Deuxième
partie : ANALYSE DES RISQUES MUSEAUX DANS LE CONTEXTE DE SECURISATION DES
PERSONNES : LE CAS DES PERSONNES HANDICAPEES
La recherche d'une définition du handicap, dans un
contexte d'accessibilité au musée est problématique comme
on le verra. Mais la réalité d'une existence de risques plus
accrus rend incontournable un attention spéciale axée sur les
publics à besoins spécifiques.
Pour parler des risques éventuels
présentés par les personnes handicapées, il est
nécessaire de présenter les différentes formes de
handicaps pouvant exister.Unequestion de musée peut être plus
renforcée, à cause entre autre du caractère injonctif de
la loi sur le handicap ou de la perspective des récompenses
portée par le trophée du prix du patrimoine. Dans cet esprit, il
est bien entendu qu'aucune exception n'est envisageable dans le cas de
l'accès aux personnes handicapées quelle qu'en soit la forme.
En effet, à travers la phrase de la Ministre
Aurélie FILIPPETTI, une absence de discrimination pour l'accès
aux musées en ce qui concerne les personnes en situation de handicap est
perceptible dans le discours officiel. Ainsi, expliquant le prix
récompensant les monuments et musées réservant un accueil
de qualité envers les handicapés, la Ministre de la culture de la
France explique clairement que cette récompense gratifie «
les démarches d'excellence en matière d'accessibilité
généralisée des lieux patrimoniaux pour les personnes en
situation de handicap moteur, visuel, auditif, ou mental ».
D'où la nécessité d'une clarification de la notion de
personne en situation de handicap puis successivement celle des
différentes formes de handicap pouvant être connues. Cette
démarche est également nécessaire pour déterminer,
dans la mesure du possible, la diversité des risques associés
à chaque type de musée en termes d'accessibilité aux
musées et monuments culturels.
2.1.LA NOTION DE PERSONNE
EN SITUATION DE HANDICAP
En considérant une approche d'accessibilité aux
musées et monuments inclusive, c'est-à-dire permettant de
considérer les visiteurs d'un musée sans particularismes, se
focaliser sur un sous ensemble de personnes de personnes fréquentant les
équipements muséographiques sur la base d'un critère de
capacité psychosomatique est difficile. Des désignations visant
à rendre opaque cette réalité sont son moins sujettes
à caution. Une réaction sévère fait par exemple,
suite quand il est question de leur accueil ou de toute circonstance de
désigner les personnes handicapées par les expressions comme
« publics spécifiques », publics en
difficulté de mobilité, etc.Ces critiques sont sans doute
motivées par souci de considérer les personnes en situation de
handicap comme des personnes à part entière. Par rapport à
ces désignations, sera même associée une taxation de
« fausse pudeur » en arguant qu'il n'y a plus de public
spécifique dans l'accès aux musées et monuments.
Au-delà de ce débat, il n'en demeure pas moins qu'une
réalité existe, celle des personnes ne jouissant pas des
mêmes conditions de fréquentation des musées et inversement
plus fragile en cas de réalisation de scénario dramatique ou
presque. D'où une préoccupation exceptionnelle pouvant amener
à comprendre, dans un contexte de systématisation des conditions
de sécurité dans les établissements recevant du public,
les dangers plus ou moins grands des personnes en situation de handicap.
2.2.LA DIVERSITE DES
HANDICAPS.
La notion de handicap ou plus clairement de personnes en
situation de handicap est encore l'objet d'une représentation
réductionniste du phénomène par la société
comme le relève plusieurs constats. Les représentations courantes
de la situation la ramènent assez souvent à la
réalité des personnes ne pouvant assurer leur mobilité
sans chaise roulante, sans canne de déplacement, sans accompagnateur
animal ou humain ou encore aux personnes à marche difficile. C'est dire
combien de fois la notion de handicap, dans l'imagerie populaire souffre de sa
réduction à la dimension mobilité physique.
Or les observateurs scientifiques du phénomène
tant sur le plan médical, démographique ou statistique invitent
à prendre conscience non seulement de la diversité du
problème de handicap mais aussi de son importance numérique.
Cet éclaircissement de la notion de handicap est
validée par la loi qui , dans l'esprit de celle du 11 février
2005 voit en le handicap « toute limitation d'activité ou
restriction de participation à la vie en société subie
dans son environnement par une personne en raison d'une altération
substantielle , durable ou définitive d'une ou plusieurs fonctions
physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d'un polyhandicap
ou d'un trouble de santé invalidant ».
L'objectivité de cette définition légale
nous conduit ainsi à reconsidérer la personne en situation de
handicap sous plusieurs axes :
· Celui de la diversité des formes
d'invalidité
· Celui de la multiplicité des formes
d'invalidité concernant le handicap
· Celui de l'intensité des formes
d'invalidité
En prenant le premier axe, on en vient au constat selon lequel
l'invalidité d'une personne ne se ramène pas seulement à
sa dimension de motricité ; elle ne se ramène pas aucunement
à la situation de la personne en fauteuil roulant ; en marche
difficile, se déplaçant avec une canne ou avec un accompagnateur
humain ou animal. Le handicap dans ses variantes, n'épargne aucun aspect
de la dimension physiologique ou sensorielle de l'être humain. C'est
pourquoi ce point nous conduit à répartir le handicap à la
lumière de la typologie de l'expertise médicale ou sociale en
deux grandes catégories : le handicap moteur et le handicap
sensoriel.
a) La personne en handicap moteur
Il faut remarquer que la perception directe de la forme de
difficulté le caractérisant dans sa motricité est celle
qui apparaît à l'esprit lorsque l'on considère sa
fréquentation de musée ou d'autres milieux culturels, en rapport
bien sûr avec la préoccupation de sécurité.
D'où la tendance à la réduction dans la
représentation courante de la personne en situation de handicap à
celle ne jouissant d'une autonomie de mouvement totale. Il peut s'agir en effet
de l'homme, la femme ou la jeune personne se déplaçant avec
difficulté à cause d'une incapacité physique affectant
totalement, moyennement ou légèrement la motricité de
l'individu avec pour conséquence directe , aux niveaux
sécuritaire de l'aménagement de dispositions particulières
d'accueil , de circulation et le cas échéant d'évacuation
dans un contexte de visite d'un site muséographique.
La situation de handicap moteur quelle que soit leur origine
se caractérise donc par une perte totale ou partielle de la
motricité de la personne, affecte généralement les parties
supérieures ou inférieures de ses membres. Le handicap se
manifeste ainsi par des troubles de déplacement, des difficultés
de stationnement debout ou de changement de position ; des
difficultés de réalisation de certains mouvements ; de
saisie ou de manipulation d'objet.
Mais les altérations de la motricité peuvent
avoir des origines cérébrales. Dans ce cas, il peut en
résulter des altérations au niveau des capacités
d'expression, les capacités intellectuelles restant intactes toutefois.
Quant aux manifestations physiologiques ou cliniques des
invalidités, des plus simples aux plus complexes ; par exemple
les arthroses, les rhumatismes peuvent être tenus pour légers cas
de handicap comparativement à l'hémiplégie, la
tétraplégie ou la paraplégie. Les personnes
affectées par une difficulté de motricité lourde sont
environ 1% de la population -dont un peu plus de la moitié se servant
d'un dispositif de déplacement roulant. (INSEE, 2002- Résultat
Enquête Handicap- Incapacité n°6)
Cependant, la prise en compte de la situation de handicap ne
saurait se limiter aux cas précédemment évoqués. Le
handicap qu'il soit moteur ou sensoriel comme on le verra ci-après,
concerne tout le monde comme rappelé d'ailleurs par l'esprit de la loi
2005 sur l'accessibilité. Le handicap est en effet une situation pouvant
arriver à la suite d'événement plus ou moins dangereux
pouvant survenir dans la vie de l'individu. On en tient pour
référence, le cas des accidents, chutes de la personne en
circonstance professionnelle, de loisir, de repos, familiale etc...ayant
occasionné une situation d'incapacité de motricité plus ou
moins forte chez la victime.
Les complications de motricité durables se produisent
enfin par l'évolution physiologique naturelle à travers
l'âge ou la croissance somatique. Ces formes d'invalidité peuvent
être associées à une grande fatigabilité sinon cette
dernière peut constituer à elle seule une forme de handicap.
La connaissance des différentes formes de handicap
moteur sera essentielle pour l'analyse des risques associés à la
fréquentation muséographique des personnes en souffrant. Elle
nous permettra aussi de voir plus loin le caractère contradictoire, au
plan institutionnel, de certaines dispositions juridiques par rapport à
l'obligation nationale de développer l'accès aux sport et loisirs
des personnes handicapées. Mais avant de s'étendre sur ces deux
points, une clarification où une extension de la connaissance de
l'aspect sensoriel du handicap est capitale pour dresser une grille aussi
globale que possible des différents risques associés aux
différents types de handicap.
b) La personne en handicap sensoriel
Comme sa désignation le permet, il s'agit des
incapacités totale ou partielle affectant les sens de la personne :
l'ouïe, l'odorat, le toucher, la vue, le goûter. La
définition de chacune est essentielle dans l'approfondissement de la
recherche des causes d'insécurité auxquelles sont exposées
les personnes vulnérables.
Tout comme l'infirmité à caractère
moteur, les manifestations du caractère sensoriel des invalidités
vont se traduire, dans la société en une diversité de
situations vécues, intégrant aussi bien leur caractère
intellectuel, d'où la nécessité d'une description de leurs
formes principales du handicap mental au handicap visuel et auditif.
c) La personne en handicap mental.
Sa perception se faità travers le relèvement des
troubles de compréhension, de communication et de décision. On le
caractérise, chez la personne en souffrant, par des problèmes de
repérage spatio temporel. Les personnes ayant ce type de
difficulté sont assimilées, en outre, à celles
frappées d'illettrisme, d'analphabétisme ; à la
situation des enfants de premier âge , et bien sûr à celle
de certaines personnes âgées. De même, il est à noter
dans cet ensemble les personnes se trouvant dans un contexte linguistique
différent de leur provenance.
d) La personne en handicap visuel.
En situation de déficience visuelle, les personnes
concernées se répartissent en personnes mal voyantes et personnes
non voyantes.
Les personnes mal voyantes ont une perception variée de
leur milieu en rapport avec leur acuité visuelle. En effet, leur
degré de perception de l'espace est beaucoup lié aux
caractéristiques de celui à travers des éléments
comme la lumière, l'encombrement des espaces, les obstacles et les
reliefs pouvant s'y trouver et leur contraste.
Quant aux personnes non voyantes, l'environnement n'est
perçu que grâce aux autres sens car leur cécité est
générale ou complète. C'est pourquoi, en anticipant sur
les prochains développements, leurs déplacements
nécessitent un accompagnement animal ou humain lorsqu'il ne s'agit pas
d'une canne blanche pour la détection d'obstacles. Le rôle
informateur du bruit dans une situation d'urgence ne le permet certainement pas
d'être plus à l'abri du danger ou en milieu fermé
architecturalement que la personne souffrant d'un handicap auditif.
e) La personne en handicap auditif.
L'incapacité totale ou partielle de perception et de
déchiffrage des messages sonores consistent en la particularité
de leur situation. Ces deux variantes d'incapacité conduisent ainsi
à la distinction entre la personne malentendante et la personne sourde,
comme nous l'avons fait pour les personnes ayant des problèmes de la
vue.
1. Les personnes malentendantes
Comme sa dénomination le suggère, elle
possède une capacité d'audition qui, quoi que faible , peut
être exploitée par la personne et son milieu. Cette
capacité peut cependant être amplifiée par des dispositifs
technologiques appropriés tels que les appareils auditifs tout comme sa
perception de messages peut être améliorée par la
méthode de lecture labiale.
f)La personne sourde ou non
entendante.
Elle l'est de manière innée, circonstancielle,
à la suite d'un accident ou d'une maladie comme une otite. N'entendant
aucun signal sonore, sa compréhension ou perception de l'espace
informationnel se fait de plus en plus à l'aide de méthodes
visuelles comme le langage des signes.
Le parcours des différents types de handicap est
essentiel, afin d'aborder une approche cindynique du handicap quel que soit le
contexte (muséographique ou non). Elle est d'autant plus pratique que
les situations de handicap peuvent être complexes dans la mesure
où une conjonction des formes de handicap est à prendre en
compte, comme le permet le vécu de la situation. Le cas le plus courant
est celui du sourd muet évidemment, mais des cas plus compliqués
existent pour tenir compte de la variabilité des approches de
sécurisation assorties à la prise en considération
systématique du handicap dans un contexte actuel de
démocratisation de l'accès aux milieux culturels et de
loisirs.
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