INTRODUCTION GENRALE
L'expansion des activités culturelles et la relative
croissance de la consommation populaire des prestations associées est un
des faits socio-économiques majeurs de ce début de vingt et
unième siècle. Leur essor en présence de crise, vient
ainsi renforcer leur positionnement comme nouveaux piliers du dynamisme
économique en termes endogènes, à travers les
externalités positives qu'elles sont censées
générer tout en conservant leurs fonction de divertissement ou de
délectation et d'instruction par des oeuvres de l'esprit. Mais la
réalité d'un tel phénomène peut d'abord
s'interpréter, d'un point de vue causal, de deux manières.
La dimension culturelle étant la manifestation la plus
extériorisée de l'existence humaine prise dans son contexte
social, l'expansion des pratiques culturelles est intrinsèque à
la personne humaine et leur développement, au regard d'ailleurs de celui
de la population à tous point de vue est évidente. D'un autre
côté, les activités culturelles mentionnées ici dans
leur diversité et leur dynamique s'avèrent de plus en plus
liées à leur systématisation, d'un point de vue
managérial à travers les organisations assez variées
justifiant ainsi le concept même d'industries culturelles et son
caractère déterminant dans l'émergence du secteur
d'activités culturelles.
En ne voulant pas s'étendre plus amont des facteurs
stratégiques de l'essor de la sphère de prestations culturelles,
en parlant par exemple du facteur gouvernemental avec sa mission de cadrage et
de développement du secteur culturel, en mémoire par exemple de
l'oeuvre de M. André Malraux, fondateur du ministère de la
culture en France, il est fort utile de se focaliser sur les organisations
opérationnelles ayant favoriser telle ou telle activité
culturelle.
Le cas de l'essor des musées, point de focalisation de
la présente étude ; est à ce point essentiel dans la
promotion des activités muséales en tant qu'organisations de
collectionnement aussi bien des oeuvres d'arts et relevant de ce fait de la
créativité humaine, que pour les vestiges de la nature
considérés comme tels par leurs caractéristiques
particulière et prenant ainsi la valeur de patrimoine.
En parlant de l'essor des activités
considérées comme muséales, un fait remarquable est leur
genèse, qui vient à les situer avant la fin de la renaissance
dans un confinement social ne comprenant que la restreinte élite
lettrée et fortunée de cette époque, à une phase de
popularisation au XIXème où le collectionnement des oeuvres
artistiques n'a plus pour seule visée la délectation du milieu
bourgeois mais commence à se tourner désormais, au grand public.
Le développement de l'institution muséale gagnera ainsi le
XXIème siècle l'Europe pour s'étendre en Amérique
du nord, avec une empreinte fort déterminante des milieux financiers ou
industriels.
L'émergence des musées va ainsi être
associée aux grands noms du capitalisme qu'il s'agisse, par exemple des
musées MoMA des Rockefeller ou du Métropolitain Museum Of Art de
la famille Lehmann à New York. Dans le même registre, on peut
encore citer cas du réseau des Guggenheim Museum réparti dans
plusieurs villes en Amérique, en Europe ou au moyen orient, oeuvre des
Guggenheim ou le cas du Canada où le Musée Stewart ou encore le
Musée des beaux-arts à Montréal sont les oeuvres
respectives des familles Macdonald et Horn Stein, etc.
Après ce bref aperçu historique, l'illustration
de l'essor des musées vu du point de vue de l'offre et de la demande
peut être appréciée à travers le positionnement
magistral de la France dans le domaine des activités muséales.
Leur importance est saisissable par l'importance numérique y
relative : leur nombre serait compris entre 2000 et 10 000, en
parallèle avec une existence magistrale des entités aux missions
connexes à savoir : 38000 monuments et 40 000 immeubles en
qualité de monuments historiques. De même le classement des
patrimoines mondiaux de l'Unesco y recense 31 sites dont 27 sont
considérés comme plus fréquentés et ou on retrouve
onze musées.
On ne peut aller plus loin dans ce genre
d'énumération pour prouver la complexité du paysage
muséal et l'intensité des activités cultuelles
associées. On ne mentionnera non plus l'évidence de la
mondialisation et de l'influence des industries culturelles dans l'expansion
conséquente des activités de délectation des prestations
culturelles liées. On ne peut cependant pas passer outre compte tenu du
fond de la présente analyse du comportement de la demande de
consommation des services culturels.
Parler de complexification de la demande de prestations
muséales revient naturellement à se pencher sur les
conséquences de l'offre des musées en termes de
fréquentation du public ou encore de visiteurs tel que couramment
désigné. Point besoin aussi de faire un tour d'horizon de la
fréquentation des musées à travers le monde pour mettre en
évidence la forte sensibilité du public pour la
fréquentation des musées eu égard aux différentes
prestations pouvant être offertes par les musées aujourd'hui
(visites d'expositions, recherches, activités éducatives, de
restauration, séances cinématographiques, etc.)
On veut faire remarquer ici les phénomènes de
massification et de généralisation de la fréquentation
muséale en ce début de vingt et unième siècle.
Dominique Poulot(2001) dira d'ailleurs à cet égard que
« les musées sont devenus en une génération
l'une des institutions culturelles les mieux considérées et les
plus fréquentées à travers le monde [...] »Cette
affirmation peut être corroborée par la révélation
selon laquelle 41% des sites les plus fréquentés en France sont
des musées (INSEE, 2010).
En termes de fréquentation de musées en effet,
la référence au cas français est révélatrice
de l'intensité élevée de la demande en prestations
muséales. Les 9.720.000 visiteurs enregistrés par le musée
du Louvre, en 2012 peuvent en faire office d'illustration en remarquant au
passage que ce score plaçait la France en première position, en
ce qui concerne le nombre de visiteurs de musées. En faisant une
légère rétrospective, la France connaitra même un
accroissement de fréquentations de musées en 2011 de 4% par
rapport 2010 et ce, pour un nombre de visiteurs de 13,4 millions. Constat
spectaculaire en contexte de crise économique aux implications
restrictives en matière de consommation.
Outre la dimension managériale dans planification des
activités culturelles des musées, l'engouement pour les
musées peut se justifier ici par les effets allant du
développement des stratégies favorisant l'essor du tourisme
culturel et de masse à l'augmentation des visites familiales sans
omettre l'effet des politiques d'attractivité résultant des
politiques de gratuité aux visiteurs spécifiques(jeunes,
enseignants, professionnels de la culture, artistes, membres de la presse, etc.
Ce peut aussi être le résultat des politiques de
démocratisation de l'accès aux loisirs et activités
culturelles comme peut en témoigner la loi du 11 février 2005
insistant spécifique sur la nécessité pour les
musées d'aménagement des conditions d'une accessibilité
optimales aux personnes en situation de handicap.
Dès lors le constat de l'essor des musées va
faire surgir une série des préoccupations dont l'une des plus
fondamentales relève du domaine de la sécurité.
Les établissements recevant du public l'instar des
musées ou autres sites considérés comme tels ont
l'exigence de la nécessité d'ouverture de ces espaces au plus
grand nombre de visiteurs, selon bien entendu leurs capacités
d'accueil. Elles se trouvent cependant au croisement d'une impérieuse
nécessité d'apporter le maximum de garantie de
sécurité aux biens culturels collectionnés par ces
institutions mais aussi aux mêmes visiteurs. La réussite des
missions de sécurité, compte tenu du jeu d'équilibriste
imposé aux musées à travers les axes visiteurs et biens
culturels conditionne la raison d'être du musée en ce sens
qu'elles sont garantes du maintien de sa réputation.
La valeur capitale d'un musée fondant son capital
immatériel le plus important est en effet sa réputation et
partant son image aux yeux de l'environnement externe qui, sur le plan humain
est aussi bien constitués de visiteurs potentiels que des personnes
physiques ou morales pouvant en participer à la pérennisation des
activités par l'obtention des ressources de plusieurs natures aux
structures muséales. Cet environnement externe comprend aussi
l'existence du cadre institutionnel et légal qui détermine le
fonctionnement des musées loyal du musée. L'environnement naturel
n'est pas neutre dans le fonctionnement d'un musée non plus.
L'évocation de l'environnement extérieur des
musées veut témoigner de deux réalités. Il est
source d'opportunités de pour l'institution muséales à
travers le dynamisme des fréquentations, les flux de soutiens et
d'information, la détermination d'un cadre légale et
sécuritaire, mais aussi de la possibilité d'une jouissance
d'atouts pouvant être procurés.
A l'inverse, aux environnements externe-et interne-sont
peuvent être associés des menaces de natures aussi variée
que le suggère la variabilité de l'environnement. Il s'agit des
risques qui, en termes sécuritaires peuvent venir à impacter,
en cas de réalisation la vie de l'institution avec une
possibilité de remise en cause de sa raison d'être si la
gravité de l'impact provenant de tel ou tel risque est de nature
à déstabiliser partiellement ou totalement l'activité du
musée.
Le cadre environnemental ainsi évoqué est
méthodologiquement approprié pour aborder l'analyse des risques
sécuritaires en environnement muséal. Cette approche a le
mérite de nous rendre possible l'exploration des divers systèmes
auxquels sont liées les entreprises muséales si l'objectif est
d'arriver à une politique de prévention des risques
muséaux à travers une approche globale de traitement de risques.
Il s'agit moins dans la présence étude, en effet
de concevoir une recette particulière ou innovante de gestion des
risques pour les musées. Une expertise dans le domaine de la mitigation
des risques est tributaire, en amont de l'efficacité d'exploration des
principales sources de menaces pouvant éloigner les activités
muséales de toute perspective de déroulement dans un contexte de
résilience.
Ceci tient aussi aux options de choix de solutions
sécuritaires, par une organisation, devant un même risque entendu,
clarifions le, comme une situation contrefactuelle, ayant une
probabilité de survenue, assortie d'un impact plus ou moins critique
pour la pérennisation des missions socio-culturelles et
économiques d'un musée. L'hypothèse de base pour notre
étude est donc que le choix de solution sécuritaire
relève de la politique sécuritaire de l'entité
muséale, en relation avec un diagnostic préalablement
établi. Dans une telle situation, le recours à l'expertise
sécuritaire sans réalisation concrète de risques ne peut
que conduire à l'appui de solution méthodologique encore plus si
le recours aux retours d'expérience est sujet à caution pour des
raisons de carence de base d'information sur les événements
néfastes ou dérangeant ayant été vécues par
les organisations muséales.
Pour ce qui concerne le cadre de référence de
l'étude, il se veut général, même si le recours
à illustrations ou aux données disponibles ne concerne presque
qu'exclusivement la réalité du monde occidentale. En ce sens les
sources de données sur l'activité muséale en France a
été essentielle pour orienter l'étude.
Le gaspillage, l'ignorance ou la négligence que
connaissent les ressources culturelles méritent en effet le traitement
d'auscultation, des sources d'inefficacité du dynamisme muséal
dans beaucoup de pays en développement. En procédant de cette
façon, l'approche systémique nous confortera sans doute sur les
origines internes aux organisations muséales de ces fléaux
évoqués.
Cependant l'étude n'a pas été sans
difficultés de taille. Une analyse des risques étayée sur
l'existence des réalisations concrètes des risques est plus
intéressante naturellement. Mais quelques exemples peuvent suffire pour
adopter une conduite managériale globale. Les quelques exemples
historiques de risques réalisés et donc pesant aussi bien sur les
biens culturels des musées que sur les personnes et les espaces
aujourd'hui nous ont encouragé dans la présente démarche
exploratoire, préalable à un plan de prévention durable et
souple de risque en contexte d'activités muséales.
Cependant la littérature muséologique a
été d'un recours très riche pour comprendre le rôle
des musées dans le contexte des activités économiques et
sociales du troisième millénaire.
Pour revenir à l'analyse
systémique,appliquée à la gestion des risques
muséaux, une décomposition méthodologique des parties
clés appliquée à l'environnement muséal interne et
externe peut s'avérer usuelle pour une analyse des risques dans leur
globalité. Cette approche permettrait en fait de voir en le concept
musée une juxtaposition d'espaces aux réalités
particulières par rapport à l'offre des prestations
muséales. Il s'agira des espaces physiques bâtis et non
bâtis et de l'émergence de l'espace d'activités
muséales virtuelles. D'autre part, le musée c'est d'abord ses
collections puis son public en termes de visiteurs. C'est pourquoi notre
analyse des risques associés à l'exploitation muséale va
tenir compte de ces deux grands sous-ensembles en termes de
sécurisation :
-au niveau des espaces physiques et virtuels ;
-au niveau des biens et des personnes.
Concernant les personnes nous avons voulus nous appesantir
presque qu'exclusivement sur le l'accessibilité des personnes
handicapés en partant de l'hypothèse que ces conditions sont
déjà bonnes pour les autres visiteurs.
Pour ces raisons, nous traiterons de l'exploration des risques
encourus par les musées selon deux. Le premier axe portera sur le cadre
spatial des activités représenté, on le verra plus loin
par trois dimensions. Le second traitera de la délicate question de
sécurisation des biens culturels et des personnes. On marquera un accent
exclusif, ici à certaines questions posées par la
sécurité des personnes en situation de handicap
AXE I DE LA SECURISATION DES
ESPACES MUSEAUX
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