CHAPITRE 01
Revue de littérature théorique et
empirique
Introduction
Les biens économiques sont de deux sortes : ceux qui
ont une utilité directe (les biens de consommation en
générale) et ceux qui procurent un service productif (les biens
d'investissement) ou un rendement pécuniaire (les titres). Chaque bien
est demandé en fonction de cette utilité directe ou de ce service
appréciable en termes monétaires. Qu'en est-il pour la monnaie
?
La monnaie est traditionnellement définie à
partir de trois fonctions fondamentales : unité de compte,
réserve de valeur et intermédiaire d'échange. La monnaie a
une fonction spécifique en ce qu'elle est l'instrument unique de
l'échange. Elle seule a la propriété de liquidité
qui se définit comme « L'aptitude à servir
immédiatement d'instrument d'échange universel pour une valeur
d'échange comme avec certitude, sans coût de recherche, ni
coût de transaction »7. Toutefois cette
qualité de la monnaie ne justifie pas à elle seule une demande de
monnaie, une détention nette d'encaisse. De tels concepts sont à
la base d'un grand nombre de théories sur la demande de monnaie.
En effet, il existe un grand nombre de théories
différentes expliquant la demande de monnaie. Nous essayerons, dans ce
chapitre, d'exposer l'aspect théorique et empirique des
différents systèmes d'analyse proposés pour expliquer la
demande de monnaie.
1. La demande de monnaie : un aperçu
théorique
Par définition, la demande de monnaie est la
quantité de monnaie qu'un agent économique souhaite
détenir sur une période. C'est une encaisse monétaire
désirée.
Malgré les analyses pertinentes de Wicksel [1898], la
théorie monétaire se limite aux différents exposés
de la théorie quantitative que Fisher [1923] formalise en concernant
d'intégration de la monnaie dans le système économique et
sa relation avec les grandeurs réelles. C'est l'une des plus anciennes
analyses des phénomènes monétaire. Les variantes en sont
nombreuses mais, malgré la diversité apparente, elles
obéissent toujours à la même structure
générale.
La théorie quantitative de la monnaie a
été retrouvée chez Aristote, puis elle est reprise par
certains économistes français comme J. Bodin [1568] dans son
mémoire intitulé « Réponses aux paradoxes de M.
de Malestroit touchant l'enchérissement des choses
»8, ou il explique pour
7 De Mourgues M. (2000), Macroéconomie
monétaire, Economica, Paris.
8 Ibid., p. 293.
la première fois la hausse des prix par l'afflux de
métaux précieux en provenance du nouveau monde. Ces travaux
seront développés ultérieurement par Cantillon dans
(Essai Sur La Nature Du Commerce En Général, 1755), et
Hume (Political Discourses, 1752). Cantillon affirme dans son analyse
monétaire que toute variation de la masse monétaire fait
augmenter les prix de différents marchandises à différents
points dans le temps et à différents degrés. C'est «
l'effet Cantillon » des variations de la masse
monétaire9. Hume de son côté ajoute qu'une
augmentation de la quantité de monnaie génère un certain
dynamisme économique.
La première formulation de la théorie
quantitative de la monnaie est celle de Fisher présentée dans
(The Purchasing Power Of Money, 1912), que Patinkin [1965] qualifiera
d'approche par les transactions. L'auteur construit sa relation à partir
d'une équation des échanges selon laquelle toute transaction
mettant en relation un acheteur et un vendeur, à chaque vente correspond
un achat et le montant des ventes est égal au montant des achats pour
l'ensemble de l'économie. Cette équation des échanges
n'est pas une véritable fonction de demande, elle ne traduit pas une
encaisse monétaire désirée, mais une encaisse
nécessaire pour effectuer les transactions. En revanche, les adeptes de
l'école de Cambridge Pigou [1917], Marshall [1923], proposent
une fonction de demande de monnaie mettant l'accent sur la volonté des
agents économiques de détenir de la monnaie plutôt que sur
la nécessité de la détenir (formulation de Fisher). Telle
est la différence fondamentale entre la TQM de Fisher et
l'équation monétaire de Cambridge, cependant, l'analyse
aboutit à la même conclusion : le volume de la circulation
monétaire et le niveau des prix varient proportionnellement.
Keynes [1936], inspiré des travaux de l'école de
Cambridge, va montrer qu'en plus du revenu réel, le taux
d'intérêt est la deuxième variable clé de l'encaisse
des agents économiques. C'est l'innovation majeur que l'auteur a
introduit dans la théorie économique, son analyse repose sur la
diversification des motifs d'encaisses : à l'encaisse de transaction
s'ajoute celle de précaution et de spéculation. Un autre type
d'analyse, souvent appelée la théorie quantitative moderne avec
M. Friedman, précurseur du courant monétariste. L'auteur, dans un
cadre d'analyse de longue période, a mis en valeur les ajustements par
dépense grâce auxquels les agents économiques cherchent
à maintenir la part de liquidité dans leur patrimoine à un
niveau optimal. Une autre école de modélisation a utilisé
l'analyse de la gestion des stocks et la gestion de portefeuille en univers
incertain pour construire une fonction de demande de monnaie
9 Guido H. (2008), Histoire de la pensée
économique : les grands auteurs et leurs doctrines, Eyrolles,
Paris.
utilisant les méthodes de la microéconomie. Les
modèles de Baumol [1952], Tobin [1956] restent la
référence dans ce domaine.
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