VII.1.4.2. Caractérisation
sommaire des acteurs
a) Les acteurs institutionnels
Dans cette catégorie d'acteurs, on trouve notamment le
RADA, le RARDA, le RHODA, le REMA, le NAFA, le RBS, le FDC, la ville de Kigali
et ses districts, les différents ministères concernés
(MINAGRI, ministère des terres et de l'environnement, ministères
des forêts, ministère de l'administration locale,
ministères des infrastructures ainsi que les institutions
gouvernementales de soutien (eau et électricité, ....).
Le RADA est chargé entre autre de
mettre en oeuvre la politique agricole nationale et le RARDA met en oeuvre la
politique agricole nationale en matière d'élevage tandis que le
RHODA est chargé de la promotion et du développement des produits
horticoles. Bien que le ministère de l'agriculture n'accorde aucune
importance spécifique à l'agriculture urbaine , il finance
néanmoins certaines activités des districts urbains. Le RADA
distribue des semences sélectionnées et des engrais et donne des
formateurs au besoin. Il achète aussi la production aux producteurs. Un
projet intitulé `'Rainwater harvesting project'' logé au RADA
aide certaines écoles comme l'école secondaire saint André
à faire l'irrigation au goutte à goute des cultures
maraichères.
Le RARDA donne des vaccins pour
bétail, distribue des vaches dans le cadre du projet `'one cow one
family'' ainsi que des produits vétérinaires ad hoc et des
semences fourragères. Il paye aussi les techniciens
vétérinaires de secteur.
Le REMA est l'organe chargé de
contrôler, de faire le suivi et de s'assurer de l'intégration des
aspects environnementaux dans tous les programmes de développement
national au Rwanda. Outre ces tâches, le REMA intervient entre autre dans
la stabilisation des berges des rivières notamment la Nyabarongo et la
récolte des eaux de pluie en collaboration avec la ville de Kigali. Il
autorise les activités après analyse de leur impact
environnemental.
Le fonds de développement communautaire
(FDC) finance les projets des districts (y compris les projets
agricoles des districts urbains).
Le Rwanda Bureau of Standards (RBS) fait la
normalisation notamment des produits d'élevage et autres. Il
contrôle la qualité des produits agricoles par rapport à
ces standards fixés.
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Un cadre d'échange regroupant le
MINAGRI et ses offices et la ville de Kigali et ses districts et techniciens a
été décidé lors d'une séance de validation
du plan stratégique d'appui à l'agriculture urbaine et
périurbaine.
Une diversité de vues existe entre les acteurs de
l'agriculture, de l'environnement et de l'urbanisme sur le programme de
l'agriculture urbaine et périurbaine (document de plan
stratégique d'appui à l'agriculture urbaine et
périurbaine, 2009, p.30).
Au Rwanda, la deuxième phase de décentralisation
de 2005 a transféré les pouvoirs et l'autorité du
Gouvernement Central vers les Gouvernements Locaux rendant ainsi les Districts
des entités légalement et administrativement autonomes.
Avec cette décentralisation, trois rôles et
responsabilités ont été dévolus au niveau central
(national) : la formulation des politiques, la mobilisation des ressources et
le renforcement des capacités.
En matière d'agriculture urbaine et ses espaces, trois
acteurs de la ville de Kigali sont directement concernés :
- les élus urbains ;
- l'administration et
- les services techniques (agricoles) ainsi que le projet
PAPUK.
Les élus urbains constituent le
conseil de la ville et du district, comité exécutif de
la ville et du district, conseil de développement de la ville
ou du district
L'administration de la ville est
constituée par le comité exécutif de la ville ou
du district, le conseil de district, secrétariat
exécutif de la ville ou du district.
Les services techniques exécutent chacun en ce qui le
concerne (eau, assainissement et énergie, agriculture, infrastructures
et environnement, terres, urbanisme et habitat, ...).
En matière agricole, le service agricole et le projet
PAPUK financé actuellement par la FAO, sont directement
concernés. Sur le terrain, ils rencontrent d'autres acteurs dans une
logique de participation, de gouvernance, de compétitivité et/ou
de complémentarité, de partenariat financier, technique ou
logistique.
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b) Les instituts d'expertise, de
conseil, de recherche et de formation
Le rôle de telles institutions dans l'agriculture
urbaine à Kigali n'est pas encore visible. Cependant, l'Institut des
sciences agronomiques du Rwanda chargé de la recherche agricole,
distribue entre autres des plants d'arbres agroforestiers.
c) Les institutions d'enseignement et de
formation
L'impact de leurs activités ne se voit pas encore, mais
aura une influence sur la trajectoire de développement de la
filière à moyen et long terme.
Les formations actuellement proposées sont en rapport
avec la filière agricole classique. On peut s'attendre à ce que
ces cycles de formation se développent proportionnellement au
développement de la filière : plus la filière prendra de
l'importance, plus ces formations seront proposées. Le projet PAPUK a
mis en place un centre de vulgarisation des microjardins à Gatenga et va
installer des centres de formation et de démonstration en agriculture
urbaine. En collaboration avec le service environnement de la ville des
microjardins irrigués à l'eau de pluie vont être
installés dans des ménages par le projet PAPUK en guise de
démonstration tandis que le Gako organic farming training centre
situé à Kabuga donne des formations en agriculture durable aux
intéressés à ce type d'agriculture capable de payer les
frais de formation (18 dollars US/personne/jour
:http://www.ifoam.org/growing_organic/7_training/t_opportunities/africa/Orga
nic_Farming_Training_Centre.html)..
d) Les porteurs de projet (agriculteurs,
coopératives, entreprises agricoles,...)
Ce sont les acteurs clés de la filière. La ville
de Kigali compte environs 2 158 agriculteurs et éleveurs
regroupés dans 119 coopératives et associations reconnues
officiellement au niveau de la Mairie et repartis dans différentes
filières de l'agriculture urbaine et péri -urbaine dont 3
spécialisées en gestion de pépinières
fruitières ou d'agroforesterie , 4 en apiculture, 30 dans
l'agrobusiness, 20 dans l'agriculture et l'élevage, 22 dans les
champignons, 12 dans l'agriculture pure, 16 dans l'horticulture et 12 dans
l'élevage pure (stratégie d'appui à l'agriculture urbaine
et périurbaine de Kigali, p.33). L'option coopérative est la plus
préférée par la mairie mais les coopératives
agricoles connaissent des problèmes de gestion.
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Une analyse des perceptions sur
l'agriculture urbaine a permis de constater trois catégories
d'agriculteurs urbains à Kigali (SEBUHINJA, 2009):
- des agriculteurs héritiers d'une culture agricole
menacée dont certains pratiquent l'agriculture faute de mieux ;
- des agriculteurs innovateurs et
- ceux revendiquant un statut d'entrepreneurs.
La première catégorie est la plus dominante mais
tout semble faire croire que s'ils trouvaient mieux, ils abandonneraient
carrément l'agriculture urbaine. Les deux dernières
catégories sont peu nombreuses et cela pourrait signifier que les gens
hésitent à s'engager dans l'agriculture.
En matière d'élevage, les acteurs sont pour la
plupart des fonctionnaires, des militaires, des commerçants,... en
démarche entrepreneuriale mais brillant par l'absentéisme car ils
ont d'autres occupations.
Les acteurs industriels sont constitués de laiterie
(deux laiteries présentes dans la ville), d'abattoirs (deux abattoirs
présents), de transformateurs de produits agricoles et leurs
dérivés (minoterie, fabrication de purée de tomate,
boulangerie, boucherie charcuterie, fabrications de bières et limonades,
transformations de cuirs et peaux, fabrication d'aliment pour
bétail,...).
Selon des informations recueillies sur le terrain, un grand
projet de culture irriguée à Masaka est en cours d'étude
en collaboration avec le ministère de l'agriculture et des ressources
animales tandis qu'un grand marché régional de légumes et
fleurs de 20 ha va être installé à Masaka (Kicukiro). Le
projet PAPUK en collaboration avec le service environnement compte installer
des jardins potagers arrosés à l'eau de pluie dans 50
ménages par secteurs.
e) Les organismes professionnels
agricoles
A Kigali, malgré l'existence d'une chambre
d'agriculture, son rôle dans l'agriculture urbaine n'est pas visible. Le
syndicat agricole Imbaraga est actif dans les secteurs ruraux de la ville
où il dispose des animateurs agricoles.
f) Les acteurs de la
société civile
A Kigali, tout comme dans tous les districts du Rwanda, dans
le cadre de la décentralisation, il a été
créé un organe dit « Joint Action Forum » ou «
Forum d'Action Conjointe » de partenariat
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entre tous les acteurs de
développement et l'administration des Districts. Ce Forum d'Action
Conjointe est un Forum réunissant tous les représentants des
acteurs de développement du District (bailleurs, programmes/projets,
société civile, secteur privé, confessions religieuses,
ONGs, organisations philanthropiques, etc.) qui agissent d'une manière
ou d'une autre et qui ont un rôle direct et ou indirect dans le
développement du District.
Cet organe qui réunit à la fois des acteurs du
secteur public, du secteur privé ainsi que ceux de la
société civile contribue au développement durable du
District depuis la planification jusqu'à l'évaluation en passant
par l'exécution des actions de développement.
g) Les organismes de crédit
Ce groupe d'acteurs est destiné à accorder des
crédits pour financer les projets agricoles. On peut y recenser entre
autres organismes : Banque Rwandaise de Développement, Banque Populaire,
Fonds de Développent Communautaire (FDC), Quelques organisations de
micro finances, Quelques projets du MINAGRI comme RSSP (Rural Sector Support
Project),...
L'accès au crédit est difficile dans la ville de
Kigali, surtout s'il s'agit d'un crédit agricole9. Pourtant
le financement des activités agricoles recourt souvent au crédit,
car la plupart des opérateurs n'ont pas toujours de moyens propres pour
développer leurs activités (document de stratégie d'appui
à l'agriculture urbaine et périurbaine, 2009, p.48).
h) Les acteurs « annexes »
Leurs objectifs sont en général ceux de leurs
membres : organiser la filière et attribuer à chacun des acteurs
la place qui lui convient le mieux pour assurer la progression du secteur
entier, en profitant des synergies possibles.
9 En période que l'on pourrait qualifier de
normale, la tendance des prêteurs est de s'orienter vers des projets
rentables dont le retour sur investissement et la production sont les plus
rapides possibles. L'agriculture étant une économie à
cycle long et soumise à beaucoup d'impondérables, elle s'en
trouve pénalisée. D'autre part, la question de la
lisibilité foncière est centrale et stratégique pour la
pérennité économique de l'agriculture périurbaine.
En effet, pour reprendre une exploitation comme pour créer une
activité nouvelle, un agriculteur a besoin d'une visibilité au
moins égale à la durée de remboursement de ses emprunts,
soit entre dix et vingt ans en moyenne (Certu et al., 2008). Si la ville ne lui
offre pas cette visibilité, les banques ne prendront pas le risque de
l'accompagner et il ne pourra faire les investissements nécessaires
à son activité (foncier, bâtiments, cheptel, machinisme...
).
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i) Les absents des
jeux de la filière
Ces acteurs seront amenés, à jouer un rôle
important, sans pour autant intervenir directement sur le destin de la
trajectoire de développement de la filière.
En effet, un fait avéré et
étiqueté comme tel est que, à Kigali, l'urbanisation est
inéluctable. Les services d'habitat et d'infrastructures vont être
très sollicités tandis que les services d'environnement seront
dépassés par les impacts de cette urbanisation sur
l'environnement (gestion des eaux dont le taux de ruissellement aura
été augmenté par l'artificialisation des espaces, gestion
des déchets. Les espaces prévus pour les constructions
suffiront-t-il ? Que se passera-t-il si, au lieu de l'hypothèse standard
(5,43% de taux de croissance) c'est l'hypothèse haute (8% de taux de
croissance) qui se produit. Les espaces agricoles résisteront-ils
à cette urbanisation et à son impact ? Les acteurs actifs
aujourd'hui auront un intérêt à y voir une
opportunité d'actions proactives de leur part ou une menace à
faire sauter ou contourner.
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