2. 2-2. Raison
scientifique
La revue de la littérature relative à la
déforestation et à l'histoire des Nkola/Ngyéli, leur
organisation sociale, leur patrimoine culturel et leur vécu quotidien
mentionne que la forêt est le cadre naturel de vie de ces derniers.
Celle-ci très abondante, a majoritairement été faite sur
approche clinique détournée de tout aspect culturel. Nous avons
donc opté de mener une recherche sur ce pan en univers culturel
Nkola/Ngyéli de Lolodorf.
De toute évidence leur adaptation aux dynamiques
socioculturelles et nouveaux modes de vie est d'une nécessité
capitale et inévitable. Comment ces Nkola/Ngyéli font-ils face
à l'érosion de leur milieu de vie ? Il apparait que
plusieurs recherches et thématiques d'ordre scientifiques ont
été développées à leur sujet. Ainsi, nous
avons trouvé judicieux d'exprimer notre travail scientifique et
méthodologique dans l'optique d'apporter notre modeste contribution
à la littérature disponible sur les effets de la
déforestation chez les Nkola/Ngyéli, dans le cadre de
l'anthropologie en général et de l'anthropologie du
développement en particulier.
3. PROBLEME DE
RECHERCHE
Selon, AKTOUF (1987), définir un
problème de recherche, c'est, au-delà de la formulation de ses
preuves et indices, apporter un éclairage le plus complet possible sur
son étendue, les points principaux dont il appelle le traitement, sa
position par rapport aux problèmes identiques déjà
étudiés par d'autres, en d'autres lieux...
Le fondement de toute recherche scientifique repose sur un
problème. Le problème scientifique ne surgit pas
spontanément dans la conscience du chercheur. Il naît au sein d'un
contexte qui le révèle. Le chercheur est également
inséré dans un contexte culturel, social, institutionnel et
scientifique donné. Les questions qu'il posera dépendront de ce
contexte. Le problème est une série d'énoncés ou
d'interrogations sur des phénomènes socioculturels.
La déforestation comme il a été
évoqué plus haut se fait dans un souci de développement.
Qu'il s'agisse de l'exploitation forestière, de la réalisation
des grandes plantations, des champs agricoles, de la construction des routes,
des barrages hydroélectriques, des ports en eaux profondes,
d'infrastructures de santé, d'éducation, des espaces de loisirs,
ou de la construction des logements, la forêt constitue par essence le
cadre physique sur lequel reposent ces réalisations qui ont pour but
d'améliorer les conditions de vie des populations. Cependant, ces
travaux s'accompagnent toujours des changements socioculturels auprès
des sociétés qui y vivent.
La superficie approximative de Lolodorf fait état de
12OO KM2. Dans cette localité vivent d'une part les Bantu
mais aussi les Nkola/Ngyéli dont la vie dépend directement de la
forêt. Mais à chaque fois que des actions de développement
touchant la forêt sont engagées dans ces milieux, elles
n'impactent pas de la même manière les modes de vie de ces deux
groupes. Quand il s'agit des Bantu, la déforestation ne s'accompagne pas
d'une modification substantielle de mode de vie. Mais quand il est question des
Nkola/Ngyéli, l'érosion de la biodiversité se
matérialise directement par un changement profond des modes de vie.
La réalité de cette déforestation est
palpable à plusieurs niveaux. Les torts ainsi causés à cet
environnement naturel ont un impact direct sur la culture de tous les peuples
qui y vivent mais plus particulièrement sur les Nkola/Ngyéli.
Pour ces peuples, la forêt est leur source de vie. Elle a toujours
efficacement contribué à leur harmonie sociale, à leur
bien-être. Il était donc non seulement déraisonnable de
nier l'importance des différentes significations que revêt cette
forêt, mais surtout aussi irrespectueux de s'attaquer à cette
forêt qui pour ces peuples, constitue leur identité. Cette
approche, fait des Nkola/Ngyéli, des peuples chasseurs et cueilleurs,
vivant dans la forêt et avec la forêt. Cela atteste ces mots de
MIMBOH (2000), ces populations qui vivent de /et dans la
forêt.
Constat fait, il naît suite à la
dégradation de l'environnement des difficultés de survie pour ces
peuples de forêts. Dès lors, le problème qui émerge
de cette contradiction est celui de la réaction différentielle de
deux peuples (Bantu et Nkola/Ngyéli) face à un stimulus identique
qui est la déforestation. GAUTHIER (1987), confirme par ailleurs
qu'il y a problème de recherche lorsqu'on prend conscience de la
nécessité de combler certaines lacunes dans nos connaissances de
la réalité, ces dernières constituant un ensemble
d'informations relativement organisées (théories, modèles,
hypothèses, et....)
4-
PROBLEMATIQUE
Par définition, nous pouvons dire qu'on désigne
parproblématique, l'étape introductive du projet de recherche
à l'intérieur de laquelle sont formulés le problème
général de recherche, la question principale et les questions
spécifiques de recherche. C'est l'ensemble des hypothèses, des
orientations, des problèmes envisagés dans une théorie,
dans une recherche. La problématique est l'approche ou la perspective
théorique que l'on décide d'adopter pour traiter le
problème posé par la question de départ. Trois temps
peuvent caractériser la construction d'une problématique :
Ø exploitation des lectures et entretiens,
détermination des différents aspects du problème
posé par la question de départ ainsi que les liens qu'ils
entretiennent entre eux.
Ø Choix de l'orientation qui semble la plus pertinente,
ou élaboration d'une nouvelle orientation transcendant les
précédentes à travers des points de vue ou des
orientations théoriques.
Ø Explicitation du cadre conceptuel qui
caractérise la problématique retenue, c'est-à-dire
description du cadre théorique dans lequel s'inscrit la démarche
de l'étudiant ; c'est la précision des concepts fondamentaux, des
liens qu'ils ont entre eux.
L'exploitation forestière dans toutes ses dimensions,
bat son plein dans le massif forestier de Lolodorf et particulièrement
dans la grande forêt où vivent les communautés
Nkola/Ngyéli depuis plusieurs décennies. Dans la phase de
réalisation de ces travaux, les compagnies forestières ont de
plus en plus transporté les billes de bois. Les forêts ont
été dévastées avec fureur. Culturellement, il se
trouve dans cette localité un peuple auquel la vie en dépend
totalement. Dès lors, un certain nombre d'interrogations surgissent
afin de mieux synthétiser la situation à laquelle les
Nkola/Ngyéli font face suite à la dégradation de leur
mamelle nourricière.
Au-delà de tout constat, il convient de souligner que
la question de la crise environnementale a profondément modifié
les modes de vie des communautés Nkola/Ngyéli. Cependant,
étudier ces dynamiques socioculturelles nous invite à une
imprégnation totale de leur culture. Comprendre ces changements, impose
une réelle interrogation de ces modes de vie avant la
déforestation et après la déforestation afin de palper ces
mutations. Il sera ainsi question de revisiter plusieurs fragments de leur
culture en donnant la parole aux Nkola/Ngyéli, et en les observant.
En interrogeant la théorie de l'écologie
culturelle développée par J.H. STEWARD, de l'anthropologie
écologique définie par Leslie WHITE, il conviendra de
s'intéresser à l'interaction entre un groupe culturel
donné et de son milieu naturel. La théorie du fonctionnalisme de
MALINOWSKI et RADCLIFFE BROWN nous permettra de saisir la fonction que remplit
chaque élément dans un ensemble culturel et quels changements
peuvent entrainer la dysfonction de cet élément.
Notre problématique fait intervenir plusieurs questions
de recherche.
5- QUESTIONS DE
RECHERCHE
Cette recherche est adossée sur deux types de
question : une question principale et deux questions secondaires.
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