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Presse congolaise et son financement

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par PASSI BIBENE
Senghor dà¢â‚¬â„¢Alexandrie - Master 2013
  

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2.2 La radiodiffusion

Les débuts de la radio au Congo remontent à la période de 1935 à 1936 (Jean Tudesq), date à laquelle M. Boileau crée Radio Club, « une modeste station équipée d'un émetteur à faible puissance qui permet aux Brazzavillois et aux habitants d'alentour d'être constamment informés des nouvelles du monde».52(*)

Ces installations seront renforcées par l'implantation de Radio Brazzaville en 1940. Alors que la France et l'Europe sombrent dans la guerre, cette station radiophonique de la France Libre de "quatre émetteurs" est créée à l'initiative du général De Gaule pour mobiliser et galvaniser les résistants aussi bien en Europe que dans les anciennes colonies françaises53(*). En 1946, Radio Brazzaville devient Radio AEF. Cependant, « En 1959, au terme de la convention signée à Brazzaville entre l'Oubangui-Chari, le Tchad, le Gabon et le Moyen Congo, Radio AEF devient radio Inter Équatoriale. La maison de la radio construite pour la circonstance est dotée de deux émetteurs de 25 watts54(*)». Malheureusement, cette aventure ne durera guère longtemps car, le 18 avril 1960, Radio Inter Équatoriale cesse d'émettre conformément à la convention signée un an plutôt. Le 25 mai 1960, Radio-Congo, station nationale est inaugurée par le premier président de la République du Congo, l'abbé Fulbert Youlou et hérite du matériel et du personnel de Radio Inter Équatoriale.

Pour éviter les changements inhérents à son statut, Radio-Congo bénéficie, pendant les premières années, de l'assistance française par le truchement de l'Office de coopération et de radiodiffusion (OCORA). En 1965, Radio Congo devient La Voix de la révolution congolaise, après la création, en 1964, du Mouvement national de la révolution (MNR), le parti unique instauré par la révolution aux dépens du multipartisme. La Voix de la révolution congolaise reçoit de la République populaire de Chine deux émetteurs de 50 watts. À partir de juin 1991 et suite à la conférence nationale souveraine, la Voix de la révolution congolaise redevient Radio Congo. Et cela jusqu'à ce jour.

Selon les sources officielles, la première radio non étatique au Congo est Radio Alliance, créée par les opposants au régime de Pascal LISSOUBA en 199255(*). Comme Radio Alliance, Radio Congo Liberté, aujourd'hui Radio Liberté, a vu le jour dans l'intention de servir d'instrument de propagande en réponse à la confiscation des médias publics par le régime en place à l'époque. Pour bon nombre de citoyens, Radio Congo Liberté dont la première émission fut diffusée le 9 juin 1997 « sur la fréquence de la radio nationale » en se servant « des installations du centre émetteur du Point Kilomètre 13 (PK 13), au sud de Brazzaville », est la première radio n'appartenant pas à l'Etat.

Aujourd'hui, l'espace radiophonique congolais s'est développé quantitativement. Dans chaque chef-lieu de département, il existe désormais une radio locale ou communautaire. En 2005, l'Observatoire congolais des médias (OCM), dans un rapport sur l'état de la presse, a répertorié 20 stations de radio au Congo contre56(*), selon le Conseil supérieur de la liberté de communication (CSLC), 24 stations de radiodiffusion privées (communautaires, associatives, commerciales et confessionnelles) auxquelles il faut ajouter plus de sept (7) stations départementales et trois (3) radios publiques, parmi lesquelles Radio-Congo, la chaîne mère, en 200757(*). Du côté de la radio, l'évolution a été lente. Ce n'est qu'après la guerre de 1997 qu'on a observé l'ouverture des radios privées et des radios de proximité : Radio Liberté chaîne locale privée est née pendant la guerre du 5 juin, Radio Brazzaville créée en 1999 sous la base d'un décret réorganisant Radio Congo la chaîne nationale, est une radio locale ; Canal FM appartenant au ministère de l'agriculture (2001) et Digital Radio et Télévision (DRTV), une chaîne privée créée en 2002.

Selon les résultats du contrôle administratif et technique des entreprises de presse, d'imprimerie et du recensement des médias lancés le 4 juin 2013 par le Conseil supérieur de liberté de la communication (CSLC) rendus publics le 8 octobre 2013, "la situation administrative des médias est alarmante au Congo". Il ressort de ce contrôle que cinq (5) chaînes de radio seulement sont en situation régulière (Radio-Congo, Radio-Brazza, Radio Rurale, Radio Magnificat et Radio Mucodec) contre 56 en situation irrégulière pour absence d'autorisation d'exploitation, manque de conventions conclues avec le CSLC et inexistence de cahiers des charges. Dans le cas de la télédiffusion, sur 29 chaînes de télévision existantes, à peine deux (Télé Congo et Télé Pointe-Noire, toutes des médias de service public) sont en situation régulière. Les 27 autres chaînes sont classées en situation d'irrégularité pour non-autorisation d'exploitation, manque de conventions conclues avec le CSLC et inexistence de cahiers des charges. Ce tableau sombre n'a fait que confirmer le constat selon lequel « Le Congo-Brazzaville est encore en retard en matière de liberté d'entreprises de communication audiovisuelle. Ce retard est dû à la peur politique et au manque d'une volonté politique vers une réelle ouverture démocratique. Seuls les plus forts, les géants, ont le droit, sans autorisation et sans cadre juridique, de monter des radios et des télévisions privées »58(*).

En évoquant ce dysfonctionnement, Gilbert MAOUNDONODJI & Pascal BERQUE dénoncent une « politique de deux poids deux mesures59(*)» de la part du CSLC accusé de favoriser les proches du pouvoir en place dans l'attribution de fréquences et des autorisations de créer des chaînes de radios et télévisions. Vraisemblablement, après la presse imprimée, la radio est le média le plus en vue. L'usage des langues locales sur la voix des ondes participe certainement à son adoption tant en milieu urbain qu'en milieu rural. D'ailleurs, dans chaque localité (département, commune et district) au moins une station radio émet en modulation de fréquence (FM). Mais de manière générale, la présence de la radio est importante en campagne. Cependant, que l'on soit en ville ou en campagne, quelques variables sont très remarquables pour la plupart des stations de radios de proximité.

Le marché de la radiodiffusion

Présente dans la quasi-totalité des foyers africains, la radio est le média de masse par excellence en Afrique. Ici, « la radio s'est intégrée, dans la société et dans la vie africaine. Elle n'est pas seulement, le média le plus utilisé, c'est aussi le mieux africanisé60(*) ». Ce phénomène radiophonique observé de façon générale sur le continent africain n'échappe sans doute pas au Congo étant donné que ce pays est parmi ceux qui ont très tôt hérité de la radiodiffusion. Ainsi, le paysage radiophonique actuel se présente en plusieurs segments de marché opérant simultanément : le marché international, le marché national et local. Au niveau international, il est à noter que les chaînes de radiodiffusion à vocation internationale émettent sur satellite et en ondes courtes. Il s'agit des radios étrangères : Radio France Internationale (RFI), BBC, La Voix de l'Amérique, Radio Vatican ou Africa n°1 contre lesquelles les radios congolaises ne peuvent rivaliser. Au niveau national par contre, Radio Congo, la chaîne nationale de radiodiffusion est en situation de monopole en matière de couverture de toute l'étendue du territoire national, tandis que le marché local est quant à lui adapté selon les zones géographiques ou les collectivités à partir desquelles des radios diffusent.

Le marché local est lui caractérisé tantôt par une situation de monopole (cas de Radio Mossendjo), tantôt par une situation d'oligopole (Dolisie et Nkayi où l'on compte plus de deux stations radios). Dans l'ensemble, on ne constate pas un effort de spécialisation des stations par le choix du public cible (auditoire jeune, adulte, vieux ; femme, homme). L'émergence d'autres types de radios que généralistes adaptés à un type d'auditeur particulier se fait encore attendre. Les similarités sont donc forte tant en termes de format, de couleurs d'antenne, de caractéristiques techniques qu'en termes de public visé.

Les stations de radiodiffusion au Congo émettent aussi bien sur la bande SW que FM, offrant ainsi des programmes certes variés mais peu originaux. Dans tous les cas, la taille et l'importance d'un marché (national ou local) doivent se définir et se mesurer par rapport au nombre d'auditeurs atteints par une station de radio. Certes, Radio Congo est la seule station à couvrir tout le pays, mais à l'instar des autres radios, son audience qui pourrait être estimée la plus large demeure inconnue. Pourtant, plus de la moitié de la population congolaise possède un poste radio et la réception des ondes radiophoniques via les téléphones mobiles et dans les véhicules contribue à l'élargissement sinon au maintien de l'audience de la radio malgré la concurrence des nouveaux médias. Tenant compte aussi du nombre de fournisseurs qui ne cessent de s'installer, l'hypothèse de la hausse de la demande des consommateurs des produits radiophoniques peut être posée.

* 52 Secrétariat du gouvernement; Livre d'or du cinquantenaire de l'indépendance du Congo ; Brazzaville, 2010 P.102

* 53 Voir : Les origines de la radio Brazzaville, article paru dans Espoir n°54, mars 1986, publié sur www.charles.de.gaulle.org

* 54 Idem

* 55 Livre d'or du cinquantenaire de l'indépendance du Congo, P.111

* 56 OCM, Opcit, P.3

* 57 CSLC, régulation des médias en République du Congo, février 2008 ; P.8,9

* 58 Gilbert Maoundonodji & Pascal Berqué, Afrique centrale, cadres juridiques et pratiques du pluralisme radiophonique, Karthala, Paris, SD; P.129

* 59 Gilbert Maoundonodji & Pascal Berqué, Idem, P.130

* 60 André-Jean Tudesq, L'Afrique parle, l'Afrique écoute : les radios en Afrique subsaharienne, Karthala, Paris, 2002 ; P.285

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius