Agriculture et croissance économique dans les pays de la CEMAC( Télécharger le fichier original )par AZAKI MAHAMAT Université de Ngaoundéré - Master II 2014 |
II-1- Les perspectives réelles pour l'agriculture vers une croissance équilibréeEtant donné que le développement ne se résume pas à la seule croissance économique du PIB, celle-ci n'en constitue pas moins un pilier fondamental. Ainsi, on distingue communément différents leviers par lesquels l'agriculture peut être mobilisée efficacement au service d'une croissance plus forte. Les travaux de Johnston et Mellor (1961) ont mis en avant les effets de liaison ou d'entrainement par lesquels tout point de croissance agricole se démultiplie dans l'économie toute entière (notion de multiplicateur de croissance)2(*). Ces effets de liaison sont au coeur de l'approche ADLI (Agricultural Demand-Led Industrialisation) popularisée par Adelman (1984) et ont donné lieu à la littérature abondante. Plusieurs effets d'entrainements sont envisagés : - Effets de liaisons intersectorielles, en aval dans l'industrie agro-alimentaire qui bénéficie des produits moins onéreux, et en amont via la consommation accrue d'intrant ; - Effets-revenus sur la consommation (entrainant la consommation d'autres biens que les biens agricoles). La quantification de ces effets multiplicateurs est assez délicate, et son principe même est d'ailleurs contesté par certains auteurs, comme Collier et Dercon (2014), qui le mettent en doute, en particulier dans le cas d'une économie ouverte. Parmi les études récentes, Hagblade (2007) les évalue à un niveau assez élevé. Mais d'autres études sont plus nuancées. Nul ne semble cependant infirmer que ces effets au moins aussi fort (et le plus souvent supérieur) que dans les secteurs non agricoles. On peut dès lors parler, pour les décideurs politiques, de pari raisonnable sur l'agriculture. A ces effets de liaison aval-amont et « effets revenus », on peut ajouter l'existence d'un effet sur les salaires. Celui-ci tient au fait qu'une productivité accrue des secteurs de subsistances non échangeables sur le marché international permet de maintenir les salaires nominaux bas, ce qui sert les autres secteurs soumis à la concurrence. II-2- L'impact de l'agriculture sur la pauvretéL'étude de Christiansen et al. (2008), portant sur les pays en développement souligne que l'agriculture est généralement efficace en matière de lutte contre la pauvreté. Cette efficacité relative n'a toutefois rien d'automatique et plusieurs conditions doivent être réunies pour que la croissance de la production agricole se traduise en réduction significative de la pauvreté. On peut citer en particulier le désenclavement des territoires structurellement défavorisés pour éviter l'isolement de petits producteurs, l'accès à des marchés fonctionnant correctement et au gain de productivité, notamment via des technologies adaptées, et l'accès des paysans aux actifs (eau, terre, crédit, etc.). Selon la Banque Mondiale, trois modes de sortie de la pauvreté en zone rurale peuvent être distingués : la spécialisation agricole, la diversification vers les activités rurales non agricoles ou la migration vers des zones urbaines ou à l'étranger. Il s'avère souvent que ces voies de sortie ne peuvent être que théoriques. CONCLUSION En somme, il était question dans ce chapitre de développer le cadre d'analyse de l'agriculture. Au regard de tout ce qui précède, il ressort que l'agriculture occupe une place prépondérante dans la comptabilité nationale d'un pays et qu'elle a un rôle incontournable dans le processus du développement économique. * 2Cetermedésignelefaitquel'accroissementd'uneuroduPIBagricoleaugmentelePIBtotaldeplusd'uneuro. |
|