II.2.2 La valeur partenariale : prolongement naturel de la
théorie de
l'agence
L'intégration du concept de valeur partenariale dans
le prolongement de la théorie positive de l'agence, a permis un
élargissement de la relation d'agence traditionnelle entre les
dirigeants et les apporteurs de capitaux à l'ensemble des relations
contractuelles au sein de l'entreprise. Le modèle partenarial trouve son
origine dans la représentation de la firme comme équipe de
facteurs de production dont les synergies sont à l'origine de la rente
organisationnelle. L'aménagement du schéma de création de
valeur, se situe au niveau de la répartition, par la remise en cause du
statut de créanciers résiduels exclusifs des actionnaires.
L'abandon de cette hypothèse conduit à s'interroger
sur le partage de la rente, lequel, en raison de non
séparabilité investissement/financement, a également
une influence sur la création de valeur. Les apporteurs de facteurs de
production, autres que les actionnaires, ne seront incités à
contribuer à la création de valeur que s'ils perçoivent
également une partie de la rente, accédant ainsi au statut de
créancier résiduel. Donc, la gouvernance n'influe sur la
création de la rente qu'à travers la répartition : le
système de gouvernance n'est qu'un ensemble de
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Thèse rédigée et soutenue par :
Djoufouet Wulli Faustin Option : Finance
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MECANISMES INTERNES DE GOUVERNANCE : EFFET ET
INTERACTIONS SUR LA PERFORMANCE FINANCIERE DES ENTREPRISES AU
CAMEROUN.
contraintes régissant la négociation ex post
sur le partage de la rente entre les différents partenaires. Cette
nouvelle perception de la firme comme relations entre différents
investisseurs spécifiques remet en cause les développements de
l'approche contractuelle purement financière ainsi que l'idée de
maximisation de la valeur actionnariale. En effet le dirigeant peut agir comme
bon intendant pour les actionnaires en maximisant la valeur boursière
mais spolier d'autres stakeholders, en sacrifiant des indicateurs de
performance de la firme comme le taux d'emploi ou la satisfaction des
clients.
Le besoin de contrôler le dirigeant se justifie donc
pour l'ensemble des parties prenantes de la firme. Cette approche conduit
à étudier le système de gouvernance en vertu de sa
capacité à créer de la valeur sociale, égale
à la différence entre la somme des revenus évalués
aux prix d'opportunité et celle des coûts d'opportunité
pour les différents facteurs de production. Ce ne sont pas les seuls
propriétaires qui devraient exercer le contrôle des dirigeants
mais l'ensemble des parties prenantes de l'entreprise. Cette approche
idéale débouche sur une conception de l'entreprise citoyenne, les
décisions managériales sont supposées prendre en
considération les intérêts des différents
stakeholders.
Le concept de gouvernance élargie présente
toutefois une double limite. L'appréciation de l'objectif d'alignement
des intérêts d'un système de gouvernance optimal pose le
problème non seulement de l'identification exhaustive des parties
prenantes à l'organisation mais également de leurs interactions.
Quant à la mesure de la maximisation de la valeur de l'entreprise, elle
est d'autant plus complexe que l'on intègre des dimensions non purement
économiques (accomplissement des salariés ou qualité d'un
produit/service pour les consommateurs) auxquelles s'ajoute une part de
subjectivité dans le partage de la création de valeur entre
parties prenantes hétérogènes, pouvant posséder des
intérêts contradictoires. De plus comme les autres théories
contractuelles, elle ne se préoccupe pas du processus de création
de la valeur. Comme le souligne Charreaux (2000), bien qu'élargissant la
vision financière, la vision partenariale reste prisonnière des
limites de la vision contractuelle. Même la vision partenariale
reconnaît l'importance des compétences spécifiques dans la
création de valeur, elle s'attaque plus à la meilleure
exploitation des compétences distinctives existantes qu'à la
découverte de sources de la valeur.
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