INTRODUCTION GENERALE
1. CHOIX DU SUJET
La Province Orientale est la plus vaste province de la RDC
de part sa superficie (503.239 Km2). Elle est dotée d'énormes
ressources naturelles et humaines mais se retrouve aujourd'hui parmi les
provinces les plus pauvres du pays selon certains indicateurs de
développement.1(*)
Elle se compte parmi les trois provinces les plus riches de la
République Démocratique du Congo, en ressources minières.
Mais ces potentialités minières ne contribuent pas à son
redressement économique suite à une intensification
d'activités frauduleuses dans ce secteur.
Ce fléau freine ainsi le développement de la
Province Orientale en la privant d'importantes ressources financières
nécessaires pour la relance de son économie.
Ainsi, en portant notre choix sur ce sujet, nous voudrions
montrer à quel point cette matière présente un
intérêt pratique, en ce sens qu'elle constitue une source
d'informations sur la manière dont des personnes, physiques ou morales,
pratiquent l'exploitation, la détention , le transport, la
commercialisation ou encore l'exportation des ressources minières de
façon illicite dans le but de s'enrichir au détriment des
intérêts de l'Etat. C'est une pratique qui, malheureusement, ne
favorise pas le développement de notre pays, et particulièrement
celui de la Province Orientale.
2. ETAT DE LA QUESTION
La Province Orientale traverse une situation inextricable
dans le secteur minier, dans la mesure où elle est
dépouillée de ses ressources minières qui devraient, en
principe, contribuer à son développement. Il constitue une
infraction prévue par le Code minier.
Ainsi, toute exportation ou tentative d'exportation
frauduleuse des substances minérales en contravention du régime
douanier et des accises prévu par le Code, est punissable.
Par ailleurs, plusieurs travaux se rapportant au thème
de la fraude minière ont été déjà
réalisés par des chercheurs et des organismes internationaux.
Nous en citons ici quelques uns :
Hans ROMKEMA, Koen VLASSENROOT et Tim RAEYMAEKERS, ont
rassemblé des informations sur la fraude dans le commerce des minerais,
en lien avec la gouvernance locale et la transformation sociale en particulier.
En effet, dans la récente analyse intitulée «Trading
Conflict for Development : Using the Trade in Minerals from Eastern DRC for
Development»2(*),
publiée en avril 2009 dans le cadre du projet «Le commerce au
service de la paix», ces auteurs ont fourni certainement le panorama le
plus à jour du fonctionnement du secteur minier, avec notamment un
débat approfondi sur la fraude chez les acteurs locaux.
Le rapport de synthèse du projet de recherche
intitulé «Le commerce au service de la paix»3(*), publié en 2007 et
financé par le DFID, USAID et COMESA, fournit une excellente
description de la nature de la fraude dans le cadre du secteur minier, qu'il
soit formel ou informel. Selon ce rapport, le nombre d'exportations par le
Congo qui ne sont pas recensées comme elles devraient l'être par
les fonctionnaires est estimé à 50 %. Ce phénomène
peut être attribué à la combinaison de faiblesses
bureaucratiques, d'une mauvaise gestion des organisations étatiques de
réglementation et d'un comportement frauduleux visant à
éviter les taxes et les charges. Les fonctionnaires eux-mêmes
violent souvent la réglementation, ce qui est identifié dans ce
rapport comme principale raison pour laquelle les négociants adoptent un
comportement frauduleux.
D'autres rapports et documents des ONG telles que Global
Witness et Rights and Accountability in Development (RAID) approfondissent
les liens entre commerce des minerais et conflits violents, et se
penchent sur la question de la corruption dans le processus4(*).
Ces études se sont plus appuyées sur le
caractère conflictuel que présente le secteur minier en RDC, dans
sa partie orientale. Elles démontrent que l'Est congolais fait figure
d'espace d'extraction de matières premières
dérégulé et structuré par des
intérêts locaux et régionaux en contact avec les acteurs du
marché international.
HAMULI KABARHUZA Baudouin5(*) constate paradoxalement que l'exploitation artisanale
se pratique sur le terrain alors qu'aucune Zone d'Exploitation Artisanale
n'est instituée à cette fin.
Contrairement aux travaux énumérés
ci-dessus, cette étude tourne autour d'un problème qui
sévit dans le secteur minier en Province Orientale et tire sa
particularité du besoin à déterminer comment ce secteur
subit un degré très élevé de fraude alors qu'il
existe des moyens de répression.
3. PROBLEMATIQUE
Le « Document Stratégique pour la Croissance
et la Réduction de la Pauvreté de la Province Orientale de
2005 » DSCRP/PO relève que cette province dispose des
potentialités naturelles et du sous- sol énormes : or,
diamant, fer, pétrole, forêt, cours d'eau, etc., capables
de propulser la croissance économique et le développement durable
de la population6(*).
Malheureusement, toutes ces richesses sont dépouillées par
les étrangers et exportées illicitement et ne profitent pas
suffisamment à l'émergence de cette entité.
La redevance minière qui est certainement le plus grand
flux des recettes du secteur minier, ne contribue pas significativement aux
recettes de la Province Orientale.
En effet, suite à la fraude minière, la Province
Orientale est privée de plusieurs millions voire plusieurs milliards de
dollars qui profitent ainsi soit aux forces négatives actives dans
certaine partie de la province (Ituri), soit encore aux pays voisins ou aux
grandes puissances mondiales.
Selon le rapport de la Commission Provinciale de Lutte contre
la Fraude minière, les activités des sociétés
minières opérant en Province Orientale, précisément
en Ituri, violent certaines dispositions pertinentes du Code minier mais aussi
ne respectent pas les dispositions légales et réglementaires
organisant le séjour des étrangers en RDC car la Province ne les
reconnaît pas et ne maîtrise pas leurs statistiques de production
ni le circuit de commercialisation de leurs produits en ce moment où la
traçabilité des minerais est une exigence internationale7(*).
En effet, l'Ituri est une voie de sortie des minerais qui
viennent des profondeurs du territoire congolais. La ville de Bunia constitue
la plaque tournante dans le système de commercialisation des produits
miniers. Elle en relie l'amont informel et l'aval branché sur les
circuits de l'économie mondialisée.
Ce commerce constitue un système oligopolistique qui
profite à un conglomérat de fonctionnaires, militaires, chefs de
milices, négociants, transporteurs et intermédiaires
étrangers dont l'identification entreprise par l'ONU et les ONG est
encore partielle8(*).
Au regard de cette situation chaotique, il sied de mener une
étude sur la fraude minière en Province Orientale pour tenter
d'en identifier les facteurs explicatifs ainsi que les diverses
conséquences de cette fraude afin de proposer les stratégies de
lutte contre ce fléau qui gangrène l'économie de cette
entité.
C'est dans ce contexte que l'étude structure sa
problématique autour des questions suivantes :
- Pourquoi relève-t-on une recrudescence de la fraude
minière dans la Province Orientale?
- Quelles en sont les conséquences sur le
fonctionnement du secteur minier?
- Comment lutter efficacement contre ce fléau?
4. HYPOTHESES
RONGER R. définit l'hypothèse comme une
proposition des réponses aux questions que l'on pose à propos de
l'objet de l'étude formulée en termes tels que l'observation et
l'analyse puissent formuler une réponse9(*).
L'hypothèse est donc une réponse
anticipée ou provisoire ou encore une proposition relative à
l'explication d'un problème ou d'un phénomène.
Ainsi, en guise des réponses aux trois questions
soulevées dans la problématique, nous formulons les
hypothèses suivantes :
La recrudescence de la fraude
minière en Province Orientale serait notamment due à la non
institution des zones d'exploitations artisanales, à l'application d'un
taux élevé de la taxe à l'exportation et à
l'absence des comptoirs agréés aux frontières. Cette
situation aurait comme conséquence l'absence des statistiques fiables de
production des minerais, l'accroissement des infractions minières et
l'insécurité dans les régions minières.
Cependant pour en venir à bout,
l'Etat congolais devrait instituer des zones d'exploitation artisanale,
encourager l'implanter des comptoirs agrées aux frontières,
réduire la taxe à l'exportation des produits miniers, harmoniser
la taxe à l'exportation avec l'Ouganda et le Rwanda, renforcer les
mécanismes de la CIRGL et favoriser une coopération basée
sur le partage d'information entre les institutions régionales de lutte
contre la fraude minière.
5. OBJECTIF DU TRAVAIL
L'objectif principal de la présente étude est de
déceler les causes qui expliquent l'accroissement de la fraude
minière en Province Orientale tandis que les objectifs secondaires de la
présente étude est de dégager les diverses
conséquences de cette fraude sur la vie sociale et économique de
la province et de proposer des stratégies à même de
contribuer efficacement à la lutte contre la fraude minière en
Province Orientale.
6. METHODES ET
TECHNIQUES
La question de la problématique de l'exportation
illicite des ressources minières ainsi que ses conséquences sur
la croissance économique en Province Orientale appelle plusieurs
approches dans le débat scientifique pour sa compréhension.
Appliquer le droit, c'est opérer un rapprochement entre
un fait et une règle de droit, c'est voir quelle conséquence, la
norme juridique tire d'un fait qui s'est réalisé ou qui est
protégé ou c'est voir à quel fait une règle
juridique attache le résultat que l'on souhaite10(*).
Pour GRAWITZ M., la méthode est l'ensemble des
opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche
à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les
démontre, les vérifie11(*).
Quant à la technique, elle est perçue par
CHEVALIER J et LOSCHACK D, comme un outil qui permet de découvrir ou
d'observer les faits et de recueillir les différentes données sur
le fait12(*).
Au cours de ce travail, nous avons recouru à la
méthode juridique ou exégétique pour permettre la
confrontation des faits au droit, accompagnée de l'approche analytique
afin de connaître la vraie volonté des animateurs miniers.
Ces méthodes sont appuyées par la technique
documentaire, d'entretien ou d'interview libre. Si la première
technique a permis de consulter les différentes littératures sur
la fraude minière, il sied de souligner que la seconde technique a
offert la possibilité d'échanger librement avec les personnes
ressources sur des questions utiles à la présente
étude.
7. INTERET D'ETUDE
L'intérêt que présente cette étude
est double :
Sur le plan scientifique, elle part de
l'importance que représente le secteur minier dans la relance de
développement de la Province Orientale en permettant aux chercheurs
d'appréhender les limites des mécanismes nationaux de
répression de la fraude minière ;
Tandis que sur le plan pratique, le
présent travail permettra aux personnes intervenant dans la mise en
oeuvre de la réglementation minière de connaitre les causes et
les conséquences de la fraude minière ainsi que les solutions
pouvant contribuer à l'éradication de ce fléau.
8. DIFFICULTES RENCONTREES
La réalisation d'un travail scientifique étant
une conjugaison d'énormes efforts, celle-ci est non sans
difficultés car lors de la récolte des données nous avons
été confronté non seulement à la rareté de
la doctrine et de la jurisprudence traitant des questions minières mais
aussi à la résistance de certaines personnes ressources pour la
simple raison que cette question est sur le plan sécuritaire sensible
à cause de l'implication des certaines autorités politiques,
militaires ou policières.
9. DELIMITATION
Bien que la fraude minière soit un
phénomène commun à toutes les régions
minières de la RDC à cause d'énormes potentialités
minières qu'elle regorge et qui sont convoitées par les
puissances étrangères, il est important que la présente
étude soit délimitée dans l'espace et la matière.
Ainsi, compte tenu de l'immensité du pays et pour des
raisons d'ordre financier, logistique, ce travail concerne essentiellement la
problématique de la fraude minière en Province Orientale en ce
qui concerne la filière aurifère.
10. SUBDIVISION DU TRAVAIL
Notre travail comprend trois chapitres distincts, en plus de
l'introduction et de la conclusion. Le premier est consacré à
l'étude de l'aspect théorique sur la fraude minière
tandis que le second se rapporte aux causes et conséquences de cette
fraude sur la vie sociale et économique de la province et le
dernier développe les stratégies de lutte contre la fraude
minière en Province Orientale.
CHAPITRE PREMIER : ASPECT
THEORIQUE SUR LA FRAUDE MINIERE
Section 1. DEFINITIONS DES CONCEPTS ET ACTEURS DE LA FRAUDE
MINIERE
§1. Définitions des concepts
A. La fraude
Le dictionnaire « Le Petit Robert »
définit la fraude comme une action faite de mauvaise foi dans le but de
tromper ou comme une tromperie ou falsification punie par la loi.13(*)
PICOTTE J. la définit dans son dictionnaire juridique
« Le Juridictionnaire », comme une des manifestations de
la mauvaise foi et le visage masqué de la tromperie.14(*) La fraude est fondamentalement
une soustraction, une frustration imposée à autrui ou à la
loi15(*). Il y a fraude
dans tous les cas où le fraudeur, la fraudeuse, auteur de l'acte
accompli de mauvaise foi, entend nuire à autrui, porter atteinte
à ses droits ou à ses intérêts, ou échapper
à l'application d'une loi, s'y soustraire, l'éluder en tournant
la loi, et, de ce fait, en violant une prescription légale.
La fraude peut avoir pour objet soit de transgresser une loi
dans son esprit ou dans sa lettre, soit de soustraire quelqu'un d'un bien lui
appartenant, en usant des subterfuges pour le tromper. La fraude suppose donc
une mauvaise foi de la part du fraudeur.
B. La mine
Le Code minier définit la mine comme tout gisement ou
gisement artificiel des substances minérales classées en mines,
exploitable à ciel ouvert ou en souterrain, et/ou toute usine de
traitement ou de transformation des produits de cette exploitation se trouvant
dans le périmètre minier, y compris les installations et les
matériels mobiliers et immobiliers affectés à
l'exploitation.16(*)
Une mine est donc un gisement exploité de
matériaux (par exemple d'or, de cuivre, de diamant, d'uranium, etc.).
C. La fraude minière
L'article 305 du Code minier définit la fraude
minière comme toute exportation ou tentative d'exportation
frauduleuse des substances minérales en contravention du régime
douanier et des accises prévu par le Code minier et soumise aux
pénalités et amandes prévues par la législation
douanière et accisienne en la matière17(*).
L'arrêté interministériel
n°0719/CAB.MIN/MINES/01/2010 et n° 140/CAB.MIN/INT.SEC/2010 du 20
octobre 2010 portant création, organisation et fonctionnement de la
Commission Nationale de Lutte contre la Fraude minière, définit
la fraude minière comme l'exploitation, la détention, le
transport, la commercialisation ou l'exportation des produits en violation du
Code minier et de ses mesures d'application, du Code Douanier, du Code des
impôts ainsi que des dispositions de la règlementation de change
et ce, dans le but de se procurer un bénéfice illicite au
détriment des intérêts de l'Etat18(*).
§2. Auteurs de la fraude
minière
Les ressources minières de la RDC attirent la
convoitise des groupes rebelles, des pays voisins et des occidentaux, laquelle
convoitise favorise un accroissement exponentiel d'activités
frauduleuses. En remontant les différents contours de cette situation,
de nombreux acteurs tant nationaux qu'internationaux sont cités d'entre
les personnes qui favoriseraient les transactions irrégulières
observées19(*). Les
auteurs donc de la fraude minière se recrutent dans différentes
sphères de la société congolaise. Nous pouvons citer
quelques uns :
A. Les mineurs artisanaux
Les mineurs artisanaux ou creuseurs, sont chargés de
creuser pour extraire les minerais de la mine. Ils travaillent à mains
nues et avec des outils rudimentaires20(*).
En principe, il n'y a pas encore eu institution des Zones
d'exploitation artisanale en Province Orientale (ZEA). Donc, l'exploitation qui
s'y déroule est illégale car elle se pratique en grande partie
dans les concessions minières appartenant aux titulaires des droits
miniers.
Les mineurs artisanaux qui exercent cette activité
s'adonnent aux manoeuvres frauduleuses en ne déclarant pas au SAESSCAM
les produits miniers résultant de leur exploitation pour échapper
à la fiscalité normalement applicable à cette
catégorie d'activité.
B. Les négociants
Est négociant, toute personne physique de
nationalité congolaise qui se livre aux opérations d'achat et de
vente des substances minérales provenant de l'exploitation artisanale
conformément aux dispositions du Code minier de 200221(*) .
Les négociants, également en ne déclarant
pas au SAESSCAM, les substances qu'ils achètent auprès des
artisanaux ou qu'ils revendent aux comptoirs agrées violent non
seulement les dispositions du Code minier congolais mais aussi encourage la
fraude minière.
Les principales villes de négoce de l'or sont
notamment : Kisangani, Bunia et Ariwara. Le transport des minerais se fait
par portage humain. Selon le rapport de Conseil de sécurité des
Nations Unies, « Dans toutes ces villes les autorités
gouvernementales n'appréhendent pas les négociants et ne les
contraignent pas à pratiquer leur commerce de manière
légale »22(*).
C. Les groupes armés et les forces de
sécurité
Si l'implication des groupes armés dans la
commercialisation des minerais a été connue et
documentée la première, l'implication des forces de
sécurité (FARDC, PNC) commence à attirer l'attention
comme l'indique le récent rapport de Global Witness23(*).
Au fil des ans, le Groupe d'experts a accumulé les
preuves du financement des groupes armés par le commerce des minerais et
considère à ce jour qu'aucun groupe armé opérant
à l'est de la RDC n'est étranger à cette pratique.
En Ituri, l'UPC, mouvement Hema, exploitait la zone
aurifère de Mongbwalu suite à un accord avec la direction de
l'entreprise OKIMO, facilitée par une même affiliation ethnique.
Quand le FNI lui a succédé, il a prélevé une taxe
de 1 $ sur les orpailleurs, lui rapportant environ 2 000 $ par mois24(*).
Les hommes en armes sont les parasites fiscaux du
commerce minier sur les sites de production et les voies
d'acheminement. Ils sont aussi impliqués dans les violations des
droits de l'Homme.
Les groupes armés ainsi que la FARDC exercent une
mainmise sur l'ensemble des circuits commerciaux. Ils récupèrent
de l'argent lors des différentes étapes minières de
production et de l'exportation. De plus, ils investissent dans les mines en
fournissant diverses denrées. L'enjeu est de rendre leur service
indispensable pour légitimer leur protection et leur sanction25(*).
D. Les agents de services de douanes et accises et les
étrangers
1. Les agents de services de douanes et
accises
La taxation par les administrations est relativement
arbitraire dans les sites de production et les voies d'acheminement mais elle
se régularise quelque peu au niveau des centres d'exportation26(*). Toutefois, il convient de
noter que la destination finale de la taxation opérée par
les agents de douanes et accises sur le commerce des minerais est obscure,
largement arbitraire, non fondée sur des textes légaux et le
régime des taxes d'exportation des minerais en RDC est très
désavantageux par rapport aux pays voisins27(*).
Ainsi, le commerce des minerais représente une
part importante des revenus légaux et illégaux des agents
recrutés dans le contrôle du commerce et, même si les taxes
perçues sont inférieures à ce qu'elles devraient
être en raison de la fraude, elles représentent plusieurs millions
de dollars par an.
2.
Les étrangers (chinois, tanzaniens...)
Les sociétés étrangères
opérant dans le secteur minier violent non seulement les dispositions
pertinentes du Code minier mais aussi enfreignent les dispositions
légales et réglementaires organisant le séjour des
étrangers en RDC.
Ces sociétés étrangères
travaillent en complicité avec la SOKIMO (Société des
Mines d'Or de Kilo Moto) qui elle, signe des contrats autorisant à ses
sociétés étrangères à exploiter et exporter
de manière illicite les minerais produits à l'est de la RDC.
Ces milieux d'affaires constituent parfois le trait
d'union entre le commerce congolais des minerais et l'économie
criminelle internationale, notamment les mafias de l'Est.
§3. Aperçu
général de quelques sites miniers en Province Orientale
L'activité minière est moins dispersée
qu'au Nord et au Sud-Kivu. Elle se résume pratiquement à
l'exploitation de l'or dans le vaste bassin aurifère qui s'étend
au nord-ouest de Bunia, autour de deux centres de production importants,
Mongbwalu en Ituri et Durba dans le Haut-Uélé. Le contrôle
des mines d'or a été au centre des conflits armés d'une
grande violence qui ont opposé plusieurs groupes politico-militaires
entre 2002 et 2004. Human Rights Watch a analysé ces
événements dans un rapport très documenté paru en
200528(*).
La région Nord-est de la RDC « abrite l'un des
gisements aurifères les plus riches de toute l'Afrique29(*). Au lieu d'apporter la
prospérité aux populations de la Province orientale, l'or s'est
révélé être un fléau pour les populations qui
ont eu la malédiction de vivre sur cette partie du pays. Ainsi, les
certaines forces rebelles comme la FNI et l'UPC ont livré des batailles
sanglantes pour arracher le contrôle de Mongbwalu pendant la guerre
interethnique qui a ravagé la région au courant des années
2002 et 2003.
De nombreux experts miniers sont d'accord pour dire que la
concession d'OKIMO est l'une des plus prometteuse réserves d'or non
exploité d'Afrique et probablement la plus importante. Elle couvre les
mines de Gorumba, Durba et Agbwalu. OKIMO dispose des droits exclusifs
d'exploitation de l'or sur une zone de plus de 83.000 km2 dans le
District du Haut Uélé et de l'Ituri au Nord Est de la RDC soit
trois fois la taille de la Belgique.
Dans les années quatre vingt, OKIMO a divisé la
partie la plus prometteuse de la réserve en trois concessions et a
cherché des compagnies privées pour aider à
développer la région par l'exploration des nouvelles zones
d'exploitation d'or. Ces compagnies ont apporté des fonds pour des
investissements et ont payé des loyers pour l'intégralité
ou une partie de la concession pendant une durée spécifique et
ont partagé des profits futurs via un accord de joint venture
signé avec l'Etat.
Le domaine de la SOKIMO partagé a donc donné
lieu à trois concessions minières dont deux dans le district du
Haut-Uélé et un dans celui de l'Ituri30(*) :
A. Concession 38
Cette concession mesure 4.560 km2 autour de la
ville de Durba et Watsa dans la Province Orientale. Elle abrite l'ancienne mine
industrielle de Gorumbwa inondée après sa destruction en 2000, la
mine très lucrative d'Agbwalu avec l'une des densités les plus
élevées au monde et la mine de Durba. Les belges ont construit
une usine de traitement de l'or et un laboratoire qui fonctionne encore mais
à capacité fortement réduite.
B. Concession 39
Elle mesure 4.880 km2 autour de Djalasiga et Zani.
Cette zone comportait une mine productive qui a fermé après le
meurtre d'un certain nombre des expatriés belges dans les années
soixante. Des sources locales ont fait état de la reprise des
opérations d'extraction de l'or dans les lits des rivières par
une compagnie basée en Ouganda.
C. Concession 40
Cette concession mesure 8.191 km2 dans la partie
sud de la concession autour de la Cité de Mongbwalu. Cette concession a
été très disputée parce que supposée
contenir d'importantes réserves en or. Elle abrite la mine industrielle
d'Adidi ainsi que les anciennes mines belges de Makala. Il y avait une usine de
traitement construite par les belges et un laboratoire, tous les deux
saccagés lors des combats à Mongbwalu entre novembre 2002 et
juillet 2003.
Cette concession fait actuellement l'objet d'un contrat
d'amodiation entre l'OKIMO et la multinationale ANGLO GOLD ASHANTI qui a abouti
à la création de la joint-venture ASHANTI GOLDFIELDS KILO (AGK)
dans laquelle SOKIMO a une participation de 13% contre 87% d'Anglo Gold
Ashanti.
Section 2. MODES OPERATOIRES DE LA
FRAUDE MINIERE EN PROVINCE ORIENTALE
§1. Modes
opératoires
La majeure partie de l'or volé en RDC passe entre les
mains d'un petit nombre d'acteurs dont les modes opératoires sont
relativement prévisibles. La production artisanale d'or en Province
Orientale est estimée à plusieurs tonnes par an, alors que les
exportations officielles ne dépassent pas quelques dizaines ou
centaines de kilos par an. Le trafic de l'or est dominé par les
exploitants artisanaux, les services de l'administration, les groupes
armés et par certains éléments de FARDC, les puissances
étrangères, etc. C'est tout un conglomérat des personnes
qui se livrent au trafic de l'or en Province Orientale.
Ils usent des subterfuges les plus méprisables pour
sortir, de manière illicite, de l'or de la Province Orientale. Ces
subterfuges consistent notamment à la non déclaration au
SAESSCAM des matières précieuses extraites du sol, au recours
à la force et au paiement des forces de l'ordre contre protection.
§2. Mécanismes de
lutte contre la fraude minière en Province Orientale
Le Gouvernement de la RDC a promulgué
un Code minier en 2002 suivi d'un Règlement minier en 2003
définissant l'application du Code. Mais, comme bon nombre des lois
congolaises, le Code minier n'est pas entièrement appliqué et
encore moins respecté 31(*).
Un certain nombre d'autres entités étatiques
sont responsables de différents aspects du suivi et de la
réglementation du secteur minier. Le CEEC, agence autonome, a
été créé pour mettre en oeuvre le processus de
Kimberley, mais il est également chargé, depuis un décret
récent, d'évaluer et d'apprécier les minerais avant leur
exportation32(*).
L'Office Congolais de Contrôle (OCC) est responsable du
suivi quantitatif et qualitatif de tous les produits importés et
exportés. Étant donné la faible capacité de toutes
ces agences étatiques à surveiller les échanges de
manière efficace, les possibilités, pour les
intérêts hostiles à tout changement, d'utiliser le
processus de suivi pour leur propre bénéfice sont de plus en plus
larges.
Le SAESSCAM (Service d'assistance et d'encadrement de
l'artisanat minier) est une agence étatique créée pour
apporter un soutien technique et des conseils aux mineurs artisanaux en
matière de sensibilisation au droit, de formation aux techniques
d'extraction, d'organisation de coopératives, de santé et de
sécurité, etc.33(*) En principe, cette initiative devrait aider à
réduire l'exploitation des mineurs artisanaux mais au-delà des
problèmes causés par les financements insuffisants, le SAESSCAM a
dû faire face à des accusations de corruption interne et de
conflits d'intérêts concernant sa responsabilité de
collecter les taxes portées par les mineurs artisanaux
eux-mêmes34(*).
Un certain nombre d'initiatives nationales ont
été mises en place pour examiner les aspects frauduleux ou
abusifs des contrats miniers. L'accord de paix signé en 2003 appelait
à la mise en place d'une commission parlementaire multipartite
pour enquêter sur l'exploitation des ressources naturelles pendant la
guerre, de 1996 à 2003. Menée par le parlementaire Christophe
Lutundula, la «Commission Lutundula» a publié son rapport en
2005, indiquant les contrats miniers qui devaient être
résiliés ou renégociés. La Commission
recommandait également des procédures judiciaires à
l'encontre de certains hommes politiques et hommes d'affaires35(*). À l'époque,
certaines ONG ont critiqué l'Assemblée nationale et le
gouvernement pour leur absence de réaction face aux recommandations du
rapport.
En 2007, le gouvernement congolais a commencé l'examen
de 61 contrats miniers, afin d'émettre des recommandations quant
à la révision ou la résiliation des contrats. Le but
était de corriger les «déséquilibres» en faveur
des entreprises privées et au détriment de l'État36(*). Le rapport final de la
commission d'enquête, publié en mars 2008, recommandait que 39
contrats soient renégociés et que 22 soient
résiliés. L'entreprise australienne Anvil Mining, pour
laquelle la résiliation a été recommandée, avait
obtenu l'exemption totale des taxes pour elle-même et l'un de ses sous
traitants pendant vingt ans, grâce à un contrat signé en
1998.
Étant donné la faible capacité de toutes
les agences étatiques à surveiller les échanges de
manière efficace, les possibilités, pour les
intérêts hostiles à tout changement, d'utiliser le
processus de suivi pour leur propre bénéfice sont de plus en plus
larges. Il y a eu donc un accroissement de la fraude des substances
minérales dans le pays.
Ainsi pour renforcer les mécanismes de lutte contre la
fraude minière, il y a eu une initiative d'abord au niveau national et
ensuite au niveau régional, celle de créer une Commission de
lutte contre la fraude minière.
A. Initiative
Nationale : la Commission Nationale de lutte contre la fraude
minière « CNLFM »
Créée par l'arrêté
interministériel n°0719/CAB.MIN/MINES/01/2010 et
n°140/CAB.MIN/INT.SEC/2010 du 20/10/2010, la CNLFM a pour mission de
concevoir, de mettre en oeuvre et d'assurer sur le terrain entre les services
et organismes publics ayant dans leurs attributions la lutte contre la fraude
et la contrebande dans le secteur des mines37(*).
L'article 5 de cet arrêté énumère
les membres qui composent cette commission. Ils sont au nombre de 17 et ce sont
des Délégués des services et organismes publics38(*) :
1. Cabinet du Président de la
République ;
2. Cabinet du Premier Ministre ;
3. Cabinet du Ministre des Affaires
intérieures ;
4. Cabinet du Ministre des Mines ;
5. Direction des Investigations du Secrétariat
Général des Mines ;
6. Direction Générale des Migrations
(DGM) ;
7. Direction Générale des Douanes et Accises
(DGDA) ;
8. Office Congolais de Contrôle (OCC) ;
9. Cellule Technique de Coordination et de Planification
Minière (CTCPM) ;
10. Centre d'Evaluation, d'Expertise et de Certification des
Substances Minérales Précieuses et Semi-précieuses
(CEEC) ;
11. Police Nationale Congolaise (PNC) ;
12. Service spécialisé du Ministère de
l'Intérieur et Sécurité ;
13. Service spécialisé du Ministère de la
Défense Nationale ;
14. Service d'Assistance et d'Encadrement du Small Scale
Mining (SAESSCAM) ;
15. Parquet Général de la
République ;
16. Parquet Général près la Haute Cour
militaire.
17. La commission peut faire appel aux experts d'organismes
publics ou privés chargés de la lutte contre la fraude dont
l'apport est jugé nécessaire, pour certaines questions
spéciales.
B. Initiative
Provinciale : le Comité Provincial de lutte contre la fraude et la
contrebande dans le secteur des Ressources Naturelles «
CPLFM »
Créé par l'Arrêté Provincial
N°01/0067/CAB/PROGOU/P.O/2014 du 28/06/2014, le CPLF a pour mission
principale de lutter contre la fraude et la contrebande dans le secteur des
ressources naturelles39(*).
Le Comité Provincial de Lutte contre la fraude
comprend la Coordination et deux commissions Techniques chargées
l'une du volet minier et l'autre de la faune et flore.40(*)
La coordination du Comité Provincial de lutte contre la
fraude assure la coordination de toutes les activités en rapport avec la
lutte contre la fraude et la contrebande de toutes ressources naturelles en
Province Orientale, et ce, y compris les ressources minières41(*).
Les commissions techniques sont chargées, chacune dans
son secteur, notamment de :
- Elaborer et mettre en oeuvre des plans opérationnels
dans les limites de son domaine d'intervention ;
- Recueillir et analyser les informations se rapportant
à la faune et à la contrebande ;
- Proposer des stratégies pour la réalisation de
la mission de la lutte contre la fraude ;
- Faire rapport à la coordination.
Ces mécanismes mis en place par l'Etat congolais et le
Gouvernement provincial de la Province Orientale connaissent, cependant, des
limites.
§3. Limites des
mécanismes de lutte mis en place
En dépit de toutes les mesures prises par la Province
Orientale pour lutter contre la fraude minière, il y a intensification
d'activités malhonnêtes dans le secteur minier, lesquelles
activités constituent la fraude minière.
Ces mécanismes sont confrontés notamment au
phénomène des bandes armées qui créent
l'insécurité dans le secteur minier. Il y a aussi un faible
déploiement des agents de SAESSCAM dans les sites miniers afin de
contrôler le flux d'extraction des produits miniers. Il y a
également une quasi-absence des agents chargés de contrôle
des entrées et sorties des minerais au niveau des frontières.
Assurer l'étanchéité des frontières, baisserait
sensiblement l'exportation illicite des produits miniers.
CHAPITRE DEUX : CAUSES
ET CONSEQUENCES DE LA FRAUDE MINIERE EN PROVINCE ORIENTALE
Section 1. CAUSES DE LA
FRAUDE MINIERE EN PROVINCE ORIENTALE
§1. Non institution en RDC
de la Zone d'exploitation artisanale
La géographie des mines est encore imparfaite. Cela
tient pour une part à la quasi impossibilité pour l'exploitation
artisanale de se mettre en conformité avec le nouveau Code Minier de
2002. Celui-ci stipule en effet que l'activité artisanale doit
s'effectuer dans une zone d'exploitation «délimitée en
surface et en profondeur»; le titre IV précise que là
où les conditions «ne permettent pas une exploitation industrielle
ou semi-industrielle, le ministre des Mines peut ériger de tels
gîtes dans les limites d'une aire géographique
déterminée en zone d'exploitation artisanale».
L'institution d'une zone d'exploitation artisanale est faite
par voie d'Arrêté du Ministre des mines après avis de la
Direction des Mines et du Gouverneur de province.
Toutefois, l'institution des zones d'exploitation artisanale
n'est pas encore effective, c'est l'une des causes d'une intensification de la
fraude minière en ce sens que les « creuseurs »
exercent leurs activités en général dans des concessions
concédées et couverts des titres miniers exclusifs. Ce qui fait
que l'exploitation artisanale qui se déroule en Province Orientale, bien
que dominante est informelle.
§2. Application en RDC
d'un taux élevé de la taxe à l'exportation
De l'avis commun, la réunification administrative - le
passage des règles du RCD-Goma aux règles de Kinshasa - et la
mise en place des «tarifs réunifiés» se sont
accompagnées d'un alourdissement de la fiscalité sur le secteur
minier42(*). La taxation
par les administrations est relativement arbitraire dans les sites de
production et les voies d'acheminement mais elle se régularise quelque
peu au niveau des centres d'exportation43(*). Outre son arbitraire, le régime des taxes
d'exportation des minerais en RDC est très désavantageux par
rapport aux pays voisins. Ce phénomène peut être
attribué à la combinaison de faiblesses bureaucratiques, d'une
mauvaise gestion des organisations étatiques de réglementation et
d'un comportement frauduleux visant à éviter les taxes et les
charges.
Les comptoirs officiels doivent s'acquitter d'une taxe
à l'exportation de 1% sur la valeur de leurs exportations (cette taxe
représente 0,5% de droit de sortie et 0,5% de la taxe
rémunératoire). Les comptoirs officiels de Bunia et de Kisangani
se plaignent de ne pas pouvoir lutter à armes égales avec les
acheteurs installés dans les pays voisins, où les exportations
d'or sont soumises à une taxe de 0,5%, étant donné la
spécificité de l'or, qui le rend si facile à passer en
contrebande, la plus grande partie de l'or congolais est exportée
clandestinement45(*).
C'est la raison pour laquelle, les négociants adoptent un
comportement frauduleux et préfèrent vendre leur or
auprès des comptoirs installés dans les pays voisins notamment en
Ouganda.
§3. Absence des comptoirs
agréés aux frontières
Il est impossible à l'heure actuelle de connaître
avec un degré de fiabilité acceptable les quantités de
minerais produites et exportées en raison de la multiplicité des
organismes qui interviennent dans le contrôle de la production et de
l'exportation des minerais, des déficiences dans l'élaboration
des données statistiques de la fraude et de la contrebande aux
frontières.
Bien que la loi congolaise spécifie quelles sont les
entités habilitées à contrôler le commerce aux
frontières, elle n'est pas respectée et bien souvent beaucoup
plus d'agents sont présents que ce que la loi autorise46(*).
L'absence des comptoirs agréés au niveau des
frontières comme à BUNIA, ARU ou encore MAHAGI, favorise vraiment
la persistance de la fraude minière en Province Orientale.
L'implantation de ces comptoirs agréés serait
bénéfique dans la mesure où, ils interviendraient dans le
contrôle de l'exportation des minerais et ainsi de ces comptoirs
résulteraient des données statistiques fiables des exportations
de produits miniers.
Section 2. CONSEQUENCES DE
LA FRAUDE MINIERE
§1. Absence des
statistiques fiables de production des minerais
Dans le circuit informel (production artisanale) de
commercialisation de l'or en Ituri, selon les estimations avancées par
la Fédération des Entreprises du Congo (FEC) de Bunia, la
production hebdomadaire est estimée actuellement à près de
120 Kg47(*). Les
statistiques de produits achetés échappent totalement aux
regards obligés48(*).
Le secteur est caractérisé par la fraude et la
contrebande savamment organisée avec la complicité des agents de
l'Etat commis aux postes des frontières. Ceci explique le fait que les
statistiques présentées par des agents publics sont peu fiables
et ne reflètent nullement la réalité.
Bien que les données statistiques fiables en
matière d'échanges commerciaux dans l'est de la RDC restent
difficiles à obtenir, une estimation indique que 35 % des
échanges dans l'est ne seraient pas déclarés49(*).
§2. Accroissement des
infractions minières
La fraude minière orchestrée par les nationaux
et les étrangers, favorise un accroissement des infractions en
matières minières. La corruption qui règne aux postes
frontières facilite la circulation d'une grande partie de l'or de
contrebande. Le trafic illicite des ressources de la RDC prospère
grâce à la corruption, échappe à tout
contrôle statistique officiel et constitue de ce fait une infraction
au Code minier, à l'inverse du commerce licite, qui s'entend de toute
transaction conforme au Code minier, enregistrée dans les statistiques
officielles et satisfaisant aux prescriptions applicables en matière de
certification et de fiscalité50(*).
Dans un pays où les associations poussent comme des
champignons après la pluie, les creuseurs paraissent très peu
organisés. Certains d'entre eux travaillent en petit groupe, en dehors
des grands sites miniers, de façon indépendante mais avec le
risque de se faire voler leur production. La plupart effectuent leur
tâche sous le contrôle des chefs d'équipe, parfois
doublés par la surveillance d'hommes armés51(*).
Les biens volés peuvent être exportés
ouvertement ou clandestinement par des trafiquants profitant de
l'instabilité et de l'anarchie persistante qui règnent dans l'est
du pays52(*). Dans le
premier cas, les minéraux obtenus illégalement sont
mélangés aux produits issus de mines légales, puis
exportés par le biais des circuits commerciaux officiels. Leur
exportation peut aussi constituer une fraude douanière dès lors
que les indications d'origine figurant sur les documents d'exportation sont
fallacieuses53(*).
Outre cela, la fraude minière engendre plusieurs
autres infractions en la matière qui violent le Code minier
congolais.
§3.
Insécurité dans les régions minières
L'exploitation illicite des ressources naturelles alimentent
les conflits armés, d'où l'insécurité dans les
régions minières. La participation à des activités
criminelles de la part de l'armée consiste « à lever
illégalement des taxes, à se livrer au racket, à
contrôler indirectement le commerce ou à exercer des contraintes
plus directes. Ses effets conjugués constituent un important facteur
d'insécurité et de conflit dans l'est de la RDC
»54(*). Le commerce
des minerais est un business violent et, quand elles sont «calmes»,
les zones minières restent des zones de paix violente55(*).
La Province Orientale renferme des vastes ressources
naturelles et présente un fort potentiel, largement occultés par
un passé historique tragique qui continue à influencer sa
situation présente. Par exemple, à Durba, l'armée
ougandaise a exercé des violences contre le personnel d'encadrement de
l'OKIMO à partir de 1999 pour le forcer à collaborer à
leur entreprise de prédation et à augmenter la production
d'or56(*). A Mongbwalu
où l'affrontement entre le FNI et l'UPC pour le contrôle de la
zone a fait environ 2 000 morts entre 2002 et 2004, on considère que
les exactions des milices ont été remplacées par celles
des FARDC quand ils étaient installés dans la
concession.57(*)Ainsi, les
sites d'artisanat minier sont caractérisés par une
insécurité individuelle permanente.
CHAPITRE TROIS :
STRATEGIES DE LUTTE CONTRE LA FRAUDE MINIERE
Section 1. Sur le plan
national
§1. Institution des Zones
d'exploitation artisanale (ZEA)
L'exploitation minière en Province Orientale est
essentiellement artisanale. Toutefois, cette exploitation est informelle car il
n'a pas encore été institué une quelconque zone
d'exploitation artisanale et de ce fait, il y a une intensification
d'activités frauduleuses qui rongent le secteur minier dans cette
province.
Ainsi, le Ministre des Mines devrait définir des zones
d'exploitation artisanale notifiées au Cadastre Minier qui devra les
porter sur les cartes de retombes minières (art. 109 du code minier).
L'article 109 précise aussi qu' «un périmètre faisant
l'objet d'un titre minier en cours de validité ne peut pas être
transformé en zone d'exploitation artisanale».
Sur le terrain, la situation est très
éloignée d'un code inapplicable dans le contexte congolais. La
totalité ou presque des exploitations artisanales qui se pratiquent
à l'Est du Congo se font en marge de la loi car aucune zone
d'exploitation artisanale n'a été définie dans les mines
récemment ouvertes, les mineurs sont rarement déclarés et
la plupart des sites exploités se situent dans des concessions
théoriquement protégées par des titres miniers.
Outre l'institution des zones d'exploitation artisanale, il
faudrait assurer l'étanchéité des frontières pour
lutter de manière efficace contre la fraude minière en Province
Orientale, en procédant par l'implantation des comptoirs
agréés dans les villes frontalières de cette province
(ARU, MAHAGI et BUNIA).
§2. Implantation des
comptoirs agréés d'achat et de vente
L'intégration des minerais congolais dans le commerce
formel s'effectue au niveau des pays de transit (Ouganda, Rwanda et Burundi),
même si la contrebande existe aussi aux frontières orientales de
ces Etats et même si la dissimulation de l'origine des
minerais exportés est une pratique courante58(*). Les minerais suivent les
mêmes voies commerciales que les autres marchandises et s'inscrivent
dans les échanges transfrontaliers59(*).
Les pays de transit (Burundi, Rwanda et Ouganda) sont les
grands bénéficiaires de la rente minière congolaise qui
constitue une de leurs ressources économiques importantes60(*).
Ainsi, pour lutter contre ce phénomène
récurrent, l'installation des comptoirs agréés au niveau
des frontières serait profitable pour la RDC et surtout pour la Province
Orientale, car, compte tenu de l'absence de fiabilité des statistiques
des exportations minières, cela permettrait de contrôler la
quantité des minerais qui quitte le territoire congolais.
L'implantation des comptoirs agréés au niveau
des frontières n'est pas suffisante pour éradiquer de
manière efficace la fraude minière, sur le plan national. Une
réduction de taxe à l'exportation des minerais serait
avantageuse pour la RDC.
§3. Réduction de 1%
de la taxe à l'exportation des mines
La RDC, pays aux immenses ressources naturelles
détenant 10% des réserves mondiales connues d'or, chemine vers
une politique de gestion claire de ses mines en vue de lever « le
mystère qui continue à demeurer dans la maîtrise des
statistiques de production artisanale de l'or61(*). Et ce principalement dans la partie orientale,
où l'exploitation artisanale connaît un trafic illégal pour
lequel le pays ne tire pas de revenu.
Il est important que les activités d'exploitation et du
commerce de l'or soient tracées et formalisées
conformément au mécanisme mis en place par la CIRGL afin de
mettre fin au trafic illicite des minerais et d'envisager des solutions
efficaces pour la formalisation de l'artisanat minier.
Cependant, le régime des taxes d'exportation des
minerais en RDC est très désavantageux par rapport aux pays
voisins.
Ainsi, des experts nationaux et étrangers
réunis en conférence nationale sur la problématique de
l'exploitation de l'or et la Certification de la Conférence
internationale sur la région des Grands lacs (CIRGL)62(*) ont invité le
Gouvernement de la RDC à « réduire à 1% la taxe
à l'exportation pour sortir les comptoirs de la clandestinité et
être compétitif par rapport aux pays voisins.
La taxe à l'exportation de l'or s'élève
aujourd'hui à 3, 25% de la valeur réelle du colis63(*). Les participants à
l'atelier voudraient qu'elle soit réduite à 1%.
Cette mesure limiterait la fraude massive sur le commerce de
l'or congolais, notamment aux frontières de l'Ouganda et du
Sud-Soudan.
Le manque de contrôle des flux monétaires en
dehors du circuit bancaire pour acheter de l'or est évoqué parmi
les défis à relever.
Les comptoirs agréés de Bunia sont cités
comme entretenant le phénomène. Aux fonctionnaires des services
de l'Etat compétents, il est reproché l'absence de statistiques
fiables sur l'exploitation et l'exportation de l'or.
Les participants à l'atelier on proposer de
créer un guichet unique de Bunia pour le paiement des taxes. Ils
suggèrent également de vulgariser le système des taxes
auprès des acteurs miniers.
Section 2. Sur le plan
régional
§1. Harmonisation de la
taxe à l'exportation avec l'Ouganda et le Rwanda
Les différents opérateurs économiques
comme les différents services commis à l'exportation
reconnaissent qu'un pourcentage avoisinant 60% des exportations passe en fraude
qui revêt plusieurs formes64(*). La plus classique est la révision à la
baisse de la quantité et de la valeur des produits
déclarés ou factures d'origine moyennant paiement des agents de
la douane65(*).
Plusieurs opérateurs économiques
interrogés estiment que tant qu'ils sont convaincus que des taxes
collectées sont empochées par les agents de l'Etat et non
investies dans les services publics, ils ne voient pas pourquoi ils doivent
payer la totalité des taxes aussi longtemps que les stratégies de
contournement sont possibles. D'autant plus que ce commerce informel
génère aussi des profits informels pour les deux parties. Le
percepteur des taxes gagne de l'argent en diminuant les charges imposables.
L'opérateur économique peut utiliser les charges non
imposées pour réduire les prix afin de rester compétitif
et écouler le plus rapidement possible son stock.
Le maintien des taxes élevées et les
tracasseries connexes alimentent et systématisent la fraude dans
laquelle les opérateurs économiques et les agents commis à
l'exportation et à l'importation tirent en définitive profit et
dans la durée, la fraude est devenue systémique et
structurelle.
Une harmonisation de la taxe à l'exportation vers
l'Ouganda et le Rwanda s'avère indispensable dans la mesure où,
elle permettrait à la RDC de se mettre à niveau par rapport au
Rwanda et à l'Ouganda qui appliquent un taux relativement bas. Ce qui
fait que les exportateurs illégaux seront obligés de vendre
auprès des comptoirs installées dans le pays.
§2. Renforcement des
mécanismes de la CIRGL
La CIRGL est un mécanisme de lutte contre la fraude
minière en RDC et dans toute la région de Grands Lacs. Elle vise
à assurer la traçabilité en certifiant la provenance de
nos minerais, selon les standards internationaux et régionaux, et
à mettre aux consommateurs de produits miniers de l'Est à partir
de l'Est du Katanga jusqu'à la Province Orientale, de montrer que le
produit qui vient de la RDC est un produit provenant des sites miniers
où les conflits ne sont pas déclarés66(*). Cependant, malgré tous
ces mécanismes, il y a la fraude minière qui perdure dans tous
l'Est de la RDC et dans la région de Grands Lacs.
Pour éradiquer de manière définitive la
fraude, un renforcement des mécanismes CIRGL serait
nécessaire :
- Un renforcement de la sécurité au
franchissement des frontières et par l'établissement de
règlements transparents et prévisibles ;
- La formation des officiers aux problématiques de
genre et aux procédures douanières devrait permettre de renforcer
ces mesures ;
- Réduire le nombre d'agences et d'officiers
présents aux frontières, renforcer la transparence et la
prévisibilité du régime réglementaire ;
§3. Coopération,
partage d'information entre les institutions régionales de lutte contre
la fraude
Depuis des siècles, les économies de l'Est de la
RDC, du Burundi, du Rwanda et de l'Ouest de l'Ouganda sont inextricablement
liées. Cependant, les conflits récents ont eu des
conséquences dramatiques en termes de vies humaines, ainsi que sur
l'économie régionale. La sortie progressive de
l'instabilité et des conflits crée de forts potentiels de
croissance dans la région, notamment grâce aux réserves
importantes de ressources naturelles. La RDC, et principalement la Province
Orientale qui a un énorme potentiel minier, toutefois
l'instabilité politique et l'insécurité ont fortement
pesé sur la production minière et sur l'enrichissement des
populations.
Le commerce international offre un potentiel énorme de
croissance et de réduction de la pauvreté dans la région.
Les exportations de minerais en provenance de la RDC occupent une place
prépondérante dans les exportations vers les marchés
internationaux. Prétendument, il existe une marge considérable
pour tous les pays et toutes les économies de la région de
profiter des opportunités qu'offrent les échanges commerciaux
internationaux pour divers biens et services.
Les agences frontalières clés ne sont pas
suffisamment coordonnées avec leurs homologues au Burundi, au Rwanda et
en Ouganda67(*).
Généralement, une gestion efficace des frontières
nécessite des contacts réguliers entre les autorités
douanières des deux pays voisins. Il existe assurément des
opportunités en termes de partage de bâtiments et d'installations
aux frontières, mais cela nécessite une prise de décision
au plus haut niveau politique en RDC pour la mise en application68(*).
En raison de leurs propres réformes et de la mise en
oeuvre du protocole de la Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC), le
Burundi, le Rwanda et l'Ouganda ont progressé encore plus loin dans le
processus de changement et de renforcement de leur politique aux
frontières. Il reste cependant beaucoup à faire dans ces pays en
matière d'accompagnement des commerçants informels pouvant leur
permettre de prospérer et de s'intégrer dans l'économie
formelle69(*). Quoi qu'il
en soit, ces politiques individuelles peuvent largement être
complétées par le partage d'informations, l'harmonisation des
régimes commerciaux, les conditions réglementaires, les actions
conjointes aux postes frontières et une collaboration renforcée
dans le but d'identifier et traiter les problèmes d'infrastructures
prioritaires. Ces opportunités ne sont pas encore
réalisées et la problématique centrale demeure le format
du forum régional approprié pour les aborder70(*). Le Burundi et le Rwanda sont
membres de la CEPGL (Communauté Économique des Pays des Grands
Lacs), et sont devenus membres de l'EAC en 2009, commençant le processus
d'intégration dans le marché de l'Afrique de l'Est. La RDC est
membre de la COMESA, de la SADC, de la CEEAC et de la CEPGL, mais n'a pas
à ce jour de politiques commerciales claires concernant
l'intégration économique régionale71(*).
Les Etats membres de toutes ces communautés ne font pas
encore preuve d'une détermination en vue de la construction d'une
organisation véritablement supranationale laquelle favoriserait
leur développement autocentré à travers la libre
circulation des biens et des personnes, la suppression des
barrières tarifaires et non tarifaires et l'harmonisation de leurs
politiques économiques72(*).
La stratégie de gestion des frontières devrait
évaluer les besoins spécifiques de chaque poste-frontière
en fonction des spécificités du type de trafic, du volume et de
la quantité des biens échangés, des risques locaux sur les
personnes et du potentiel de fraudes.
CONCLUSION GENERALE
La Province Orientale est incroyablement riche en ressources
naturelles ; elle regorge d'importants gisements d'Or et autres minerais.
Cependant, cette richesse ne contribue pas en son développement, ni ne
profite à sa population locale. Le secteur minier en RDC est
rongé par une croissance exponentielle d'activités frauduleuses
qui ne permettent pas le redressement économique moins encore
n'échappe à la fraude.
C'est la raison pour laquelle, nous avons initié une
étude sur « la problématique de la fraude
minière en République Démocratique du Congo : cas de
la Province Orientale ».
La préoccupation majeure dans ce travail consistait
à appréhender les causes de la fraude minière en Province
Orientale et d'en relever les pistes de solutions afin de la sortir de cette
crise qui l'a tout rongée.
C'est dans ce contexte que la problématique de notre
étude s'articulait autour des questions suivantes :
- Pourquoi relève-t-on une recrudescence de la fraude
minière dans la Province Orientale?
- Quelles en sont les conséquences sur le
fonctionnement du secteur minier?
- Comment lutter efficacement contre ce fléau?
En guise de réponses aux trois questions
soulevées dans la problématique, nous avons formulé les
hypothèses suivantes :
- La recrudescence de la fraude minière en Province
Orientale serait notamment due à la non institution des zones
d'exploitations artisanales, à l'application d'un taux
élevé de la taxe à l'exportation et à l'absence des
comptoirs agréés aux frontières ;
- Cette situation aurait comme conséquence l'absence
des statistiques fiable de production des minerais, l'accroissement des
infractions minières et l'insécurité dans les
régions minières ;
- Cependant en venir à bout, l'Etat congolais devrait
instituer des zones d'exploitation artisanale, encourager l'implantation des
comptoirs agrées aux frontières, réduire la taxe à
l'exportation des produits miniers, harmoniser la taxe à l'exportation
avec l'Ouganda et le Rwanda, renforcer les mécanismes de la CIRGL et
favoriser une coopération basée sur le partage d'information
entre les institutions régionales de lutte contre la fraude
minière.
Pour appréhender cette analyse, nous avions recouru
à la méthode exégétique, appuyée par les
techniques documentaire et de l'interview. Ce choix s'explique par le fait que
la méthode exégétique nous a permis d'interpréter
les textes légaux et réglementaires relatifs aux
activités minières tandis que la technique documentaire nous a
permis de consulter les ouvrages, des cours, l'internet et autre document
relatifs à notre sujet de recherche. Quant à la technique
d'entretien ou d'interview, elle nous a permis d'échanger avec les
personnes ressources.
Il ressort des résultats obtenus que toutes les
hypothèses émises au début de notre recherche ont
été confirmées car l'étude dénote que les
causes de la fraude minière en Province Orientale sont notamment la non
institution des zones d'exploitations artisanales, l'application d'un taux
élevé de la taxe à l'exportation et l'absence des
comptoirs agréés aux frontières. Ce qui a comme
conséquence l'absence des statistiques fiable de production des
minerais, l'accroissement des infractions minières et
l'insécurité dans les régions minières.
Pour en venir à bout, l'Etat
congolais devrait privilégier les stratégies nationales et
régionales.
Au niveau national, l'Etat congolais devrait instituer les
zones d'exploitation artisanale en Province Orientale, encourager
l'implantation des comptoirs agrées aux frontières,
réduire la taxe à l'exportation des produits miniers.
Au niveau régional, il devra harmoniser la taxe
à l'exportation avec l'Ouganda et le Rwanda, renforcer les
mécanismes de la CIRGL et favoriser une coopération basée
sur partage d'information entre les institutions régionales de lutte
contre la fraude minière.
Ainsi, à la fin de notre étude, nous avons
remarqué que bien qu'il existe des mécanismes de lutte contre la
fraude minière en RDC, la fraude est toujours présente. Dans
toutes les provinces riches en ressources minières, il y a une
intensification d'activités frauduleuses. La Province Orientale fait
partie de ces entités. Elle est aussi victime de cette fraude
minière à grande échelle.
C'est ainsi que nous formulons les suggestions suivantes
à l'Etat congolais :
- Mettre un terme au phénomène des bandes
armées et consolider la paix et la stabilité dans la Province
notamment par une présence remarquable des services de l'Etat en
particulier dans les zones frontalières ;
- Renforcer les capacités de déploiement des
agents de SAESSCAM, de la Police des Mines, de l'Environnement minier et du
Cadastre Minier;
- Éradiquer la fraude et canaliser les recettes vers
les comptoirs agréés notamment en ouvrant des comptoirs à
travers la Province Orientale ;
- Accroître la transparence dans la gestion des revenus
générés par les industries extractives et les exploitants
artisanaux notamment par la mise en oeuvre effective de l'Initiative pour la
Transparence des Industries Extractives sur l'ensemble du pays ;
- Intensifier les activités d'encadrement des
exploitants artisanaux sur l'ensemble de la Province Orientale avec la pleine
participation des organisations non gouvernementales.
BIBLIOGRAPHIE
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Constitution de la République Démocratique du
Congo telle que modifiée par la Loi n°11/002 du 20/01/2011
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sécurité et réduction de la pauvreté par le
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(octobre 2007). DFID, COMESA et USAID.
OFPRA, L'exploitation et l'exportation des minerais dans
l'Est de la RDC, 2014.
ONUDC (Office des Nations-Unies contre la drogue et le crime),
Criminalité organisée et instabilité en Afrique
centrale, Octobre 2011.
PACT. Researching Natural Resources and Trade Flows in the
Great Lakes Region, Juin 2007.
Paul Breton et All, Faciliter le commerce transfrontalier
entre la RDC et ses voisins dans la Région des Grands Lacs en Afrique :
améliorer les conditions des commerçants pauvres,
Résilience d'un géant africain, 2009.
Pole Institute, Ressources minées, la faillite de
la politique minière en RDC, Goma 2005.
Rapport final du Groupe d'experts sur la République
démocratique du Congo (publication des Nations Unies, 29 novembre
2010.
Rapport de mission de la commission provinciale de lutte
contre la fraude minière en Ituri, du 02 au 22 février 2015.
TEGERA A. et Johnson D. Ressources Naturelles et flux du
commerce transfrontalier dans la région des Grands Lacs, Etude de
Pole Institute, Regards croisés n°19, 2007.
Union Européenne, Etude sur le rôle de
l'exploitation des ressources naturelles dans l'alimentation et la
perpétuation des crises de l'Est de la RDC, octobre 2009.
IV. Note de cours
KOLA GONZE, Droit fiscal international, cours
inédit, Faculté de droit, UNIKIS 2010.
LOKO MANTUONO, Droit minier, Cours inédit,
Faculté de droit, G3, UNIKIS 2015.
MIDAGU BAHATI, Initiation à la
méthodologie, Cours inédit, Faculté de droit, G2,
UNIKIN 2002.
V. Webographie
Journal « Le potentiel »: La RDC est
invitée à réduire la taxe à l'exportation de l'or
pour sortir les comptoirs de la clandestinité, in
www.lepotentielonline.com
consulté le 27 juin 2015 à 9h.
Radio Okapi : La RDC invitée à
réduire la taxe à l'exportation à de l'or, in
http://radiookapi.net
consulté le 1er juillet 2015 à 15h.
Global Witness «R.D. Congo : mettre fin à
l'exploitation illégale des ressources naturelles» 12
février 2006, communiqué de presse. In
http://www.globalwitness.org/media_library_detail.php/422/fr/r.d._congo_mettre_fin_a_lexploitation_illegale_des
, consulté le 25 avril 2015 à 19h.
TABLE DES MATIERES
AVANT PROPOS
ABREVIATIONS ET ACRONYMES
INTRODUCTION GENERALE
1
1. CHOIX DU SUJET
1
2. ETAT DE LA QUESTION
1
3. PROBLEMATIQUE
3
4. HYPOTHESES
4
5. OBJECTIF DU TRAVAIL
5
6. METHODES ET TECHNIQUES
5
7. INTERET D'ETUDE
6
8. DIFFICULTES RENCONTREES
6
9. DELIMITATION
7
10. SUBDIVISION DU TRAVAIL
7
CHAPITRE PREMIER : ASPECT THEORIQUE
SUR LA FRAUDE MINIERE
8
Section 1. DEFINITIONS DES CONCEPTS ET ACTEURS DE
LA FRAUDE MINIERE
8
§1. Définitions des
concepts
8
A. La fraude
8
B. La mine
8
C. La fraude minière
9
§2. Auteurs de la fraude
minière
9
A. Les mineurs artisanaux
9
B. Les négociants
10
C. Les groupes armés et les forces de
sécurité
10
D. Les agents de services de douanes et
accises et les étrangers
11
1. Les agents de services de
douanes et accises
11
2. Les étrangers
(chinois, tanzaniens...)
12
§3. Aperçu général de
quelques sites miniers en Province Orientale
12
A. Concession 38
13
B. Concession 39
13
C. Concession 40
13
Section 2. MODES OPERATOIRES DE LA FRAUDE MINIERE
EN PROVINCE ORIENTALE
14
§1. Modes opératoires
14
§2. Mécanismes de lutte contre la
fraude minière en Province Orientale
14
A. Initiative Nationale : la Commission
Nationale de lutte contre la fraude minière
« CNLFM »
16
B. Initiative Provinciale : le
Comité Provincial de lutte contre la fraude et la contrebande dans le
secteur des Ressources Naturelles « CPLFM »
17
§3. Limites des mécanismes de lutte
mis en place
18
CHAPITRE DEUX : CAUSES ET CONSEQUENCES
DE LA FRAUDE MINIERE EN PROVINCE ORIENTALE
19
Section 1. LES CAUSES DE LA FRAUDE MINIERE EN
PROVINCE ORIENTALE
19
§1. Non institution en RDC de la Zone
d'exploitation artisanale
19
§2. Application en RDC d'un taux
élevé de la taxe à l'exportation
19
§3. Absence des comptoirs
agréés aux frontières
20
Section 2. CONSEQUENCES DE LA FRAUDE MINIERE
21
§1. Absence des statistiques fiables de
production des minerais
21
§2. Accroissement des infractions
minières
21
§3. Insécurité dans les
régions minières
22
CHAPITRE TROIS : STRATEGIES DE LUTTE
CONTRE LA FRAUDE MINIERE
24
Section 1. Sur le plan national
24
§1. L'institution des Zones d'exploitation
artisanale (ZEA)
24
§2. L'implantation des comptoirs
agréés d'achat et de vente
24
§3. Réduction de 1% de la taxe
à l'exportation des mines
25
Section 2. Sur le plan régional
26
§1. Harmonisation de la taxe à
l'exportation avec l'Ouganda et le Rwanda
26
§2. Renforcement des mécanismes de
la CIRGL
27
§3. Coopération, partage
d'information entre les institutions régionales de lutte contre la
fraude
28
CONCLUSION GENERALE
30
BIBLIOGRAPHIE
33
TABLE DES MATIERES
36
* 1 DSCRP (Document
Stratégique pour la Croissance et la Réduction de la
Pauvreté), Province Orientale, 2005, p.7
* 2 Hans ROMKEMA, Koen
VLASSENROOT et Tim RAEYMAEKERS, Trading Conflict for Development: Using the
Trade in Minerals from Eastern DRC for Development, avril 2009
* 3 «Le commerce au service
de la paix : Instauration de la sécurité et réduction de
la pauvreté par le commerce des ressources naturelles dans la
région des Grands Lacs», p.4-7 (octobre 2007). DFID, COMESA et
USAID
* 4 Union Européenne,
Etude sur le rôle de l'exploitation des ressources naturelles dans
l'alimentation et la perpétuation des crises de l'Est de la RDC,
octobre 2009, p. 52
* 5 HAMULI KABARHUZA, le
rôle de l'artisanat minier dans les activités illégales,
la sécurité et le conflit en RDC, in Conférence
internationale sur la paix dans la région des grands lac, 15-16
août 2006, Kinshasa
* 6 DSCRP,
op.cit., p.14
* 7 Rapport de mission de la
commission provinciale de lutte contre la fraude minière en Ituri, du 02
au 22 février 2015.
* 8Union Européenne,
op.cit., p.6
* 9 RONGER P., Méthode
des sciences sociales, Paris, Dalloz, 1971.
* 10 MIDAGU BAHATI,
Initiation à la méthodologie, syllabus inédit,
faculté de droit, G2, UNIKIN 2002, p.5.
* 11 GRAWITZ M.,
Méthode des sciences sociales : 10e éd.
Dalloz, Paris, 1996.
* 12 CHEVALIER J et LOSCHACK D.
, Introduction à la science administrative, Paris, Dalloz,
1964, p.49.
* 13 ROBERT P.
« Le Petit Robert », dictionnaire français,
édition 2012, p. 1098
* 14 PICOTTE J.,
« Juridictionnaire », dictionnaire juridique,
faculté de droit, Université de Moncton, édition 2012, p.
1721
* 15 Ibid.
* 16 Art. 1er
al.29, loi N° 007/2002 du 11/07/2002 portant Code Minier, in
J.O. de la RDC, n°spécial du 15/07/2002.
* 17 Art. 305, loi N°
007/2002 du 11/07/ 2002 portant Code Minier, op.cit.
* 18 Art. 2,
arrêté interministériel n°0719/CAB.MIN/MINES/01/2010
et n° 140/CAB.MIN/INT.SEC/2010 du 20 octobre 2010 portant création,
organisation et fonctionnement de la Commission Nationale de Lutte contre la
Fraude minière.
* 19 BURA DENGHO F., Rapport
« Le commerce de l'or en Ituri. Quelques données de base
pour une analyse économique, p.1.
* 20 OFPRA,
L'exploitation et l'exportation des minerais dans l'est de la RDC,
p.3, 2014
* 21 Art. 1er al.33,
loi N°007/2002 du 11 juillet 2002, op.cit.
* 22 Conseil de
sécurité des Nations Unies, Rapport final du Groupe d'experts
sur la République Démocratique du Congo, 29/11/2010.
* 23 Global Witness (2009).
Face à un fusil, que peut-on faire ? La guerre et la militarisation du
secteur minier dans l'Est du Congo. London : Global Witness.
* 24 Union Européenne,
op.cit., p.45
* 25 OFPRA, Op. Cit.,
p.9
* 26 Union Européenne,
op.cit., p.46
* 27 Ibid.
* 28 Human Right Watch, Le
Fléau de l'Or. New York : HrW., 2005
* 29 Ibid.
* 30 Human Right Watch.,
op.cit.
* 31 Décret N°
038/2003 du 26 /03/2003, portant règlement minier, in J.O. de la
RDC, n°spécial du 15/04/2003.
* 32 Union Européenne,
Op. Cit., p.58
* 33 N. Garrett ,
«Preliminary Observations from the Democratic republic of the Congo
(DRC)». Extractive Industries Transparency Initiative (EITI) et
Artisanal & Small-scale Mining (ASM), avant-projet, Octobre 2007
* 34 «Artisanal
Cassiterite Mining and Trade in North Kivu», p.22
* 35 Global Witness (12
février 2006). «R.D. Congo : mettre fin à l'exploitation
illégale des ressources naturelles», communiqué de presse.
In
http://www.globalwitness.org/media_library_detail.php/422/fr/r.d._congo_mettre_fin_a_lexploitation_illegale_des
consulté le 25 avril 2015 à 19 h
* 36 IPIS (25 mars 2008).
«République Démocratique du Congo : Contrats miniers -
État des affaires», p.1. Anvers
* 37Art. 3, arrêté
interministériel n°0719/CAB.MIN/MINES/01/2010 et
n°140/CAB.MIN/INT.SEC/2010 du 20/10/2010, portant création,
organisation et fonctionnement de la CNLFM.
* 38 Ibid., art. 5
* 39Art.3, arrêté
provincial n°01/0067/CAB/PROGOU/P.O/2014 du 28/06/2014, portant
création, organisation et fonctionnement du Comité Provincial de
lutte contre la fraude et la contrebande dans le secteur des ressources
naturelles en Province Orientale.
* 40 Ibid., art. 5
* 41 Idem
* 42 Pole Institute,
Ressources minières, la faillite de la politique minière en
RDC ,2005 Goma
* 43 44 Union
Européenne, op.cit., p.46
* 45 IKOLI YOMBO J.et MUAMBA
KANYINKU F., L'exploitation artisanale de l'or en République
Démocratique du Congo, CEEC, 2013, pp. 43-44.
* 46 Union
Européenne, op.cit. p. 53
* 47 BURA DHENGO F.,
op.cit., p.3
* 48 Ibid.
* 49 Union Européenne,
op.cit., p. 54
* 50 PACT, Researching Natural
Resources and Trade Flows in the Great Lakes Region, Juin 2007, p.8
* 51 Union Européenne,
op.cit., p.34
* 52 ONUDC (Office des
Nations-Unies contre la drogue et le crime), Criminalité
organisée et instabilité en Afrique centrale, Octobre 2011,
p.54
* 53 Ibid.
* 54 Rapport final du Groupe
d'experts sur la République démocratique du Congo (publication
des Nations Unies, 29 novembre 2010, S/2010/596), § 2.
* 55 Union Européenne,
op.cit., p. 64
* 56 Idem, p.65
* 57 Union Européenne,
op.cit., p.65
* 58 Union Européenne,
op.cit., p.7
* 59 Ibid.
* 60 Idem
* 61 Journal « Le
potentiel »: La RDC est invitée à réduire la
taxe à l'exportation de l'or pour sortir les comptoirs de la
clandestinité, in
www.lepotentielonline.com
consulté le 27 juin 2015 à 9h
* 62
Journal « le potentiel », op.cit., in
www.lepotentiel.com
* 63 Radio Okapi : La
RDC invitée à réduire la taxe à l'exportation
à de l'or, in
http://radiookapi.net
consulté le 1er juillet 2015 à 15h
* 64 TEGERA A. et Johnson D.
Ressources Naturelles et flux du commerce transfrontalier dans la
région des Grands Lacs, Etude de Pole Institute, Regards
croisés n°19, 2007, p.20
* 65 Ibidem
* 66 LOKO MANTUONO, Droit
minier, syllabus inédit, faculté de droit, G3, UNIKIS
2015
* 67 Paul Breton et All,
Faciliter le commerce transfrontalier entre la RDC et ses voisins dans la
Région des Grands Lacs en Afrique : améliorer les conditions des
commerçants pauvres, in Résilience d'un géant
africain, p.171
* 68 Ibid.
* 69 Paul Breton et All,
op.cit, p.176
* 70 Idem
* 71 Idem
* 72 Droit fiscal
international, syllabus inédit, UNIKIS, 2013, pp. 35-36
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