2.L'appauvrissement des sols en éléments
nutritifs
L'appauvrissement des sols en éléments nutritifs
est dû au lessivage en profondeur des éléments solubles de
la couche humique. La pratique qui consiste à brûler tous les
résidus et végétaux présents dans les champs avant
le semis est une source de perte importante de carbone et d'azote. Le blocage
du phosphore par les oxydes de fer peut entraîner une
non-disponibilité des nutriments dans les sols ferralitiques faiblement
désaturés et dans les sols dont la fertilité est
épuisée à la suite d'une exploitation traditionnelle
excessive. L'exportation par les récoltes non compensée (grains,
paille, racines) contribue à la baisse inéluctable de
fertilité des sols cultivés, surtout si les fanes d'arachide sont
exportées vers les élevages urbains et périurbains, comme
c'est souvent le cas.
3.La dégradation biologique
La dégradation biologique des sols se traduit par une
diminution de la matière organique, et corrélativement par une
diminution de la faune et de la microflore. En général plus la
culture est intensive, plus elle utilise d'intrants (fertilisants et surtout
pesticides) et plus la vie du sol est pauvre. Or dans le sol, l'activité
biologique contrôle les processus importants qui déterminent sa
fertilité : taux ou vitesse de décomposition, de
minéralisation, de dénitrification et de lixiviation. En fait, il
y a une étroite relation entre l'activité microbienne et la
teneur en eau du sol. Ainsi, il existe un seuil critique de la teneur en eau en
dessous
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SYSTEMES CULTURAUX ET VARIABILITE PLUVIOMETRIQUE A KAFFRINE :
LA RIZICULTURE PLUVIALE ENTRE BAISSE PLUVIOMETRIQUE ET INFERTILITE DES
TERRES ARABLES
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duquel les processus biologiques tels que les taux de
diffusion de l'oxygène et des éléments nutritifs sont
inhibés (Scholes et al. in Woomer et Swift, 1994). La faiblesse de la
fixation symbiotique est souvent due à une forte acidité ou
à une forte basicité.
4. Les systèmes à faibles intrants
Les systèmes à faibles intrants englobent les
systèmes traditionnels et les systèmes semi-intensifs avec apport
d'une fumure minérale légère sans travail du sol. La
culture traditionnelle après défrichement affecte
profondément les sols : le taux de matière organique baisse
considérablement, de 30 % en douze ans et de près de 66 % au bout
de quarante-six ans. On constate également une chute de la plupart des
indices de richesse chimique des sols (pH, N, Ca, Mg, K, P). Cette
évolution chimique s'accompagne d'une compaction et d'une
réduction de la porosité due notamment à la baisse de la
teneur en matière organique. En effet, il existe des niveaux critiques
de matière organique pour le maintien des propriétés
physiques des sols (Piéri, 1989). L'évolution des sols en culture
traditionnelle après défriche herbacée est voisine de
celle relevée après déforestation. Les systèmes
traditionnels et semi-intensifs n'assurent le maintien des composantes
physiques de la productivité des terres qu'au prix d'une très
faible intensité culturale (peu d'années de culture continue
suivies de longues années de jachère). Mais les jachères
ont tendance soit à disparaître, soit à voir leur
durée fortement réduite. L'étude menée dans la
région de Kaffrine sur l'évolution des propriétés
des sols cultivés sur quarante années fait ressortir une
évolution contrastée des sols, liée à leur mode de
gestion (Badiane et al. 2000). Les sols cultivés près des
habitations, communément appelés champs de case, ou toll keur,
qui bénéficient d'un apport régulier de fumure organique
sous forme de déjections animales et de déchets ménagers,
conservent ou améliorent leur potentiel de production sur les trente
à quarante dernières années. Les sols cultivés loin
des habitations, les champs de brousse, ou toll diati, sont affectés par
une baisse graduelle de leur teneur en matière organique.
On note cependant une plus grande intégration
agriculture-élevage, qui est un moyen de compenser la baisse de
fertilité des sols par le biais du fumier produit par les animaux. Des
contrats de parcage entre agriculteurs et éleveurs sont conclus dans
certaines zones. Ils permettent aux agriculteurs de bénéficier de
la fumure organique et aux éleveurs d'être rétribués
en céréales ou en prêt de terre. La stabulation
fumière diffusée par la SODEFITEX (Société
nationale de développement des fibres textiles) depuis 1985 repose sur
l'amélioration de l'alimentation et de la santé des animaux de
trait, qui sont abrités dans un habitat amélioré
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SYSTEMES CULTURAUX ET VARIABILITE PLUVIOMETRIQUE A KAFFRINE :
LA RIZICULTURE PLUVIALE ENTRE BAISSE PLUVIOMETRIQUE ET INFERTILITE DES
TERRES ARABLES
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favorisant la production d'un fumier de bonne qualité.
La vulgarisation de ces étables fumières participe à la
transformation d'une agriculture dans laquelle les animaux sont de plus en plus
intégrés à l'exploitation et non ajoutés.
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