Mémoire
Méthodes en Sciences Sociales
Aberwage Sarah, Carolo Salomé, Lepaisant
Leslie
2015/2016
Sommaire
I- Introduction 3
II- Définition du sujet 6
III- Etat des travaux actuels sur notre sujet 16
IV- Hypothèses 18
V- Recherches théoriques 21
VI- Hypothèse 1 38
VII- Hypothèse 2 41
VIII- Hypothèse 3 43
IX- Conclusion 46
Bibliographie 48
Sitographie 48
Annexe 1 - Le triangle pédagogique de Jean Houssaye
49
Annexe 2 - Grille d'observation / Guide d'entretien 50
Annexe 3 - Entretien d'une enseignante de CM1 51
Annexe 4 - Entretien d'un étudiant, futur professeur
des écoles 64
Annexe 5 - Entretien d'une élève de CM1 67
Annexe 6 - Entretien d'une enseignante de moyenne section
70
3
I- Introduction
Actuellement nous sommes en troisième année de
Licence Education et Enseignement dans le but de devenir professeur des
écoles. Dans le cadre de l'enseignement « méthodes en
sciences sociales », nous devons établir un mémoire
intégrant une réflexion et des recherches autour de notre futur
métier. Pour ce, nous avons décidé de nous mettre toutes
les trois car nous avons l'habitude de travailler ensemble et aussi pour raison
de proximité géographique.
Salomé a depuis plusieurs années l'envie de
devenir professeure des écoles. Depuis toujours, elle aime s'occuper des
enfants, à un contact plutôt facile avec eux. En effet,
lorsqu'elle était plus jeune (une dizaine d'années) c'est
toujours elle qui restait avec ses petits cousins et petites cousines pour
jouer et s'occuper d'eux alors que les cousins et cousines de son âge
jouaient entre eux. Aussi, depuis son plus jeune âge elle voulait un
petit frère ou une petite soeur pour faire la grande soeur, qui aide et
s'occupe du plus petit. Donc c'est environ depuis l'âge de 1112 ans que
Salomé sait qu'elle veut absolument travailler avec des enfants. Son
projet de devenir professeur des écoles s'est développé,
d'abord en éliminant les autres métiers proches des enfants comme
auxiliaire de puériculture par exemple car ce ne sont
quasi-exclusivement que des soins. Aussi, Salomé a eu en CE1 une
enseignante qui l'a particulièrement marquée. Cette
dernière était très jeune, elle faisait d'ailleurs ses
premières années mais avait une manière d'être avec
ses élèves qui a poussé Salomé à se dire
« j'aimerais bien être comme elle ». En
réfléchissant d'avantage à cette perspective
professionnelle, Salomé avait en tête d'autres enseignants comme
celui qu'elle a eu en CP et qui apportait d'un côté beaucoup de
sympathie et de l'autre une forte autorité, ou encore son enseignant de
moyenne et de grande section. Aussi, de la petite section au CM2, jamais aucun
enseignant n'a « dégouté » Salomé de ce
métier, du moins cela ne l'a pas marqué. C'est donc en
3éme, lorsque l'on nous demande de réfléchir à une
formation concrète après le collège que Salomé
s'est définitivement décidée à aller dans cette
voie. Pour atteindre ce projet professionnel, Salomé a donc dû
choisir la licence qu'elle allait devoir faire. Pour cela, elle s'est notamment
renseignée sur les licences en psychologie et en sociologie afin
d'accéder en troisième année en Sciences de l'Education.
Mais en allant dans un CIO, on lui a parlé de la licence Sciences de
l'Education possible dès la L1 et qui pouvait mieux préparer au
métier de professeur des écoles que d'autres licences.
Salomé a donc choisi cette licence en premier voeux APB après
être allée à une porte ouverte de l'U-PEC et a
été acceptée dans cette licence. Les deux premières
années de la licence lui ont plutôt parues simples, mais cette
troisième année lui montre qu'il ne faut pas se reposer
4
sur ses lauriers car le métier auquel elle se
prédestine n'est pas aussi facile qu'il n'y paraît.
Alors que Sarah devait choisir son orientation au
lycée, elle ne savait pas réellement ce qu'elle aimerait faire
plus tard, mise à part qu'elle voulait travailler auprès des
enfants. Elle a donc choisi de suivre une filière générale
Economique et Sociale (ES) qui est un BAC très général, ce
qui lui permettait d'avoir un choix assez large pour ses futures études
supérieures. Avant de vouloir devenir professeur des écoles,
Sarah souhaitait être professeure de danse. Pratiquant de la danse
Moderne Jazz depuis l'âge de trois ans, elle a, plus tard,
commencé à encadrer des cours de danse pour des enfants entre 2
et 13 ans au sein de l'école de danse où elle en pratique
elle-même. Aimant enseigner aux enfants, et se sentant à l'aise
avec eux, elle a pris la décision de passer le BAFA afin de pouvoir
faire de l'animation notamment pendant les vacances. Cependant, ne sachant pas
quel parcours prendre pour enseigner la danse aux enfants, et en allant dans de
nombreux salon de l'étudiant, Sarah s'est alors redirigée vers le
métier de professeur des écoles. De plus, c'est tout à
fait par hasard, en remplissant ses voeux APB qu'elle a trouvé cette
licence de Sciences de l'Education et Sciences Sociales, qui a donc
été son premier voeu. Elle est donc restée sur ce projet
d'avenir.
Depuis toujours, Leslie a dû être en contact avec
des enfants étant donné que sa mère est assistante
maternelle. Lorsqu'elle était plus jeune (âge de la maternelle),
elle voulait devenir professeure des écoles pour être « comme
sa maîtresse » qu'elle avait eu en petite section puis au CP. Au fil
des années, à partir du CE2, l'envie lui est passée et
elle ne réfléchissait pas forcément à ce qu'elle
voulait faire plus tard. Une fois arrivée au collège, la
réflexion sur le métier qu'elle voulait faire est revenue
puisqu'elle allait entrer au lycée et qu'il fallait faire des choix
d'orientation. Plusieurs métiers lui sont passés par la
tête comme puéricultrice, sage-femme, assistante maternelle et
pédiatre. Tous ont un rapport avec les enfants car elle savait que
c'était un domaine dans lequel elle voulait travailler. Chez elle, il
lui arrive régulièrement de s'occuper des enfants pour aider sa
mère. Elle peut jouer avec eux ou encore les aider lorsqu'ils ont des
devoirs puisque deux des enfants sont gardés par sa mère en
périscolaire. Il lui est même arrivé de jouer à la
maîtresse avec eux, en organisant des séances de sport dans le
jardin par exemple, en faisant de la cuisine avec eux, en leur racontant des
histoires ou en leur faisant faire des petits travaux selon leur niveau et
s'ils le voulaient. Elle connaissait donc déjà le domaine dans
lequel elle voulait travailler mais ne savait pas exactement quel métier
exercer. Arrivée au lycée, elle s'était d'avantage
renseignée sur différents métiers et voulait
définitivement savoir ce qu'elle voulait faire plus tard afin de pouvoir
choisir son orientation après le lycée. Avec ses recherches,
l'idée de devenir professeure des écoles lui est revenue et
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les autres métiers qu'elle avait en tête se sont
éliminés. Si elle veut devenir professeure des écoles,
c'est parce qu'elle apprécie aider les autres, leur apprendre de
nouvelles choses et les faire grandir, surtout avec les enfants. Elle prenait
un réel plaisir avec les enfants gardés par sa mère, en
les aidants à faire leurs devoirs, en utilisant différentes
méthodes selon leur profil pour qu'ils comprennent au mieux leurs
leçons. Elle s'est donc renseignée sur les études à
suivre et a trouvé cette licence sur internet. Elle l'a donc mise en
premier voeu sur APB et a été acceptée. Depuis, quelques
doutes lui sont survenus en première année mais finalement, ils
n'ont pas persistés. L'idée de faire ce métier s'est
plutôt renforcée au fil des années de licence et surtout
grâce à son stage.
Nous avons donc toutes trois atteint cette troisième et
dernière année de licence avec beaucoup de détermination.
En revanche, le choix de ce TD n'a pas été immédiat. En
effet, l'administration nous demandait de choisir entre différents
groupes de TD pour une même matière, nous ne savions pas vraiment
à quoi nous attendre. Sarah et Leslie avait donc choisi l'un des groupes
de TD, en fonction du numéro de groupe classe que l'on avait choisi.
Salomé, elle, avait choisi ce TD car c'est celui qui lui paraissait le
plus intéressant au vu de descriptions faites de chaque TD. Sarah et
Leslie l'on alors finalement suivi dans ce choix. Néanmoins, nous ne
savions pas réellement ce qui nous serait demandé mis à
part que nous serions reliées à une association.
Lors d'une séance du TD, nous devions choisir une photo
parmi pleins d'autres qui nous permettrait d'établir un rapport avec
notre futur métier. Cette séance était le point de
départ de notre projet de recherche. Salomé a choisi une photo
sur laquelle il y avait une fusée ayant décollée. Celle-ci
lui a fait penser aux progrès des enfants dans les apprentissages,
à ceux qui arrivent facilement à monter dans les apprentissages
et les connaissances et à ceux qui ont plus de mal et qu'il faut aider
en tant qu'enseignant. Leslie, quant à elle, avait
sélectionné une photo représentant une personne qui
faisait du ski nautique tirée par un fil attaché à un
bateau. Pour elle, cette photo représente les difficultés de
l'enseignement dans le sens où nous savons pertinemment qu'il y aura des
obstacles à surmonter mais nous y allons quand même car cela fait
partie de notre métier et c'est nécessaire pour les enfants.
Aussi, vu sous un autre angle, le skieur pourrait être l'apprenant et le
fil, qui serait l'enseignant, le tiendrait et l'aiderait à avancer et
surmonter les obstacles. Sarah avait choisi une photo montrant un pied d'enfant
portant une chaussette trouée. Selon elle, cette photo signifiait
l'innocence de l'enfant, en effet pour un enfant, un ou des trous sur l'un de
ses vêtements cela n'a pas d'importance à ses yeux contrairement
à un adulte qui lui, porterait de l'attention à ce trou.
6
Suite à cela, nous devions regrouper nos idées
liées aux photos et en dégager une question de départ.
Nous avons choisi de nous centrer sur la gestion du groupe-classe et aussi sur
la prise en compte de l'individualité de chaque élève dans
l'acquisition des apprentissages.
II- Définition du sujet
Tout d'abord, notre questionnement à pour
intérêt de nous apporter des connaissances qui pourraient nous
être utiles dans notre futur métier d'enseignant. Salomé se
voit comme une future enseignante à l'écoute de tous, du moins,
dans la mesure du possible. Elle se souvient d'enseignants, notamment au
collège qui ne prenaient en compte que les élèves qu'ils
qualifiaient comme meilleurs (souvent ceux aux premiers rangs) et
délaissaient les autres. Ces enseignants répétaient
souvent « si nous ne comprenez pas c'est que vous n'écoutez pas
». Généralement, quand l'enseignant ne leur prêtaient
pas particulièrement attention, Salomé et ses amis
n'écoutaient plus le cours, et moins ils écoutaient, moins
l'enseignant les valorisait, comme un effet boule de neige. Salomé
aimerait que tous ses futures élèves puissent suivre les
enseignements sans ressentir que l'enseignant ne les voient pas, et surtout
qu'ils soient intéressés et aient l'impression d'être pris
en compte, d'être écoutés lorsqu'ils n'y arrivent pas ou
lorsqu'ils ne comprennent pas. Lors de son année en CP, Leslie a eu une
professeure qui l'a marquée positivement dans le sens où elle
était attentive aux besoins de chaque élève, aucun
n'était mis de côté. Elle avait toujours le sourire et se
souciait de la réussite de ses élèves et c'est comme cela
que Leslie voudrait exercer son métier. Leslie a pour but d'être
le plus possible à l'écoute de tous ses élèves afin
que ceux-ci ne se sentent pas exclus, quel que soit leurs besoins ou leurs
compétences. Il est vrai qu'au collège notamment, elle a connu
des professeurs qui valorisaient et portaient leur attention surtout sur les
élèves qualifiés de «bons élèves »
et ainsi, délaissaient souvent inconsciemment les élèves
rencontrant des difficultés ou bien même perturbateurs. Ce n'est
pas le schéma que Leslie veut reproduire, au contraire. Bien que chaque
élève soit différent, elle tentera au maximum de le
prendre en compte afin de les digérer vers la réussite du mieux
que possible. En tant que futur enseignant Sarah se voit comme une personne
dynamique pour intéresser ses futures élèves, pour qu'ils
soient eux même dynamique dans leur travail. Elle veut pouvoir leur
transmettre des connaissances. Pour elle il est important d'encourager les
élèves et aussi d'avoir un bon contact avec eux. Elle prend comme
modèle un professeur qu'elle avait en CM2. En effet, c'était une
enseignante qui savait se faire respecter, elle savait être
sévère
7
quand il le fallait, savait tenir sa classe et rendait ses
cours intéressants, elle savait s'adresser à des enfants. Sarah a
également rencontré des professeurs qui négligeaient
certains élèves, ou arrivaient en classe sans cours construits,
cela désintéressait forcement les élèves au fur et
à mesure. Avec les différents professeurs qu'elle a eu, elle sait
donc à qui elle préfère s'identifier pour pouvoir devenir
le futur professeur qu' 'elle souhaite être.
En effet, il nous semble important pour un professeur des
écoles de pouvoir prendre en compte chaque élève dans son
individualité afin de l'amener vers des connaissances.
L'individualité concerne les caractéristiques d'un être qui
le rend tel qu'il ne puisse être confondu avec un autre être.
Chaque enfant est différent, il n'y en a pas un qui apprend de la
même manière qu'un autre. Il est vrai que selon Howard Gardner, il
existe différentes formes d'intelligences (Théorie des
intelligences multiples, 1980). Il y a l'intelligence
logico-mathématique, il s'agit d'une sensibilité aux
modèles logiques ou numériques et une aptitude à les
différencier ainsi qu'à soutenir de longs raisonnements. Vient
ensuite l'intelligence spéciale qui concerne l'aptitude à
percevoir le monde spacio-visuelle et à y apporter des transformations.
L'intelligence kinesthésique est l'aptitude à maitriser les
mouvements de son corps et à manipuler des objets avec soin. Quant
à l'intelligence linguistique, elle se réfère à une
sensibilité aux sons, aux structures, à la signification et aux
fonctions des mots et du langage. L'intelligence musicale est la
capacité à produire et à apprécier un rythme, une
tonalité et un timbre (appréciation des formes d'expression
musicale). Concernant l'intelligence naturaliste, elle a pour
particularité l'aptitude à discerner l'organisation du vivant.
L'intelligence interpersonnelle (ou sociale) permet à l'individu d'agir
et de réagir avec les autres de façon correcte et adaptée.
Enfin l'intelligence intra-personnelle permet d'accéder à ses
propres sentiments et à reconnaître ses propres émotions
(connaissances de ses propres forces et faiblesses). Chacun d'entre nous
dispose de ces intelligences, dont chacune se développera selon un
rythme qui nous est propre. D'une manière générale, les
différentes intelligences ne se développent pas toutes au
même niveau. D'ailleurs, on observe le plus souvent qu'une intelligence
domine et c'est à partir de cette dominante que la personne
appréhende le monde. Notons que le niveau de développement propre
à chacune des intelligences explique la différenciation des
humains et donc des élèves.
Notre recherche peut donc nous donner des clés afin
d'appréhender les différences d'apprentissages dont les profils
sont au nombre de 7 d'après Jean-François Michel que nous
décrirons un peu plus loin. De plus, la prise en compte de
l'individualité peut-être bénéfique pour les
élèves car ainsi ils pourront assimiler des connaissances
à leur rythme tout en
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acquérant tous les mêmes compétences. La
connaissance renvoie à l'état de celui qui connaît ou sait.
C'est l'ensemble des choses connues d'un savoir. La connaissance est
indissociable d'un sujet connaissant. Lorsqu'une personne intériorise un
savoir, elle transforme ce savoir en connaissance. Elle « construit »
cette connaissance. La même connaissance construite par une autre
personne ne sera pas tout à fait la même. Il n'existe donc aucune
connaissance parfaite et absolue. Un « connaisseur » ne dispose pas
de toute l'expérience de recherche qui caractérise un «
savant ». La connaissance peut désigner la façon dont un
« apprenant » s'est approprié un savoir. La connaissance
relève de l'Être et du singulier. D'après P. Perrenoud,
professeur à la faculté de psychologie et des sciences de
l'éducation (FPSE), la compétence est la "capacité d'agir
efficacement dans un type défini de situation, capacité qui
s'appuie sur des connaissances, mais ne s'y réduit pas. La
compétence désigne la mobilisation d'un ensemble de ressources
(savoirs, savoir-faire, savoir être) en vue de résoudre une
situation complexe appartenant à une famille de situation
problème. Jean Piaget est psychologue constructiviste, il
considère donc que le savoir n'est pas reçu passivement par un
individu mais qu'il est construit activement par chacun. Pour lui, l'adaptation
de l'individu à son milieu se fait grâce à l'assimilation
et à l'accommodation. L'assimilation se fait grâce aux
schèmes qui se modifieront par accommodation. Les schèmes
constituent l'unité de base pour agir ou réagir. Tout ce que nous
connaissons a été construit à partir de schèmes que
nous avons dès la naissance. Le bébé naît avec 3
schèmes de base : la vision, la succion et la préhension. Un
schème se conserve, se consolide par l'exercice, il peut se modifier
soit en se généralisant, soit en se modifiant sous la pression du
monde extérieur. La mobilité des schèmes est
déterminante pour le développement de l'intelligence. C'est avec
ces schèmes que le principe d'assimilation se met en place. Selon
Piaget, l'assimilation est un mécanisme très
général qui permet d'expliquer l'intégration de tout
élément nouveau dans les structures mentales de l'individu.
L'assimilation correspond au mouvement d'intégration de l'environnement
extérieur dans l'individu. Elle est donc déterminée par
l'individu. L'accommodation est une modification d'un schème existant
pour intégrer une nouvelle donnée (expérience ou
connaissance). Elle est déterminée par les objets. Ces deux
mécanismes sont complémentaires et indissociables. Les
échanges entre un individu et son milieu tendent à favoriser son
équilibre dans ce milieu par des processus de
rééquilibrations successives basées sur les structures
antérieures, les dépassants en les intégrants dans une
synthèse nouvelle. L'enseignant devrait donc permettre à ses
élèves une assimilation personnelle. Tous les enfants devraient
par conséquent se sentir plus écoutés notamment par leur
professeur et avoir une meilleure estime de soi. L'estime de soi
représente la part évaluative de la conscience de
9
soi. La conscience de soi est la représentation que
l'on fait de soi-même. Elle surgit chez les enfants grâce aux
interactions qu'ils ont avec les objets présents dans leur
environnement. Elle évolue ensuite jusqu'à ce que l'enfant, dans
la période de 3 à 7 ans développe certaines
habiletés cognitives qui lui permettent de se découvrir et
d'affirmer son identité. L'enfant accède alors au concept de soi
qui désigne l'ensemble des représentations qu'une personne
possède d'elle-même. Cette construction est à la fois
descriptive et évaluative. L'estime de soi est donc cette part
évaluative, c'est-à-dire, la valeur qu'une personne s'accorde
à elle-même. Elle évolue et se précise au fur et
à mesure que l'enfant grandi, mais peut aussi se
détériorer. L'estime de soi se façonne à travers
les interactions de l'enfant avec ses parents mais aussi avec ses professeurs
à l'école. Tous les acteurs qui entourent l'enfant ont un
rôle important dans son estime de soi (parents, enseignants,
éducateurs...), mais n'en ont pas toujours conscience. Un enfant qui a
une estime de lui-même élevée a des avantages par rapport
à d'autres car cela va lui permettre de développer des
compétences sociales qui elles-mêmes renfonceront son estime de
lui-même. L'estime de soi est importante dans les problèmes
d'adaptations à l'école et aussi dans les problèmes
d'apprentissages1. Le fait de valoriser chaque enfant dans son
individualité permet de ne pas privilégier certains
élèves par rapport à d'autres.
Suite à l'atelier du photo-langage et des thèmes
qui en ont découlés, nous avons élaboré une
première question de départ qui était « comment
guider un groupe vers des connaissances, des apprentissages en prenant en
compte l'individualité de chacun ». Nous devions alors faire des
recherches, construire un cadre conceptuel à partir de lectures pour
savoir ce qui avait déjà été traité sur ce
sujet et tester la question en créant un guide d'entretien pour affiner
notre question de départ.
Pour cela, nous sommes allées à la
bibliothèque une première fois et nous avons cherché tous
les livres qui nous semblaient correspondre à notre sujet. Puis, nous
nous les sommes partagés et les avons feuilletés dans le but de
sélectionner ceux qui paraissaient les plus pertinents. En
parallèle, nous avons élaboré notre guide d'entretien.
Concernant nos lectures, Leslie s'est concentrée sur un ouvrage
écrit par Jean-François Michel présentant les 7 profils
d'apprentissages. L'auteur nous détaille tout au long du livre, les
différents profils d'apprentissages. Au sein d'un profil d'apprentissage
il y a le profil d'identité, le profil de motivation et le profil de
compréhension. Après avoir pris en compte ces trois profils,
nous
1 Cours de psychologie de l'enfant et de l'adolescent
de L2 - SESS de Nathalie Savard
10
pouvons établir le profil d'apprentissage des
différents individus. Il y a 7 profils d'identité. En premier il
y a l'intellectuel qui aime apprendre. Généralement, il
affectionne la solitude. Introverti, il peut paraître distant
vis-à-vis des autres. Il est souvent bon élève. Vient
ensuite le dynamique qui aime agir, il a le don de réussir dans ce qu'il
a décidé d'entreprendre. Cela n'en fait pas automatiquement un
bon élève. Il compte beaucoup sur son sens de la
débrouillardise. Quant à l'aimable, il travaillera plus pour
faire plaisir à ses parents, à ses professeurs. Sociable et
gentil, c'est un élève très agréable. Cependant, il
a besoin d'attention pour pouvoir s'épanouir. Le perfectionniste a
horreur de mal faire. Il a une facilité à voir ce qui pourrait
aller de travers. Soucieux et inquiet, il prend le temps de faire les choses
correctement. L'émotionnel lui, agit en fonction de ses émotions
difficilement contrôlées et peut réagir de façon
théâtrale. Il possède un esprit très créatif
et aime se différencier de ses camarades. Pour l'enthousiaste, c'est la
joie de vivre qui prime. Il a une grande faculté à voir le
côté positif des choses. Cependant, l'ordre et la discipline ont
tendance à le frustrer. Enfin, il y a le rebelle. De peur d'être
blessé, il évite de montrer tout signe de faiblesse. Il
n'hésite alors pas à rentrer en confrontation mêlée
à des excès de colère. Il peut donc devenir un
élève difficile. Concernant les profils de motivation, ils sont
au nombre de 4. Il y a le profil « quelle utilité ». Ici, la
motivation dépend du degré d'utilité perçue de
l'enseignement. Ces personnes aiment d'avantage le concret. En second, nous
avons le « vais-je apprendre », qui relate d'une motivation pour
apprendre. Ces personnes aiment savoir pour savoir et sont curieuses d'esprit.
Ensuite, il y a le profil de motivation « avec qui ? ». La motivation
est centrée sur les personnes : quel professeur vais-je avoir ? Avec
quels camarades vais-je faire des travaux pratiques ? Enfin, le dernier est
« où ça se situe ? ». Les personnes qui ont ce profil
ont besoin de situer les choses, dans un plan, dans une vision globale, dans un
lieu. Ces personnes sont sensibles à l'environnement. Pour finir, il y a
3 profils de compréhension : l'auditif, le visuel et le
kinesthésique. Pour l'auditif, la compréhension s'effectue
principalement par l'écoute. Le visuel lui, comprend principalement par
ce qui est vu. La compréhension pour le kinesthésique s'effectue
principalement par ce qui est ressenti. C'est apprendre en faisant. Grâce
à la classification de l'auteur, nous pouvons plus ou moins savoir
quelles seront les attitudes, selon le profil de chaque élève,
quelle sera sa motivation mais aussi comment il préfèrera
apprendre (selon son profil de compréhension). Sachant cela, nous
pouvons d'avantage appréhender les comportements des différents
élèves. L'auteur nous aide même en disant quel serait le
comportement à adopter selon le profil d'apprentissage que l'on
rencontre, mais aussi quel type d'apprentissage est le plus adapté pour
que l'élève s'investisse. En effet, selon notre profil
d'apprentissage, nous n'apprenons pas de la même
11
manière, n'avons pas la même motivation à
apprendre mais aussi nous n'avons pas le même comportement. Il est bien
connu qu'au sein d'une classe ou bien d'un groupe d'élève, chaque
élève est différent et détient un profil propre.
C'est ce que nous confirme l'auteur de ce livre en prenant, tout au long de son
écrit, des exemples de différents profils d'identité. Il
nous montre ainsi concrètement comment s'y prendre avec chacun de ses
exemples et comment appréhender un apprentissage afin que les
élèves s'y intéressent au mieux et qu'ils soient
motivés. Cet ouvrage pourra donc faire avancer notre projet de recherche
dans le sens où il y a la description de chaque profil d'identité
mais aussi, il répond à la question : comment prendre en compte
ces différents profils. De plus, dans les derniers chapitres, l'auteur
décrit ce qu'il y a de mieux à faire comme activité selon
les profils d'apprentissages, ce qui peut nous aider dans la prise en compte de
l'individualité de chaque élève.
Salomé a lu L'efficacité des enseignants,
Sociologie de la relation pédagogique de Georges Felouzis. Elle a
donc pu remarquer que d'après l'auteur, l'effet-enseignant est quelque
chose de très important pour l'acquisition des connaissances des
élèves. La pédagogie choisie par l'enseignant peut, entre
autre chose, déterminer la réussite des élèves. En
effet, le contexte d'apprentissage est important pour les acquisitions des
élèves et a une forte influence sur l'échec et la
réussite scolaire. La classe et l'enseignant sont des
éléments contextuels des plus pertinents d'après l'auteur.
L'effet-enseignant et en particulier l'efficacité pédagogique de
celui-ci a néanmoins un impact plus important sur l'apprentissage d'un
élève. L'enquête sur laquelle s'appuie cet ouvrage est
faite auprès de lycéens en classe de seconde et de leurs
professeurs mais ces résultats sont valables pour toutes les classes.
Ici, le groupe-classe est très peu évoqué, c'est vraiment
l'enseignant, sa relation pédagogique aux élèves et son
jugement professoral qui sont mis en avant. D'après l'auteur, c'est
d'abord les représentations même de l'auteur et son rapport aux
élèves qui influencent son efficacité ou non. Par exemple,
si ce dernier est déjà dans l'optique que ses
élèves sont mauvais, alors, ils le seront puisque l'enseignant
qui n'aura que des attentes négatives aura des pratiques
pédagogiques peu intensives vu qu'il n'attend pas grand-chose de ses
élèves. Au contraire si l'enseignant est proche de ses
élèves, les pense capable de réussir, et accepte leurs
difficultés, ses pratiques s'en ressentiront et par conséquent
les résultats des élèves aussi. Ce type d'enseignant sait
se remettre en question et se réadapter sans altérer le contenu
et les connaissances qu'il transmet. De plus, ils ont une stratégie
pédagogique qui consiste à valoriser l'élève, cela
va agir sur son estime de soi et lui donner envie d'évoluer. Ces
pratiques pédagogiques sont donc centrées sur
l'élève et c'est ce qui constitue son efficacité.
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Quant à Sarah le livre qu'elle a lu aborde le sujet de
la pédagogie différenciée. Ce livre permet de savoir
comment prendre en compte l'hétérogénéité
des nouvelles réalités sociales et scolaires par une
pédagogie différente de la pédagogie traditionnelle : la
pédagogie différenciée. La pédagogie traditionnelle
est celle du modèle transmissif. Sur le triangle pédagogique de
Jean Houssaye2, professeur en sciences de l'éducation
à l'Université de Rouen, elle se situe du côté du
savoir, elle privilégie ainsi la démarche didactique de
l'enseignant. La pédagogie traditionnelle serait celle du savoir, du
modèle, de l'autorité, de l'effort, de l'individualisme et de la
sanction.3 D'après l'auteur Halina Przesmycki, la
pédagogie différenciée se définit comme une
pédagogie individualisée, qui reconnait l'élève
comme une personne ayant ses propres représentations.
L'élève était autrefois considéré comme une
boîte muette à qui il fallait enseigner une discipline. Les
élèves étaient en fait présents uniquement pour
écouter l'enseignant sans partage avec ce dernier. L'élève
n'était donc pas considérer comme une personne à part
entière capable d'avoir des opinions propres. Des questions ce sont
alors posées notamment par une didacticienne en physique : Laurence
Viennot. Lors d'une étude sur les raisonnements, elle a montré,
en analysant des paroles d'élèves, qu'ils ont effectivement une
logique propre, qu'ils construisent des théorèmes
spontanés, même s'ils ne sont pas exacts qui leur permettent de
résoudre les questions posées. Autrement dit les
élèves ont des représentations sur les différents
points abordés, la logique mathématique n'est pas la seule
à intervenir dans un raisonnement d'élève. En effet, il
existe une autre logique, celle des associations d'idées qui permet de
passer d'une représentation à
une autre. On introduit donc l'idée que chaque
élève peut avoir son raisonnement propre qu'il faut comprendre et
étudier pour l'aider dans son apprentissage. La pédagogie
individualisée est fréquemment utilisée en
pédagogie différenciée c'est aussi une modalité
complémentaire de cette dernière. La pédagogie
différenciée est appliquée à tous car tous les
styles d'apprentissage sont immanquablement représentés dans un
groupe classe lors que la
pédagogie individualisée s'adresse à des
personnes en nombre limité, parfois sur le temps de
cours, en s'appuyant sur des dispositifs
périphériques pendant les heures de cours.
Ce livre alimente notre projet de recherche dont une des
questions est de savoir comment prendre en compte l'individualité de
chaque élève. En effet, la pédagogie
présentée dans cet ouvrage propose plusieurs démarches
s'opposant ainsi au mythe de l'uniformité selon lequel
2 Voir annexe 1 - Triangle pédagogique
3 CLASS-EDU - Site personnel de conseils
pédagogiques/didactiques
13
tous doivent travailler au même rythme, dans la
même durée et par les mêmes moyens. Il n'y a pas deux
apprenants qui progressent à la même vitesse, qui soient
prêts à apprendre en même temps ou qui utilisent les
mêmes techniques d'études. Il est donc important d'analyser
l'hétérogénéité à la fois dans leurs
cadres de vie non scolaires et scolaires, puis
l'hétérogénéité dans leurs processus
d'apprentissages. Pour se faire, des élèves sont répartis
en plusieurs groupes qui travaillent chacun simultanément sur les
mêmes objectifs selon des processus différents, mis en oeuvre
à travers des pratiques diversifiées de travail autonome. La
différenciation des processus est déterminée par une
analyse préalable la plus fine possible de
l'hétérogénéité des réussites et des
difficultés. Cela nous permet donc d'avoir une idée sur la
problématique de notre projet de recherche.
Pour nos premiers entretiens, nous avons commencé par
interviewer une professeure des écoles. Il s'agit d'une connaissance de
Sarah, nous l'avons interrogé toutes les trois. Beaucoup de points nous
semblant importants sont ressortis de cet entretien. Elle nous a décrit
des choses concrètes qu'elle met en place au sein de ses classes. Elle
nous a notamment expliqué comment elle mettait en place des groupes de
besoin dans certaines matières et quel était le but de cette
pédagogie. L'idée de groupe de besoin est lancée par
Philippe Meirieu, chercheur et écrivain français,
spécialiste des sciences de l'éducation et de la
pédagogie, dans les années 1980. Selon lui, les meilleurs
élèves autant que ceux qui sont en difficulté ont des
« besoins » en termes d'apprentissage. Les groupes de besoin sont
constitués en fonction des besoins des élèves, à un
moment donné, sur des objectifs précis. Les groupes de besoin
peuvent évoluer. La notion de besoin permet pourtant des regroupements
plus originaux qui évitent de stigmatiser les bons ou les moins bons
mais permettent de regrouper des élèves temporairement pour
développer des compétences spécifiques. Concernant
l'individualité de chaque enfant, l'enseignante interrogée, ne
tient pas compte des différences sociales ou ethniques, elle prend en
compte uniquement les différences de compétences des enfants.
Elle adapte donc beaucoup son enseignement, notamment au travers de la
notation, pour que chaque enfant puisse évoluer, voir son
évolution et rester motivé. Par exemple, elle est "un peu moins
regardante lorsque les enfants ont des "troubles dys" (dyslexie, dysgraphie,
dysorthographie...) et un peu plus sévère avec les meilleurs
élèves". Cependant, elle met un point d'honneur à ce que
les enfants ne remarquent pas cette différenciation, l'important
étant qu'aucun d'entre eux ne se sente lésé. Elle applique
donc une pédagogie différenciée. Lorsque nous avons
abordé l'égalité des chances comme but ultime de l'Ecole,
elle a tout de suite émis des réserves. En ce qui concerne leurs
acquis en matière d'apprentissages, les élèves ne
partent
14
pas tous du même point de départ. En effet, avant
même leur entrée à l'école maternelle, les enfants
ne sont pas neutres, ils ont déjà été l'objet d'une
socialisation primaire qui leur a formé un premier capital
culturel.4 Les enfants ne faisant pas parti du même milieu
social, de la même famille, n'ayant pas le même capital culturel
à l'entrée de l'école, il est quasiment impossible qu'ils
aient tous le même niveau à la fin de l'année. Il y a
toujours des degrés d'écart entre le meilleur, souvent ayant une
culture proche de la culture scolaire et le moins fort de la classe ayant une
culture bien plus éloignée de la culture scolaire. L'objectif de
l'enseignante est donc de tous les faire progresser et de réduire au
maximum le degré d'écart. En allant dans le même sens,
l'enseignante nous a avoué qu'il n'y a pas de RASED (Réseau
d'Aides Spécialisées aux Elèves en Difficulté) dans
l'école dans laquelle elle travaille. Elle n'a donc que très peu
d'outils pour compenser les difficultés de certains enfants. Les
difficultés touchent aussi les élèves ayant de bons
résultats car ils ne sont régulièrement pas pris en
compte. Cette enseignante fait donc très attention aux besoins de
chacun. A notre demande, elle nous a aussi rapidement expliqué plusieurs
types de pédagogies comme la pédagogie différenciée
qu'elle tente au mieux d'appliquer, la pédagogie traditionnelle (ou
"frontale"), la pédagogie Freinet, et celle de Montessori. Pour finir,
elle nous a parlé des redoublements qui étaient aujourd'hui
interdits en école primaire, ou du moins extrêmement
limités. Pour elle, le redoublement serait bénéfique dans
certains cas, car c'est à l'école primaire qu'il faut mettre les
moyens pour aider les élèves, et non au collège, où
il est déjà trop tard.
Pour notre second entretien, que nous avons également
réalisé toutes les trois, nous avons décidé
d'interviewer un futur professeur des écoles afin de voir comment il
appréhendait son futur métier et comment il voyait les choses,
comment il pensait s'y prendre plus tard. De cet entretien en est ressorti que,
pour prendre en compte l'individualité de chacun, il avait l'intention
de faire des groupes de niveaux. Pour ce, il nous a dit qu'il voulait mettre
les élèves ayant le plus de difficultés ensemble et ceux
qui en ont pas dans un autre groupe. On a pu constater tout de même qu'il
était assez hésitant, ce qui était sûrement dû
au fait qu'il n'était pas encore complètement sur le terrain. Il
s'est inspiré de ses connaissances, de ses expériences
personnelles, comme notamment un stage qu'il a déjà
effectué. Cependant, pour notre mémoire, cet entretien ne nous a
pas apporté de réponses précises avec des exemples et des
cas concrets.
Enfin, le troisième entretien dirigé uniquement
par Sarah, concernait une professeure de danse qui exerce depuis 16 ans
maintenant. La professeure enseigne la danse à des enfants de 2 à
14
4 Cours de sociologie de L1 SESS de Séverine
Chauvel, Chapitre 2 - Les inégalités scolaires et culturelles
15
ans. Cette dernière a d'abord expliqué comment
elle formait ses groupes. Ils sont constitués en fonction de l'âge
des enfants. Elle a donc 4 groupes : un groupe de 2 à 5 ans, un de 6
à 8 ans, un de 8 à 10 ans et un autre de 10 à 14 ans.
Lorsque qu'elle inscrit un enfant, elle l'inscrit donc dans le groupe de son
âge. Selon elle, les groupes d'âge favorisent un meilleur
enseignement car les enfants ont les mêmes capacités. Cela permet
d'apprendre la même chose à tous les enfants, de leur faire faire
des exercices qui sont en accord avec leurs capacités pour chaque groupe
d'âges. Dans un groupe de danse, il y a des plus petits et des plus
grands. Cela permet aux plus grands d'aider les plus petits. Cela leur donne de
l'autonomie et les responsabilise. Il est important de prendre en compte
l'avance qu'ils peuvent avoir sur les autres pour éviter de les faire
régresser ou stagner. Selon Vygotsky, c'est l'apprentissage qui pilote
le développement. Il distingue donc deux situations, celle où
l'apprenant peut apprendre et accomplir seul certaines activités et
celle où l'apprenant peut apprendre et réaliser une
activité dans le cas présent des éléments de danse
avec l'appui d'un autre. Entre ces deux situations se situe la "Zone Proximale
de Développement " (ZPD) dans laquelle l'individu peut progresser
grâce à l'appui de l'autre. La ZPD se situe entre la zone
d'autonomie et la zone de rupture. Elle se définit comme la zone
où l'élève, à l'aide de ressources, est capable
d'exécuter une tâche. Une tâche qui s'inscrit dans la ZPD
permet à l'élève en apprentissage de se mobiliser, car
il
sent le défi réaliste. Afin de permettre aux
élèves de se situer dans leur zone proximale de
développement, il pourrait être nécessaire pour
l'enseignant de différencier les contenus, les structures, les processus
et les productions pour éviter que les élèves se
retrouvent, soit en zone de rupture car cela leur paraitrait trop difficile,
soit en zone d'autonomie car cela leur paraitrait trop simple. L'enseignant
doit encore proposer à l'élève des situations
d'apprentissages diversifiées qui visent sa zone proximale de
développement. Ainsi il lui sera possible de poursuivre le
développement de ses compétences en mettant à profit ses
connaissances antérieures, le
soutien de l'enseignant et l'interaction avec ses
pairs. Certaines études sur l'apprentissage ont montrées que
l'on apprend avec les autres et que tout le monde n'apprend pas de la
même façon ni au même rythme. L'apprentissage par les pairs
est un système d'apprentissage mettant en relation plusieurs personnes
dans une aide mutuelle qui désirent apprendre en développant et
en consolidant leurs acquis. Au sein des cours de danse on met donc les enfants
en situation d'apprentissage entre pairs car l'enseignant, avec beaucoup
d'élèves, ne peut pas être partout, avec plusieurs enfants
en même temps. En effet, les plus jeunes du groupe peuvent prendre
exemple sur les plus grands et les copier pour pouvoir, par la suite, prendre
leur place en tant qu' "ancien du groupe " lorsque les plus grands
16
passeront dans le groupe supérieur. Néanmoins,
pour un enfant pratiquant la danse depuis longtemps, étant capable
d'accomplir les tâches qu'on lui demande dans son groupe d'âge, on
peut l'inscrire dans le groupe supérieur, même si son âge
réel ne correspond pas au groupe d'âge. La professeure de danse a
ensuite expliqué qu'il était important en tant que professeure de
danse, de savoir enseigner à des élèves d'âges
différents. En effet, ils ont des capacités, des modes
d'apprentissages et de compréhensions très différents. Un
jeune enfant, aussi doué qu'il soit, n'aura pas les mêmes besoins
et ne demandera pas la même attention. Elle a donc comparé les
enfants du groupe des 2 à 5 ans. L'enfant de 2 ans et l'enfant de 5 ans
auront à apprendre les mêmes choses, cependant, la professeure
n'aura pas les mêmes exigences pour chacun d'eux. L'enfant de 2 ans ne va
pas encore à l'école, il n'a donc pas encore l'habitude de
participer à des activités avec d'autres enfants et va
réclamer une grande attention qu'il faudra lui donner tout en ne
négligeant pas les autres. La professeure a expliqué qu'elle
utilisait la différenciation simultanée. Cela signifie que dans
le processus d'apprentissage, les objectifs et les contenus sont
différents selon l'élève. Elle doit prendre en compte la
taille de l'enfant, son agilité, mais aussi sa capacité de
concentration. Elle essaye donc d'adapter les apprentissages en fonction de
chaque enfant surtout chez les tous petits. Car en effet, plus ils grandissent
et plus on peut leur enseigner la même chose sans forcément faire
de distinction.
Nos entretiens et nos lectures nous ont permis de confirmer
notre question de départ qui était « comment guider un
groupe vers des connaissances, des apprentissages en prenant en compte
l'individualité de chacun ? ». Nous avons donc pris le parti de ne
pas modifier cette question de départ qui est alors devenue notre
question de recherche.
III- Etat des travaux actuels sur notre
sujet
Après avoir fait nos recherches, nous avons pu
constater que beaucoup de travaux ont été fait à propos de
notre sujet. En effet, l'école a connu de nombreuses évolutions
suite à la massification scolaire, qui est l'accès massif
d'enfants des classes populaires à l'enseignement qui, jusque-là,
était réservé à l'élite. Aujourd'hui ce
n'est plus le cas, les classes défavorisées aussi ont
accès à l'école. Avec le développement de
l'école publique, la mise en place progressive d'une scolarité
obligatoire et la multiplication des filières, le nombre
d'élèves scolarisés a fortement augmenté au cours
du XXe siècle. En France, l'instruction obligatoire laïque et
gratuite est instituée par la loi du 28 mars 1882 (dite « loi Ferry
»). L'instruction
17
primaire devient alors obligatoire pour les enfants des deux
sexes âgés de six ans révolus à treize ans
révolus. L'Ordonnance du 6 janvier 1959, signée par le
président de la République Charles de Gaulle, a ensuite
décidé que l'âge de fin de la scolarité obligatoire
sera à 16 ans. La massification de l'enseignement par la prolongation de
la scolarité obligatoire à 16 ans et par la création du
collège unique (1975) visait l'élévation du niveau de
formation des nouvelles générations. Elle avait également
pour objectif la réduction des inégalités des destins
scolaires. Ainsi, le public scolaire a évolué dans le sens
où les classes populaires ont pu avoir accès à
l'école. Lorsque s'est levée la barrière d'une
sélection, un nombre considérable d'enfants, auparavant
écartés, se sont trouvés précipités dans un
système qui n'était pas conçu pour eux. Le filtre culturel
et social ayant été retiré, l'école s'est
trouvée mise au défi d'instruire des enfants de moins en moins
éduqués et avec peu ou pas de repères culturels. Ces
« nouveaux écoliers » ont posé, année
après année, à un système scolaire figé, des
problèmes car ce système n'était pas adapté pour
eux. Des inégalités ont vues le jour, que ce soit sociales ou
culturelles. Des élèves issus de classes populaires et ceux issus
de classes supérieures n'ont, pour la plupart du temps, pas la
même culture. Les élèves de classes supérieures
ayant, en général, une culture plus développée.
L'école a donc dû s'adapter à ces évolutions, en
prenant en compte l'individualité des élèves. Car, comme
le cite Marguerite Yourcenar, « Notre grande erreur est d'essayer
d'obtenir de chacun en particulier les vertus qu'il n'a pas, et de
négliger de cultiver celles qu'ils possèdent ». Il est donc
nécessaire de changer le système éducatif qui,
jusque-là était adapté seulement pour l'élite. Le
collège unique mis en place en 1975 par la loi Haby, par exemple, a
été une bonne chose dans la mesure où il permet d'amener
tous les élèves au même niveau en troisième. Ce qui
est injustifié, c'est l'idée que les inégalités
sociales détermineraient les inégalités scolaires. Il est
indéniable que tous les élèves n'ont pas les mêmes
personnalités, ni les mêmes capacités et que celles-ci ne
sont d'ailleurs pas forcément exploité par les professeurs. Ils
ne sont donc pas égaux face à une notion. C'est pourquoi la prise
en compte de leur individualité est importante. De nombreuses lois et
réformes ont vu le jour pour faire face à dans un premier temps,
l'échec scolaire qui était un problème majeur suite
à la massification scolaire des « nouveaux écoliers ».
Plusieurs causes existent quant à l'échec scolaire comme
notamment l'hétérogénéité des
élèves qu'il faut savoir prendre en compte. De ce fait, le but
principal des lois et des réformes mises en place est de réduire
au maximum les inégalités qui existent entre les
élèves. Il y a par exemple eu la loi de la refondation de l'Ecole
comme nous l'avons vu précédemment. Aussi, des modèles
éducatifs ont été mis en place comme la méthode
Freinet et celle de Montessori que nous avons citées et
développées. Nous pouvons ajouter que, suite à la
commande
18
ministérielle passée en octobre 2013, le Conseil
supérieur des programmes (CSP) a publié le projet de socle commun
de connaissances, de compétences et de culture. Le CSP a
été conçu pour que les programmes soient
élaborés par une instance impartiale (composée de trois
députés, trois sénateurs, deux membres du Conseil
économique, social et environnemental et 10 personnalités
qualifiées). Le socle commun de connaissances, de compétences et
de culture entrera en vigueur avec les nouveaux programmes de l'école
élémentaire et du collège à la rentrée 2016,
il doit permettre de construire la culture commune que vont acquérir les
élèves tout au long de leur scolarité obligatoire.
Beaucoup de mesures ont été prises afin de tenter de baisser au
maximum les inégalités présentes au sein de
l'école, mais aussi suite au fait qu'avec l'enquête PISA
(programme international pour le suivi des acquis des élèves),
nous voyons la France en bas du classement. PISA évalue
l'efficacité des jeunes (de 15 ans) en compréhension de
l'écrit, en culture mathématique et en culture scientifique au
moyen des tests communs à l'échelon international. Depuis
l'enquête PISA de 2000 jusqu'à aujourd'hui, nous pouvons remarquer
que la France perd des places d'année en année. Ce n'est pas
l'image que la France veut renvoyer aux autres pays, c'est pourquoi elle tente
sans cesse de s'améliorer afin d'obtenir une meilleure place. Pour
autant, des inégalités persistent, c'est pourquoi la prise en
compte de l'individualité de chaque élève ne peut
être un fait résolu. Il y a tout de même plusieurs solutions
possibles qui s'offrent à nous quant à la prise en compte de
l'individualité des élèves mais il peut s'avérer
compliqué de trouver la solution la plus adaptée parmi toutes
celles proposées. Chaque élève est différent et les
générations également, c'est pourquoi il est difficile de
trouver la solution qui s'adapte le mieux à tous ces changements. De
plus, une solution peut fonctionner pour un groupe et ne pas être
constructive pour un autre. Il serait donc nécessaire de continuer les
recherches et d'innover afin de pouvoir au mieux prendre en compte
l'individualité de chacun.
IV- Hypothèses
Suites à ces premières recherches nous avons
élaboré quatre hypothèses :
- Ne pas former des groupes de travail sans émettre un
niveau de difficulté permettrait à l'enfant d'être
considéré en tant que tel.
- Proposer un groupe de besoin au lieu d'un groupe de niveau
permettrait aux enfants d'accéder à des connaissances.
19
- Le redoublement permettrait une remise à niveau de
l'enfant en difficulté à condition que l'enfant le veuille.
- Avoir au moins un professeur des écoles
spécialisé (maître E, maître G...) dans chaque
équipe pédagogique pourrait être pertinent.
Cependant, à la fin du premier semestre, nous devions
rendre notre "projet de recherche" dans lequel se trouvaient les quatre
hypothèses citées ci-dessus. Suite aux remarques de notre
chargée de TD, nous avons modifié nos hypothèses.
Notre première hypothèse qui était "ne
pas former des groupes de travail sans émettre un niveau de
difficulté permettrait à l'enfant d'être
considéré en tant que tel" n'était pas claire dans sa
construction. Nous voulions mettre d'avantage l'accent sur la valorisation de
l'enfant lorsque des groupes sont formés. Notre première
hypothèse est donc finalement " Différencier les groupes de
travail par des noms et non par le niveau valoriserait les enfants".
Notre seconde hypothèse était à
compléter. En effet, cette hypothèse devait montrer que, selon
nous, le fait de mettre en place un groupe de besoin apporterait une
réponse plus adaptée au rythme de l'enfant. Notre nouvelle
hypothèse est donc "proposer un groupe de besoin au lieu d'un groupe de
niveau permettrait aux enfants d'accéder à des connaissances en
répondant d'avantage à leurs attentes et en respectant leur
rythme".
Pour nos deux dernières hypothèses, nous nous
sommes rendues compte que d'une part, le redoublement était de moins en
moins fréquent, voir même fortement déconseillé. En
effet, la
loi du 8 juillet 2013 de refondation de l'Ecole de la
République (article 37) a fait du
redoublement une procédure exceptionnelle. Le
législateur n'a pas souhaité supprimer le
redoublement mais le limiter à certaines circonstances
particulières qui le justifient
absolument.5 De plus, d'après le
ministère de l'éducation, en règle générale,
à l'école et au collège, le redoublement s'avère
peu équitable et inefficace du point de vue des progrès
individuels des élèves. Il affecte négativement la
motivation, le sentiment de performance et les comportements d'apprentissages
de ceux-ci et les stigmatise : à niveau égal en fin de
troisième, les élèves « en retard » obtiennent
de moins bonnes notes que les élèves « à l'heure
», sont moins ambitieux que ceux-ci et sont plus souvent orientés
en filière professionnelle. En outre, les comparaisons internationales
montrent que le redoublement est inefficace du point de vue des
résultats d'ensembles des systèmes éducatifs. D'autre
part, les RASED se font de plus en plus rare. D'après une circulaire de
juillet 2009 sur la difficulté scolaire, le RASED
5 Site du Ministère de l'Education National et
de l'Enseignement Supérieur et de le Recherche
20
est "un réseau mis en place, depuis 1990, pour mener
des actions de prévention et aider les enfants en difficultés
graves et persistantes à l'école. Il intervient dans les
écoles préélémentaires et
élémentaires d'une circonscription en fonction des besoins et des
priorités en concertation et en collaboration avec les équipes
pédagogiques. Ce dispositif est complémentaire afin
d'accroître les possibilités des équipes
pédagogiques pour la mise en oeuvre d'une différenciation des
réponses pédagogiques selon les besoins des
élèves." Par conséquent, nous avons fait le choix de
créer une nouvelle hypothèse sur la prise en compte des
difficultés des élèves en général. Notre
troisième et dernière hypothèse est donc "prendre en
compte l'individualité des élèves amènerait
à mieux prendre en compte leurs difficultés".
Suite à cela, nous avons mis en place un
échéancier afin de mieux s'organiser dans la construction de
notre mémoire :
|
Ce qui a été fait
|
|
|
TD2
|
Recherches théoriques
|
Recherche faite mais pas pu
|
|
? Réformes (V. Payon)
|
travailler dessus.
|
|
? Education populaire
|
Elaboration du guide d'entretien et
|
|
? Histoire petits
|
de la grille d'observation.
|
|
débrouillards
|
Choix des interviewés.
|
|
? Réformes 89-91 sur les cycles
|
|
|
? Inclusion scolaire
|
|
TD3
|
Guide d'entretien (choix des
|
Quatre livres trouvés à la
|
|
interviewés)
|
bibliothèque.
|
|
Grille d'observation
|
Un premier entretien de fait ?
|
|
Bibliothèque
|
avec une enfant
|
|
|
Début de l'introduction.
|
21
TD4
|
Introduction
Entretien(s)
Démarches méthodologiques
|
Révisions du projet de recherche Introduction
terminée Démarches méthodologiques commencées
|
TD5
|
Hypothèse 1 Fin entretiens
|
Révisions du projet de recherche Poursuite de la
rédaction des démarches méthodologiques
|
TD6
|
Hypothèse 2 et 3
|
2ème entretien fait avec une enseignante
Révisions du projet de recherche Début recueil de
données
|
TD7
|
Finir mémoire Conclusion
|
Hypothèse 1
Début hypothèse 2 Début hypothèse
3
|
TD8
|
Rendu du mémoire
|
Hypothèses terminées Conclusion faite Rendu du
mémoire
|
V- Recherches théoriques
Pour la réalisation de ce mémoire nous avons
aussi dû réaliser des observations participantes. L'observation
participante est une méthode d'étude consistant à observer
et analyser une société, un environnement, en participant
activement aux activités du groupe observé. Malinowski,
anthropologue de terrain, est l'un des premiers à mettre en place cette
méthode en vivant au contact des indigènes, en se faisant
accepter par la communauté et en
22
participant activement à leurs activités. En
effet, nous sommes affiliées à l'association "Les petits
Débrouillard", et devons chaque lundi après le temps scolaire,
faire découvrir les sciences à des enfants de cycle 2 aux travers
d'animations ludiques et d'expériences. Les petits débrouillards
existent dans de nombreux pays à travers le monde. Ils ont
été créés pour la première fois au Canada.
C'est un professionnel de la presse, Félix Maltais, qui après une
enquête cherchant à savoir les attentes des lecteurs de son
bulletin intitulé Hebdo science, y incéra en 1979 la
chronique Le Petit Débrouillard. C'est plus tard et au vu du
succès de son journal que Félix Maltais pris contact avec le CDLS
(Conseil du Développement du Loisir Scientifique), ce qui fera
naître le tout premier club des Petits Débrouillards. En France,
l'association, se décrivant comme un mouvement d'éducation
populaire, est un réseau national de culture scientifique et technique
se déclinant en quarte axes. Il y a l'engagement et la participation des
jeunes dans des projets liés aux sciences et aux technologies, favoriser
les activités et pratiques d'éducation au développement
durable auprès des jeunes, développer le sens du partage, de la
solidarité et du respect de l'autre en favorisant l'implication active
et enfin, permettre aux jeunes d'avoir au-delà de la simple perception
et de l'émotion, un regard critique informé et curieux. Leslie et
Salomé sont, dans ce cadre, dans une école du 13ème
arrondissement de Paris. Elles sont en charge d'un groupe de 11 enfants de CP
et CE1. Sarah se trouve dans une maison de quartier située à
Ivry-sur-Seine dans le Val-de-Marne (94). Elle est en charge, avec une autre
camarade de classe, d'un groupe composé de 17 enfants également
de CP et de CE1. Afin d'avoir un cadre pour ces observations, nous avons
élaboré une grille d'observation.6
Nous avons aussi, pour pouvoir répondre à nos
hypothèses, cherché des références
théoriques sur plusieurs supports dont notamment des livres
trouvés dans la section Sciences Sociales de la
médiathèque où nous sommes allées, mais aussi sur
Internet.
Nous avons d'abord entamé des recherches sur les
nouveaux cycles scolaires et aussi sur l'inclusion scolaire. Plusieurs lois
concernant l'éducation nous ont semblées importantes. D'abord la
loi d'orientation sur l'éducation de juillet 1989 aussi appelée
loi Jospin qui modifie largement le fonctionnement du système
éducatif français. Elle se compose d'un article fondamental,
l'article premier : « L'éducation est la première
priorité nationale. Le service public de l'éducation est
conçu et organisé en fonction des élèves et des
étudiants. Il contribue à l'égalité des chances
(...) ». La scolarité est organisée en cycles, trois pour le
primaire, trois
6 Annexe 2
23
pour le collège, et des cycles plus ou moins nombreux
au lycée selon les filières. Un Conseil National des Programmes
est mis en place pour donner des avis sur les programmes scolaires. Les
écoles, collèges et lycées sont tenus d'élaborer et
d'appliquer un projet d'établissement qui détaille la mise en
oeuvre des objectifs nationaux et les adapte à la situation locale. La
loi précise le statut des Greta en faisant des groupements
d'intérêts publics. En ce qui concerne la formation des
enseignants, les Instituts Universitaires de Formation des maîtres (IUFM)
sont créés. L'objectif de la loi d'orientation du 10 juillet 1989
de « conduire d'ici à dix ans l'ensemble d'une classe d'âge
au minimum au niveau du certificat d'aptitude professionnelle (CAP) ou du
brevet d'études professionnelles (BEP) et 80 % au niveau du
baccalauréat » n'a cependant pas été atteint. En
1991, un article concernant les cycles de l'école primaire vient
compléter la loi Jospin.
Cependant, depuis 2013, la loi de refondation de
l'école a redéfini les cycles d'enseignements scolaires. A
présent, la scolarité de l'école maternelle à la
fin du collège est organisée en quatre cycles
pédagogiques. Le cycle 1 est le cycle des apprentissages premiers, en
petite section, moyenne section et grande section d'école maternelle. Le
cycle 2 est des apprentissages fondamentaux, en cours préparatoire,
cours élémentaires première année et cours
élémentaires deuxième année d'école
élémentaire. Le cycle 3 est le cycle de consolidation, en cours
moyens première année, cours moyens deuxième année
d'école élémentaire et en classe de sixième, au
collège. Enfin, le cycle 4 est celui des approfondissements, en classes
de cinquième, de quatrième et de troisième, au
collège.
La loi de février 2005 pour l'égalité des
droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes
handicapées concerne donc l'inclusion scolaire. En plus de formaliser
l'égalité des chances pour des élèves porteurs de
handicap, cette loi met en place des moyens possibles pour leur inclusion en
milieu ordinaire, c'est-à-dire dans des écoles avec des enfants
non-porteurs de handicap. Cette loi définit le Projet
Personnalisé de Scolarisation (PSS), les modalités de
scolarisation des enfants concernés proposent des aménagements et
des aides à la scolarisation. Un PPS définit les modalités
de déroulement de la scolarité et les actions
pédagogiques, psychologiques, éducatives, sociales,
médicales, paramédicales répondant aux besoins
particuliers de l'élève. Il est élaboré, suite
à une demande de la famille auprès de la maison
départementale des personnes handicapées (MDPH), par une
équipe pluridisciplinaire qui évalue les compétences, les
besoins et les mesures mises en oeuvre dans le cadre du parcours de formation,
en s'appuyant notamment sur les observations réalisées dans ces
domaines par l'équipe de suivi de la scolarisation. En priorité,
la scolarisation se
24
déroule donc en milieu ordinaire dans
l'établissement scolaire du secteur du domicile et les enseignements
sont assurés par des enseignants de l'éducation nationale ou des
maîtres de l'enseignement privé sous contrat. Le projet
personnalisé de scolarisation est révisé au moins à
chaque changement de cycle ou d'orientation scolaire. Pour assurer
l'égalité des chances, les aménagements peuvent être
de différentes natures, ils peuvent concerner les horaires de l'emploi
du temps, les locaux scolaires ou encore les conditions de passages
d'épreuves orales, écrites et pratiques ou de contrôles
continus de l'enseignement scolaire (temps supplémentaire, assistant,
dispositif de communication adaptée, mise à disposition d'un
matériel adapté ou utilisation de matériel personnel,
etc.)
Avec la loi de refondation de 2013 cette idée
d'inclusion scolaire des enfants porteurs de handicap est renforcée. Il
convient de promouvoir une école inclusive pour scolariser les enfants
en situation de handicap et à besoins éducatifs particuliers en
milieu ordinaire. Le fait d'être dans la classe n'exclut pas de
bénéficier d'enseignements adaptés et est,
pédagogiquement, particulièrement bénéfique. Cette
scolarisation au sein de l'école ou de l'établissement permet
aussi aux autres élèves d'acquérir un regard positif sur
la différence. Des dispositifs sont mis en place concernant la formation
des enseignants, la coopération entre l'éducation nationale, les
établissements, les services médico-sociaux et la formation aux
outils numériques des élèves accueillis au sein des
établissements et services médico-sociaux. D'après
Philippe Tremblay, « l'inclusion ne se limite pas à la simple
présence physique d'un élève à besoins
spécifiques en enseignement ordinaire, mais concerne également et
surtout les mesures que l'école ordinaire met en place pour favoriser
l'apprentissage et la socialisation de cet élève. Cela implique,
bien entendu, la mise en place d'une différenciation, d'adaptation et de
modifications raisonnables qu'il convient de justifier. » (Inclusion
scolaire dispositifs et pratiques pédagogiques).
Cette loi de refondation s'inscrit dans un projet global dont
certaines des grandes orientations sont de "renforcer les politiques de
réussite éducative" ou de "faire évoluer le contenu des
enseignements, leur organisation et leur évaluation". L'accueil des
élèves en situation de handicap s'inscrit dans les politiques de
réussite éducative, mais la loi vise aussi une refondation de
l'éducation prioritaire qui a pour but de corriger l'impact des
inégalités sociales et économiques sur la réussite
scolaire par un renforcement de l'action pédagogique et éducative
dans les écoles et les établissements des territoires qui
rencontrent les plus grandes difficultés sociales, une plus grande aide
aux élèves en difficulté et une lutte contre le
décrochage scolaire. Pour faire évoluer le contenu des
enseignants, leur organisation et leur
25
évaluation, la loi veut redéfinir le socle
commun de connaissances, de compétences et de cultures en créant
de nouveaux programmes scolaires élaborés en cohérence
avec ce socle et avec les nouveaux cycles. Elle veut une évolution des
modalités d'évaluations et de notations mais aussi
l'amélioration de la progressivité des apprentissages par la
réorganisation des cycles, la réduction du nombre de
redoublements, ou une nouvelle transition entre l'école et le
collège.
Comme dit précédemment, nous avons aussi pris en
compte quelques ouvrages : Enseigner en classes
hétérogènes de Jean Michel Zakhartchouk, Les
méthodes qui font réussir les élèves de
Danielle Alexandre, On n'enseigne pas tout seul, À la crèche,
à l'école, au collège et au lycée
édité par Françoise Platone et Marianne Hardy et
enfin Professeur des écoles débutant - Gérer des
situations difficiles de Serge Herreman, Patrick Ghrenassia, Jannick
Caillabet, René Étrillard et Kathy Similowski.
A travers le livre Professeur des écoles
débutant - Gérer des situations difficiles, nous avons pu
voir qu'avant de mettre en place un travail de groupe, il y avait quelques
préalables à respecter comme le fait de dire aux
élèves ce qui va être mis en place et expliquer pourquoi.
Aussi, il est important de bien connaître les élèves au
niveau de leurs acquisitions comme au niveau rationnel, de cadrer le travail en
groupe, de faire attention au temps mais aussi de penser à alterner avec
d'autres formes (individuelle, en classe entière...) afin que le travail
en groupe prenne tout son sens. Il est mentionné dans ce livre que par
exemple, pour le cycle 3, il est possible d'observer et d'évaluer le
travail de groupe. Cette observation des enfants en action peut permettre
d'évaluer des compétences du socle commun, comme la
compétence 6 qui concerne les compétences sociales et civiques
mais aussi la compétence 7 portant sur l'autonomie et l'initiative.
(Socle commun de connaissances et de compétences : Décret
n°2006-860 du 11 juillet 2006). L'enseignant peut aussi évaluer
l'efficacité du groupe et leur réalisation notamment de par leur
organisation et ainsi, se rendre compte si le fait d'avoir créé
ce groupe de travail a été bénéfique pour eux ou
bien si le travail fourni n'était pas pertinent. Le professeur des
écoles peut donc aussi mieux appréhender le fonctionnement du
groupe mais surtout l'investissement de chacun des membres de ce dernier, voir
leur comportement, s'ils s'imposent ou non, s'ils donnent des idées,
prennent la parole ou encore de voir l'éventuel meneur du groupe. Une
fois le travail en groupe réalisé, il serait important d'en faire
une mise en commun. Il s'agit d'un instant de débat pensé et
organisé qui serait plus efficace qu'une simple correction collective
où le risque est que personne n'écoute. Dans une mise en commun,
le cheminement intellectuel, les échanges et l'argumentation sont
confiés
26
aux élèves. Ceci pourrait permettre une
valorisation des élèves qui sont acteurs de leur correction. Dans
la réalisation des groupes, pour pouvoir différencier simplement,
on peut jouer sur plusieurs paramètres selon les besoins et
difficultés des élèves. Par exemple, sur la longueur des
exercices qui peut varier, y compris pour une évaluation. Sur les outils
disponibles, certains élèves pourrons avoirs des outils
complémentaires que d'autres n'auront pas nécessairement besoin.
On peut jouer sur les différentes tâches et les différents
rôles, notamment en travail de groupe. Aussi, sur l'aide à la
réalisation de la tâche (par l'enseignant, un élève
tuteur ou encore une aide extérieure), sur des démarches
pédagogiques différentes (analytiques, déductives,
exercices d'application...), sur des situations d'apprentissages
différentes (situation d'écoute, d'écrit, d'oral...), sur
des modalités d'apprentissages diversifiées et adaptées
(individuel, binôme, type de groupe); sur la relation pédagogique
(valoriser, défier, gratifier) ou encore sur la remédiation, en
reprenant des apprentissages en groupes restreints par exemple. Cet ouvrage
apporte aussi des informations concernant les différentes aides
proposées par l'institution selon les difficultés des
élèves. Selon les difficultés que présente
l'élève, il y a différentes aides. En cas de
difficultés d'apprentissages persistantes, l'enseignant peut faire un
signalement au Réseau d'Aides Spécialisées aux
Elèves en Difficulté (RASED) et un projet peut être mis en
place. Le RASED est composé de trois enseignants
spécialisés dont le premier est un psychologue scolaire
(investigations psychologiques comprenant les examens cliniques et
psychométriques nécessaires à l'analyse des
difficultés de l'enfant et au choix des formes d'aides adaptées).
Le second est un maître G (interventions à dominante
pédagogique qui sont adaptées aux situations dans lesquelles les
élèves manifestent des difficultés avérées
à comprendre et à apprendre, alors même que leurs
capacités de travail mental sont satisfaisantes). Enfin, le dernier est
un maître E (à dominante rééducative
indiquées quand il faut faire évoluer les rapports de l'enfant
à l'exigence scolaire, restaurer l'investissement scolaire ou aider
à son instauration). Les personnels du RASED ont trois missions
essentielles. D'abord une mission d'expertise. Cela contribue à
l'observation des élèves identifiés par l'enseignant de la
classe, à l'analyse de leurs compétences et des
difficultés qu'ils rencontrent et à la définition des
aides nécessaires. Ensuite une action de prévention. Et enfin une
action de remédiation à travers l'élaboration de projets
pédagogiques personnalisés. Les Programmes Personnalisés
de Réussite Educatives (PPRE) sont définis par le décret
de mise en oeuvre de la loi d'orientation du 25 août 2005 dans le cadre
des dispositifs d'aides et de soutien pour la réussite des
élèves à l'école en relation avec l'acquisition du
socle commun de connaissances et de compétences. Il concerne des besoins
particuliers qui retardent fortement l'acquisition des connaissances et
compétences constitutives
27
fondamentales. Le PPRE est élaboré par
l'équipe pédagogique et le conseil des maîtres du cycle, il
définit les actions à mettre en oeuvre. Il est adapté
à chaque élève et s'appuie sur les compétences
acquises par l'enfant. A noter que le PPRE est formalisé dans un
document conçu pour être lisible par tous et signé par
l'élève et sa famille, dans lequel il est précisé
les objectifs de l'action d'aide identifiée, son descriptif, les
indicateurs d'évaluation qui y sont associés,
l'échéancier des aides et les bilans intermédiaires et
enfin les remarques de l'élève et de ses parents.
On n'enseigne pas tout seul, A la crèche, à
l'école, au collège et au lycée est un compte-rendu
du colloque (de la conférence) du Cresas datant de 2000 ayant pour
thème les interactions sociales et les transformations des pratiques
éducatives pour la réussite de tous. Le Cresas est une
unité de recherche de l'Institut nationale de recherche
pédagogique (INRP) étudiant les conditions
psychopédagogiques et les contextes institutionnels et sociaux
favorisant les apprentissages de tous les élèves et les
conditions qui permettent aux enseignants et éducateurs de s'engager
dans la transformation de leurs pratiques. Cette étude se fonde sur une
conception constructiviste et interactionniste des apprentissages,
développée à partir d'un cadre théorique piagien et
wallonien, selon laquelle apprendre c'est construire les savoirs en interaction
avec autrui.7 Nous avons dans ce livre, choisi de nous concentrer
uniquement sur le cinquième chapitre intitulé
"L'hétérogénéité : obstacle ou ressource
pour les apprenants et les pédagogues ?". D'après cet ouvrage,
l'école veut toujours unifier alors qu'il faut de plus en plus faire
avec les différences de chacun. Le "système scolaire doit
apprendre à travailler avec toutes ces diversités". J.
Biarnès, l'un des co-auteurs de l'ouvrage, n'utilise pas ici le mot
"hétérogénéité". En effet par
définition, l'hétérogénéité
correspond à des différences de nature, or les hommes ont tous la
même nature. Le mot "diversité" correspondant à une
différence de culture serait donc plus approprié. L'Homme est
à la fois un être universel et singulier pour les chercheurs du
Cresas et c'est cette dualité de l'espace pédagogique qu'il faut
pouvoir "gérer", c'est-à-dire qu'il faudrait organiser un espace
d'apprentissage pour que celle-ci puisse s'exprimer afin que le sujet soit
acteur de ses apprentissages. Les chercheur du Cresas ont mis en place avec des
enseignants des situations éducatives afin de travailler "sur" et "avec"
les inégalités scolaires. Des tâches plus ouvertes ont
été proposées aux enfants, par exemple un projet d'art
plastique, et les interventions des enseignants étaient de plus en plus
stimulantes et moins conductrice. Les résultats ont montrés que
les élèves qualifiés par les enseignants de "moins bons"
se découvrent des aptitudes nouvelles et les "meilleurs"
développent des
7 On n'enseigne pas tout seul, Cresas,
2000
28
aptitudes un peu moins formelles. Aussi, le rapport
coopératif avec les pairs est développé et l'écart
entre les élèves se réduit. Cependant, cette
méthode serait plus difficilement transposable aux savoirs fondamentaux,
plus formels. Les recherches ont montrées que plusieurs facteurs
étaient importants pour faire ce transfert. D'abord le caractère
ouvert de la tâche, mais plus encore, le rôle joué par
l'adulte pour susciter et soutenir l'interactivité et la
réflexion des enfants. L'enseignant doit être ouvert à
l'imprévu, accepter la multiplicité des idées même
désordonnées, il doit apporter une aide à
l'émergence des idées, laisser le temps de formuler, essayer de
comprendre ce que veulent dire les enfants, il doit aussi apporter de la
circulation aux idées, renvoyer au groupe les propositions de chacun
dans le but d'éviter les relations duelles avec les enfants. De plus, ce
chapitre met en avant le rôle positif que peuvent jouer les
inégalités de savoirs et de compétences chez les enfants.
En effet, cela implique une dynamique interactive importante et une
construction des savoirs par tous les enfants. Ces inégalités des
savoirs peuvent constituer une ressource pédagogique à condition
que les questions travaillées soient des questions pour tous,
c'est-à-dire présentant encore quelques difficultés pour
les plus avancés mais ayant déjà du sens pour les moins
avancés. On peut facilement voir cette "mise au travail de
l'hétérogénéité" dans les classes
multi-âges où de nombreux avantages ont été reconnus
comme notamment le fait que dans ce cas, ne pas savoir n'est pas stigmatiser ou
encore qu'il y a une meilleure intégration des enfants ayant des retards
d'apprentissages.
Dans Les méthodes qui font réussir les
élèves, Danielle Alexandre, agrégée en lettre
moderne expose dans un style simple, les principales méthodes et options
pédagogiques que ce soit des précurseurs ou des recherches les
plus récentes en sciences de l'éducation. L'un des points de
l'ouvrage qui nous a le plus intéressé est un chapitre
intitulé "Gérer
l'hétérogénéité des élèves".
D'après l'auteur, l'hétérogénéité est
la difficulté majeure du métier d'enseignant, il faudrait donc
rompre avec "l'indifférence aux différences" d'après
l'expression de Bourdieu, pour éviter les inégalités. En
effet, faire comme si les différences n'existaient pas, renforce les
inégalités. L'une des solutions serait une pédagogie
différenciée qui est en fait une méthode d'enseignement et
non une pédagogie. La pédagogie différenciée permet
de s'ajuster aux besoins de chaque élèves, de prendre en compte
les besoins de tous les élèves, il faudrait pour cela mettre en
place des méthodologies différentes dans une même classe.
L'auteur donne même "des leviers pédagogiques pour
différencier au quotidien". Par exemple, on peut différencier
grâce à la configuration de la classe, son organisation, le
travail en groupe (de besoin par exemple), grâce à des
sollicitations cognitives différentes (méthode
déductive,
29
inductive, appel à la créativité...),
grâce au traitement des erreurs des élèves, grâce
à des rythmes de travail différents (départ
échelonnés, travail plus ou moins court), ou encore grâce
à des devoirs à la maison différents selon les
élèves. Plusieurs niveaux de différenciation sont
possibles, d'abord une différenciation successive proposée par
André de Peretti qui consiste à utiliser différentes
méthodes, différents supports, différentes
démarches au sein d'une même séance afin que tous les
élèves rencontrent au moins une méthode qui leur
convienne. Il existe aussi la différenciation simultanée
proposée par Philippe Meirieu, cette méthode vise à
répondre de manière personnalisée aux besoins des
élèves. Elle consiste à organiser des activités
différentes simultanément en constituant des groupes de besoins.
L'un des points mit en avant par l'auteur dans la mise en place de la
différenciation est qu'il faut systématiquement varier les
approches. L'enseignant peut varier entre une démarche inductive et une
démarche déductive. La démarche inductive part de
concepts, de règles, de définitions déjà connues
pour les appliquer ou raisonner à partir d'eux. La démarche
déductive, elle, part de faits, d'exemples, de
situations-problèmes accessibles aux élèves pour les
amener à dégager des principes, des règles, des
définitions, des concepts. L'enseignant doit aussi pouvoir associer
l'oral et l'écrit, il doit utiliser les gestes. En effet, les individus
n'ont pas tous la même méthode de traitement de l'information, il
peut être d'avantage visuel ou auditif, le but est donc de permettre
à tous les élèves d'enregistrer les informations.
Différencier c'est aussi pour l'enseignant de faire varier les postures
et les formes de guidage comme par exemple être plus dans
l'accompagnement pour des élèves découragés et
plutôt dans le lâcher prise avec des élèves plus
à l'aise, ou encore varier les configurations organisationnelles en
faisant des activités de groupe, des activités individuelles ou
en binôme, en utilisant différents moyens de faire interagir les
enfants.
"Pour une aide efficace aux élèves en
difficulté" est un autre chapitre de cet ouvrage qui nous a
particulièrement intéressé. En effet, d'après
l'auteur si l'on veut vraiment permettre aux élèves de surmonter
leurs difficultés, il faut pouvoir être capable d'identifier et de
comprendre les problèmes pour y répondre de façon
adaptée. Philippe Meirieu insiste sur le fait qu'on confond souvent
élève en difficulté et élève en échec
alors que ce sont des réalités différentes qui demandent
donc des réponses pédagogiques différentes.
L'élève en difficulté est intégré
socialement dans la classe et dans l'école mais ne parvient pas à
satisfaire à toutes les exigences scolaires, il manque souvent de temps
et demande des explications en plus par exemple, ou encore il comprend les
conseils donnés mais n'arrive pas toujours à les appliquer et ses
interventions ou ses réponses sont souvent en décalage avec ce
qui est attendu. L'élève en échec, lui, est en rupture
avec la vie de la classe. Ses travaux ne sont pas en phase avec les
30
attentes, ils sont vides ou hors sujets, l'élève
subit le temps scolaire, demande très peu ou pas d'explications
complémentaires et les conseils donnés n'ont aucun effet.
Le premier point important pour permettre à ces types
d'élèves de réussir est d'anticiper les difficultés
plutôt que de réagir lorsqu'elles sont déjà bien
ancrées. Par exemple, lorsqu'on remarque qu'un élève a
quelques difficultés pour lui, on peut lui donner le texte qui sera
travaillé en classe un peu avant les autres pour qu'il puisse se
l'approprier. Le but de ces stratégies est de donner la
possibilité à ceux qui ont du mal d'ordinaire de se trouver un
temps en position forte dans le groupe-classe. Il s'agit de ne pas laisser
s'installer la difficulté. A l'opposé d'une culture
pédagogique encore très répandue, fondée sur la
remédiation qui consiste à organiser l'aide après-coup,
une fois les difficultés constatées, l'aide efficace sera
efficace si elle être proposée au moment même où
surgit la difficulté. Pour cela, l'auteur donne plusieurs
méthodes, plusieurs solutions qu'un enseignant peut appliquer. Elle
donne l'exemple du tutorat ou du monitorat entre élèves et dit
que cette ressource pédagogique n'est que trop peu exploitée.
Pour Goodlad et Hirst en 1900, le tutorat entre pairs est un «
système d'enseignement au sein duquel les apprenants s'aident les uns
les autres et apprennent en enseignant ». En effet, en s'entre-aidant, les
élèves doivent remobiliser leurs savoirs pour les expliquer
à d'autres élèves, ils peuvent alors pointer les points
obscurs de leurs propres connaissances. L'enseignant est tout de même
présent pour intervenir, pour accompagner les élèves
lorsqu'ils rencontrent des difficultés. Cette proposition permet aussi
une reformulation plus accessible pour les élèves ayant
d'avantages de difficultés grâce à un langage souvent plus
proche du leur que de celui du professeur du fait que ce soit d'autres
élèves qui leur expliquent. Ces propositions relèvent de
la médiation. « On apprend mieux avec l'aide des autres que tout
seul ». En effet, ce concept insiste sur le rôle nécessaire
des autres pour une plus grande efficacité des apprentissages. Aussi,
l'auteur trouve une grande importance dans la reformulation, que ce soit ce que
le professeur a dit ou un élève, il est intéressant de le
dire de le faire reformuler d'une manière différente. Faire
reformuler est un moyen de vérifier la compréhension mais aussi
l'écoute. De plus, en reformulant ce que vient de dire un
élève, le professeur fournit un langage plus normé, des
formes syntaxiques plus diversifiées, un lexique plus scientifique : il
fournit ainsi un modèle accessible. L'enfant lui en reformulant, exerce
la flexibilité du langage. Dans ce même chapitre, l'auteur montre
des dispositifs spécifiques d'aides personnalisées que
l'enseignant peut mettre en place. Elle donne deux exemples : l'atelier
dirigé et l'entretien d'explication. L'atelier dirigé est un
dispositif qui permet à l'enseignant de s'occuper d'un petit groupe
d'élève pour un accompagnement personnalisé. L'enseignant
prend en charge un petit groupe d'élèves pendant que les autres
font autre chose.
31
Ce type de travaux est dirigé par l'enseignant qui
régule les interventions de chacun des élèves. Le nombre
d'élèves restreints permet à l'enseignant d'apporter une
aide et un soutien ciblés au plus près des besoins de chacun. La
tâche est la même pour tous les élèves mais chacun
bénéficie des apports du groupe pour mener à bien sa
production personnelle. Le but de l'entretien d'explication est de faire
verbaliser par l'enfant la façon dont il a agi pour produire telle ou
telle réponse, effectuer tel ou tel exercice. En verbalisant les
procédures qu'il a utilisées, l'élève en prend
conscience et peut les réajuster si nécessaire. L'enseignant lui,
peut identifier et détecter des difficultés encore
insoupçonnées.
L'ouvrage «Enseigner en classes
hétérogènes» que nous présente Jean-Michel
Zakhartchouk constitue un outil de réflexion important et propose un
ensemble de pistes d'actions particulièrement utiles aux enseignants.
Pour beaucoup d'enseignants, l'hétérogénéité
du niveau scolaire représente un problème car ils ne savent pas
comment la gérer. De nombreux professeurs souhaiteraient avoir une
classe homogène, situation qui est perçue comme une fiction :
avoir des élèves pratiquement identiques à qui on pourrait
enseigner les mêmes choses, en même temps, au même rythme,
n'est pas concevable dans la réalité actuelle. Il existe bien
évidemment des classes plus hétérogènes que
d'autres, mais les différences de niveaux et d'acquisitions ne sont
qu'une manière parmi d'autres de distinguer les élèves les
uns des autres. L'auteur de cet ouvrage ainsi que tous ceux qui y ont
participés considèrent plutôt
l'hétérogénéité comme une richesse. C'est
dans la pédagogie dite différenciée que l'on retrouve
l'idée de l'hétérogénéité. En effet
« Il n'y a pas deux apprenants qui progressent à la même
vitesse; Il n'y a pas deux apprenants qui soient prêts à apprendre
en même temps; Il n'y a pas deux apprenants qui utilisent les mêmes
techniques d'étude; Il n'y a pas deux apprenants qui résolvent
les problèmes exactement de la même manière; Il n'y a pas
deux apprenants qui possèdent le même profils
d'intérêt; Il n'y a pas deux apprenants qui soient motivés
pour atteindre les même buts.» Il faut donc mieux connaître
les élèves à la fois dans
hétérogénéité de leurs cadres de vie non
scolaire et scolaire, puis dans
l'hétérogénéité de leurs processus
d'apprentissage. Mais d'où provient cette
hétérogénéité dans les classes aujourd'hui ?
Selon Bruno Suchaut, responsable de l'institut de recherche sur
l'éducation (IREDU), le terme
d'hétérogénéité fait son apparition de
manière progressive dans le langage courant des enseignants, à la
suite de l'évolution du système éducatif français.
Cette évolution est principalement le fait de deux mécanismes. Le
premier tient au phénomène de massification du système
scolaire qui a permis à l'ensemble d'une classe d'âge
d'accéder à des parcours scolaires de plus en plus longs. Le
second tient à la suppression de certains paliers d'orientations, de
filières. A cela s'ajoute une évolution sociale,
économique et culturelle de
32
la société qui a provoqué des changements
dans le rapport des individus à l'école. Une population
d'élèves se conforme moins à la norme scolaire
traditionnelle. Pour toutes ces raisons, de la maternelle à
l'université, le public d'élèves s'est diversifié,
tout en donnant lieu à une plus grande difficulté dans l'exercice
du métier d'enseignant. Cette
hétérogénéité si souvent mise en avant dans
le discours des acteurs, recouvre en fait plusieurs dimensions au niveau des
élèves : niveau d'acquisition, capacités cognitives,
comportement scolaire, milieu social... La question est alors de savoir si
cette hétérogénéité du public
d'élèves rend les contextes d'apprentissages moins efficaces. De
plus, Bruno Suchaut rappelle que
l'hétérogénéité ne nuit pas à la
réussite des élèves.
L'hétérogénéité apparaît donc comme
favorable bien que ce ne soit pas la pensée de tous. La prise en compte
de l'hétérogénéité dans la gestion de la
classe devrait être une constante de l'acte pédagogique car il y
aura toujours des élèves forts, moyens et faibles, des
élèves aux aptitudes variées ou des élèves
appartenant à des milieux familiaux qui entretiennent une plus ou moins
grande proximité avec l'école. En fait, tout est une question de
degré dans cette hétérogénéité et
surtout de capacité à l'accepter et à la gérer au
quotidien par les enseignants. L'organisation de la scolarité en cycles
dans l'enseignement élémentaire a pourtant établi un cadre
favorable à la prise en compte des différences interindividuelles
dans les rythmes d'apprentissage des élèves. Mais cela ne suffit
sans doute pas et la solution réside encore une fois dans l'adaptation
des pratiques pédagogiques à la diversité "naturelle" des
élèves. Cette réalité, impose une pédagogie
différenciée. Comme tous les élèves n'ont pas les
mêmes acquis et ne partent pas du même point de départ, il
faut prendre en compte les différences et introduire au sein de la
classe des moments où tous les élèves ne vont pas faire la
même chose, avec les mêmes exigences ou avec les mêmes
méthodes. Cependant il s'agit bien d'atteindre des objectifs communs,
mais ces derniers sont déclinés différemment selon les
élèves. Il faut donc tenir compte des différents besoins
des élèves, introduire des moments différenciés au
sein de la classe hétérogène. Dans de nombreux cas, il
faut prendre la classe telle qu'elle est. Si on n'a pas participé
à sa constitution, on peut tout de même l'organiser au mieux en
mettant en place des groupes de besoins à des moments précis.
Mais dans d'autres cas, on peut participer à la répartition des
élèves dans des classes de façon permanente ou au
contraire variable, avec des regroupements plus homogènes à
conditions que ce ne soit que ponctuel et lié à un projet
précis. Les groupes de besoin sont donc des groupes
hétérogènes, en effet ils sont constitués
d'élèves qui n'ont pas le même niveau dans une
matière mais qui a un moment donné ont les mêmes
difficultés. A l'intérieur d'un tel groupe, les
élèves s'enrichissent mutuellement, il y a des interactions
sociales : c'est le conflit sociocognitif. D'après Philippe
Mérieu, il est
33
important pour une équipe de professeurs de diviser le
temps scolaire hebdomadaire en deux temps : un temps en classe
hétérogène où sont définis les objectifs,
organisés les apprentissages communs, effectués les
évaluations. Puis un temps en groupe de besoins où les
élèves sont répartis en fonction de leurs besoins
identifiés dans tel ou tel domaine et pris en charge par un des
professeurs de l'équipe. Un autre point qui apparaît dans cet
ouvrage est la question de l'évaluation, pouvoir évaluer les
capacités de chacun. Il faut pouvoir être objectif, savoir
informer les élèves de la valeur réelle de leur travail et
prendre en compte les différences de compétences et d'acquis
scolaires dans la classe. Florence Castincaud, professeur de français
dans un collège, nous donne alors des pistes pour prendre en compte les
différences dans la classe lorsque l'on doit évaluer. Pour elle,
il faut d'abord alléger la pression des évaluations pour que les
élèves moins forts reprennent confiance en eux et en leurs
possibilités d'apprendre. Les enseignants peuvent donc
différencier leurs évaluations selon les acquis des
élèves. Par exemple en mathématiques, prendre d'avantage
en compte le raisonnement qui peut être valide même si le
résultat est faux. On peut également réaliser certaines
tâches, en plusieurs fois, par étape. Les enseignants peuvent
aussi communiquer aux enfants les critères sur lesquels ils seront
évalués, avant le devoir, afin que les élèves
puissent travailler sur leurs lacunes. D'autres moyens peuvent être mis
aussi en place pour que l'évaluation des élèves soit
bénéfique pour eux, qu'ils puissent progresser et ne pas
être démotivé par un échec. Tout cela contribue donc
à tenir compte de l'hétérogénéité.
Aussi, depuis la loi 2005 sur le handicap, l'école est désormais
inclusive, c'est-à-dire que tout le monde peut y accéder, de plus
en plus d'élèves « à besoins particuliers »
intègrent des classes ordinaires ce qui peut poser problème aux
enseignants qui ne sont pas forcément préparés à
accueillir certains élèves souffrant ou non de handicap et
à adopter leurs pratiques pédagogiques de manière radicale
pour que ces élèves puissent apprendre et suivre. Ceci est
également vrai pour les élèves « à
intelligence précoce », car d'après l'auteur, ces
élèves souvent mal compris et peu pris en compte par les
enseignants, sont eux-aussi régulièrement en échec
scolaire. C'est pour cela que prendre en compte les différences des
élèves est essentiel. Accompagner les élèves dans
et hors de la classe apparaît également comme un des point
importants de cet ouvrage. Il faudrait d'avantage s'intéresser aux
élèves les plus fragiles, ayant d'avantages de besoins que
d'autres. Cela passe d'abord par une attention ciblée au sein de la
classe avec la mise en place d'un réel accompagnement. Mais il faut
aussi pouvoir mettre en place une aide personnalisée par le biais de
groupes restreints ou même très restreints en dehors des temps de
classe. Cette situation d'accompagnement permettra de faciliter la tâche
de compréhension, proposer aux élèves des outils, des
manières de s'organiser, les aider à
34
faire resurgir ce qu'ils ont déjà traités
et relier leurs connaissances passées au présent. Il faut tout de
même faire attention à ce que ces élèves acceptent
leurs erreurs et le fait qu'ils ne comprennent pas tout du premier coup.
Enfin, dans la continuité de notre cadre
théorique, nous avons dû mener des entretiens non-directifs.
L'entretien non directif est une méthode d'étude qualitative
basée sur la réalisation d'entretiens individuels ou collectifs
durant lesquels l'animateur est le moins actif possible et laisse un maximum de
latitude aux interviewés pour exprimer leurs ressentis ou attitudes.
L'animateur doit donc, poser la question de départ puis lorsque c'est
nécessaire, faire des relances. Nous avions tout de même
élaboré un guide d'entretien8 afin de cadrer nos
entretiens.
Nous avons d'abord décidé d'interroger un
enfant. L'entretien a été mené par Salomé sur une
enfant de 10 ans étant en CM1. Ce qui est ressorti de cet entretien est
que cette élève est consciente que les travaux qu'elle fait
individuellement et les travaux de groupe ou "en coopération" ne lui
apportent pas la même chose : elle trouve que les travaux en groupe sont
plus faciles grâce à l'entre-aide qui est possible avec les
membres de son groupe. De son point de vue, les groupes ne sont pas
formés par niveau, du moins elle n'en parle pas en ce sens, ils seraient
plutôt faits en termes d'affinités ou selon les places dans la
classe. L'interviewée a aussi parlé de tableau et de ceinture de
comportement. En début d'année, tous les élèves de
la classe sont au niveau de la ceinture blanche. S'ils se comportent
correctement ils peuvent augmenter leur ceinture, en fonction d'un nombre de
point (tableau de comportement). Chaque semaine, les élèves ont
20 points, s'ils se comportent mal, ils peuvent perdre des points. C'est alors
en fonction des points qu'ils leur reste à la fin de la semaine qu'ils
peuvent, ou non, changer de ceinture. Il y a six niveaux : ceinture blanche,
jaune, orange, verte, bleue et marron. Plus ils ont une ceinture haute, plus
les enfants peuvent avoir de responsabilités et ont le droit de faire
des choses (se lever sans demander la permission ou ranger sans demander la
permission). La couleur de la ceinture correspond à un degré de
confiance que leur fait la maitresse. Aussi, si les élèves
perdent des points dans la semaine, ils peuvent les récupérer en
faisant des tâches dans la classe, effacer le tableau par exemple. La
maitresse a elle aussi une ceinture, la ceinture noire. Elle est donc comme les
élèves. Cette méthode valorise tous les
élèves car elle leur permet de montrer de quoi ils sont capables,
elle leur permet aussi d'avoir des responsabilités s'ils le souhaitent
et ne dévalorise pas ceux qui ont un
8 Annexe 2
35
moins bon comportement puisque tous sont partis du même
point, et ont chaque semaine la possibilité de se rattraper. Nous avons
pu mettre cela en parallèle de l'observation d'une camarade de classe.
En effet, dans une classe, les élèves avaient aussi un tableau de
comportement, en revanche, ici, ils étaient classés du moins bon
au meilleur comportement. La maitresse mettait quatre images de lion au
tableau, sur le premier un lion très content, sur le deuxième un
lion perplexe, sur le troisième un lion pas content et sur le dernier un
lion rugissant. Les élèves étaient alors classés
dans l'une des catégories. Cette méthode stigmatise les
élèves et particulièrement ceux qui sont dans la colonne
du lion rugissant.
Pour le second entretien, Leslie et Salomé sont
allées dans une école maternelle classée ZEP et REP afin
de rencontrer une enseignante de moyenne section. Les ZEP ou zones
d'éducation prioritaire qui font parties du programme d'éducation
prioritaire, ont pour but premier l'amélioration des résultats
des élèves, notamment des plus défavorisés. En
1997, la priorité à donner aux apprentissages des
élèves est confortée par une révision de la carte
des zones d'éducation prioritaire et de la création des
réseaux d'éducation prioritaire (REP). Ces réseaux
associent, à des établissements déjà en ZEP, des
écoles et établissements qui nécessitent une aide
particulière en raison des difficultés qu'ils
rencontrent.9 L'entretien s'est déroulé pendant les
vacances scolaires. L'enseignante préparait les activités pour la
rentrée, l'école était donc vide. Ainsi, elle pouvait
facilement nous montrer ce qu'elle faisait concrètement dans sa classe.
La professeure nous a expliqué que depuis 2 ans, l'école dans
laquelle elle enseigne tente de pratiquer des méthodes de
différenciations pédagogiques inspirées des
méthodes Montessori et Freinet mais que chaque enseignant reste libre
d'appliquer sa propre méthode au sein de sa classe. En effet, si
l'enseignante interrogée ainsi qu'une majeure partie de ses
collègues vont, dans la mesure du possible et de leur convenance dans le
sens du projet de l'école, une des enseignantes, titulaire depuis 25 ans
applique une méthode plutôt frontale et sans
différenciation depuis plusieurs années. La "pédagogie
Freinet"10 que l'on attribue à l'instituteur Célestin
Freinet est une pédagogie dite "active", c'est-à-dire que
l'objectif est de rendre l'apprenant acteur de ses apprentissages afin qu'il
construise ses savoirs à travers ses expériences. Dans la
pédagogie Freinet, la classe est organisée comme un espace
coopératif où chacun contribue à des projets collectifs et
peut s'exprimer librement. Elle s'appuie sur l'expression libre des enfants,
leurs expériences et leurs tâtonnements. Le rôle du
maître est de guider, accompagner, relancer ou réorienter une
recherche lorsque cela est nécessaire. La
9 Réseau canopé, Education
prioritaire, Ministère de l'éducation nationale, de
l'enseignement supérieur et de la recherche.
10 Les méthodes qui font réussir les
élèves de Danielle Alexandre
36
pédagogie Montessori11 créée
par Maria Montessori est aussi une pédagogie active. Cette
méthode ne peut se pratiquer que dans des écoles du même
nom car elle demande beaucoup de matériel. En effet, l'idée de
Maria Montessori est de mettre à la disposition des écoliers un
matériel adapté, mais surtout, les laisser libres de choisir
eux-mêmes les activités qu'ils souhaitent faire, pendant le temps
qu'ils le désirent. Elle observe que dès lors que l'enfant se
trouve dans un environnement propice, accompagné par un éducateur
qui s'adapte à lui et le stimule, l'enfant apprend par lui-même,
à son rythme. L'enseignante interrogée nous a expliqué que
son public est plutôt socialement compliqué, en effet beaucoup
d'élèves sont des enfants issus de classes sociales
défavorisées, ou des enfants d'immigrés, certains d'entre
eux ne parlent pas français. Elle pense donc que la
différenciation pédagogique est une méthode qui convient
parfaitement à ce type de public car il est vrai que les enseignants
peuvent utiliser des méthodes pédagogiques différentes
selon la classe, les élèves, le lieu de l'établissement
afin de s'adapter au mieux. L'enseignante nous a alors montré quels
outils elle utilise dans sa classe. Elle nous a notamment montré et
expliqué le cahier de brevets12. C'est un cahier individuel
qui regroupe toutes les activités faites en classe en photo. En effet,
en maternelle, il est compliqué de rendre compte de ce qui est fait en
classe car ce sont surtout des activités manuelles, les parents peuvent
donc suivent vraiment ce que fait leur enfant grâce à ce cahier.
De plus, pour les parents, mais aussi les enfants non francophones, les photos
leur permettent de comprendre, d'avoir des repères visuels. L'enfant
peut alors se situer dans ses propres apprentissages, il sait ce qu'il sait
déjà faire et ce qui lui manque. Dans ces brevets, les
compétences s'atteignent progressivement, chaque compétence est
déclinée en sous-compétence pour que chaque
élève ne soit pas en échec. Chaque sous-compétence
rapporte une étoile (un degré) et le but est que tous les enfants
aient au moins une étoile par compétence. Le premier degré
est normalement atteignable pour tous les enfants sans exception. En revanche,
si l'enseignante mettait tous les enfants directement sur le degré le
plus élevé, elle sait qu'une grande partie de la classe n'y
arriverait pas. Malgré son investissement conséquent, notre
interviewée ne voit que des avantages pour les élèves dans
cette méthode, pour elle, ils ont d'avantage confiance en eux car ils ne
sont plus dans l'échec. Aussi elle voit une plus grande motivation
puisqu'ils sont dans une perceptive de progrès, ils veulent tous avoir
le plus d'étoiles possibles et savent comment les avoir. Mis à
part le cahier de brevet qui atteste d'une pédagogie
différenciée pratiquée, l'enseignante a, au fil du
temps
11 Association Montessori de France -
http://montessori-france.asso.fr/
12 Voir annexe 4
37
mis en place des ateliers autonomes de type
Montessori13 afin de développer leur motricité fine et
leur autonomie.
Nous devions, pour notre troisième et dernier entretien
interroger une auxiliaire de vie scolaire (AVS). Nous avions un contact
grâce à l'enseignante de moyenne section qui nous a donné
le numéro d'une AVS de son école. Nous lui avons donc
envoyé un message mais cette dernière n'y a répondu qu'une
semaine plus tard et les rendez-vous qu'elle nous proposait n'étaient
pas possible pour nous. Au vu du temps qu'il nous restait, nous n'avons pas pu
trouver d'autre professionnel afin de mener cet entretien. Nous avons donc fait
des recherches sur cette activité afin de comprendre le rôle d'une
AVS auprès des enfants en difficultés et comment cet aide
était mise en place. D'après l'ONISEP, l'auxiliaire de vie
scolaire intervient pour permettre à l'élève en situation
de handicap d'accomplir des gestes qu'il ne peut faire seul, travaille en
collaboration avec l'enseignant et facilite le contact entre
l'élève et ses camarades de classe, tout en veillant à
l'encourager dans ses progrès en autonomie. Il existe plusieurs types
d'AVS, comme les AVS-i ou les AVS-co. Les AVS-Co travaillent au service
d'élèves en situation de handicap relevant d'un dispositif
collectif d'intégration (CLIS, UPI) et participent à la mise en
oeuvre d'un parcours adapté. Les AVS-i ont une fonction individuelle,
elles sont orientées vers l'aide à l'accueil et à
l'accompagnement individualisé d'élèves porteurs de
handicaps (aide nécessairement reconnue par le MDPH). L'auxiliaire de
vie scolaire individuelle n'est pas attribué à n'importe quel
enfant que l'on suppose avoir un handicap. L'attribution est possible
dès lors qu'un examen approfondi de la situation de l'enfant fait
apparaître le besoin, pour une durée déterminée,
d'une aide humaine apportée dans le cadre de la vie scolaire
quotidienne, en vue d'optimiser son autonomie dans les apprentissages. La
décision est alors prise par la maison départementale des
personnes handicapées (MDPH). Avant cette attribution, la MDPH doit
avoir bâti, en coopération avec l'équipe éducative
mais aussi avec l'enfant et les parents, un projet personnalisé de
scolarisation (PPS). Un PPS est un document écrit qui définit et
coordonne les modalités de scolarisation et les actions
pédagogiques, psychologiques, éducatives, médicales et
paramédicales adéquates à mettre en place pour faciliter
la scolarisation de l'élève handicapé. Il précise
aussi si l'élève a besoin d'un auxiliaire de vie scolaire et de
matériel pédagogique adapté. Il existe aussi des projets
d'accueil personnalisés (PAI) qui précisent les adaptations
à apporter à la vie de l'enfant en collectivité. Le PAI
concerne les enfants atteints de troubles de la santé comme par exemple
certaines pathologies chroniques telles que l'asthme, des
13 Voir annexe 4
38
allergies ou encore des intolérances alimentaires. Ces
documents sont importants afin de permettre aussi à l'enseignant de
prendre en compte la problématique de l'enfant. Les AVS-i,
chargés du suivi individuel d'un élève handicapé,
peuvent donc avoir à :
? intervenir dans la classe : aide aux déplacements,
à l'installation ou à la manipulation de matériel, au
cours de certains enseignements, facilitation et stimulation de la
communication entre le jeune handicapé et son entourage, ou toute aide
définie avec l'enseignant ;
? participer aux sorties de classe occasionnelles ou
régulières ;
? accomplir des gestes techniques ne requérant pas une
qualification médicale ou paramédicale particulière (aide
aux gestes d'hygiène, par exemple) ;
? participer à la mise en oeuvre et au suivi des
projets personnalisés de scolarisation en tant que membres de
l'équipe de suivi de la scolarisation.
Les AVS n'ont pas vocation à se substituer aux
professionnels de l'enseignement ou du soin. Ils sont en charge d'un
accompagnement "généraliste", uniquement dans le cadre scolaire
et périscolaire, sans intervenir au domicile de
l'élève.
VI- Hypothèse 1
Différencier les groupes de travail par des noms et
non par le niveau valoriserait les enfants.
Au sein de la pédagogie, le travail en groupe peut
être un atout pour les élèves. Nous pouvons
différencier trois grands types de groupes qui sont les groupes de
niveaux, les groupes de besoins et les groupes
hétérogènes.
Dans les groupes de niveau, les élèves sont
répartis généralement en trois, maximum quatre, types de
groupements sous les étiquettes « rapides », «
moyennement rapides ou/et lents », « lents » traduites en fait
par « forts », « moyens », « faibles » selon un
seul critère de choix qui est le plus souvent la notion assez floue de
« résultats scolaires » définis par une
évaluation essentiellement sommative de notations des moyennes du
trimestre ou demi-trimestre et des notes obtenues aux contrôles communs
de niveau.
Comme nous l'avons vu suite à notre premier entretien,
L'idée de groupe de besoin est lancée par Philippe Meirieu, dans
les années 1980. Selon lui, les meilleurs élèves autant
que ceux qui
39
sont en difficultés ont des « besoins » en
termes d'apprentissage. Les groupes de besoin sont constitués en
fonction des besoins des élèves, à un moment donné,
sur des objectifs précis. Les groupes de besoins peuvent évoluer.
La notion de besoin permet pourtant des regroupements plus originaux qui
évitent de stigmatiser les bons ou les moins bons mais permettent de
regrouper des élèves temporairement pour développer des
compétences spécifiques.
Dans l'ouvrage « Les méthodes qui font
réussir les élèves », on a pu constater que l'auteur
mettait l'accent sur l'importance du travail en groupe et plus
particulièrement le travail en groupe hétérogène.
Comme il nous le dit, presque un siècle après Dewey ou Freinet,
qui en avaient proposé les bases, et trente ans après des travaux
de Meirieu qui l'ont approfondi et ont montré à quel point il
s'agissait là d'un formidable outil pédagogique de gestion de
l'hétérogénéité. Il est
précisé que le fait de regrouper les élèves ayant
le même niveau dans un même groupe n'apporterait rien dans le sen
où les élèves se verront en miroir, ils resteraient dans
leurs certitudes et leurs éventuelles difficultés, étant
donné qu'ils sont tous au même niveau. C'est ainsi qu'il est
préconisé d'utiliser la diversité des
élèves, s'en servir comme points de résistance et
éléments déclencheurs de pensée, de progrès.
L'enjeu ici est de transformer l'obstacle de
l'hétérogénéité des élèves, en
levier pédagogique. Le levier essentiel est d'obliger chaque
élève à confronter ses propositions et les
procédures dont il dispose à celles des autres. Ces
échanges contradictoires permettent de débusquer et de
dépasser des résistances mais aussi d'explorer et discuter des
voies nouvelles qu'un élève seul n'aurait pu affronter ou
même concevoir.
Nous avons alors vu qu'il existait différents types de
groupes. Toutefois, dans la majorité des cas, ces groupes sont
nommés et bien souvent, ils sont souvent classés par 1, 2, 3 et 4
par exemple ou encore A, B et C. Cette simple désignation de groupe peut
en réel avoir un impact sur l'élève. En effet, le fait de
se retrouver dans le groupe 4 pourrait apporter un sentiment de
dévalorisation par l'élève qui lui, aimerait plus se
retrouver dans le groupe numéro 1 qui est réputé pour
contenir les « meilleurs élèves ». De notre propre
expérience en tant qu'élève, en sport par exemple, nous
préférions être dans le meilleur groupe afin de ne pas
être considéré comme étant « nul ». Comme
nous l'a expliqué la professeure que l'on avait interrogée en
première, il serait donc préférable pour le bien des
élèves de nommer ces groupes par des noms et non par le niveau.
En effet, c'est ce qu'effectue cette dernière et ainsi, ses
élèves ne se considèrent pas « inférieur
» aux autres. Les nomes qu'elle a donnés pour les groupes de
40
maths par exemple sont « Obélix », «
Idéfix », « Astérix » et « Panoramix ».
Les élèves ne savaient pas quel nom correspondait à quel
groupe. Elle ajuste les consignes selon le groupe et, au fil de l'année,
elle augmente toujours un peu le niveau afin que les élèves se
rendent compte qu'ils progressent. Le fait d'agir de la sorte pourrait aller
jusqu'à améliorer l'estime de soi des élèves dans
le sens où ils ne peuvent pas se focaliser sur le numéro du
groupe vu qu'il n'y en a pas et ainsi, ils se concentrent d'avantage sur leur
progression tout au long de l'année, leur but principal n'étant
pas d'être dans le groupe 1 mais plutôt de se rendre compte de
leurs progrès. A savoir que l'estime de soi est la valeur qu'une
personne s'accorde à elle-même, elle se façonne à
travers les interactions de l'enfant avec ses parents mais aussi avec ses
professeurs à l'école. Tous les acteurs qui entourent l'enfant
ont un rôle important dans son estime de soi.
Nous pouvons également parler des groupes dit de
comportement. Nous en avons entendu parler avec une de nos camarades de classe
mais aussi avec la soeur de Salomé. Il s'agit là de classer les
élèves dans un certain groupe selon leur comportement. Le premier
exemple donné par notre camarade consiste à classer les
élèves au sein de trois groupes avec une tête de lion qui
sourit, une autre avec une tête de lion sans expression
particulière et la dernière qui n'est pas contente. Selon comment
ils se comportés, les élèves étaient donc
classés dans l'un des trois groupes. Concernant l'exemple de la soeur de
Salomé, il s'agit de différentes couleurs de ceintures et selon
la couleur dans laquelle l'élève se trouve, la professeure lui
accorde plus ou moins de confiance et lui confie plus ou moins de tâches
à effectuer. A noter que l'enseignante a elle aussi une ceinture qui est
la ceinture noire, la plus élevée, elle se met alors, en quelque
sorte au même niveau quand les élèves en ayant aussi une
ceinture bien que celle-ci soit plus élevée et que les enfants ne
peuvent pas l'atteindre. Après en avoir discuté entre nous, nous
avons trouvé que le premier système n'est pas pertinent dans le
sens où cela ne fait que stigmatiser les élèves. Il n'y a
pas de réel intérêt dans cette méthode car les
élèves sont inscris dans « une case » qui les valorise
ou non et pour ceux étant considéré comme n'ayant pas le
comportement attendu à l'école, il peut y avoir une
stigmatisation. De plus, pour ces élèves, ça leur donne
une mauvaise image d'eux-mêmes et leur rappelle sans cesse qu'ils ne se
comportent pas correctement. Par conséquent, et souvent inconsciemment,
le professeur dévalorisera l'enfant et ne le poussera pas à
s'améliorer. Nous trouvons que la méthode avec les ceintures
valorise d'avantage les enfants dans le sens où ils partent tous au
même au point de départ, en ayant la même ceinture et ne
peuvent que s'amélioré. En effet, les enfants ne se comportant
pas mal sont récompensés en changeant de ceinture et en ayant
41
plus de droit dans l'école (se lever en classe sans
demander la permission par exemple) et les élèves ne se
comportant pas correctement ne sont pas rabaissés dans le sens où
lorsqu'ils sont dans une ceinture ils ne peuvent pas revenir à la
ceinture précédente.
Nous avons donc constaté que le fait d'attribuer des
numéros aux différents groupes de niveau notamment, pouvait
dévaloriser les élèves et se sentir moins
compétents que ceux étant dans le groupe 1. Le fait de les nommer
par des noms neutres comme le fait la professeure des écoles que nous
avons interviewées en première valorise donc les
élèves étant donné qu'ils n'appartiennent pas
à un numéro mais à un nom. De plus, en
général les enfants préfèrent appartenir dans un
groupe avec un nom original, plutôt qu'un numéro qui est
très commun et assez scolaire.
Mais au-delà des noms de groupe, leur composition est
l'élément le plus fondamental dans leur construction étant
donné que ce sont les échanges entre les élèves qui
reflèteront leur efficacité. Ainsi, il est important de prendre
en compte leur individualité afin de répondre à leurs
besoins.
VII- Hypothèse 2
Proposer un groupe de besoin au lieu d'un groupe de niveau
permettrait aux enfants d'accéder à des connaissances en
répondant d'avantage à leurs attentes et en respectant leur
rythme.
Comme dit précédemment, nous nous sommes en
effet rendu compte tout au long de nos recherches que plus que le niveau des
élèves, il était important d'évaluer, de prendre en
compte leurs besoins afin de les guider aux mieux dans leurs apprentissages. La
mise en place de groupes de besoin est un aspect d'une pédagogie
différenciée. Nous avons beaucoup développé cette
pédagogie car elle nous semble importante, facile à mettre en
place, et semble apporter des résultats plutôt satisfaisants
même lorsqu'ils sont réduis.
D'après nos lectures et nos entretiens notamment, nous
avons pu voir que les résultats sur les élèves ne sont pas
les mêmes si l'enseignant utilise une pédagogie plutôt
différenciée avec des groupes de besoin ou s'il met en place des
groupes de niveau explicitement définis (par des
42
numéros par exemple). Avec la mise en place de groupes
de niveau, l'estime de soi des enfants, notamment lorsqu'ils se trouvent dans
"le bas du classement" peut diminuer. En effet, lorsque les enfants savent
qu'ils sont dans le groupe des "nuls", ils peuvent se dirent que de toute
façon ils le sont et ne pourront jamais réussir. Nous pouvons en
faire l'expérience cette année avec les groupes de langue. Les
étudiants de la licence sont répartis en 6 groupes d'anglais qui
va du plus faible (groupe 1) au groupe bilingue (groupe 6). Nous sommes dans le
groupe 2 et savons parfaitement que nous sommes dans un groupe faible, sans
compter sur l'enseignant qui ne cesse de nous le rappeler. Nous sommes donc
démotivées et peu importe les exercices donnés par
l'enseignant, nous ne voyons plus l'intérêt puisque de toute
façon nous resterons dans le groupe faible. En se sentant
dévalorisés, les enfants peuvent donc ne plus s'autoriser
à entrer dans les apprentissages. Aussi, ce type de mise en groupe n'est
pas toujours adapté. Il ne prend pas réellement en compte les
différences entre les enfants, si ce n'est leurs différences de
notes lors des évaluations.
Les groupes de besoin correspondent d'avantage à cette
différenciation qui nous semble si importante. En effet, en prenant en
compte leurs besoins en fonction des difficultés que l'on aura
ciblées ou de profil d'apprentissage, l'enseignant permettra à
chaque élève d'avancer à son rythme sans se sentir
dévalué. Des enfants peuvent avoir le même niveau sans
avoir les mêmes besoins ou inversement. Par exemple, une
élève en difficulté scolaire peut avoir autant de besoin
de développer sa créativité qu'un très bon
élève qui ne développe rien d'autre que des tâches
purement scolaires. Leslie et Salomé ont pu voir cela dans leur atelier
des Petits Débrouillard. Elles ont une élèves assez
studieuse qui écoute parfaitement les règles et fait tous ce qui
est demander et un élèves plutôt "turbulent" qui n'applique
pas vraiment les consignes demandées. Pourtant, ces deux
élèves s'exprime très peu, ils sont plus ou moins dans
l'action, mais ne prennent que rarement la parole, même lorsqu'ils sont
interrogées, ils peinent à faire une phrase complète, et
réponde uniquement lorsqu'ils n'ont pas le choix. Ces deux
élèves qui sont pourtant opposé par le comportement et le
niveau scolaire ont tous deux un même besoin : le développement de
leur langage oral. Nous pouvons aussi mettre en place des groupes de besoin en
dehors de la classe, pour des élèves en très grande
difficulté ou non francophone par exemple afin qu'ils puissent reprendre
les notions non-comprises dans un cadre plus calme que la classe et à
leur rythme.
43
Les enfants ont tous différents besoins, et il faut que
les individus qui les entourent et particulièrement l'enseignant y
répond au mieux afin que l'enfant soit dans un
bien-être14 indispensable à sa réussite
scolaire. Il faut aussi pouvoir prendre en compte le rythme de chacun, que ce
soit leur rythme biologique ou d'apprentissage. En effet, chaque enfant, dans
une même classe n'avance pas de la même manière, certain ont
besoin de plus de temps par exemple et ils n'atteignent pas tous les
mêmes compétences au même moment. Pour cela, l'enseignant
peut mettre en place des dispositifs afin de respecter le rythme de chacun et
de favorisé leurs besoins. Ainsi même l'enfant le plus en
difficulté pourra se sentir valorisé et en progression. Les
travaux de groupe, lorsque ce qu'il ne s'agit pas de groupe de niveau peut
permettre cela. En groupe, l'enfant n'a pas d'autre choix que d'exprimer ses
difficultés et doit les mettre en confrontation avec celles des autres,
les élèves peuvent alors d'entre-aider et celui qui a compris
pourra expliquer aux autres d'une autres manière que l'enseignant. Les
élèves les plus en difficultés découvrent des
pistes d'apprentissages qu'ils n'auraient jamais imaginé d'eux
même mais qui leur deviennent alors accessible puisqu'elles proviennent
de pairs.
VIII- Hypothèse 3
Prendre en compte l'individualité des
élèves amènerait à mieux prendre en compte leurs
difficultés.
L'individualité des élèves doit selon
nous être prise en compte au quotidien. En effet, nous sommes tous unique
et tenter de faire assimilé des apprentissages à des individus en
faisant comme s'ils étaient tous les mêmes n'est pas pertinent.
Bien que prendre en compte les spécificités propre à
chacun des élèves est très compliqué au sein d'une
classe puisque qu'ils sont en nombre, les enseignants devrait tous mettre en
place des méthodes qui puissent répondre aux besoins et aux
attentes du plus grand nombre d'enfant. Grâce à nos lecture et
à nos entretiens, nous avons vu qu'il était possible de
diversifier facilement les approches pédagogiques afin que chaque
élève se sente concerner et pris en compte par son enseignant. La
pédagogie différenciée (ou différenciation
pédagogique) est une démarche pédagogique visant à
s'ajuster aux besoins de chaque élèves, c'est-à-dire que
l'enseignant cherche à s'adapter aux difficultés de chaque
élèves de la classe mais aussi à leurs point forts. La
14 p.6, 7 Rythme scolaire / rythme d'apprentissage,
Circonscription de Loche, 2013
44
différenciation pédagogique peut-être
facilement mis en place au quotidien, en variant les approches ou les
activités. Par exemple en faisant des groupes de besoin, en diversifiant
les supports pour une même tâche (support auditif, visuel...), ou
encore en instaurant des rythmes de travail différents (durée
plus ou moins courte pour faire un même travail, départ
échelonné...). Il est considéré que tout
procédé visant à prendre en charge
l'hétérogénéité des élèves
relève de la pédagogie différencié. Nous avons
rencontré quelque unes de ces méthodes à travers nos
entretiens et nos recherches telle que la "pédagogie Freinet" ou celle
de Montessori. Mais il en existe bien d'autres que les enseignants peuvent,
appliquer ou du moins tenter de mettre en place. Lors de nos entretiens, nous
avons pu voir des applications concrètes de pédagogie
différencié. Notamment l'enseignante de moyenne section qui met
en place des "brevets" avec des étapes progressives afin d'arriver
à la compétence à attendre. Tous ses élèves
sont capables de réussir la première étape, il n'y a donc
aucun sentiment d'échec. Même les enfants en très grande
difficulté se sente valorisé. Ces enfants ont alors une meilleure
estime de soi que s'ils étaient constamment confrontés à
l'échec et s'investissent donc d'avantage dans les apprentissages.
Aussi, grâce aux brevets, les enfants pourront plus facilement observer
leurs progrès (valorisation) et non ce qu'ils ne savent pas encore faire
(dévalorisation). Valoriser les enfants, que ce soit des
élèves en difficultés ou non, nous semble important si
l'on veut leur donner une réelle envie d'apprendre. Et cette
valorisation est d'autant plus importante pour les élèves en
difficulté puisque ce sont des élèves qui ont souvent un
manque de confiance en eux et d'estime d'eux même. Les enseignants
peuvent essayer de valoriser les enfants qui ont des difficultés
d'attention ou qui ne veulent pas participer aux activités. Leslie et
Salomé essayent de faire cela à chacun de leurs ateliers Petits
Débrouillard. En effet, certains élèves dont un en
particulier a parfois du mal à s'investir dans les activités,
cela ne lui "plait pas" ou il a simplement passé une mauvaise
journée ou est fatigué. Salomé et Leslie pourraient
laisser l'enfant boudé dans son coin comme il le fait souvent, mais
celui-ci, qui n'a déjà pas beaucoup confiance en lui (il demande
souvent si ce qu'il fait est bien par exemple), pourrait se sentir encore plus
"nul" et perdrait peut-être encore plus de confiance. C'est pour cela que
Leslie et Salomé lui donne régulièrement des
responsabilités (aller chercher du matériel par exemple) ou lui
disent qu'il n'y a rien de faux, que tout peut être bon dans les
expériences, qu'il suffit simplement d'essayer.
Prendre en compte l'individualité de chaque enfant est
donc selon nous un point essentiel pour les enseignants d'aujourd'hui. Mais ces
derniers peuvent aussi être confrontés, dans leur classe, à
certain élèves ayant des difficultés bien plus grandes qui
sont parfois d'ordre
45
médicales. Pour répondre à ses
problématiques, des dispositifs spécialisés peuvent
être mis en place mais ce n'est pas toujours le cas. Il existe d'abords
des Réseau d'Aides Spécialisées aux Elèves en
Difficulté (RASED) qui sont des groupes d'enseignant
spécialisé (psychologue, maître E, maître G...). Ces
réseaux permettent des diagnostiques et une prise en charge des grandes
difficultés scolaire. Mais ce dispositif se fait aujourd'hui de plus en
plus rare, certaines écoles ne disposent pas du tout de RASED, et cela
surement par soucis budgétaire. Aujourd'hui, il est plus courant de voir
des projets mis en place lorsqu'un élève est diagnostiqué
comme ayant un ou des troubles de l'apprentissage par exemple. La mise en place
de projet personnalisé de scolarisation (PPS) passe d'abord par la
détection d'une difficulté par l'enseignant puis par un
diagnostic médical qui peut alors aboutir à un PPS. L'enseignant,
ayant un grand nombre d'élève, n'a pas les moyens de se
focalisé sur chacun d'eux de manière individuel, ce dont a besoin
un enfant en grande difficulté. C'est pour cela que dans le cadre d'un
PPS, une auxiliaire de vie scolaire (AVS) peut-être mise à
disposition. Elle aidera l'élève dans son individualité,
dans ses difficultés propres afin de lui permettre
d'évolué à son rythme ou du moins, lui permettre de suivre
avec les autres élèves dans la classe. Leslie a pu voir la prise
en charge d'un élève par une AVS lors d'un stage. En effet, un
élève de grande section semblait avoir certains troubles du
comportement, il faisait des crises de nerfs, s'énervait, se
débattait et paniquait lorsque son enseignante lui refusait quelque
chose par exemple. L'enseignante ne pouvait pas lui consacrer tout son temps
lors de ces crises, c'est pourquoi certain jours, une AVS venait dans la classe
afin de prendre en charge cet élève. Cependant, elle ne pouvait
pas venir chaque jour puisqu'elle avait en charge plusieurs
élèves sur différentes écoles. Un jour où
Leslie était présente, mais pas l'AVS l'élève avait
un manque totale de concentration et s'énervé très vite.
La professeure a donc proposé à Leslie de s'en occuper pour la
matinée afin que cela puisse la soulagé et que
l'élève ai quelqu'un pour s'occuper de lui. Leslie a donc
travaillé uniquement avec cet élève toute la
matinée dans une autre salle que le reste de la classe en alternant le
moment de travail scolaire et le moment de jeu. L'élève
était alors à l'écoute, parlait calmement et la technique
de travail en l'alternant avec le jeu permettait à l'enfant de se
fixé des objectif (quand qu'il n'avait pas fini le travail demander, il
ne pouvait pas jouer). I (Alexandre, 2014)ci, une personne exclusivement
consacré à l'enfant était plus que nécessaire pour
que ces besoins, d'attention notamment soit respecter. Nous avons pu remarquer
que ce type de dispositif visant à prendre en charge les grandes
difficultés de certain élève n'était pas
systématique, bien que nécessaire au bon fonctionnement d'une
classe et donc de la réussite de chaque élèves, mais aussi
pour la réussite de ces élèves avec leur
difficultés.
46
IX- Conclusion
Nous avons donc pu voir qu'il y avait de nombreux moyens
d'amener un groupe vers des connaissances et des apprentissages, tout en
prenant en compte l'individualité de chacun. Une pédagogie
différenciée serait un moyen pertinent afin d'affronter
l'hétérogénéité des élèves.
Nous avons notamment vu les méthodes Montessori et Freinet qui en font
parties. Théoriquement, en effectuant nos recherches, ces
méthodes sont présentées comme étant efficaces et
mèneraient les élèves vers la réussite. Nous avons
pu prouver ces dires à l'aide de nos entretiens étant
donné que les deux professeurs interrogées mettent peu à
peu ces méthodes en pratique et qu'elles ont vu les résultats par
rapport aux années précédentes. Les élèves
seraient beaucoup plus dans la réussite qu'auparavant et leur envie
d'apprendre, d'essayer, serait plus présente vu que les apprentissages
sont d'avantage adaptés à eux.
Nous avons pu aborder un autre moyen à la suite d'un de
nos entretiens, c'est celui de la mise en place des groupes de besoins. En
effet, différents des groupes de niveaux, ces groupes de besoin seraient
efficaces pour la prise en compte de
l'hétérogénéité des enfants. Comme nous
l'avons vu, la professeure qui utilise ce dispositif adapte ses exercices selon
les besoins des élèves et ainsi, ils sont d'autant plus dans la
réussite que s'ils avaient tous eu le même. Le niveau de
difficulté diffère donc selon le groupe, ce qui rend capable
chaque élève de réussir son exercice mais aussi
d'acquérir les compétences requises en fin d'année. Ils
apprennent alors à leur propre rythme.
Au-delà des moyens mis en place au sein de la classe,
l'attitude du professeur peut s'avérer très importante car elle a
souvent un impact sur la réussite des élèves. Nous avons
pu constater que chaque élève est différent, qu'il existe
plusieurs profils d'apprentissages et par conséquent, le professeur doit
prendre compte cela. Pour se faire, nous avons vu que le fait de valoriser
l'enfant est un moyen efficace pour amener ce dernier vers la réussite
car son estime de soi serait élevée. Au contraire, si le
professeur dévalorise un enfant, l'estime de soi de celui-ci se verrait
probablement à la baisse voire inexistante vu que son enseignant le
stigmatise et il gardera une mauvaise image de lui-même, pensant qu'il ne
pourra progresser, qu'il restera toujours dans l'échec vu qu'il est
« nul ».
Outre le fait que le professeur doit prendre en compte
l'hétérogénéité des élèves, il
y en a qui nécessite tout de même une aide extérieure au
vue de leurs grandes difficultés voir des troubles existants.
Différents dispositifs comme les PPS, les RASED, ont alors
été mis en
47
place au fil des années comme nous avons pu le
découvrir au cours de nos recherches. Des personnes extérieures
comme les AVS peuvent intervenir à l'école afin d'aider un
élève en particulier.
En tant que futures professeures des écoles, nous
pouvons dire que ce mémoire nous a beaucoup apporté. Il est vrai
qu'afin de répondre à notre question de départ, nous
devions effectuer de nombreuses recherches qui nous ont sans cesse
apportées de nouvelles connaissances. Elles nous ont aussi permises de
confirmer ou non des représentations que l'on avait ou encore de les
enrichir. Cette investigation nous a amené à effectuer des
entretiens qui eux aussi nous ont confrontés à la
réalité du métier de professeur des écoles.
Concernant notre question de départ, ce mémoire nous a rendu
compte de l'importance de la prise en compte de l'individualité de
chaque élève au sein d'une classe. Nous avons compris que le fait
de ne pas prendre en compte l'individualité d'un élève
pourrait l'amener à l'échec scolaire et il pourrait avoir une
faible estime de lui-même. Par conséquent, nous avons pu explorer
différentes méthodes qui pourraient réduire les
écarts entre les élèves ainsi que l'échec scolaire.
Dans notre futur métier, nous pourrions les mettre en place car elles
nous ont semblées plus qu'efficace.
48
Bibliographie
Alexandre, D. (2014). Les méthodes qui font
réussir les élèves. Broché. Bentolila, A.
(2000). L'école face à la différence . Nathan.
Cherkaoui, M. (2010). Sociologie de l'éducation.
PUF.
Circonscription de Loches . (2013). Rythmes scolaires / rythmes
d'apprentissages. (A. d. Orléans-Tours, Éd.)
Récupéré sur
http://www.ac-orleans-tours.fr/fileadmin/user_upload/loches/enseignement_pedagogie/organisation_peda/apr
ythmesscolaires.pdf
Felouzi, G. (1997). L'efficacité des enseignants.
PUF.
Françoise Platone, M. H. (2000). On n'enseigne pas
tout seul. À la crèche, à l'école, au
collège et au lycée. ENS Edition .
Gérald Boutin, L. B. (2010). Elèves en
difficulté en classe ordinaire . Chronique Sociale. Michel, J.-F.
(2013). Les 7 profils d'apprentissage . Eyrolles.
Przesmycki, H. (2004). La pédagogie
différenciée. Hachette Education .
Savard, N. (2014). Sciences de l'Education et Sciences Sociales.
Université Paris-Est-Creteil.
Serge Herreman, J. C. (2014). Professeur des écoles
débutant - Gérer des situations difficiles.
Broché.
Zakhartchouk, J.-M. (2015). Enseigner en classes
hétérogènes. Broché.
Sitographie
http://www.cahiers-pedagogiques.com/
http://www.education.gouv.fr/ http://www.eduscol.education.fr/
http://www.esen.education.fr/ http://www.lespetitsdebrouillards.org/
http://www.onisep.fr/
Annexe 1 - Le triangle pédagogique de Jean
Houssaye
Jean Houssaye propose de penser la relation pédagogique
selon trois pôles qui dessinent ce qu'il nomme le "triangle
pédagogique" : le professeur, l'élève et le savoir.
Les méthodes qui font réussir les
élèves, Danielle Alexandre, p.210
Annexe 2 - Grille d'observation / Guide d'entretien
GRILLE D'OBSERVATION
|
Notre démarche
|
|
Réactions des enfants :
? Travaux individuels
? Travaux en groupe
|
|
Lieu (agacement de la salle, matériel à
disposition, utilisé ...)
|
|
Gestion du groupe
|
|
Ambiance
|
|
GUIDE D'ENTRETIEN
|
Présentation
|
Gestion du groupe
|
Gestion de chacun des enfants, de l'individualité
|
Mise en place de méthodologie ?
|
Ressenti
|
Annexe 3 - Entretien d'une enseignante de CM1
Salomé : Alors, pouvez-vous vous présenter s'il
vous plaît ?
Interviewée : Alors, j'ai fait un bac L, avec une
option d'anglais renforcé, ensuite j'ai fait un parcours... j'ai fait
une fac d'anglais jusqu'en licence, j'ai loupé ma première
année de licence, et j'ai fait un double cursus l'année suivante
pour finir ma licence d'anglais, et passer une licence de sciences sociales /
sciences de l'éducation et communication, voilà. Après
j'ai fait l'IUFM et juste avant d'intégrer l'IUFM, j'avais un BAFA donc
j'ai fait les centre de loisir et les colonies de vacances. Après j'ai
fait les 2 ans d'IUFM et ... voilà, j'en suis à ma 11ème
rentrée.
Salomé : Est-ce que maintenant vous pouvez
présenter l'école dans laquelle vous travaillez ?
Interviewée : Alors je l'ai intégrée que
depuis cette année donc je n'ai pas tous les éléments.
C'est une école de 8 classes qui n'ai pas, ni ZEP, ni REP, ni
éclair, ni rien du tout. On a donc 8 classes, avec en moyenne 25
élèves par classes, c'est très mixte. Elle est
située sur Dammarie. Il y a une directrice qui est
déchargé un jour par semaine et sinon ... il y a une classe de
CP, une classe de CP-CE1, une classe de CE1, une classe de CE1-CE2, une classe
de CE2, une classe de CE2-CM1, une classe de CM1-CM2 que j'ai, avec 23
élèves et une classe de CM2.
Leslie : Vous avez toujours fait que des CM1-CM2 ou vous avez
aussi des plus petits ?
Interviewée : Alors j'ai commencé avec un CE2.
Après j'ai fais une année de CE2, j'étais au
Mée-sur-seine. Après j'ai gardé une parti de mes
élèves que j'ai eu en CM1. Après j'ai fait un an sur
Tournon j'avais des CM1 et des CM2. Après j'ai fais 7 ans de CE1.
Après j'ai eu un CE1-CM1 avec 31 élève. Après j'ai
fait un CP-CM2 avec 28 élèves et cette année je repars
avec des CM1-CM2. J'ai fait CM1-CM2 l'année dernière et je
reprends CM1-CM2 cette année. Donc j'ai fais tous les niveaux. Sauf
maternelle, parce que la maternelle ce n'est pas mon truc. C'est un monde
à part et je ne suis pas rentré dans ce monde. Voilà.
Salomé : Donc, notre sujet c'est comment réussir
à faire progresser un groupe classe en prenant en compte
l'individualité de chacun donc ...
Interviewée : C'est le grand "nerf de la guerre" on va
dire. Quand vous commencez de toute façon, c'est la seule chose sur
laquelle vous devez travailler. Parce que dans une classe, même un simple
niveau, vous avez... quand j'ai commencé ma, quand j'ai commencé
les classes de
52
CE1 par exemple, une année j'ai eu un CE1 ou j'ai fais
4 groupes de lecture et 4 groupes de maths. Et en plus, j'avais un
élève qui avait fait deux CP et qui ne savait toujours ni lire,
ni écrire. Après deux CP il connaissait la lettre M, la lettre A
et la lettre P. Il ne savait pas écrire son prénom tout seul, il
avait besoin d'un modèle, il ne savait pas écrire sur les lignes
et il ne connaissait pas toutes les couleurs. Donc en fait, j'ai fait 4 niveaux
pour mes élèves en général plus encore un programme
complètement a part pour lui ou j'ai repris tout le programme de
graphisme de moyenne et grande section, plus toutes les lettres de l'alphabet
en capital d'imprimerie et en scripte, en cursive donc attachées,
détachées et après j'ai refais tout le programme de base
de CP. Voilà... en plus de mes quatre autres niveaux.
Salomé : Et comment vous avez fait pour ... réussir
à vous occuper de chaque groupe...
Interviewée : Alors, vous partagez votre groupe, vous
en avez 4. J'avais donc mes 4 groupes, plus mon élève à
part. Donc le matin, pendant que je m'occupais de mes 4 groupes, mon
élève à part avait un graphisme, donc des ponds, des
boucles, des lettres, quelque chose qui l'occupe et qu'il sache faire tout
seul. Après je lançais mes élèves en
activité sur une lecture. Sur un texte de lecture, il y avait 4 texte de
lecture, du même album, de la même histoire mais
différencié c'est-à-dire les meilleurs
élèves, les plus performant avaient le texte en entier, les moins
performant avaient des phrase en moins, encore moins performant des phrase en
moins et les tout dernier groupe n'avaient que deux ou trois phrases.
Voilà. En chacun avait une tâche précise qu'il savait faire
tout seul en ayant expliqué les consignes. Donc ils avaient leur feuille
de travail, quand je les lançais au travail, j'allais m'occuper de mon
élève à part. Je faisais la lecture avec lui qu'il avait a
faire et quand je lui redonner du travail de lecture, je repartais et
j'appelais un groupe, j'avais une grande table au fond de ma classe et j'avais
mes élèves et j'appeler le groupe... alors après vous leur
donner un nom, moi j'aime pas les "carré", "rond", "triangle", ni les
couleurs parce qu'ils aiment pas ça, ni 1, 2, 3 parce que pour eux 1
c'est les meilleurs et les 3 c'est les moins bon. Donc j'avais fais en
français "Tintin", "Milou" "Haddock" et "professeur tournesol" et en
maths j'avais "Astérix", "Obélix", "Idéfix" et
"Panoramix". Donc j'avais affiché, j'ai fait des affiches avec les
bonhommes et puis je les aie plastifié et j'écrivais au feutre
Velléda quels élèves était dans quel groupe. Donc
je les appelais "je vais travailler avec le groupe Panoramix", voilà.
Donc vous appelez le groupe que vous voulez, vous en avez pour 15min, donc il
faut vraiment faire des choses droites au but, et toute les 15-20min je
changeais de groupe. Voilà.
53
Salomé : Et est-ce que par exemple au court de
l'année, il y a certain élève qui change de groupe, qui
monte d'un niveau ?
Interviewée : Alors oui, c'était le but, tout
à fait. Je me suis retrouver avec plus d'élève dans les
meilleurs groupes sans qu'ils sachent quel groupe était le meilleur et
moins d'élève dans les autres. Mais même ceux qui
étaient en difficulté, ils voyaient quand même que je leur
rajoutais une phrase ou deux donc ils avaient quand même l'impression de
progresser même si c'était dur, il fallait quand même voir
et vous leur faite constaté. "Bah voilà au début de
l'année tu savais lire ça et maintenant tu sais lire ça,
ça fait trois ligne en plus, et la semaine prochaine ou le mois prochain
du saura lire trois ligne en plus". Voilà. Mais c'est à chaque
fois des challenges, on ne les casses pas en fait donc ils ont envie. Et
souvent ils sont pris d'attention pour les petits personnages, donc je sais
qu'il y en avait un qui n'aimait pas les chien, il était dans le groupe
Idéfix, ça l'a tellement perturbé, qu'il s'est mis
à lire pour être dans le groupe Obélix parce que
Obélix c'est le plus fort pour lui. Donc voilà. Et en maths,
c'est exactement la même chose. Après soit vous augmentez la
taille de l'histoire, soit vous augmenter les questions, soit vous faites des
choses pour... par exemple pour les petits remettre des phrases dans l'ordre
plutôt que d'avoir une phrase qui fait 4 mots, vous mettez des phrases
qui font 6 mots et puis en maths vous donnez une feuille qui est plus longue
avec plus d'exercice par exemple.
Sarah : Mais ça du coup, ce genre de pédagogie
elle est nouvelle parce que moi j'ai pas l'impression qu'en primaire on ait
fait ça, moi je me souviens pas, c'était une classe et puis on
travailler tous...
Interviewée : Bah moi c'est ma 11ème
rentrée et j'ai toujours fonctionné comme ça. Et ma
mère était enseignante aussi pendant 35 ans et je l'ai vu aussi
agir comme ça.
Leslie : Vous vous êtes inspiré de votre mère
?
Interviewée : Pour certaines choses oui, mais elle est
resté dans les petites classe et personnellement je
préfère le cycle 3. Mon niveau de prédilection ça
va être le CM1. Je trouve que c'est le programme le plus
intéressant en fait.
Leslie : Et l'élève à part à la fin
de l'année il était comment ?
Interviewée : Alors je l'ai suivi que jusqu'aux
vacances de Février parce que après il avait une histoire
familiale très dur, très particulière donc la maman
à appeler les services sociaux, elle
54
s'est fait retirer volontairement ses enfants et ils ont
déménagé. Mais je sais que l'enseignant qui l'a
récupérer après ma appeler en disant heureusement que vous
avez fait le travail que vous avez fait, repris de A à Z. parce qu'il a
atterrie en plus dans un CE1/CE2 donc il avait la taille, il avait une parti de
la maturité mais il avait pas du tout les compétence pour suivre
un CE1/CE2 et du coup elle a continué sur ma lancer donc elle lui a
donner aucun cahier comme les autres élèves, elle lui a donner en
fait, je lui avait fais un très gros cahier ou on avait compilé
tous les exercices et tout ce qu'il faisait à la suite, parce qu'il
était complètement perdu donc pas de cahier de leçon pas
de .. Voilà.
Leslie : Et les autres élèves par rapport à
lui, ils se comportaient comment ?
Interviewée : Alors c'était très
compliquer parce qu'il faisait avec moi sa troisième école en 18
mois donc complètement déraciné. Donc il arrivait,
c'était un peu un animal sauvage. Il tenait pas en place, il ne savait
pas ce que s'était une chaise, il n'avait pas de règles, pas de
l'imites et quand il n'était pas d'accord, il crachait, il tapait ou il
mordait. Donc avant de le mettre au travail, le travail a été :
je reste assis à ma place pour faire une tâche donner. Et
après, il y a eu un gros travail de rabâchage tous les jours, tous
les jours, tous les jours, et puis en recréation, je sais qu'il avait
plus de mal avec les autres... c'est le genre d'enfant qui n'a qu'un seul
référant, cette année la c'était moi. Si il y avait
une autre maitresse qui lui disait exactement la même chose que moi, il
fallait qu'il pousse l'autre maitresse a bout pour que j'intervienne et dans
ces cas la, j'avais beau dire la même chose que l'enseignante
précédente mais c'est moi qui l'avait dit donc c'était
écouté. Et il avait l'impression qu'il n'y avait que moi qui
pouvais résoudre son problème. Donc finalement dès qu'il y
avait un souci avec lui, c'est moi qu'on appelait. Je le prenais à part
et on discuté. "Oui maitresse, tu as raison" et il allait en
général présentait ses excuses. Voilà. Une fois
j'ai était absente, il a fait vivre l'enfer à mon
remplaçant qui était revenu dans l'école une semaine
après et il lui avait fait une lettre en disant "pardon maitre, je
m'excuse" je lui avais recopié le modèle et il l'avait
recopié sur une feuille pour lui.
Salomé : Mise à part les enfants
spéciaux, afin là c'est un cas assez particulier, comment vous
arrivez à gérer l'identité de chaque enfant, par exemple
l'identité social ou ethnique ? ... Est-ce que ça change quelque
chose pour que tous le monde puisse apprendre, enfin par vraiment au même
rythme puisqu'on sait qu'il y en a qui ont plus de difficultés que
d'autre mais... l'identité de chacun est-ce que vous la prenez vraiment
en compte dans les ...
55
Interviewée : Non... de quelques origine qu'ils soient,
de quelques couleurs de peau que les élèves soit, ça
n'entre pas en ligne de compte.
Salomé : Par exemple, si ils y a des enfants qui on des
cultures particulière... enfin peut être pas en primaire, mais
parfois au collège ou au lycée certain ne veulent pas qu'on parle
de certaine chose en classe, parce que pour leur religion ou pour leur culture
ça ...
Interviewée : Alors pour le moment, ça ne m'est
jamais arrivé. Le sujet délicat qui peut arriver c'est les
guerres de religion en histoire en CM, mais... je sais pas... je... en fait
j'ai jamais été confronté au problème et je sais
que quand j'aborde les guerres de religion je ne pense pas favoriser une
religion plutôt qu'une autre, je leur donne les faits. Et je leur dit
clairement, on peut croire, vous pouvez croire, vous pouvez appartenir à
une religion, croire en elle, mais a l'époque... voilà, au temps
des chevaliers, du moyen âge il y avait ça : il y avait les
catholique avec le pape qui s'appelait X, Y et puis ils ont fait la guerre, je
leur montre avec les carte et puis de l'autre coté de la
méditerrané il y avait les musulman par exemple et ils avait
comme chef machin-truc-bidule-chouette et eux ils croient en ça et les
catholiques croient en ça et les protestant croient en ça et de
l'autre coté de la manche ils traverse la Mésopotamie et ils se
sont retrouver face aux juive qui sont des hébreux qui croient en
ça, dont le dieu et ça et POINT. C'est tout. Je dis, à
cette époque là tout le monde croient que sa religion est la
meilleure mais finalement voilà, personne ne peut dire qu'une religion
est meilleur qu'une autre. Voilà. Après je me suis jamais
laissé débordé, j'ai jamais eu de soucis, ni avec les
enfants ni avec les parents.
Sarah : Et vous fonctionnez toujours par groupe, pour toutes les
matières ?
Interviewée : Non, je prends... je fonctionne par
groupe de besoins en français et en maths. Après le reste, c'est
tout le monde ensemble. Maintenant après dans ma manière de
noté, je suis plus regardante ou moins regardante, moins
sévère sur des critères... voilà, j'ai des gros
dyslexique, dysorthographique et dysgraphique dans ma classe cette
année. Je leur fait moins la guerre, j'exige une phrase correcte mais je
sais qu'un enfant qui est dysgraphique, je peux pas lui exiger une phrase avec
une majuscule, un sujet, un verbe... si il m'écrit déjà le
mot correctement et que ça répond à la question,
voilà. Donc j'ai fais ça, maintenant je progresse petit à
petit, mais on leur demande toujours un petit peu plus au fil du temps sans
trop qu'ils s'en aperçoivent mais je leur dit bah voilà, tu vois
dans le cahier du jour t'a réussi à me faire une phrase, ta pris
ton temps, mais tu vois c'est bien écrit, c'est propre voilà...
pour les évaluations je voudrais que tu me fasses la même chose.
Donc je leur demande sur une
56
question je met des petits trait au fluo sur le
côté bah la tu prend ton temps je me fais une vrai phrase avec une
jolie majuscule et un point, là aussi, et puis après le reste je
fait comme tu veut et au fur et à mesure du temps je rajoute une
question au fluo ou deux et dans les sujet de découverte du monde je
raconte beaucoup, je suit pas mal les documents mais je raconte aussi beaucoup
beaucoup beaucoup, je raconte beaucoup je chose à l'oral que je
n'écrit pas dans le leçon. Et à la fin des
évaluation je rajoute toujours des points bonus et ils sont
fasciné par ça, ils adorent ça, quelque soit le niveau que
ce soit des petits ou des grands, des CP ou des CM2, à marche à
tous les coup. Et les points bonus, ils savent que ça ne reprend que ce
que j'ai dit à l'oral ou alors c'est le petit détail... C'est
come les notes dans les contrats d'assurance c'est la troisième
Astérix écrit tout en minuscule en bas de la feuille, c'est
exactement ça. Là par exemple pour les CM1 j'ai fait Clovis et
Charlemagne, pour la fin de l'antiquité, le début du moyenne
âge, on a vu que Charlemagne partager son empire en quatre ou que Clovis
partageait son empire parmi ses enfants, on a donné le nom de ses fils
voilà, la question bonus c'était comment s'appelaient les enfants
de Clovis. Voilà. A force de leur rabâché d'une
séance sur l'autre, je sais qu'il y en a qui on les points bonus.
Après j'ai "bonus" et puis après j'ai "super bonus" et
"extra-super-bonus" qui rajoute plus 2 points. Donc mon devoir est noté,
moi j'ai un barème sur 20 ou sur 40 ça dépend, bref un
truc facile à calculé. les bonus ne compte pas, je note ce qu'ils
ont, par exemple admettons quelqu'un a 9, mais par contre il a trois points de
bonus donc j'écrit bonus +3 et par contre avant de leur rendre la copie,
je leur dit "bah voilà quand j'ai calculé, t'a obtenu 9 sur 20
mais tu as trois points de bonus, est-ce que je rajoute les points ou tu les
garde pour un autre devoir" "ah bah je les rajoute" donc là t'avait C-,
si je rajoute tes points ça fait B- donc c'est mieux. Et même si
je sais que c'est très critiqué, je garde la note parce que les
élèves savent et les parents qui ne parlent pas bien le
français comprenne mieux la note qu'une lettre, ils ne savent pas
à quoi ça correspond, alors que les maths c'est international
donc c'est plus facile à comprendre et je rajoute le note aussi, la note
et la lettre à chaque fois. Parce que finalement une question bonus,
même si elle n'était pas dans la leçon, ça veut dire
qu'ils ont écouté donc quelque part les informations sont
rentrées par une oreille et ne sont pas totalement ressorti par l'autre
donc ça compte.
Sarah : Vous avez jamais la même grille
d'évaluation pour les élèves ? Vous les notés pas
de la même façon.
Interviewée : Non, après, je suis capable pour
les très bons élèves, mais vraiment les, vraiment les
très bons qui me répondent par une... juste par un mot, sans
faire de phrase, oui, à une phrase, si ils me le font à une
question, deux question, trois question, oui j'enlève des points,
57
enfin je ne compte pas tous les points et je l'écrit
sur la copie et je leur dit à l'oral. "Faites moi des phrases
correctes". D'ailleurs c'est ce qui est écrit dans la consigne. Pas de
phrase correcte, c'est pas tous les points. Par contre, bon, la consigne est la
même pour tous le monde mais quand moi je corrige, mes enfants qui sont
dyslexique, dysgraphique, je ne prends pas cette échelle de notation. Je
leur donne tous les points parce que c'est juste et que ça leur demande
déjà beaucoup de travail, beaucoup d'effort pour écrire
dans un temps imparti donc ils ont...
Leslie : Et les élèves par exemple les plus
forts ils n'en veulent pas aux élèves les plus faibles ?
Interviewée : Non, parce qu'ils ne le savent pas.
Leslie : Ah ok, c'est un secret...
Interviewée : Oui, ah bah il faut bien garder un peu de
mystère.
Sarah : Bon après moi je trouve ça juste aussi.
Interviewée : Il ne faut pas qu'ils voient qu'il y a
des différences. Du moment que personne ne se sent léser, trahi
ou privilégier ça marche. Vous savez de toute façon quand
vous avez votre classe vous savez qui roule et qui ne roule pas, ou qui...
c'est assez rapide de toute façon de voir quel élève est
meilleur qu'un autre et dans quel domaine donc c'est facile et puis les gros
soucis "dys" -graphique, -orthographique, -calculique, -lexique etc. c'est
facile à voir donc sur les copies vous les repérez de toute
façon.
Leslie : Aucun élève n'a déjà
remarqué que vous notiez différemment ? Interviewée : Non,
en 11 ans de carrière jamais.
Leslie : Donc c'est pas non plus très marqué du
coup les différences de notation, parce que des fois entre
élèves ils comparent leur copie.
Interviewée : Bah oui mais ils l'on pas vu, ils l'on
pas remarqué. Par contre quand jamais mes quatre groupes de lecture et
de maths en CE1, les évaluations était, il pouvait y avoir des
élèves qui avaient des évaluations complètement
à part avec la même consigne, remettre une phrase dans l'ordre,
par contre ils avaient des phrase plus courte ou plus simple et s'était
écrit, voilà. Donc le dossier d'évaluation ou sur la
copie, c'est écrit. Je pouvais fournir aussi un exemplaire de ma copie
type avec le travail demander pour tous le monde avec bah... en
général, c'est voué à l'échec et puis
après sous couvert de refaire... donner quelque chose de
58
plus simple... et j'accroche les deux. Et en
général les parents dont les enfants sont en difficultés
vous les recevait plusieurs fois par an donc vous leur dite clairement donc
voilà le travail donné c'est ça, vous voyez bien que ce
n'est pas possible pour lui, par contre je lui ai donné ça, avec
des phrase plus courte qu'il réussi. Il est plus dans la
réussite. Donc je vous donne les deux, ils comparent, ils regardent,
voilà. Et je leur dit bah voilà, le travail suivant ce sera
ça, c'est ce qu'on appel un PPRE, un projet personnalisé de
réussite de l'élève, éducatif.
Sarah : Et à la fin, ils doivent tous quand même
valider les même compétences ?
Interviewée : Oui, de toute façon
l'évaluation c'est toujours sur les mêmes compétences pour
tous le monde, mais pour les élèves qui on vraiment des
très grosses difficultés, la compétence restera toujours
la même mais ça sera alléger dans la forme. Et
jusqu'à présent j'ai pas trouvé d'élève qui
se moquait, ils sont concentrer sur leur travail donc du coup voilà.
Salomé : Et sinon vous pensez quoi du fait que
l'école se dit vouloir faire l'égalité des chances ?
Interviewée : Déjà c'est pas possible.
Enfin, après ça ne reste que mon avis personnel. Mais, on ne peut
pas mettre tous les enfants... ils ne peuvent pas partir tous de... c'est pas
parce qu'il y a 23 élèves qui arrive dans votre classe, ou 25 ou
30 que ils arriveront déjà tous au même niveau à la
fin de l'année. Parce que déjà à la base ils
arrivent, ils n'ont pas le même vécu et un enfant qui est
perturbé par ce qu'il vit à la maison ne sera pas disponible pour
les apprentissages de la même façon qu'un enfant qui fait beaucoup
d'activités.
Salomé : Du coup, l'égalité des chances,
on peut l'interpréter dans le sens ... j'ai l'impression qu'un peu vous
essayer de la rétablir dans le sens ou les plus fort vous les laissait,
vous être peut-être un peu plus sévère dans la
notation et les plus faible un peu moins, et ... vous vous adapter, ils monte
tous même si il reste un écart à la fin, ils monte
tous...
Interviewée : Tout à fait, le but c'est
ça. On arrivera jamais de tout façon... enfin c'est très
rare ou un enfant est très en dessous et arrive au même niveau que
les plus fort, ça se voit mais c'est ... moi j'ai fais 11 ans de
carrière et je l'ai pas vu. Il y a toujours un degré
d'écart. De toute façon, arriver au CP il y a des enfants qui
sont quasiment déjà lecteur en fin de grande section et il y a
des enfants qui acquière la lecture en fin de Cp c'est à dire
qu'ils comprennent que L et A ça fait LA en avril-mai, donc
déjà vous avez un an d'écart. Donc on ne peut pas
résorber, résoudre ce truc là.
59
Salomé : Le but c'est d'essayer de réduire...
Interviewée : On réduit, on essaye, on fait
comme on peu, mais voilà... il y a une question de volonté et
puis il y a une question de moyen aussi. Moi je sais que cette année, je
suis dans une école ou il n'y a pas de RASED, donc j'ai pas de maitre G,
j'ai pas de maitre E, j'ai rien du tout, j'ai que mes deux yeux pour
pleuré. Et c'est valable dans un cas pour des élèves en
très grosse difficulté comme les élèves, cette
année j'ai un cas de HP qui est très important et ça pose
problème. Donc je ne sais pas ce que je vais faire de cet
élève là qui a déjà un an d'avance,
là on demande de lui faire sauté une deuxième année
pour qu'il intègre le collège l'année prochaine et il est
suivi par la psychologue qui l'a testé et la psychologue à dit au
parents qu'il y aurait surement une troisième année de
sauté au collège. Donc c'est assez délicat, c'est rare
mais ça arrive. Donc ça c'est ce qu'on appel un cas de HP, Haut
Potentiel. Il a un QI très très très au-dessus de la
moyenne mais par contre il a un relationnel moindre par rapport aux autres.
Cette année j'ai deux... j'ai un cas de HP comme lui et j'ai un autre
élève pour qui je vais certainement... j'ai réunion la
semaine prochaine pour en faire part à mes collègue, j'ai un
élève qui n'ai pas HP, qui n'a pas un QI supérieur
à la moyenne mais qui certainement, là qui est en CM1 et qui
intégrera surement un CM2 dans les 15 jours qui vienne parce qu'il a
tout, il a le comportement, la maturité, l'intellect, il travail vite,
il travail très bien, il est brillant dans tous les niveaux et le
relationnelle suit. C'est aussi leur donner... parce que les enfants en
difficulté prennent une grosse part de notre énergie parce qu'on
ce creuse la tête à savoir comment les faire progressé mais
finalement les enfants qui roulent très bien, souvent ils sont
délaissés parce que bah comme ils roulent bien on se dit qu'on
peut les laisser, de toute façon que je sois là ou que je ne sois
pas là, il comprend, il apprend, il sait faire tout seul. Donc
voilà. Une fois qu'on explique quelque chose, quand c'est compris, c'est
compris ! Donc ça nous dégage du temps pour les enfants qui sont
plus en difficulté, mais finalement il faut aussi prendre en compte ceux
qui roule très bien et qui on envie de progresser. Parce qu'on ne peut
pas non plus ce permettre de trop les freiner non plus de ce fait là.
Donc là la solution ça va être de faire compiler un CM1/CM2
en un an et puis l'année prochaine il passera en 6ème, il aura un
an d'avance. Voilà. Et l'année dernière j'ai fais
ça pour quatre élèves.
Sarah : Moi j'ai une question. En fait je lis un livre sur la
pédagogie différencier, et je comprends pas vraiment... enfin
là quand vous avez parlé des groupes que vous faite, je pense que
c'est ça donc j'ai un peu compris mais...
60
Interviewée : C'est ça la pédagogie
différencier, c'est garder la même compétence mais en
adaptant au niveau de chacun... enfin, on appel pas ça un niveau, on
appel ça un besoin. Voilà. C'est pas des... quand je fais mes
groupes, ce n'est pas des groupes de niveau, c'est des groupes de besoin,
voilà ils savent ça et ils ont BESOIN d'apprendre ça pour
progresser.
Leslie : Parce qu'ils y en a qui ont le même niveau mais
au final ils ont des besoins différents... profils d'apprentissage.
Sarah : Notre prof' du coup, elle m'a parlé d'autres
pédagogies : la pédagogie traditionnelle. Interviewée : Ca
c'est frontal, c'est quand on explique tous, à tous le monde.
Salomé : C'est comme au lycée ou à la fac
quoi
Interviewée : C'est ça, c'est un peu la
pédagogie ... pour être un peu vulgaire du "marche ou
crève", c'est un peu ça, c'est je dispense le savoir à
tous le monde, si tu suis bah tu suis et si tu ne suis pas bah tu ne suis pas.
Voilà, c'est exactement ça, c'est comme au lycée, à
la fac, c'est comme si vous étiez noyer dans la masse en faite.
Sarah : Elle m'a parlé d'une autre pédagogie aussi
... Interviewée : Freinet ?
Sarah : Oui !
Interviewée : Alors Freinet c'est encore très
particulier, alors il y a Freinet et Montessori. Alors c'est très
particulier, il faut vraiment avoir le nez dedans pour pouvoir s'y
collé, parce que c'est vraiment anti-traditionnelle pour le coup. J'ai
du mal à m'y faire, je ne sais pas si je ferais vraiment un jour
l'enseignement Freinet, parce que ça remet vraiment beaucoup de chose en
question et il faut vraiment adhérer à cette philosophie
d'enseignement. Alors Freinet, pour résumer un peu la situation de ce
que moi j'ai compris... maintenant j'ai une amie qui est enseignant et qui
pratique la pédagogie Freinet depuis qu'elle a commencé. Elle
adore ça en plus. Alors en fait, par exemple vous avez un projet, vous
arrivez avec... devant vos élèves et puis vous dite "bah
voilà, qu'est-ce que vous avez envie de faire" voilà... donc une
année ils avaient envie, ses élèves avaient envie de faire
un journal pour l'école. D'accord. Donc votre projet c'est ça.
D'accord. Pour écrire un journal, pour faire un journal, qu'est-ce qu'il
faut savoir ? Bah il faut déjà savoir comment c'est fais.
D'accord. Donc ça c'est le type de texte, c'est la littérature,
rapporter des journaux pour savoir comment c'est fait. Donc là vous
61
dégager un titre, un paragraphe, un encart, une
publicité, une police de caractère, une police d'écriture,
enfin vous avez plein de vocabulaire qui remonte. D'accord. Et pour
écrire dans un journal qu'est ce qu'il faut faire ? Bah il faut savoir
ce que c'est qu'un article de journal. D'accord. Donc vous lisez les articles
et vous composez et vous voyez il y a un sujet avec un titre écrit en
gros. Et pour écrire l'article il faut quoi ? Bah il faut savoir
raconter. D'accord. Donc à partir de là, pour raconter il faut
savoir ce que c'est qu'une phrase et il faut savoir conjuguais, donc il faut
apprendre la conjugaison et ils voient bien que selon les articles, soit vous
raconter quelque chose au présent, soit vous racontez quelque chose au
passé. Donc le présent vous apprenez les verbes du présent
et pour le passé vous avez toute la conjugaison de l'imparfait.
Voilà. Et les enfants en fait, ont moins l'impression de subir puisque
pour arriver à leur projet qui leur tien à coeur ils sont obliger
de passé par là. Voilà. Mais du coup, ça laisse
beaucoup de... il faut que vous soyer vraiment à l'aise dans vos basket
pour savoir exactement sur quelles pistes vous allez partir et comment vous
allez pouvoir. Après ça change, parce que l'article de journal
ça ne vous fait pas un an. Souvent c'est sur une période, une
période c'est de vacances à vacances donc environ six
semaines.
Leslie : Donc on doit s'adapter à chaque fois...
Interviewée : Oui, oui.
Salomé : Mais à la fin, il faut quand même
qu'ils aient appris un certain nombre de choses. Mais si par exemple eux, ils y
pensent pas...
Interviewée : C'est à vous après...
Salomé : Il faut les amener à penser à
ça ? Interviewée : Exactement.
Sarah : Parce qu'à la fin il faut quand même
qu'ils aient les mêmes compétences que tout le monde pour pouvoir
passer dans la classe suivante.
Interviewée : Oui, c'est ça qui est
compliqué. Enfin voilà... il faut le voir pour comprendre. Mais
c'est vraiment très très particulier, je ne dit pas que c'est
inintéressant, même au contraire, mais il faut vraiment être
carré et bien concis et voilà. Et Montessori c'est encore autre
chose, c'est... la pédagogie libre, c'est beaucoup de toucher, de
tactile, c'est la découverte par les expériences, voilà.
Donc c'est encore très particulier. Alors en général
Montessori sont dans des écoles Montessori qui sont faites pour
ça. La pédagogie Freinet vous pouvez la faire
62
partout, dans n'importe quelle école, c'est votre
classe, vous être maître de votre apprentissage, de votre
pédagogie dans votre classe mais Montessori c'est très
particulier, il faut beaucoup de matériel, voilà... Mais la
pédagogie différencier c'est déjà suffisamment
compliquer comme ça. Parce que même dans la pédagogie
différencier, il y a des enfants qui progresse... qui ne change pas de
groupe, qui n'atteigne pas toujours les objectif que vous leur foxé et
c'est très frustrant. Parce que même si il progresse si vous
voyait une marge de ça et qu'il ne progresse que de ça... il a
progressé mais finalement pas à la hauteur de ce que vous
souhaiteriez et finalement vous voyez que les progressé ils sont plus
long que ce qu'on espère. Ils arrivent toujours au-dessus du niveau
auquel vous les avait pris mais c'est très très très long,
et c'est très compliqué. Et c'est encore plus
désagréable que maintenant le redoublement est interdit,
ça coute trop chère.
Sarah : Interdit ? Depuis quand ?
Interviewée : Depuis deux ou trois en
déjà.
Sarah : Mais comment on fait ... ?
Salomé : Si par exemple à la fin de CP ils ne
savent pas du tout lire ?
Interviewée : Alors dans un cas extrême, pour le
moment, de ce que mon ancienne inspection, à l'quel j'étais, les
seuls cas qui pouvaient éventuellement influer sur un potentiel
redoublement, parce qu'il faut monter des dossiers etc. c'est les enfants qui
arrivent en France et que ne parle pas français.
Salomé : Un petit français qui est en CP et qui ne
sais vraiment pas lire...
Sarah : Mais du coup c'est ce qui implique la pédagogie
différencier parce que du coup si un enfant monte de classe même
si il n'a pas les mêmes besoins que les autres, du coup on reste à
son niveau à lui...
Interviewée : Et on l'adapte, c'est-à-dire que
en CP par exemple, vous partez en découverte du monde, vous avez le
temps par exemple, le domaine du temps et de l'espace, vous avez le
repère dans la journée, matin, midi, soir, vous avez le
repère dans la semaine, et puis le mois, le trimestre, l'année.
En CE1 vous reprenez un peu ça, mais en CE2 c'est la préhistoire.
Donc c'est le vraie histoire avec la frise chronologique, néandertal,
machins... Donc vous avez un enfants par exemple qui sais très
très faiblement lire en fin de E1, il passera en CE2 sans avoir acquis
toute sa lecture de CE1 mais non seulement en CE2 il va reprendre les base de
la
63
lecture de CE1 mais en plus il va avoir des compétences
qui vont se rajouter à savoir, à ingurgité dont il pourra
pas profité pleinement parce que bah pour un devoir d'histoire bah
déjà il va falloir comprendre un texte d'histoire, pour
comprendre il faut lire et les mots sont de plus en plus complexe donc il aura
toujours un écart comme ça.
Salomé : Donc ces enfants-là ils seront toujours
"en retard", ils pourront ne jamais rattraper. Interviewée : C'est
rare.
Leslie : Limite ils vont devoir attendre le collège pour
redoubler, où c'est un peu plus autorisé.
Interviewée : C'est pour ça qu'on n'est pas trop
en phase en fait, enfin. Moi personnellement je n'ai pas honte de le dire,
notre ministre de l'éducation nationale a donné des milliers de
postes supplémentaire pour faire des aides, des groupes de besoin dans
les collèges. Parce que oh mon dieu, on s'est aperçu que ils ne
savaient pas lire, pas écrire, ou mal compter. Mais du coup, c'est pas
en 6ème qu'il faut s'occuper, c'est avant, c'est nous qui avons besoin
de moyens. Alors je ne dis pas que le collège n'en a pas besoin, mais je
dis que déjà s'ils arrivent en 6ème en ayant des
difficultés, déjà le redoublement dans certain cas
c'était bénéfique puisqu'on proposé que dans les
cas où l'on savait que ça marcherais. Ensuite, ça permet
aussi à l'enfant de souffler et de ce dire bon bah j'ai donner mon
maximum et me donne une chance de... après il faut savoir l'amener aussi
avec la famille qui est parfois un peu retissant, mais c'est aussi lui donner
une chance supplémentaire et lui dire bah tu voit, on te donne la chance
de réussir et de prouver que tout les effort que tu as fait et qui on
commencé à payer là, parce que tu ais contente de tes
résultats, les bonhommes, les gommettes, les ce que vous voulait, tous
ce qui marchait avec les petits, et l'année prochaine tu recommencera,
et tu verra qu'il y aura des copains qui aurons aussi des difficultés
comme toi tu as eu et comme toi tu sais comment ça fonctionne, tu va
pouvoir lui montrer et lui expliquer et là il se sent valorisé.
Mais on peut plus avoir ça, c'est très compliqué. Et on se
repose encore une fois sur les plus en avance, les moins en difficulté
qui peuvent aider les plus en difficulté mais les plus en
difficulté ne peuvent pas, ne sont pas trop dans la réussite
parce que, eux, ils ne savent pas comment aider les autres et ils se sentent
assisté tout le temps. Ils ne sont pas idiot quand même les
enfants et on a de moins en moins d'aide donc c'est de plus en plus
fréquent de voir des écoles qui fonctionnent sans maître E,
sans maître G, sans RASED, sans rien du tout. Et un maître G, c'est
pas mal dans certaines école, un maître E c'est pas mal aussi.
Voilà. Donc moi je n'en ai pas, et je rame... Voilà.
Annexe 4 - Entretien d'un étudiant, futur
professeur des écoles
Salomé : Pourrais-tu te présenter s'il te plait
?
Jérôme : Donc Bonjour je m'appelle
Jérôme je suis en licence 3, en SESS (science de
l'éducation et sciences sociales), parcours PE (professeur des
écoles) à l'UPEC, afin de devenir professeur des
écoles.
Salomé : D'accord, alors notre sujet est comment guider
un groupe vers des connaissances, des apprentissages tout en prenant en compte
l'individualité de chacun. Qu'est que tu en penses ?
Jérôme : Je pense que c'est un
élément essentiel quand nous sommes dans une classe, essayer de
leur faire apprendre des choses mais voir par rapport à leur
singularité donc du coup c'est un peu la première
problématique principale en tant que professeur et comment... et bien
c'est assez difficile.
Leslie : tu n'as pas d'idée comment tu pourrais
gérer ces singularités ?
Jérôme : Eh bien prenons l'exemple des
mathématiques. On peut faire des petits groupes de niveaux et donc
là on peut prendre des niveaux pour par exemple ceux qui y arrivent
bien, qui sont plus doués, pour pouvoir mettre des trucs un peu plus
pointus. Et, d'autres ensemble qui ont un peu plus de mal, du coup on les met
ensemble pour qu'ils puissent s'aider mutuellement. Ou, inversement, on peut
mélanger les différents niveaux pour que les plus forts aident
les plus faibles et que les plus faibles puissent poser des questions. Parce
qu'en plus, entre enfants c'est plus facile, ils se comprennent mieux. Donc du
coup, c'est comme cela que j'utiliserais les différents membres du
groupe pour que chacun s'aide dans leurs différences
d'individualité. Que leur propre singularité devienne leur
avantage pour se pousser vers le haut les uns les autres.
Leslie : Tu penses que ce sera utile dans toutes les
matières ?
Jérôme : Bien oui je pense que oui car tous les
élèves ont des points faibles et des points forts dans les
différentes matières du coup c'est à l'enseignant de voir
pour chaque élève ses bons et ses mauvais côtés et
justement d'aiguiller les exercices et sa pédagogie pour travailler avec
symbiose. On travaille avec ce que l'enfant nous fournit pour les orienter
d'une meilleure façon.
65
Sarah : Est-ce que tu vas autrement à des enfants qui
viennent de milieux sociaux différents ? Est-ce que ça change
quelque chose pour toi ?
Jérôme : Non. Qu'ils soient de milieux populaires
genre ZEP ou Henri 4, on apprendra les maths comme tout le monde (1+1=2). Dans
les savoirs, on nous apprend de la même façon, c'est juste que
certains ont plus de facilités que d'autres. Pour moi, la
différence selon les milieux sociaux, même la différence
ethnique, je ne vois pas en quoi ça changerait mes méthodes
d'apprentissages. Pour moi c'est pareil.
Sarah : Et le genre de pédagogie que tu utiliserais,
comme tu nous l'as expliqué, tu penses que ça favoriserait
l'égalité des chances ? Tout le monde ressortirait au même
niveau ?
Jérôme : Eh bien ouais. Enfin, sur le papier
évidemment puisque il y en a qui ont plus de facilités que
d'autres. En fait si on regroupe les enfants qui ont le plus de mal ensemble,
c'est pour qu'ils puissent s'améliorer et justement rattraper le niveau
global mais après on vise à ceux que les enfants ressortent avec
les mêmes capacités à la fin mais en fait ce n'est pas
ça, c'est juste qu'à la fin de l'année l'enfant doit
savoir faire tout ce qu'il y a dans la fiche, après si il sait faire
plus tant mieux mais il ne faut pas qu'il sache faire moins quoi. Il faut que
tout le monde ait atteint le minimum pour dire que tout le monde est ressorti
à la fin de l'année avec des savoirs égalitaires.
Leslie : Donc du coup dans les classes que tu auras, tous les
élèves auront acquis le minimum à acquérir au
même niveau ?
Jérôme : Non évidemment, il y en a qui
auront acquis une compétence en par exemple une semaine et un autre
élève mettra 3 mois à l'acquérir, il faut donc leur
faire faire autre chose en attendant.
Salomé : Donc concrètement qu'est-ce que tu
penses faire quand tu seras professeur des écoles dans tes classes, mis
à part la mise en groupe dans certaines matières ? Qu'est-ce que
tu penses pouvoir faire ou faire, pour favoriser les apprentissages
groupe-classe ?
Jérôme : Euh... Concrètement. Après
ça dépend dans quel niveau nous sommes, si on est en maternelle
ou en élémentaire. Si je suis en maternelle, je ferais un peu
près pareil que ce que l'on a pu voir de nos stages, les petits rituels.
En fait tout ce que l'on voit en classe on peut le reproduire puisque ce sont
de bonnes techniques, faire les petits rituels, les ateliers, des choses de
manipulation. Après pour les enfants en maternelle c'est vraiment
différent des
66
élémentaire, il y a surtout l'éveil. Donc
en élémentaire, je ne sais pas trop, sur le coup je ne sais pas.
Mais déjà il faut voir le niveau des élèves,
essayer de pousser ceux qui ont plus de mal vers le haut, après
concrètement comment faire ça je ne sais pas, par des exercices,
par des leçons, par exemple on peut faire un truc où ce sont les
élèves qui préparent le cours pour leurs camarades. Par
exemple on fait une leçon de français et on dit aux
élèves (un qui a compris), qu'il se met à la place du
professeur et il parle aux autres membres de la classe à propos de la
leçon. Du coup je pense que le fait qu'ils se comprennent bien entre eux
ça peut aider ceux qui sont en difficulté, ceux qui n'osent pas
forcément poser des questions au professeur par peur de paraître
débile ou chose comme ça. Donc le fait que ce soit un camarade,
il va peut-être mieux pouvoir parler et ainsi s'améliorer. Je
favorisais pas mal l'échange entre les enfants pour qu'ils soient plus
à l'aise pour parler.
Annexe 5 - Entretien d'une élève de CM1
Interviewer : Bonjour
Interviewée : Bonjour
Interviewer : Alors d'abord, est-ce que tu peux te
présenter s'il te plait ?
Interviewée : Je dis mon prénom ?
Interviewer : Oui, si tu veux.
Interviewée : Bah je m'appelle Maïa, j'ai
pratiquement 10 ans et je suis en CM1.
Interviewer : D'accord, et est-ce que tu peux présenter
ton école ?
Interviewée : Bah en fait mon école, c'est une
petite école, c'est l'école de Vosves. Et y a deux classes,
euh... la première classe y a 3 niveaux : CP, CE1, CE2 et la
deuxième classe c'est CM1, CM2.
Interviewer : D'accord. Est-ce que tu peux me parler de
comment ça ce passe en classe, comment votre maitresse vous fait
travailler ? Comment elle organise le travail ?
Interviewée : Beh, d'abord le matin, elle nous
écrit l'emploi du temps. Et après heu... bah par exemple nous ont
fait des gammes de lecture et des gammes de maths. Le matin on commence par la
gamme de lecture, par exemple elle écrit tout l'emploi du temps et
après elle nous donne la feuille de gamme de lecture et on doit
travailler dessus et faire ça le plus rapidement possible. Et en fait
les gammes, il faut les faire le plus rapidement possible.
Interviewée : Oui.
Interviewer : Et ça, vous c'est tout seul ?
68
Interviewer : D'accord.
Interviewée : Et aussi, on a des tableaux de
comportement et par exemple si on fait une bêtise bah on a des croix et
aussi on a des ceintures. Et voilà.
Interviewer : Et quand la maitresse vous met l'emploi du temps
le matin, vous faite vos gammes de lecture et ... en maths par exemple vous
faite quoi ?
Interviewée : Bah c'est aussi. Mais sauf que là
c'est des gammes de maths et y a des exercices de maths. (Rire)
Interviewer : Toujours tout seul ?
Interviewée : Oui.
Interviewer : D'accord.
Interviewée : Ah oui, et aussi après y a, on a
une fiche, euh... en fait c'est de la lecture mais un peut sur l'histoire et
tout ça, et pour ça on coopère et il faut trouver des mots
et les écrire dans les cases et comme euh... comment ça s'appel
ou on écrit des mots dans euh...
Interviewer : Des mots fléchés ?
Interviewée : Voilà !
Interviewer : D'accord. Quand tu dis "coopérer",
c'est-à-dire ? Tu peux m'expliquer ?
Interviewée : Bah en fait on est en plusieurs groupes
de table. Par exemple à ma table on est 4 et après celles qui
sont au bout bah elles se décalent, elles viennent sur devant nous. Et
après bah par exemple on s'aide et si on ne trouve pas quelque chose bah
on essaye de le trouver ensemble. Et voilà.
Interviewer : Et les groupes c'est vous qui choisissez avec
qui vous vous mettez ou c'est la maitresse ?
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Interviewée : Bah en fait, une fois, je sais plus
c'était quand, avant de changer les places, bah en fait avec trois
autres filles, bah on avait demandé si on pouvait se mettre à la
même place parce qu'on coopérait tout le temps mais sauf qu'on
était obligé de se décaler et tout ça donc on a
demandé à la maitresse et la maitresse elle avait dit qu'elle
verrait mais après elle nous a mis ensemble mais avec quelqu'un d'autre
aussi.
Interviewer : D'accord. Et est-ce que ce genre de
coopération de le faisait dans d'autres classes, quand tu étais
plus petite par exemple ou tu faisais plus du travail individuel ?
Interviewée : Bah par exemple, l'année
dernière on faisait plus des travails individuels qu'en groupe. Enfin,
j'crois qu'on a même ... toujours fait tout seul.
Interviewer : Et toit tu préfère en groupe ou faire
du travail individuel ?
Interviewée : En groupe, parce que déjà
si je trouve pas quelque chose bah mes amies elles peuvent me donner la
réponse un peu. Au moins, bah j'ai moins de fautes.
Interviewer : Et tu trouves que tu apprends plus en
coopération ou ...
Interviewée : Bah ... je sais pas trop... (Rire)
Interviewer : D'accord. Bon bah je crois que ça sera tout
merci. (Rire)
Interviewée : Bon bah au revoir. (Rire)
Annexe 6 - Entretien d'une enseignante de moyenne
section
Leslie : Bonjour, nous allons te demander de te présenter
dans un premier temps.
Aurore : Aurore Carvalho, professeure des écoles depuis
8 ans maintenant, enseignante donc en moyenne section, à l'école
maternelle Racine au Mée-sur-Seine.
Leslie : Est-ce que tu as des méthodes de travail
particulières ?
Aurore : Oui, alors j'ai beaucoup évolué, j'ai
beaucoup cherché de mon départ à maintenant parce que je
fais beaucoup de recherches en parallèle déjà et puis
suite aux animations pédagogiques et puis aux différentes aides
que l'on a de par l'éducation nationale. Mes méthodes
spécifiques, alors c'est spécifique à la maternelle
puisque de toute façon vous allez bien le voir et l'avez sûrement
déjà vu la maternelle et l'élémentaire c'est un
monde phénoménale entre les deux donc on ne peut pas parler de
même méthode du tout. Euh moi, en ce moment avec mes moyennes
sections, bien sûr que j'ai des méthodes spécifiques et en
l'occurrence en ce moment depuis deux ans, dans notre école, on est
parti sur des méthodes de diversifications pédagogiques et euh
surtout, on est parti sur les méthodes de Montessori et Freinet,
ça vous parle ?
Salomé et Leslie : Oui.
Aurore : Donc voilà, ce sont des méthodes que
l'on a un peu travaillé, on n'a pas pris que ça parce que moi
ça ne me convient pas totalement à 100% mais on est parti de
ça et on l'a un petit peu travaillé à notre façon.
Il faut dire que nous ici, on a un public social compliqué, on est en
ZEP, REP, nos petits viennent de milieux sociaux qui est en grande
difficulté. Donc les méthodes aussi euh, changent et
évoluent selon les publics. Moi je ne travaille pas pareil avec une
école à Fontainebleau et une école ici, clairement. Donc
les méthodes spécifiques oui, méthodes de
différenciation alors je vais vous montrer. (Si vous voudrez faire des
photocopies vous me direz il n'y a pas de problème). Alors ça
c'est ce que l'on appelle notre cahier de brevet. « Ce cahier regroupe
tous les brevets de l'année de moyenne section, à chaque
activité pratiquée en classe, le tampon du jour est
imprimé sur le brevet. Le brevet témoigne des activités
menées en maternelle et des niveaux de compétence acquis par les
enfants. Le brevet constitue une trace des apprentissages, une trace de toutes
ses activités invisibles (parce qu'en fait on travaille très peu
sur fiche, c'est beaucoup manuelle donc c'est par photo) et indispensable
à la maternelle dont on a parfois du mal à rendre compte. Les
brevets sont faits
71
avant tout pour les élèves, ils sont
illustrés par des photos d'activités prises en classe ou par des
dessins qui expliquent le travail à mener. Ils permettent une
individualisation du travail en fonction de chaque élève (c'est
là où je vous parle de la différenciation). Quand
l'élève est allé aussi loin que possible dans un atelier,
les bandelettes correspondantes sont collées dans le cahier de brevet
tandis que les brevets en cours sont rangés dans une pochette. Le brevet
donne à l'élève à voir, à penser ce qu'il
sait faire. Il peut se situer dans les apprentissages et appréhender ses
progrès quel que soit ses compétences « voilà ce que
j'ai appris, voilà ce qu'il me reste à apprendre ». Les
brevets permettent une évaluation fine des compétences acquises
ou en cours d'acquisition ainsi que du degré d'autonomie de chaque
élève ». En gros, à chaque compétence,
l'objectif et la compétence est inscrite ici, et elle est progressive.
Les étoiles correspondent au degré. En fait, le but est que
chaque élève arrive à valider au moins une étoile
et c'est de ne jamais le mettre en échec, d'où la
différenciation. Si je le mettais tous sur ardoise, j'en aurais un quart
qui n'y arriverait pas du tout, un quart et demi qui me ferait n'importe quoi
alors que là dans chaque compétence, je décline une sous
compétence pour que chaque élève, quel que soit le niveau
ne soit jamais en échec. Alors c'est compliqué, d'où la
différenciation pédagogique. Il faut beaucoup de matériel,
chaque groupe, élève, n'est pas du tout dans la même
activité mais l'objectif reste le même par contre. Ils ont tous un
objectif, là on était sur les lignes verticales, le but
étant de pouvoir tracer des lignes verticales (elle nous montre le
cahier de brevet d'un élève), quel que soit le moyen, il y en a
qui le faisait à la peinture, il y en avait qui le faisait avec le sable
et d'autres sur ardoise.
Voilà mes méthodes, mes méthodes de
différenciation. Alors c'est sûr il n'y a pas encore beaucoup
d'enseignants qui font ça, c'est beaucoup plus simple de tous les mettre
sur ardoise ou sur fiche et après tant pis s'ils y arrivent pas. Moi mon
but c'est que mes élèves soient en réussite, quel que soit
le niveau. Là, n'importe qui, même mon élève qui est
arrivé et qui ne parlait pas français, il était capable de
faire un point de peinture, que la peinture dégouline et qu'il puisse
s'apercevoir que ça engendrer une ligne verticale. Alors c'est un boulot
monstre, parce que c'est à la maison, c'est imprimer avec mon budget
personnel, c'est cartouches de couleurs, à chaque activité je le
fais en avance, prendre les photos pour pouvoir leur présenter à
chaque activité ils ont leur brevet. Voilà ça prend du
temps mais moi je vois les avantages depuis que je suis sur cette
méthode-là. Mes élèves ont beaucoup plus confiance
en eux, ils ne sont plus du tout dans l'échec, j'en ai pas un seul qui
me dit « je n'y arrive pas » parce que mon premier pallier, toute la
classe est censé y arrivé et y arrive et en plus, ils sont dans
la perspective du progrès. Ils ont fait le point vert ici, ils savent
que le but est d'arriver le plus
72
loin possible, ça leur donne un challenge donc
ça les motive et leur donne du sens. Donc chaque activité est
photographié et progressive, j'essaye, je n'en ai pas encore dans tous
les domaines comme en sport ou j'en ai pas encore, sur l'écrit l'oral et
la phonologie, on a balayé pas mal le programme. Si vous voulez prendre
des photos je peux vous laisser le faire il n'y a pas de problème. La
compétence sur les grandeurs à ranger du plus petit au plus
grand, de 3, 4, 5, 6, voilà là il n'a pas réussi à
aller jusqu'à 6 mais au moins il a réussi à aller
jusqu'à trois. Donc voilà pour la méthode en
général.
Ensuite ce que je peux vous dire, en dehors des
activités de compétences et d'objectifs qui sont là, en
parallèle j'ai mis en place des ateliers autonomes. Ce sont les bacs
verts que vous pouvez voir derrière vous. Ce sont que des
activités de motricité fine pratiquement. Donc ce sont les
ateliers de Montessori pur. En fait, à chaque début, fin, enfin
quand ils veulent, ils peuvent prendre un bac vert et s'asseoir pour le faire.
Ça c'est une méthode aussi que j'ai mis en place qui évite
les « tout le monde s'en va et tout le monde va jouer au coin cuisine...
». Au moins ils savent qu'à chaque fois ils peuvent prendre un bac
et ça désenclave un peu la classe.
Leslie : Mais donc ce n'est pas trop le désordre parce
que je vois qu'il y a des pâtes, du riz, de la semoule ?
Aurore : Alors c'est un travail de longue haleine en
début d'année mais maintenant ils ont bien compris et ils ont
chacun un coin, ils me demandent et ça se passe plutôt bien. Alors
tout ça c'est pareil, il n'y avait rien quand je suis arrivée,
c'est moi qui met en place tout doucement.
Donc voilà, comme outils, ils ont leur cahier de
brevet, ils ont leur cahier de comptines et puis ils ont le classeur. Alors le
classeur c'est par groupe, il y a 4 groupes dans ma classe, qui sont par
couleur car, comme je fais tout en couleur, fois 25, je me suis dit bon je n'ai
juste pas fini quoi. Donc du coup c'est par groupe et en fait ils tournent, je
le donne le plus souvent à chaque élève du groupe qu'il me
le ramène. Donc ça c'est toutes les activités que
j'explique, c'est pareil vu que l'on a très peu de fiches. Je
détaille tout, avec les compétences, les photos de chaque
élève et les photos de la vie de classe. Vous pouvez jeter un
oeil.
Salomé : Et les 4 groupes ça correspond à
quoi ?
Aurore : Alors c'est complètement
hétérogène, ce n'est pas du tout des groupes de niveaux,
ce sont des groupe un peu au hasard, dans le sens où j'ai quand
même par exemple séparé les
73
garçons à séparer mais ce sont vraiment
des groupes hétérogènes. Je ne voulais pas des groupes de
niveau et quand j'en ai besoin j'en fais, j'éclate les groupes et j'en
fais, moi mais voilà là ce ne sont pas des groupes de niveau.
Voilà ce que je peux vous donner aussi c'est mon emploi du tout que je
pourrais vous envoyer par mail car ma méthodologie se fait vraiment par
rapport à l'emploi du temps, notre créneau de motricité,
notre créneau de sport. Si vous avez besoin de quelque chose,
n'hésitez pas.
Leslie : D'accord merci beaucoup. Et j'aurais voulu savoir
s'il y avait des élèves qui sont vraiment en difficulté
?
Aurore : Oui. Alors voilà des élèves en
grande difficulté j'en ai pas mal parce que j'en ai beaucoup des
non-francophones déjà et qui ne savent pas parler et ne
comprennent pas le français. Donc pour ces élèves
là justement, les brevets avec photos ça les aide beaucoup parce
qu'ils ont des repères visuels vu qu'ils n'ont pas de repère
langagier. Et puis on a l'APC, l'aide personnalisé
complémentaire, donc on les prend 30 minutes chaque jour pendant la
pause méridienne et ils reviennent un peu plus tôt. Donc moi j'en
prends 3-4 et là c'est un travail beaucoup plus spécifique,
où ils sont en petit groupe et on reprend en général des
compétences travaillées en classe qui n'ont pas été
complètement acquise.
Leslie : D'accord merci et aussi, est-ce que si un
élève n'a pas acquis une compétence, il vous arrive de
revenir dessus plus tard dans l'année pour tenter qu'ils
réussissent ?
Aurore : Oui bien sûr, de temps en temps je reviens
dessus afin qu'ils finissent par l'acquérir, avec le temps des fois
ça paye.
Salomé et Leslie : D'accord merci beaucoup.
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Cahier de brevet d'un
élève
Ateliers autonomes type Montessori (semoule,
pâtes, perles, jeu de mosaïque, jeu des pinces à
linge...)
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