MECANISMES INTERNES DE GOUVERNANCE : EFFET ET
INTERACTIONS SUR LA PERFORMANCE FINANCIERE DES ENTREPRISES AU
CAMEROUN.
CHAPITRE I : INTRODUCTION
GENERALE
I.1 CONTEXTE DE L'ETUDE
Au cours de ces dernières années, le
débat sur la gouvernance d'entreprise et de son effet sur la performance
des entreprises a permis d'attirer une attention particulière sur le
sujet, en partie à cause des scandales financiers comme Enron, Woldcom,
Pamalat et Hollinger, aux États-Unis, en Europe et au Canada
respectivement (Charreaux, 1997). La recherche académique a
également mis en lumière que les pratiques contraires à
l'éthique de l'information financière, telles que le retraitement
des états financiers frauduleux qui sont souvent associées
à la mauvaise gouvernance (Beasley, 1996 ; Cohen et al., 2004; Farber
2005). Pour atténuer ces scandales, diverses réformes et normes
ont été élaborées non seulement au niveau des pays,
mais aussi au niveau international tel que la loi de Sarbanes-Oxley aux
États-Unis, le code combiné au Royaume-Uni, la loi de
sécurité financière en France et l'Organisation pour la
Coopération et le Développement Economique (OCDE).
De même, une autre chose qui explique
l'intérêt récent et croissant des recherches sur les
mécanismes de gouvernance et leurs effets sur la performance est que le
Cameroun connaît depuis un certain temps à une récurrence
des fermetures des entreprises. Selon Kengne D. (2011) les facteurs ayant
entraîné la faillite de COFINEST (Compagnie Financière de
l'Estuaire) sont les suivants : non fonctionnement des organes de gouvernance,
concentration du pouvoir entre les mains du directeur général,
pas de politique de gestion de ressources humaines, un système
d'informations de gestion présentant d'insuffisances significatives, une
croissance non maîtrisée des agences, entretien des
opérations avec l'extérieur, un système de contrôle
interne défaillant, des crédits sans garanties etc. Ce cas n'est
pas spécifique à COFINEST, la vingtaine des EMF ayant
fermé entre 2002 et 2010 ont été confrontés pour la
plupart à ces mêmes maux. Ceci nous amène à nous
interroger sur la réelle efficacité de ces mécanismes dans
nos entreprises camerounaises.
La question de gouvernance demeure plus que jamais un
problème crucial dans l'entreprise au sein de laquelle la superposition
(naturellement existante) des intérêts
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Thèse rédigée et soutenue par : Djoufouet
Wulli Faustin Option : Finance
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des dirigeants et des actionnaires qui pourrait conduire
à un enracinement des dirigeants dont on ignore la perspective,
notamment en termes de son impact sur la rentabilité (Ndongo, 2013). En
effet, la fraction importante de capital détenue par l'actionnaire
majoritaire (ou par la famille au sens large) peut être un instrument
d'enracinement1 ou de maintien du dirigeant à son niveau de
pouvoir. L'entreprise familiale serait donc le terrain de prédilection
de l'enracinement et la question ambigüe qui peut se poser est de savoir,
si cela se traduira par un effet positif sur la performance (Castanias, Helfat,
1991) ou plutôt, par une incidence négatif (Shleifer, Vishny,
1989).
Le terme « corporate governance» est
relativement nouveau aussi bien dans les débats publics
qu'académiques bien que les problèmes qu'il examine remontent
loin dans l'histoire, et même avant l'époque de Berle et Means
(1932). Ce courant de recherche est l'héritier de nombreuses
études qui portent sur la séparation entre la
propriété et le contrôle au sein de l'entreprise et il se
base sur l'existence de conflits entre dirigeants et actionnaires. En effet,
les managers ont généralement des objectifs et des horizons
temporels différents de ceux des actionnaires et disposent de
l'accès privilégié à l'information qu'ils peuvent
mettre à profit en orientant la gestion de l'entreprise vers la
réalisation de leur objectif personnel (Charreaux, 1991). Selon cette
perspective classique d'agence (la séparation entre
propriété/décision entraîne un conflit), les
mécanismes de contrôle sont des moyens par lesquels les dirigeants
sont disciplinés vers l'agissement dans l'intérêt des
propriétaires. Ces mécanismes peuvent être externes ou
internes. Cependant, il existe une grande variété de
mécanismes internes de la gouvernance d'entreprise. Elle peut être
subdivisée en deux sous mécanismes (Fodilet al., 2007) : la
structure de propriété et le conseil d'administration. La
structure de propriété peut être décomposée
en deux à savoir la concentration de la propriété et la
propriété managériale. Nous supposons que cette structure
de propriété et ces caractéristiques disciplinaires du
conseil d'administration peuvent interagir soit pour créer plus de
valeur pour les actionnaires ou non. C'est dans cette optique que nous donnons
une attention particulière à l'effet des interactions de ces
mécanismes sur la performance de l'entreprise.
Cependant, plusieurs auteurs se sont investis à donner
une définition au concept de gouvernance d'entreprise. Selon Schleifer
et Vishny (1997) la gouvernance d'entreprise peut
1 Pour mieux assoir notre travail il sera question
pour nous de développer à côté des autres
théories, la théorie d'enracinement plus
précisément la version de Castanias et Helfat (1991) ; Charreaux
(1996) et bien autres encore
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Thèse rédigée et soutenue par :
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être définie comme étant « un
système par lequel le retour sur investissement pour les financiers des
sociétés est protégé ». Cette protection est
nécessaire pour défendre les investisseurs dont les actionnaires
minoritaires contre les risques d'utilisation abusive par les dirigeants
d'entreprise des fonds mis à la disposition de l'entreprise. Pour
Charreaux (1997), la gouvernance d'entreprise peut être définie
comme étant « l'ensemble des mécanismes qui limitent
efficacement les pouvoirs d'influence et les décisions de leadership
qui, autrement, contrôlent leur propre comportement et définissent
leur espace discrétionnaire ». Pour cette raison donc, le concept
de gouvernance d'entreprise, basée sur la volonté de
transparence, permet d'abord une meilleure gestion et la réconciliation
des intérêts éventuellement divergents au sein de
l'entreprise. La performance est entendue dans la majorité de ces
études comme le « return on equity », les ratios de
marge, la croissance des cibles et de leur chiffre d'affaires et la
rentabilité économique. Selon les principes de gouvernement
d'entreprise de l'OCDE mise au point à Paris en 1998, la gouvernance
d'entreprise est le système par lequel les entreprises sont
dirigées et contrôlées, la répartition des droits et
des responsabilités entre les différents membres de l'entreprise,
tels que le conseil d'administration, les gestionnaires, les actionnaires et
les autres parties prenantes. La gouvernance d'entreprise repose sur la
promotion de l'équité, de la transparence et de
l'imputabilité de l'entreprise. La gouvernance d'entreprise
désigne l'ensemble des systèmes de contrôle internes et
externes qui permettent de réduire les conflits d'intérêts
entre les dirigeants et les actionnaires résultant de la
séparation de la propriété et du contrôle. La
gouvernance d'entreprise est également une relation entre les parties
prenantes, qui est utilisée afin de déterminer et de
contrôler l'orientation stratégique et la performance des
organisations.
Comme tout choix, le recours à ces mécanismes de
gouvernance n'est pas sans coût pour l'entreprise. Plusieurs
études ont montré qu'il existe des interactions entre ces
mécanismes de gouvernance. Il est donc intéressant
d'étudier l'effet de leurs interactions sur la performance des
entreprises. Cependant, selon Fodil et al. (2007), compte tenu du fait qu'une
entreprise peut utiliser d'autres mécanismes différents, il
pourrait ne pas exister une relation directe entre certains mécanismes
de gouvernance et la performance de l'entreprise. Dans cette optique, il sera
judicieux d'analyser un système de gouvernance dans une perspective
globale intégrant les différents mécanismes de gouvernance
interne et ne pas se limiter à l'évaluation de
l'efficacité d'un mécanisme isolé. Par conséquent,
la défaillance d'un mécanisme d'équilibrage peut
être substituée par l'action d'un autre mécanisme.
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Thèse rédigée et soutenue par :
Djoufouet Wulli Faustin Option : Finance
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MECANISMES INTERNES DE GOUVERNANCE : EFFET ET
INTERACTIONS SUR LA PERFORMANCE FINANCIERE DES ENTREPRISES AU
CAMEROUN.
La plus-value qu'apportera ce travail est que très peu
d'études se sont intéressées à explorer les
interactions entre les mécanismes internes de gouvernance et de leur
effet sur la performance des entreprises (Fodil et al., 2007). Ainsi,
étant donne la grande importance des mécanismes de gouvernance
interne qui existent au sein de l'entreprise, l'objectif de ce travail de
recherche est d'examiner la conséquence des interactions entre ces
mécanismes internes de
gouvernance sur la performance financière de
l'entreprise. Cependant, dans le contexte camerounais, les études
portant sur les mécanismes interne de gouvernance des entreprises, de
leurs effet et leurs interactions sur la performance sont à notre
connaissance peu. De plus, il devient alors intéressant de
vérifier l'existence des effets de substituabilité entre les
mécanismes de gouvernance ce qui permettra aux entreprises
d'éviter la duplication de contrôle et donc d'augmenter la
richesse des actionnaires. Il nous convient donc à partir des constats
fait sur les travaux des auteurs ci-haut, de mener notre recherche sur les
mécanismes de gouvernance interne. Ainsi, notre sujet de recherche
s'intitule : Mécanismes internes de gouvernance : effet et
interactions sur la performance financière des entreprises au
Cameroun.
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