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La transition démocratique en Mauritanie à  travers la revision constitutionnelle de 2012

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par Mohamed Sarr
Université de Tunis El Manar - Mastère de recherche 2016
  

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Paragraphe I : Opposition anti régime : Les fausses alliances

Au sein du premier pôle on y retrouve les leaders significatifs de l'opposition, à savoir le RFD de Ahmed Daddah, l'APP de Messaoud Ould Boulkheir (Messaoud), l'UFP de Ould Maouloud, le RNRD (Tawassoul) de Mohamed Jemil Ould Mansour, El Wiam de Boidiel Ould Houmeid et d'autres partis peu significatif. Il y a une absence de consensus notoire dans la stratégie qu'il faut adopter pour faire face au régime en place. Dans cet ensemble on n'a pas la même perception à l'égard du régime, donc pas la même réaction et pas la même stratégie, car chaque parti ou chaque leader a des intérêts particuliers et qui lui sont propre. Dans une période de transition gérée par les militaires, d'aucuns peuvent vouloir que les militaires restent longtemps pour régler les problèmes fondamentaux que connait le pays alors que d'autre s'empressent qu'ils organisent les conditions nécessaires pour les élections et s'en vont. Ou dans un contexte de face à face--Sidi et Ahmed Daddah au second tour des présidentielles, l'APP de Messaoud préfère sceller une alliance avec Sidi au détriment de Ahmed Daddah, pour ensuite obtenir la présidence de l'assemblée nationale et quelques portefeuilles au prochain gouvernement, cela lui a permis, en tant que leader historique et membre fondateur d'El Hor, à présider le vote de la loi qui criminalise l'esclavage. Le gouvernement dont son parti avait pris part, y figurait aussi d'autres partis de l'opposition décidant de gouverner avec le parti au pouvoir, une première qu'a connue le pays durant l'époque de Sidi. On pourrait y voir Tawassoul et UFP,40(*) pour ce dernier c'était un gage de « stabilité », mais pas le RFD et l'AJD/MR, parce que le premier était le pair-competitor à Sidi en Mars 2007 et aussi chef de file de l'opposition démocratique, et le second contestait déjà clairement l'avènement d'un civil aussitôt. Cela a beaucoup affecté l'unité de l'opposition face au putsch d'Aout 2008, lorsque la plupart des partis d'opposition qui étaient dans le gouvernement avec Sidi condamne le coup et demande le rétablissement de la légalité, Ibrahima Sarr lui parlera de « prendre acte » du putsch mais ne le condamne pas. En ce moment il noue un accord « secret » avec Ahmed Daddah pour aller négocier avec Aziz (putschiste), dans les 35 points que comportait la plateforme de leurs négociations, y figurait la question de savoir si Aziz sera dans la course pour les prochaines présidentielles mais aucun n'évoquait le rétablissement de Sidi comme président légitime. Raison pour laquelle Ahmed Daddah rejoindra plus tard la position du FNDD qui avait condamné le coup pour faire front au putschiste, car ce dernier avait fait savoir à Ahmed Daddah qu'il sera bien sûre de la course !

Pour couronner cette hétérogénéité en pseudo-homogénéité, du tous contre le putschiste on verra Ahmed Daddah et Jemil Mansour candidat à part aux présidentielles de Juillet 2009 et seul Messaoud sera candidat d'une coalition, le FNDD. Au lendemain de la défaite de tous les candidats de l'opposition au premier tour face à Aziz, de nouvelles coalitions vont se former au milieu d'une crise politique, pouvoir militaire versus opposition, sans précédent. Tel un tour de passe-passe ou par une baguette magique, Messaoud saute du pôle de l'opposition dont il était candidat vers un pôle qu'il va créer, la CAP et concomitamment Ahmed Daddah rejoint le FNDD qui devient le COD, désormais deux coalitions qui s'entraccusent de « dialoguiste » pour la CAP et « radicale » pour le COD. Cette situation décrit clairement la frilosité de l'opposition et son attitude face au régime en place, quand les premiers ont une certaine confiance envers le régime et peuvent même dialoguer avec lui afin d'obtenir un accord politique, les autres ont une grande méfiance envers l'homme qui incarne le régime en place.

Ce qu'il faut savoir dans cette opposition, c'est que la plupart ont été tous appartenu à un moment donné à un même front antimilitaire, l'UFD41(*), longtemps porteurs de projets et ont aussi fait une longue course pour l'obtention du pouvoir, en vain, ils se voient toujours la route barrée par les militaires. Donc pour les uns il faut être prudent, pour les autres il faut faire avec les militaires, négocier avec eux pour obtenir des concessions, et de surcroit des changements pour le long terme.

* 40 Déjà avant la proclamation des résultats définitifs des présidentielles de 2007, l'UFP faisait cette demande d'un gouvernement d'union nationale http://www.avomm.com/L-UFP-reclame-un-gouvernement-d-union-nationale-en-Mauritanie_a2199.html

* 41 L'UFD était la principale coalition de partis politiques face à Taya lors des présidentielles de 1991. Elle fera scission au lendemain de leurs défaites aux élections marquées par plusieurs irrégularités. Pour la scission de l'UFD en plusieurs groupuscules partis, Voir MARTY M., « Mauritania : political parties, neopatrimonialisme and democracy », ECPR workshop on parties, party system and democratic consolidation, Avril 2011. http://ecpr.eu/Filestore/PaperProposal/00557fd6-9166-4a93-a02d-4a4cf050ee40.pdf

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard