L'enjeu géostratégique dans l'instabilité au Soudan du sud( Télécharger le fichier original )par Niclette BAKAMPA TSHIABA Université Chrétienne Cardinal Malula - Licence en Rélations Internationales 2014 |
II.1.2 : Origine du conflitPour bien situer ce conflit, il serait important de remonter brièvement à l'histoire du conflit au Soudan et de parcourir son évolution au fil des années. En 1972, le Sud-Soudan obtient un statut d'autonomie à l'issue d'une première guerre qui aurait fait environ 500 000 morts en 17 ans39(*). En 1983, le Sud-Soudan se révolte à nouveau à la suite de la suppression du statut d'autonomie. En fait, l'enjeu est dans les importants gisements de pétrole qui viennent d'être découverts. Cette seconde guerre va causer près de 2 millions de morts. En 1989, une junte militaire dirigée par le Général Omar el-Béchir s'empare du pouvoir à Khartoum, alors que ceux-ci n'avaient recueilli que 10 % des voix aux élections. Si les États-Unis avaient auparavant entretenu d'excellentes relations avec le Soudan, le nouveau régime islamiste mis en place par Omar el-Bechir lui était carrément hostile. Le conflit inter-soudanais est un conflit armé en cours depuis le 21 mai 2011 entre le Soudan et des factions proches du Soudan du Sud pour le contrôle de l'enclave d' Abyei, région riche en pétrole. Il fait suite au référendum sur l'indépendance du Soudan du Sud, qui s'est déroulé du 9 au 15 janvier et qui prévoyait la scission du pays le 9 juillet 2011. Des tensions existent depuis au moins 1956 entre le Soudan du Sud, une population minoritairement chrétienne et plutôt animiste, et le reste du pays, une population à majorité musulmane. Deux guerres se sont déjà produites entre 1955 et 1972 au cours de la première guerre civile soudanaise et entre 1983 et 2002 au cours de la seconde guerre civile soudanaise, ce qui débouche sur la mission des Nations-Unies au Soudan en 2005. Ces tensions ont une origine politique, avec une législation s'appuyant plus ou moins sur le Droit musulman mise en place par Khartoum et que refusent les populations du Sud, ainsi qu' économique avec l'exploitation pétrolière dans le Sud du pays qui ne profiterait pas aux populations locales. Un référendum sur son indépendance est organisé dans la semaine du 9 au 15 janvier 2011. Il est validé avec un pourcentage de 98,83 % des voix. Toutefois, certains points n'ont pas été évoqués dans le référendum : c'est le cas du « tracé exact de la frontière », notamment dans la région d'Abyei, ainsi que « du partage des ressources pétrolières et leurs revenus ». Le président Salva Kiir Mayardit déclare en mai 2011 qu'il n'y aura pas de nouvelle guerre concernant la région d'Abyei et qu'elle n'empêchera pas l'indépendance du pays. Des affrontements entre les Nuer et les Dinka, deux groupes ethniques importants du pays, ont éclaté dans la nuit du 15 au 16 décembre 2011, dans la capitale sud-soudanaise, Juba. Depuis, les combats se sont propagés à travers le pays et les rebelles ont réussi à occuper plusieurs villes. Le président du pays Salva Kiir a alors évoqué une tentative de coup d'Etat. Issu de l'ethnie Dinka, le dirigeant en a accusé l'ancien vice-président de l'ethnie Nuer, Riek Machar, destitué il y a quelques mois. Les autorités sud-soudanaises et les rebelles ont convenu de conclure un cessez-le-feu dans le cadre de la préparation des négociations sur le règlement du conflit dans ce pays africain40(*). * 39 Marcel L. La dynamique du temps et du climat,, 2e édition DUNOD, Paris, 2004, p.74 * 40 Déclaration du Médiateur de l'Autorité InterGouvernementale pour le Développement (IGAD), extrait de l'Agence Reuters, 2011 |
|