpitaux en vue de
rendre accessible à faible coût, sinon gratuit, la prise en charge
des malades atteintes de paludisme grave, particulièrement les enfants
de 0 à 5 ans ;
· élaborant des politiques idéalistes
pouvant cadrer avec l'objectif « Roll Back Malaria »
prôné par l'Organisation Mondiale de la Santé.
- Au personnel de santé :
o De prendre en charge les malades de façon holistique,
particulièrement les enfants atteints de paludisme grave, pouvant
s'accompagner d'une malnutrition silencieuse l'aggravant encore
davantage ;
o D'intégrer la politique de la prise en charge du
paludisme, tel que mentionné par l'Organisation Mondiale de la
Santé et surtout se basé sur l'effet
risque/bénéfice dans leur applicabilité.
- A la population :
· De s'impliquer dans la lutte contre le paludisme,
notamment en appliquant les mesures prophylactiques telles que la lutte contre
les moustiques par usage des moustiquaires imprégnées
d'insecticides et/ou d'insecticides, destruction des gîtes larvaires
potentielles que sont les flaques d'eau ;
· De veiller à consulter rapidement une structure
sanitaire dès apparition de la fièvre chez l'enfant et
d'éviter de s'hasarder à donner des médicaments non
prescrits par le médecin ou tout autre personnel soignant
recommandé.
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