3.7 : Les inconvénients et les risques
liés au développement de l'irrigation sur les espaces
pastoraux
Le développement de l'irrigation sur les espaces
pastoraux dans les vallées des dallols et du fleuve a des
conséquences sur le pastoralisme. En effet, depuis la nuit de temps,
l'élevage est pratiqué dans ces milieux très riches et
humides à cause des ses fortes potentialités.
En réalité, dans le contexte des dallols, la
cohabitation entre l'agriculture et l'élevage existait depuis longtemps
mais, elle engendre une compétition pour le contrôle de l'espace.
Cette situation est peu favorable à une gestion durable des ressources
naturelles.
Ainsi, ces dernières années, l'expansion de
l'irrigation a pris de l'ampleur dans le même espace et tend à
écarter à jamais l'exercice des activités pastorales. A
titre indicatif, les communes de Dioundiou, Tounouga, Gaya et, le village de
Kéleli (32ha dont la longueur mesure un kilomètre) et Fadama sont
assez illustratifs. Pendant toute l'année les plantations de la canne
à sucre, le développement de l'arboriculture fruitière, de
la riziculture et d'autres spéculations maraîchères sont
toujours en place.
Aujourd'hui, dans la zone des dallols, et de la vallée
du fleuve, les aires de pâturages n'existent plus. Tout est mis en valeur
d'une part par les cultures sous pluies et d'autres part, par les cultures
irriguées en plein essor. On assiste, depuis plus d'une décennie
à une mutation et une recomposition de l'espace et du statut foncier
à des fins agricoles. L'agriculture tend à accaparer ces espaces
aussi favorables à l'élevage. Il est évident que ces zones
humides manquent de statut clair et de plan de gestion intégrée
des ressources. Ainsi, face au non respect de droit d'usage en commun de ces
milieux, il est sans doute que certains producteurs ruraux vont chercher
à asseoir leur domination. Et, c'est à ce qu'on arrive
aujourd'hui.
Au regard de ce qui précède, les éleveurs
locaux et transhumants sont confrontés à divers problèmes,
notamment, les difficultés liées à l'accessibilité
aux ressources pastorales. Il s'agit entre autres des enclaves pastorales, des
couloirs de passage des animaux, des fourrages, des certains points d'eau
(mares, fleuves) et puits pastoraux...).
Schématiquement à titre explicatif, les
éleveurs dans la zone des dallols sont basés avec leurs
bétails sur les plateaux en dehors des éleveurs locaux pendant la
saison des pluies au cours du mois de (juin, juillet, août, septembre).
Ces éleveurs vont commencer à descendre vers octobre en longeant
le long des champs des cultures jusqu'au fond des vallées sur les
enclaves pastorales ou ce qu'on appelle le settinirdé avec
l'épuisement de leurs premiers campements : les aires des
pâturages fixés sur les plateaux ou roumirdés.
C'est aussi à cette période que débute
les activités maraîchères. A ce moment, le passage des
éleveurs transhumants est bloqué avec les clôtures des
sites irrigués. C'est ce qui explique
47
l'accroissement des tensions entre ces deux acteurs, à
travers les difficultés d'accès aux ressources pastorales.
En conséquence, la mobilité des animaux n'est
plus et ne sera plus possible, les éleveurs se trouveront
déviés de leurs itinéraires. Entre Gaya et Tounouga
l'extension des grands périmètres aménagés, des
sites hors aménagements empiètent sur les espaces et justifie
à jamais le départ de certains éleveurs vers les pays
voisins (Nigéria, Bénin...).
Un représentant des éleveurs s'exprime en ces
termes « C'est un phénomène réel, en
saison sèche, les éleveurs ne peuvent pas s'installer dans le
dallol et exploiter les ressources pastorales, depuis que les gens ont
gouté à la laitue », pourtant un endroit
où les ressources pastorales sont disponibles en permanence et de
très bonne qualité. Le village de Dolé dans la commune de
Tounouga illustre cette situation.
Dans ce contexte, les rapports sociaux entre ces deux acteurs
se dégradent et entrainent une cohabitation conflictuelle souvent
soldée par des affrontements violents. Les éleveurs
locaux/agropasteurs et les éleveurs transhumants sont dans une impasse
totale dans cette zone où ils sont prêts à répondre
contre toutes autres formes de menaces à leur égard.
Au regard de cette situation, il est important de
réfléchir sur les deux activités qui sont d'ailleurs
complémentaires. Cela permettra d'éviter les conflits entre ces
deux acteurs. A cet effet, il faut :
o Changer le système d'élevage : face à
cette tendance au développement de l'irrigation sur la zone
d'étude, on doit songer à l'intensification de l'élevage
;
o Développer les cultures fourragères : vu le
déficit fourrager dans l'ensemble de la région de Dosso,
l'initiation des cultures fourragères en irriguée s'avère
être une des meilleures solutions ;
o Coupler et intensifier ces deux secteurs pour éviter
les conflits entre les producteurs ruraux en particulier les maraîchers
et les éleveurs ;
o Respecter les dates de libération des champs
dûment arrêté par les autorités administratives et
coutumières ;
o Clôturer les sites irrigués aux fin
d'éviter les conflits ;
o Sécuriser les ressources pastorales ;
o Pour permettre une meilleure compréhension du code,
il est impératif d'intensifier la sensibilisation en langue locale ;
o Renforcer la capacité des cadre techniques ;
o Doter les structures des commissions foncières des
moyens matériels et financiers pour répondre aux attentes des
producteurs ;
48
o Résumer le code rural à fin de permettre sa
bonne compréhension d'abord aux différents services techniques
pour faciliter les sensibilisations aux acteurs ruraux.
|