· Le système de financement de l'innovation va
conditionner l'efficacité et la capacité à innover de
l'UE.
Puisque les éventuels partenaires sont
réticents à l'idée d'investir dans l'innovation,
l'autofinancement constitue naturellement une source importante de cet
investissement (surtout quand cette capacité d'autofinancement existe en
quantité suffisante).
Ainsi, le caractère aléatoire de l'innovation
fait que le système financier ne s'y implique pas nécessairement.
Ce qui se traduit par des « difficultés intrinsèques »
dont la croissance est proportionnelle à l'évolution des
exigences très souvent économiques :
> La composante immatérielle pose un
problème crucial. Il s'agit de la dissimilitude entre les garanties
demandées pour les projets à risque par les investisseurs et la
capacité des entreprises à asseoir ces exigences sur des
investissements plus concrets en termes de rentabilité.
> Bien plus, la mondialisation et la libéralisation
des marchés financiers devraient faciliter l'accès aux capitaux.
Mais les détenteurs des fonds
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L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
préfèrent très souvent investir dans des
projets à court terme, moins risqués et surtout rentable
(même si c'est peu) dans un bref délai, au détriment des
investissements à long terme. Ce qui pénalise terriblement la
recherche et l'innovation.
· Incertitude et limites du financement public.
D'après les données de l'UE sur l'innovation le
financement public de celle-ci, force est de constater que dans certains
secteurs et non de moindre, l'industrie se trouve désavantagées
par rapport à son concurrent nord-américain. A cause d'un soutien
public à la recherche plus réduit (le volume de soutien à
la recherche aux entreprises aux EU est sensiblement le triple, et son
intensité moyenne le double).
· L'environnement juridique et réglementaire peu
favorable.
Les règles qui assurent la protection et la diffusion
de l'innovation à savoir : le droit de propriété
intellectuelle, et industrielle sont sous-utilisées ; les
règlementations, les normes et certification ... peuvent selon les cas
être un accélérateur ou tout au contraire un frein pour la
promotion de la recherche et donc de l'innovation. Bien plus, les
formalités administratives très lourdes ne peuvent être
qu'une entrave aux initiatives de R&D.
Nous constatons à tout prendre que les obstacles
évoqués ci-dessus montre que l'innovation dans l'UE « marque
un pas ». Mais, il existe un problème à notre avis complexe
qui rend difficile l'efficacité de l'innovation. Il s'agit entre autres
de la « diffusion insuffisante des méthodes d'organisation et de
gestion ouvertes, participatives, frilosité dans la quête de
l'information et des connaissances nouvelles sont des traits marquants.
Autrement dit, la dispersion des efforts de la recherche, la complexité
des formalités, des actions publiques pas toujours cohérentes
rendent assez fragiles la recherche. Nous comprenons dès lors que la
promotion de l'innovation nécessite
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L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
l'intégration de tous les aspects cités plus
haut (technologique, financiers, juridiques, éducatifs etc.).
Toutefois les contraintes peuvent découler de la
complexité de l'innovation. Il s'agit par exemple de l'incertitude, de
l'aspect multidimensionnel (produit ou service, processus, acteurs,
financement...) sans oublier l'interdépendance des nombreuses variables
à prendre en considération. De ce fait J .Girin (2000, P.131-138)
précise les formes de complexité spécifiques aux
systèmes en y incluant des acteurs :
· La complexité de coordination : les
acteurs ont très souvent des objectifs divergents et même
contradictoire, qui peuvent nuire à l'efficacité de
l'activité collective. Bien plus, même si les acteurs peuvent
avoir le souci de parvenir à un résultat commun, ils ont à
contrario des informations partielles sur les moyens d'y parvenir. Nous pouvons
noter enfin des effets pervers qui font assez souvent surface, à savoir
le suivi de certains objectifs par des acteurs individuels, conduit le
système d'acteurs à des fins contraires à ceux attendus
par chacun.
· La complexité cartographique : il
existe un ensemble de ressources symboliques (documents,
schémas, archives, plans etc.) dont les activités industrielles,
de gestion, de recherche ... servent à la construction des connaissances
nouvelles. Cependant, ces ressources sont souvent reprises par d'autres acteurs
pour d'autres usages avec toute la contradiction et le compromis que cela peut
engendrer. Mais l'abondance des ressources symboliques est telle que la seule
capacité cognitive des utilisateurs ne suffit plus pour collecter et
traiter.
· La complexité contextuelle :
même si les représentations symboliques sont nombreuses, elles ne
suffisent pas cependant à réaliser une activité car,
la carte n'est pas le territoire (Korzybski). Ainsi dans
l'activité collective les acteurs mobilisent des savoirs qui ne sont pas
toujours explicitables entièrement, il s'agit des connaissances tacites
(Nonaka et al).
· La complexité de cadrage : il faut
savoir décrypter, les événements et les comportements qui
n'ont très souvent pas de signification singulière. Il est
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L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
question de savoir établir lors des réunions
par exemples des opinions soumises à discussion et celles qui marquent
l'exercice de l'autorité par la hiérarchie. Sachant
néanmoins qu'une différence syntaxique n'est pas toujours
perceptible de prime abord.
Ces obstacles ainsi définis, comprendre le management
des organisations est important pour notre travail. De ce fait, nous allons
nous appesantir sur de nouvelles problématiques, de nouveaux potentiels
pour l'innovation et la performance, mais aussi les nouvelles
difficultés, notamment dans les laboratoires de recherche. Car,
l'évaluation d'une activité de recherche est par essence
complexe. Puisqu'un outil n'arrive jamais à restituer
l'intégralité du contenu d'un contexte. Ainsi, la
complexité étant a notre sens contextuelle, on est plus en droit
de se demande si l'évaluation de la performance d'un laboratoire
n'attache pas plus d'importance à évaluer la « carte qui
n'est pas le territoire » ? Autrement, cette complexité n'est pas
méconnue volontairement par les comités d'évaluation
scientifique ?