CHAPITRE 1 : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE DE LA
RECHERCHE
Pour bien comprendre et cerner ce sujet, nous avons
prévu de faire le point de la problématique avant de poser
véritablement le problème. Ce chapitre traitera donc du cadre
théorique de cette étude ainsi que, la méthodologie qui
nous a permis à réaliser ce document.
1.1Cadre théorique de l'étude
1.1.1 Revue de la littérature
La pratique des cultures irriguées a fait l'objet de
nombreuses études réalisées à des niveaux
différents. La préoccupation première des pays
sahéliens en général et du Niger en particulier est de
subvenir aux besoins alimentaires de leurs populations. Le Niger peine encore
à répondre aux grands défis qui se posent à lui.
L'un de ces défis est surtout La souveraineté alimentaire. C'est
dans cette logique, que le gouvernement nigérien s'est lancé dans
la généralisation et l'intensification de la pratique de
l'irrigation aux différentes échelles (PDES, 2012). Depuis lors,
une attention particulière est mise sur les cultures de contre saison
particulièrement les cultures maraîchères en raison de leur
multiple contribution à la sécurité alimentaire en
comblant surtout les déficits alimentaires par les revenus
générés.
Les travaux de DAMBO, (2007) ont abondé dans le
même sens en montrant l'importance de ces cultures liées à
la sécurité alimentaire dans le département de Gaya. Ces
cultures sont sensées résoudre au moins en partie le
déficit alimentaire devenu chronique engendré par les
sécheresses répétitives et les autres calamités
naturelles. Il a aussi par la suite, montré les contraintes liées
à la cohabitation de deux secteurs (agriculture et élevage) dans
le contexte des dallols et la vallée du fleuve.
Dans cette zone, l'extension des superficies irriguées
a accentué l'exacerbation des tensions entre acteurs ruraux.
Parlant toujours de l'avenir de la cohabitation entre
l'élevage et l'irrigation privée dans le sud du
département de Gaya JOANNE C, (2007), tire la conclusion suivante «
éleveurs et agriculteurs se côtoient sur un même espace,
aujourd'hui principalement occupé par l'agriculture dont la pratique a
tendance à s'intensifier. Cela se traduit par une extension des terres
mises en cultures entraînant donc nécessairement une
réduction de l'espace disponible pour l'élevage.
C'est ainsi que, dans une note adressée aux
décideurs en 2007, la réflexion des groupes de chercheurs sur
l'avenir de l'élevage et du pastoralisme au sahel et en Afrique de
l'Ouest s'est
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résumée en ces termes : La réduction
drastique de pâturage due à l'extension des surfaces
cultivées, l'occupation agricole des espaces pastoraux
stratégiques (ressources alimentaires de saison sèche) et «
l'oubli » de l'élevage dans les grands aménagements hydro -
agricoles nuisent à l'accès du bétail aux ressources. Ce
qui subsiste des difficultés et des conflits liés au
déplacement des troupeaux dans la région.
Les travaux de Bertrand G et al, (2011), ont abondé
dans le même sens. En effet, dans une étude réalisée
dans la partie orientale, méridionale et centrale en milieu rural
Tchadien, ils ont fait ressortir les contraintes que subie l'élevage et
le pastoralisme liée à l'extension des cultures irriguées
: l'extension des superficies cultivées provoque la complexification
dans le déplacement des animaux. Les axes de transhumance sont assez
très restreints, parfois carrément obstrués et c'est sur
des kilomètres. Les troupeaux sont ainsi pris au piège et cette
situation dégrade les relations agriculteurs et éleveurs. Cela se
traduit progressivement par une précarisation des droits d'accès
aux ressources pastorales.
A cet effet, l'explosion démographique est à
l'origine du défrichement incontrôlé des espaces jadis
considérés comme aire de pâturage, de séjour des
animaux (ABDOUL K, 2012).
Au-delà de l'explosion démographique, les
analyses de HAMBALY, (2006) dans la région de Gaya ont relevé
deux autres facteurs pouvant expliquer l'ampleur et la persistance des conflits
fonciers. Il s'agit de l'exploitation partagée des ressources naturelles
au tour des bas fonds, de la contestation des anciens modes d'accès
à la terre et des problèmes de grignotage des limites des
terres.
C'est dans le même ordre d'idée, que NDOYA-ALLAH
Bantiga, (2013), a tiré la conclusion suivante en parlant des dynamiques
des cultures maraîchères aux abords des ouadis à l'est du
Tchad : aujourd'hui, les problèmes fonciers se posent avec une urgence
nouvelle. En effet, même si par endroit l'on constate que les espaces
sont infinis, il apparait clairement que la pression sur les terres commence
à se faire sentir. Cette pression est particulièrement
marquée là où (abords des ouadis) l'agriculture et
l'élevage occupent une place dans l'économie de ces populations.
Pratiquant pour l'essentiel une agriculture et un élevage extensif,
agriculteurs et éleveurs de cette localité sont en concurrence
sur certaines terres. Le risque de saturation foncière pourrait aussi
multiplier les conflits autour de la terre : c'est le cas entre pasteurs et
agriculteurs par exemple pour l'accès à l'eau et au
pâturage.
Ainsi, la dynamique du front pionnier a progressivement
modifié les relations tissées entre l'agriculture et
l'élevage : si des formes de complémentarités ont
été développées, les concurrences spatiales se sont
accrues (ALEXIS G et al, 2011). Le pastoralisme, l'agro-pastoralisme et
l'agro-élevage trouvent une inscription spatiale de plus en plus
concurrentielle
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pour l'accès aux ressources naturelles. Dans une
étude menée dans l'Ouest du Burkina Faso, sur les relations
agriculture-élevage et recomposition des territoires ruraux, ces auteurs
ont montré les problèmes que rencontrent les éleveurs et
leurs troupeaux face à l'envahissement des espaces pastoraux et aux
difficultés liées à l'accès à l'eau et aux
pâturages faute du développement de l'irrigation. Il s'agit
là, des espaces périphériques et des bas-fonds qui sont
longtemps délaissés par les agriculteurs. Ce sont des terres
lourdes et saisonnièrement inondées donc, impropres à la
culture.
On constate ainsi, les mêmes préoccupations dans
la zone des dallols et de la vallée du fleuve Niger au Niger.
La plupart des espaces auparavant dévolus à
l'élevage comme pâturage ont ainsi été mis en
culture. L'élevage a été la grande victime de la «
course à la terre » (TERSIGUEL P, 1995). Des pistes à
bétail ont été aménagées pour
sécuriser les cultures face aux dégâts des animaux. Cet
aménagement est un bon exemple pour le changement de la fonction des
espaces pastoraux (Alexis G et Bernard T, 2012).
Ce cas de figure se présente avec une certaine
acuité dans la zone du fleuve. En effet, dans la région de Dosso,
ces zones constituent le sanctuaire des conflits entre les éleveurs et
les agriculteurs. En saison sèche, les vallées des dallols et du
fleuve constituent les endroits les mieux adaptés pour l'exploitation
des ressources pastorales au regard de ses fortes potentialités. Mais,
ces dernières années, le développement de l'irrigation sur
ces espaces a exacerbé la multiplication des conflits entre les
producteurs ruraux.
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