2.7.2. AST d'origine
animale
Les produits forestiers non ligneux d'origine animale sont le
gibier et ses produits dérivés, les insectes (chenilles,
criquets, escargots, etc.), les poissons d'eau douce, les reptiles, les
oiseaux, etc. Ils furent, sont aujourd'hui et resteront certainement pendant
longtemps encore, la principale source de protéines animales pour les
populations locales (Malaisse 1997). Ils contiennent, d'après Okitolonda
(2000), des protéines de haute valeur biologique par leur composition
équilibrée en acides aminés.
La FAO (1992) souligne même que leur teneur en
protéines est en général plus élevée que
celle des animaux domestiques. Dans les différentes villes congolaises,
le gibier et le poisson se classent respectivement le deuxième et le
troisième parmi les divers produits de forêt liés à
la culture alimentaire congolaise, après les produits agricoles
alimentaires (maïs, manioc, riz).
Dans sa publication sur l'exploitation des AST d'origine
animale, Phanzu (2005) indique que 35,7 % de PFNL sont
représentés par le gibier, 21,4 % par les insectes, 21,4 %) par
les reptiles, 7,1 % par Oiseaux et par 14,3 % par les autres produits animaux.
(i) Gibier
Dans les différentes zones forestières de la
RDC, le gibier fournit la part la plus importante des protéines
après le poisson et constitue également une source des revenus.
Malheureusement la quantité consommée et vendue par jour et par
habitant dans ces zones n'a pas connu une évaluation scientifique
approfondie.
Toutefois, les espèces consommées comme
gibier sont nombreuses et diversifiées (Pendje et Baya 1992, Gata 1997,
Wetshi et al.1987, Toirambe 2002, Toirambe 2005, Sabuni 1978, Malaisse 1997,
Marachto 2002, Ndona 2004, DeMerode et al. 2004 : Anomalurops
sp.(anomalure), Atherus africanus (athérure),
Caphalophus dorsalis (céphalophe à dos noir),
C.leucogaster (céphalophe ventre blanc), C. monticola
(céphalpophe bleu), C nigrifons (céphalophe
à front noir), Cercocebus albigena (singe, cercocèbe
joues grises), C. galeritus (cercocèbe agile),
Cercopithecus cephus (singe moustache), C.nicitans (singe
hocheur), C. neglectus (singe, cercopithèque de brazza),
Colobus guereza (colobe guereza), Crossarcuhus obscurus
(mangouste brune), Dendrolyrax arboreus (daman des arbres),
Hylochoerus meinertzhagebi (hylochère), Loxodonta africana
(éléphant), Manis giganthea (pangolin
géant), M. tetrdyctala (pangoloin à logue queue), M.
tricuspis (pangolin à écailles tricuspides), Nandinia
binotata(nandinie), Panthera pardus (panthère),
Panthera leo, Pan paniscus (Bonobo), Pantroglodytes
(chimpanzé), Potamochoerus porcus (potamochère ou
phacochère), Syncerus cafer nanus (buffle de forêt),
Tragelaphus euryceros (Bongo), T. scriptus (guib
arnaché), T. spekei (sitatunga), Tryonomys swinderianus
(aulacode), Viverra civetta (civette), Rat-palmiste, Rat
aquatique, Aonyx congica (loutre à joues bleues),
Hyemoschus aquaticus (chevrotain aquatique), Hippopotamus
amphibius (Hippopotame), Potamogale velox (Potamogale), Okapi et
bien d'autres encore.
Ichikawa (1996) rapporte dans son article intitulé
« Déterminismes écologiques et culturels des choix
alimentaires des chasseurs-cueilleurs Mbuti du Zaïre » habitants
les forêts d'Ituri, (1996) que les Mbuti sont des chasseurs-cueilleurs
qui ont lié avec les cultivateurs des relations qualifiées de
symbiotiques : « les Mbuti approvisionnent les cultivateurs en gibier et
en divers produits de la forêt, leur servent de main-d'oeuvre polyvalente
en échange des produits cultivés, d'outils ou d'autres objets de
fer, et des divers articles d'importation ».
Les Mbuti consomment plus de 200 espèces animales.
Ils considèrent comme comestibles toute espèce de
mammifères de moyenne et de grande taille, et toutes les espèces
d'oiseaux, à l'exception des hirondelles, des bergeronnettes, des
rapaces nocturnes et des engoulevents.
Il a été observé sur les
marchés urbains que peu de personnes consomment le gibier (surtout les
grands mammifères) sous forme de viande fraîche. La raison
principale est que ces animaux ne se rencontrent que dans des sites
éloignés des grands centres urbains. La viande ne peut parvenir
aux consommateurs urbains que sous forme séchée ou
fumée.
Ce type de viande coûte de loin plus cher que la
viande fraîche ; mais la valeur marchande varie selon la nature et la
taille du gibier et également selon le milieu. Par exemple 1 kg de
viande d'éléphant, d'hippopotame, de buffle, de chimpanzé,
d'okapi, etc. coûte plus cher dans les centres urbains et de plus en plus
encore cher à Kinshasa que dans les villages où sont
chassés ces animaux, et aussi plus cher que les rongeurs. La vente de
gibier de grande taille comme les ongulés et les primates se
réalisent en morceaux ou en quartiers ; par contre celle des petits
gibiers (par exemple les rongeurs, les carnivores, les pangolins, les
hyracoidés et quelques reptiles) se fait en
entièreté (Toirambe 2005).
(ii) Oiseaux
La RDC possède des écosystèmes favorables
au développement harmonieux des oiseaux. Ces derniers sont
capturés par les amateurs en vue de leur consommation. Mais, il a
été constaté que leur importance dans l'alimentation des
riverains de forêts est relativement très négligeable.
Toutefois, quelques espèces sont
friandisées et font même l'objet d'un braconnage dans leur biotope
de prédilection, notamment les pintades au Katanga, le canard sauvage
dans la cuvette centrale, les perdrix, les calaos, les pigeons verts, les oies,
etc. De nombreux oiseaux de petite taille sont surtout chassés par les
enfants (Malaisse 1997, FNPP 2002).
(iii) Poissons d'eau douce
La faune ichtyologique de la province ichtyologique du Congo,
reste encore imparfaitement connue et moins étudiée (Teugels et
Guégan 1994). Cela est d'autant vrai que les informations disponibles
sont, dans la plupart de cas, anciennes ou fragmentaires voire inexistantes
pour certaines zones.
Les espèces de poissons pêchées dans
les ruisseaux, les rivières, les lacs et le fleuve Congo sont nombreuses
et très diversifiées. Aujourd'hui, on connaît plus de 1000
espèces mais les espèces les plus recensées dans les
marchés ne dépensent pas une cinquantaine. Signalons que
l'importance de cette richesse ichtyologique est bien différente d'un
cours d'eau à un autre et également d'une région à
une autre (Wamuini 2010).
(iv) Reptiles
Les reptiles fournissent peu d'aliments aux populations
forestières. Néanmoins, la grande estime dans laquelle sont le
plus souvent tenues les viandes de crocodiles, de tortues et de certains
serpents (vipère, python) ressort de nombreux commentaires tant en
milieu rural qu'urbain. La valeur marchande de quelques reptiles
consommés par la population du Katanga est élevée.
Malheureusement, la vue d'un serpent provoque
immanquablement une vive réaction de la part des villageois,
particulièrement des enfants et des femmes. Il inspire souvent une
grande peur suite à sa forme, son mode de locomotion, à la
rapidité de son attaque et surtout à la réputation
mortelle de sa morsure.
(v) Insectes et les crevettes
Les insectes jouent un rôle important dans les
régimes alimentaires des peuples du monde entier,
particulièrement dans les régions tropicales et subtropicales.
Ils représentent une source de nourriture acceptable, principalement
intéressante pour les populations rurales vivant en autosubsistance,
dans la mesure où ils peuvent être trouvés en abondance et
faciles à récolter. Etant riches à la fois en
protéines et en lipides, ils améliorent sensiblement la
qualité du régime alimentaire. Ils constituent en outre une
source de revenus pour la majorité de ramasseurs (Shango 2010). Les
insectes les plus recherchés sont :
Les chenilles sont très prisées
aussi bien par les populations rurales que par les populations urbaines. Les
espèces les plus consommées appartiennent à diverses
familles, notamment : Attacidae, Notodontidae, etc. Elles se nourrissent des
feuilles de différentes espèces forestières telles que
Bridelia ferruginea, B. micrantha, Erythrophleum suaveolens,
Entandrophragma spp., Petersianthus macrocarpus, Triplochyton scleroxylon,
Trema orientalis. On les récolte pendant la petite saison
sèche durant les mois de juillet et août et parfois septembre ;
Les larves d'Oryctes sp. (Hanneton)
et de Rhynchophorus phoenicis (Mpose) qui se
développent dans les troncs d'Elaeis guineensis et de
Raphia sp. En décomposition. Elles constituent une friandise
appréciée surtout par les populations forestières de
l'Equateur, urbaines et rurales. On les récolte toute l'année.
Les criquets qui apparaissent surtout en
début des saisons sèches. Ils sont consommés tant par les
populations locales qu'urbaines. Les espèces faisant l'objet d'une
récolte assidue pendant la période favorable sont Ruspolia
differens (la sauterelle verte) et Brachytrupes membranaceus
(grillon);
Les termites : leur récolte est
effectuée à l'occasion des vols d'essaimage, principalement lors
du retour des pluies. Les termites de la famille de Macrotermitidae sont les
plus convoitées, surtout l'espèce Macrotermes
falciger
Les crevettes (Caridina africana) et les
crabes (Potamonautes bayonianus) sont récoltés
dans les rivières et ruisseaux du sous-bois des forêts
hydromorphes, surtout pendant les saisons sèches. Ils sont très
appréciés par les populations des zones forestières.
En villes, les chenilles sont vendues chez les grossistes
par sac de 40 kg et chez les détaillants par des mesures
communément appelées « sakombi » (100 sakombi = 1 sac)
et « ekolo » (1 ekolo = 3 sakombi) ou parfois par des tas. Le prix
suivant la loi de l'offre et de la demande présente des écarts
énormes entre les lieux de production et ceux de consommateurs urbains.
Il est par exemple de 35$ le sac à Monkoto (non loin de Mbandaka dans la
province de l'Equateur), de 50$ à Mbandaka, de 120$ à Kisangani
et de 140 $ à Kinshasa. Associant le coût de transport par bateau
(5$) et les taxes estimées à environ 3,5$, il s'observe que la
marge bénéficiaire du produit à Kinshasa est de 276%
(Toirambe, 2006)
(vi) Autres petits animaux
Quelques petits animaux comestibles ont été
répertoriés, présentant une alimentation ethnique
très appréciée par les consommateurs. Il s'agit notamment
:
Des gros escargots ou Achatina sp.
qui sont diversement appréciés par les
différentes ethnies locales du pays (surtout celles des provinces de
l'Equateur et Orientale) et sont récoltés en abondance pendant
les saisons pluvieuses ;
Des grenouilles, surtout Strongylopus
fasciatus dont les cuisses sont, pour d'aucuns, une friandise. Notons que
cette espèce est très recherchée par les grands
restaurateurs des centres urbains et à Kinshasa, elle se vend à
10$ le kg.
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