2.12.2. Au niveau national et
international
La dimension économique au niveau national des PFNL est
pratiquement méconnue, voire invisible au profit de la seule
exploitation des bois d'oeuvre et des produits agricoles. Toutefois, il existe
de multiples taxes perçues chez les vendeurs des principaux PFNL dans
les marchés par les différents services de l'administration
publique. Par exemple, dans les marchés de Kinshasa, l'administration
perçoit une taxe journalière de 100Fc (soit 0,22$) par vendeur
(cette taxe concerne tous les vendeurs des produits). Malheureusement, aucune
statistique n'a été trouvée dans les bureaux de cette
administration lors de notre visite d'étude.
Faisons remarquer qu'une comptabilisation
précise et systématique des différents PFNL
intégrant le marché local fait encore défaut à
l'heure actuelle au niveau de différents villages importants ou des
centres urbains. Le prélèvement de droit ou taxe divers à
cet échelon, quand il existe, ne distingue pas les PFNL des autres
produits échangés sur le marché, et ne permet pas
d'évaluer ni la part, ni l'importance réelle de ces derniers sur
le marché.
Au niveau international, il existe depuis des temps
immémoriaux des échanges commerciaux concernant les AST entre la
RDC et les pays d'Afrique, d'Europe et d'Amérique du Nord ; mais cela se
fait souvent d'une manière informelle, car aucune donnée
statistique fiable et officielle n'existe.
Ces échanges sont importants, car ils renforcent
des liens culturels entre les peuples d'une même région ou de
plusieurs régions différentes. Les pays frontaliers de la RDC et
ceux de l'Union Européenne, les Etats Unis d'Amérique et le
Canada sont parmi les principaux pays où ces échanges sont
élevés et en augmentation.
2.12.3. Valeurs bromatologiques
des quelques déjà analysé AST
Le peu de travaux réalisés dans ce domaine en
RDC ont été faits par Mbemba et Remacle (1992), Mbemba et al
(1985). Un insecte n'est pas uniquement une source de protéines mais
apporte d'autres nutriments comme des lipides, des vitamines et des
minéraux. Ainsi, l'abeille Apis mellifera fournit une
quantité d'énergie de 475 Kcal / 100 g, qui ne sont que
partiellement expliqués par les 42 g de protéines (qui
représentent seulement 168 Kcal). De plus, les larves sont beaucoup plus
riches en nutriments que les adultes, ce qui s'explique par le fait que la
larve fait des réserves pour se préparer au stade nymphal, qui
est un stade de jeûne et d'immobilité.
Les résultats reflète ce constat avec la
valeur énergétique la plus haute mise en évidence chez une
chenille de lépidoptère Phasus triangularis qui peut
amener jusqu'à 762 kcal pour 100 g (Ramos-Elorduy et al. 1997). Il faut
aussi remarquer la présence des termites (espèce
hétérométabole) dans les espèces les plus
nutritives : 613 Kcal pour 100 g de termites adultes.
Du point de vue des apports protéiques, être
riche en protéines ne suffit pas, il faut également que celles-ci
soient de haute qualité, ce qui est déterminé par la
composition en acides aminés et par la digestibilité de ces
protéines. Les insectes possèdent une quantité suffisante
d'acides aminés pour couvrir les apports nutritionnels conseillés
: la composition d'un insecte en acides aminés essentiels va de 46
à 96 % (Ramos-Elorduy et al. 1997). La digestibilité des
protéines d'insecte est assez bonne (77 à 98 %) (Ramos-Elorduy et
al. 1997).
Ce chiffre est plus bas chez les insectes ayant un
exosquelette : ceci est dû à la chitine. En effet, la chitine est
une protéine non digestible par l'Homme qui ne dispose pas de chitinases
digestives pour l'assimiler. Il convient donc de retirer les parties dures de
ces insectes (tête, pattes, ailes ...) pour que l'insecte soit plus
facilement digéré.
Les espèces les plus riches en protéines se
trouvent dans l'ordre des orthoptères avec jusque
77,1% de protéines pour 100 g de matière
sèche.
En effet, l'insecte est une ressource présentant
un fort intérêt nutritionnel, égalant voire même
surpassant les autres espèces traditionnelles en terme de
protéines et d'énergie : certains criquets peuvent être
composés jusqu'à 77 % de protéines (Ramos-Elorduy et
al. 2011), la chenille Cirina Forda Westwood peut contenir
jusqu'à 74 % de protéines (Rumpold et Schlüter 2013) et la
chenille de Phasus triangularis peut fournir jusqu'à 762 Kcal /
100 g (Ramos-Elorduy et al. 1997).
D'après une récente étude qui
visait à évaluer la valeur nutritive de la chenille
Bunaeopsis aurantiaca « Milanga », largement
consommée par les populations de la forêt du bassin du Congo en
général et du Sud-Kivu en particulier. Cette chenille a comme
plante-hôte l'arbre Uapaca guineensis, un arbre connu pour ses
planches en bois de qualité et comme un arbre à chenille de
valeur. Les résultats de l'analyse immédiate de sa composition en
matières nutritives ont révélé que ces chenilles
sont constituées de 49 % de protéines brutes, 24,2 % de
matières grasses, 4,5 % de sucres et 3,2 % de matières
minérales totales dans leur poids sec. La valeur
énergétique de 100 g de matières sèches de cet
aliment a été évaluée à 433 kcals
(Muvundja et al. 2013).
La plupart des insectes comestibles se
prévalent de teneurs en fer équivalentes ou supérieures
à celles du boeuf (Bukkens 2005). On pense que la plupart des insectes
sont, en général, une bonne source de zinc. Les teneurs moyennes
de la viande de boeuf sont de 12,5 mg pour 100 g de poids sec, alors que les
larves de charançon du palmier (Rhynchophorus phoenicis), par
exemple, en contiennent 26,5 mg pour 100 g (Bukkens 2005).
Les vitamines, qui sont essentielles pour stimuler les
processus métaboliques et renforcer les fonctions du système
immunitaire, sont présentes dans la plupart des insectes comestibles.
Bukkens (2005) a montré que chez toute une série d'insectes les
teneurs en thiamine (aussi appelée vitamine B1, une vitamine majeure qui
agit principalement comme coenzyme dans la métabolisation des hydrates
de carbone pour fournir de l'énergie) s'étendent de 0,11 à
8,9 mg pour 100 g.
La vitamine B12 n'est fournie que par les aliments
d'origine animale et les vers de farine, Tenebrio molitor, en sont
particulièrement riches (0,47 ìg pour 100 g) ainsi que les
grillons domestiques, Acheta domesticus (5,4 ìg pour 100 g chez
les adultes et 8,7 ìg chez les juvéniles). Néanmoins, de
nombreuses espèces ont des teneurs très basses en vitamine B12,
ce qui rend nécessaire des études plus approfondies pour
identifier les insectes comestibles riches en vitamines B (Bukkens 2005; et
Finke 2002).
Le rétinol et le â-carotène (vitamine
A) ont été détectés dans certaines chenilles, dont
Imbrasia (= Nudaurelia) oyemensis, I. truncata
et I. epimethea; les teneurs allaient de 32 ìg a 48
ìg pour 100 g et de 6,8 ìg a 8,2 ìg pour 100 g de
matière sèche pour, respectivement, le rétinol et le
â-carotène. Les teneurs pour ces vitamines étaient
inferieures a 20 ìg pour 100 g et inferieures a 100 ìg pour 100 g
chez le ver de farine, le ver géant de farine et chez le grillon
domestique (Finke 2002; Bukkens 2005; Oonincx et Poel, 2011). En
général, les insectes ne sont pas les meilleures sources de
vitamine A (D. Oonincx, communication personnelle 2012). La vitamine E est
présente dans les larves de charançon du palmier, par exemple,
avec des teneurs respectives de 35 mg de á-tocophérol pour 100 g
et de 9 mg de â+ã tocophérol pour 100 g (Bukkens 2005). La
teneur en vitamine E de la poudre de vers à soie (Bombyx mori)
moulus et lyophilises est aussi relativement élevée, avec 9,65 mg
pour 100 g (Tong, Yiu et Liu 2011).
Rumpold et Schluter (2013) ont compilés les
compositions nutritionnelles de 236 insectes comestibles, telles qu'elles sont
publiées dans la littérature (par rapport au poids sec).
Bien qu'il existe des variations significatives entre les
données, de nombreux insectes comestibles fournissent des
quantités satisfaisantes d'énergie et de protéines,
satisfont les besoins humains en acides aminés, sont riches en acides
gras mono et polyinsaturés, et sont riches en micronutriments tels que
le cuivre, le fer, le magnésium, le manganèse, le phosphore, le
sélénium et le zinc, ainsi qu'en vitamines comme la riboflavine
(B2), l'acide pantothénique (B5), la biotine (B8) et, dans certains cas,
l'acide folique (B9).
Selon les espèces, les chenilles sont riches en
différents minéraux (K, Ca, Mg, Zn, P, Fe) et/ou Vitamines
(thiamine/B1, riboflavine/B2, pyridoxine/B6, acide pantothénique,
niacine). Des études montrent que 100 g d'insectes cuits fournissent
plus de 100% des besoins en vitamines et minéraux (de Foliart 1992),
Malaisse (1997) révèle que la consommation quotidienne de 50 g de
chenilles séchées répond aux besoins humains en
riboflavine et acide pantothénique ainsi que pour 30% des besoins en
niacine.
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