CHAPITRE II :
METHODOLOGIE ET DEMARCHE DE L'ETUDE.
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L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Les données en adéquation avec la question de
recherche constituent l'un des choix essentiels que le chercheur doit
effectuer. De ce fait, le traitement des données par une instrumentation
méthodique adéquate va produire des résultats et
améliorer, ou renouveler par la suite les théories existantes.
Ceci passe par une recherche et un rassemblement des données qui
constituent en réalité une prémisse des théories
(Baumard & Ibert, 1999, P82).
Bien plus, des interprétations dans le souci de
produire des conclusions pour une étude dépend de la
donnée. En outre, la collecte des données dans une
démarche de recherche se fait primo lors de la mise en application de
l'expérimentation ; « il s'agit d'une phase qui doit susciter (on
dirait provoquer) la génération de données provenant de
sources diverses et concernant l'outil dans la globalité, mais aussi
chacun des éléments conceptuels qu'il comprend » (Blanco,
1998, P160 ; cité par Janissek-Muniz, 2004, P188).
Il est question dans ce contexte des représentations
des données observées. Ainsi la réalité ne peut
être traduite ni empiriquement, ni théoriquement ; puisque la
réalité ne peut se réduire à celle-ci. Baumard
& Ibert (1998, P83) ajoute que « le fait d'avoir vécu une
réalité ne signifie pas que l'on est porteur de celle-ci, mais
qu'on en a étreint certains aspects, avec une intensité plus ou
moins grande ». En conséquence, « une donne donnée est
une représentation qui permet de maintenir une correspondance
bidirectionnelle entre une réalité empirique et un système
de symboles » (Stablein, 1996, P514, cité par Baumard & Ibert,
1998).
Dans notre approche qualitative, l'essentiel des
données collectées sont de type qualitatif. Toutefois, nous nous
intéressons en priorité à des données de type
primaire (de première main) qui offrent la possibilité au
chercheur de se confronter au terrain qu'il choisit d'étudier
directement.
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l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Section I- Méthode de recueil des données
Après avoir clarifié plus ou moins la nature des
données à collecter nous indiquons à présent le
plan de recueil utilisé.
Il s'agit d'une méthode où nous ne partons pas
d'une rationalité à priori, mais des données recueillies
du terrain pour induire des connaissances.
Les données quantitatives obtenues après des
entretiens ou d'autres phases de collecte, peuvent apporter des
éclairages différents, mais aussi concerner une
réalité commune. Toutefois la perception recueillie lors d'un
entretien met souvent en exergue les écarts substantiels avec les
comportements observés53. Pour l'explication des
écarts entre réalité et perception, il est convenable
à notre sens de faire recours à une combinaison de
méthodes.
- Les entretiens non-directifs
L'entretien est une méthode de collecte d'information
ou de données discursives, « réalisé en
face-à-face », reflétant les opinions et les perceptions de
l'interviewé par rapport au sujet ou à l'univers
étudié, dans la perspective de leur analyse (Fankfort-Nachmias
& Nachmias, 1996 ; cité par Janissek-Muniz, 2004, P190).
L'entretien peut être non directif ou directif, en
groupe ou individuel. Ainsi dans le cadre de notre étude nous avons
opté pour des entretiens individuels et non-directifs. Selon Baumard
& Ibert (1999, P225), « la non-directivité implique
également une attitude d'empathie de l'investigateur,
c'est-à-dire d'acceptation du cadre de référence du sujet
en termes d'émotion ou de signification, comme si l'investigateur
était à la place du sujet interrogé ». Bien plus une
attention positive et inconditionnelle de « l'investigateur »,
nourrit le principe de la non-directivité. Par ailleurs, chaque mot du
discours de l'individu
53 Reconnaissons que nous nous sommes
intéressés plus aux entretiens compte tenue du temps que nous
disposions pour l'étude.
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interviewé prend une valeur certaine et renvoie
à des indices d'analyse du sujet d'étude (Evard & al, 2003).
Même si ces entretiens portent essentiellement sur des composantes
contextuelles de notre cadre théorique et conceptuel, d'une part et sur
le processus de mise en application et sur les finalités d'autre part,
ils demeurent néanmoins très peu structurés. Cependant ils
permettent d'apprécier la façon dont les critères
d'évaluation de la performance sont appréhendés par les
chercheurs académiques et leur impact sur la gestion du laboratoire en
général.
Toutefois, cette technique de collecte des données
s'inscrit dans le cadre de l'étude de cas. Celle-ci majoritairement
mobilisée dans les Sciences de gestion dans le cadre de la
méthode qualitative. En effet, sa finalité et ses
modalités sont plus adaptées aux problématiques
organisationnelles et managériales pour la recherche en gestion.
L'étude de cas est de ce fait la méthodologie
privilégiée pour explorer un phénomène complexe
(Wacheux, 1996, cité par Fillol54) en intégrant un
grand nombre de facteurs. En fait, la méthodologie met en
évidence une théorie ou des propositions en dégageant des
pistes de généralisation théorique et est «
appropriée pour saisir les caractéristiques complexes de
phénomènes sociaux ». Selon Fillol en supposant que «
les conditions de validité et de pertinence de l'étude de cas
sont soulignées par les théoriciens, les préconisations
sur le choix et la frontière des cas demeurent plus floues. Un individu,
un groupe, un projet, une organisation, voire un ensemble d'organisations
peuvent recouvrir la terminologie de « cas ». Le recours à
cette méthodologie nécessite de préciser la notion de
« cas » dans la recherche ».
Par ailleurs, la validité de la recherche par la
méthodologie de l'étude de cas implique deux choix essentiels :
le nombre et le choix des cas. Ainsi, si le nombre de cas n'est pas
prédéfini, le cas unique (ou le très peu de cas) est
préconisé dans trois situations spécifiques : pour tester
une théorie, pour la confirmer, la réfuter ou compléter,
pour révéler un phénomène non rare mais qui est (ou
parait) difficilement accessible ou peu explorer par la communauté
scientifique (Fillol). Ces conditions sont celles de notre
54 Laboratoire CREPA, Centre de Recherche en Management &
Organisation, Dauphine Recherches en Management - CNRS UMR 7088
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étude, qui ne nécessite pas a priori une
multitude de cas. Bien plus le nombre de cas, doit être cohérent
avec la durée de l'étude. Notre étude de cas a
porté sur deux laboratoires (IMN et LEM). Ce nombre nous semble
acceptable compte tenu du temps assez limité et l'important volume des
données à manipuler. Ainsi, on est appelé à travers
cette approche à traiter un matériau empirique très
varié (David, 2004, P4). Les limites du potentiel de
généralisation statistique sont composées par la richesse
des données obtenues.
Les supports de l'étude de cas ont été
pour notre recherche, en complément des entretiens validés et des
notes d'observations. Nous avons eu aussi besoin de la documentation, des
dossiers de restructuration de solution et d'évaluation des
laboratoires, des comptes rendues des réunions.
A- Traitement des données
L'étape du traitement des données doit
être clairement et précisément exposée dans la
recherche qualitative afin de fonder la validité scientifique des
résultats (Drucker-Godar, 1999). Nous procéderons à un
traitement de données au cours de notre étude, en deux
étapes successives : l'analyse de contenu thématique des
entretiens, d'une part, puis l'analyse transversale de l'ensemble des documents
d'autre part. Alors, nous pouvons constater que cela met en exergue une
finalité double : comprendre non seulement en profondeur, mais aussi de
façon globale le phénomène étudié en se
servant autant que possible des données collectées. Cela nous
permet en fait de prendre finalement du recul et aboutir à une «
proposition d'action managériale relativement concrète »
(Fillol). Il est par conséquent question pour nous de proposer un
modèle multicritère d'évaluation de la performance d'un
laboratoire afin de voir son influence sur la gestion de la recherche et de
l'innovation.
> L'analyse de contenu est utile au traitement des
matériaux qualitatifs tels que : les entretiens, les documents etc.
largement mobilisés dans la recherche (Bardin,
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2003). Il est en principe dans cette analyse de repérer
puis de coder toutes les fractions de la communication recouvrant un
thème commun.
Il faut de ce fait définir l'unité de codage
dans cette démarche d'analyse. Cette unité de codage qui est
aussi l'unité d'enregistrement est « l'élément
(critère, dimension) en fonction duquel le chercheur va procéder
au découpage de ses données et à l'extraction
d'unités qui seront classées dans les catégories retenues
» (Allard-Poesi, 2003, P252). Elle va néanmoins varier en fonction
des objectifs du chercheur et de la nature même de la communication. Il
peut s'agir des mots, des phrases ou encore des groupes de phrases
(Allard-Poesi, 1999). Afin de ne pas tronquer le discours de répondant
et surtout prendre en considération le contexte des propos, nous avons
optés pour le choix de groupes de phrases.
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