2. Aperçu de la politique monétaire en
Algérie et ses objectifs
La politique monétaire d'un pays est une partie
intégrante de sa politique économique. La compréhension de
la conduite de la politique monétaire en Algérie ne peut
être comprise que si l'on a à l'esprit quelques repères
historiques et réalités institutionnelles. En
vérité, nous ne pourrons parler de l'existence d'une politique
monétaire au sens de l'analyse économique
qu'avec l'avènement de la loi sur la monnaie et le
crédit (la loi 90/10, du 14/04/1990)47. Cette loi a introduit
pour la première fois en Algérie, la rationalité et les
règles de l'orthodoxie bancaire universelle, depuis la promulgation de
cette loi, l'architecture de l'espace bancaire et financier s'est
progressivement modifiée. Des innovations importantes ont
été introduites à propos du rôle de la banque
centrale quant à la conception et la conduite de la politique
monétaire. Sur le plan historique, la conception de la politique
monétaire ne venait qu'en appoint d'un modèle de
développement et du rôle économique de l'Etat, le
rôle de la banque d'Algérie se limitait à venir au secours
du besoin de financement du Trésor et des entreprises publiques.
Sur la base du contrôle de l'inflation en contexte
d'excès structurel de liquidité sur le marché
monétaire, une situation que vit le système bancaire depuis 2001,
suite principalement aux retombées des ressources
pétrolières et subsidiairement aux débours du
Trésor public au profit des banques publiques pour leur
recapitalisation. Et pour son désendettement partiel envers elles, la
banque d'Algérie a institué la stabilité des prix comme
objectif explicite de la politique monétaire, et donc le contrôle
du rythme de l'inflation mesuré par le taux moyen de l'Indice des Prix
à la Consommation. En effet, la Banque d'Algérie a adopté
l'objectif d'inflation comme objectif prioritaire accompagné d'une cible
d'inflation numérique publiquement annoncée, «
L'objectif ultime de la politique monétaire exprimé en termes
de stabilité à moyen terme des prix, à savoir une
inflation inférieure à 3%»48. D'après
la figure n0 1, nous constatons l'indice des prix à la
consommation a évolué de façons différentes.
40
30
20
10
0
Figure n0 1: Evolution du taux d'inflation en
%
tx inf %
Source : Données du FMI
47 Boumghar M.Y. (2004), « La conduite de la
politique monétaire en Algérie : un essai d'examen »,
Cahiers du CREAD, pp. 1-19.
48 Rapport annuel de la banque d'Algérie,
2003.
49 Bedjaoui Z. (2013), La relation
monnaie-inflation dans le contexte de l'économie Algérienne,
thèse de doctorat, université Abou-Bekr Belkaïd,
Tlemcen.
? De 1991 à 1995 : cette
période a été marquée par un fort taux d'inflation,
la politique monétaire n'avait pas atteint son objectif quant à
la maitrise de la stabilité des prix. En effet, le taux d'inflation
passe de 23.3% à 25.84% (avec un pic en 1992 de 31.62%). Cette
augmentation est d'avantage liée à la demande solvable de plus en
plus importante, face à une offre rigide régulée en grande
partie par les importations, associée à une libéralisation
des prix.
? De 1996 à 2005: la mise en oeuvre
des programmes de stabilisation et d'ajustement structurel a permis la lutte
efficace contre l'inflation en Algérie dans la mesure où le taux
d'inflation est passé de 28,6% à 4,95% entre le début et
la fin de l'application des programmes. L'inflation semble à priori
maitrisée en terme d'objectif, au moins jusqu'à 2005, le taux
d'inflation est passé de 2,65% en 1999 à 1,6% en 2005, en recul
de deux points par rapport à celle réalisée en 2004. Cette
décélération s'explique par la baisse des prix de produits
alimentaires, et le retour des prix pétroliers à leur niveau
normal. En effet ce qui caractérise la période allant de 2000
à 2005, est bien, une austérité budgétaire, mais
aussi une politique monétaire restrictive. Lors de cette période
pour contrôler la liquidité globale, la banque d'Algérie
à augmenter le taux des réserves obligatoires et a repris
directement des liquidités sur le marché monétaire (2001),
La politique de contrôle de la liquidité qui avait pour but de
prévenir les pressions inflationnistes qui pourront être
générées et développées par
l'excédent de l'offre de monnaie, a eu des effets positifs vu le taux
d'inflation49.
? De 2006 à 2014 : en 2006,
l'inflation est contenue, se positionnant à un taux de 2,5% elle atteint
4.9 % en 2008, et 8.89% en 2012. Durant cette dernière période le
taux d'inflation est instable et va en s'augmentant avec deux pics importants
l'un en 2009 avec 5.74 % et l'autre 8.89% en 2012. Le taux de l'inflation de
l'année 2013, s'est situé à 3.26%, ce qui
représente une baisse notable par rapport au taux enregistrés en
2012. Cette décélération de l'inflation, qui ramène
la dynamique des prix à son niveau d'avant 2012, est le résultat
conjugué d'une politique monétaire prudente, de la consolidation
budgétaire mais aussi des actions des pouvoirs publics destinées
à maîtriser et à améliorer les circuits de
distribution des biens de grande consommation. En 2014, l'inflation annuelle
moyenne s'est établie à 2,92 %, confirmant la désinflation
qui a suivi le pic de l'année 2012. Elle est en phase avec la bonne
performance en matière de
50 Medaci N. (2013), « Evaluation de
l'efficacité de la politique monétaire pour la maitrise de
l'inflation cas de l'Algérie 1990-2013 », International Journal
Economics, Vol. 5.
tenue de l'inflation au cours des quinze dernières
années. La conduite de la politique monétaire par la Banque
d'Algérie qui est demeurée prudente, a contribué à
cette bonne tenue de l'inflation en contexte d'excès structurel de
liquidité sur le marché monétaire.
3. La conduite de la politique
monétaire
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