1.1.2 Problématique de la recherche
Dès l'indépendance, le développement
durable a été au coeur des préoccupations des
autorités nigériennes. Face à la croissance
démographique galopante et aux sécheresses qui frappent durement
le pays de façon récurrentes, le sous secteur de l'irrigation est
vite apparu aux yeux des dirigeants comme une priorité en matière
de politique agricole en vue d'intensifier et sécuriser la production
vivrière face aux aléas climatiques (DAMBO et al, 2011).
Cette volonté politique a vu le jour, dès le
début des années 1930 à travers la poursuite
d'études des possibilités d'aménagement du fleuve Niger
initiée depuis la période coloniale et le développement
des grands périmètres irrigués.
Au regard du potentiel des terres irrigables au Niger, environ
2700002 ha, l'extension de l'irrigation est considérée
comme un facteur clé pour améliorer la situation alimentaire et
augmenter les revenus agricoles. Bien que le pays soit au trois quarts (3/4)
désertique, il
2 DAERA, 2006
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dispose en effet d'importantes réserves
inexploitées en eaux souterraines et de surface (fleuve, mares, nappes
peu profondes etc.) utilisables à des fins agricoles (Beck et Girardet,
2003).
La majorité des terres irrigables de notre pays se
situent dans la vallée du fleuve Niger (52%) sous réserve d'une
régulation du cours d'eau et dans les dallols (41%), anciennes
vallées fluviatile aujourd'hui fossiles à savoir le Sud Ouest du
pays (JOANNE C, 2007).
Par ailleurs, dans ces dernières décennies, des
changements profonds dans les relations agriculture et élevage ont
été relevés. L'espace pastoral s'est restreint en
même temps que son occupation se densifie. Ainsi, les conflits entre
agriculteurs et pasteurs aboutissent à la rupture de l'ancienne
complémentarité entre agriculture et élevage.
Au cours de dernières décennies, la perte de
l'accès aux terres pour les pasteurs a été
supérieure à celle subie par presque tous les autres utilisateurs
des ressources, ce qui a gravement compromis l'option de subsistance (BRUCE H
Moore, 2008).
La réduction et la dégradation des espaces
pastoraux ont confiné les éleveurs sur des terres marginales
souvent inaptes à l'élevage. Outre les pertes animales que cette
situation occasionne, la productivité du bétail s'en est
trouvée sérieusement atteinte.
De ce fait, une partie des éleveurs s'est
sédentarisée, ou a abandonné l'élevage de certaines
espèces souvent très sensibles à la sécheresse. La
conséquence sociale la plus immédiate a été la
redéfinition du contrôle sociale de l'espace. La question
foncière est devenue un « fait social ». La terre devient un
enjeu et des nouvelles stratégies d'occupation de l'espace sont entrain
de voir le jour (Giancarlo PINI et Vieri T, 2007).
Cette situation, se présente avec plus d'acuité
dans la région de Dosso au niveau des vallées du dallol surtout
avec la mise en cultures des espaces pastoraux. Ainsi, à l'instar des
autres régions du Niger, la zone des dallols abrite une population
essentiellement rurale qui tire des activités d'exploitation des
ressources naturelles, les moyens de sa subsistance.
L'extension de la culture irriguée a exacerbé la
compétition pour l'accès aux terres surtout des vallées
qui sont désormais clôturées et donc inaccessibles aux
pasteurs et à leurs troupeaux (Mahaman L Danda et al, 2006). Il se pose
souvent des problèmes de gestion des espaces destinés à
l'agriculture et à l'élevage. Il y'a de ce fait, une certaine
compétitivité qui se manifeste par le désir des pasteurs
d'avoir libre accès aux ressources et le souci de protection des
cultures par les agriculteurs qui clôturent les sites pour
prévenir les dégâts (Waziri Mato, 2000, 204).
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Pourtant, l'élevage dans la zone des dallols est
également pratiqué sous une forme extensive et qui consiste dans
un système de cueillettes et d'exploitations des ressources
végétales par l'animal.
Dans ces conditions, la compétition pour y avoir
accès est de plus acharnée, ce qui ne va pas sans
conséquences souvent soldées par des conflits meurtriers entre
acteurs. Face à tous ces problèmes d'usages accrus autour des
ressources naturelles en particulier (l'eau, la terre) et de gestions des
espaces il est donc important de poser ces questions :
Quels sont les potentiels irrigués et irrigables dans la
zone d'étude ?
Quels sont les avantages, les inconvénients et les
risques liés au développement de l'irrigation sur les espaces
pastoraux ?
L'application des textes en vigueur, ne
présente-t-elle pas des limites dans
la zone d'étude ?
Ainsi, la prise en compte de ces interrogations permettra
d'apporter notre modeste contribution à la gestion des ressources
naturelles et aux questions foncières dans une zone où ces
problèmes se posent avec acuité.
Cette étude s'inscrit dans le cadre du schéma
d'aménagement foncier de la région de Dosso qu'a initié le
conseil régional avec l'appui de la coopération luxembourgeoise
et la collaboration de la Faculté d'Agronomie (FA) et le
département de Géographie de l'Université Abdou Moumouni
de Niamey (UAM). A cet effet, plusieurs thématiques ont
été attribuées aux étudiants pour bien
compléter et renforcer les travaux réalisés par les
enseignants chercheurs dans le même cadre afin de fixer la vocation des
terres.
C'est ainsi que notre sujet se présente comme suit :
« Incidences foncières du développement de l'irrigation sur
les espaces pastoraux dans les vallées des dallols Maouri, Fogha et du
fleuve (Région de Dosso) ».
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