Section 4 :
Recommandations
III.4.1 : Réduire
la forte dépendance au pétrole, moteur de l'instabilité et
ouvrir le pays à la perspective d'une économie basée sur
l'agriculture
Les combats, qui ont déjà fait des
centaines de morts et des dizaines de milliers de réfugiés, ont
contraint certaines sociétés comme la compagnie d'État
chinoise China National Petroleum Corp (CNPC) à
évacuer tout leur personnel et interrompre leur production, affectant
ainsi durement les revenus du Soudan du Sud selon le ministre des Finances. Le
géant CNPC, devenu au fil des ans le principal opérateur
pétrolier au Soudan, s'est installé dans le pays après que
Total, la compagnie française qui dispose des droits sur une partie des
réserves pétrolières soudanaises, ait dû se retirer
dans les années 80 après des prises d'otages et des attaques de
ses installations.
Ces combats, combinés au retrait de CNPC,
risquent de décourager d'autres investisseurs et de paralyser
entièrement l'industrie pétrolière pour des
décennies, craignent d'ores et déjà les
spécialistes. En effet, lorsque le Soudan du Sud est devenu un pays
indépendant en 2011, les 350 000 barils produits
quotidiennement sont instantanément devenus un élément
vital de l'économie du nouveau pays. Par ailleurs, 12 mois plus tard, le
président Salva Kiir annonçait que 4 milliards de dollars de
fonds publics, soit un tiers des revenus pétroliers entre 2005 et 2011,
avaient été détournés. Ainsi, au vu de la situation
actuelle, le risque n'est plus la corruption, mais l'endommagement des
infrastructures sur le long terme.
Déjà en 2012, les premiers accrochages
militaires entre les deux pays ont entraîné l'arrêt
temporaire de la production sur le site d'Hegleig, dans l'État de
l'Unité au nord du Soudan du Sud, qui assure environ la moitié de
la production du pays. Les dépenses de remise en état des
infrastructures, non budgétisés, et l'escalade des combats dans
les États du Kordofan méridional et du Nil bleu sont venues ainsi
aggraver une crise budgétaire naissante.
Le Soudan du Sud devrait donc en plus d'investir dans
des nouvelles infrastructures, rechercher également des solutions afin
de réduire sa dépendance au pétrole et se concentrer sur
d'autres domaines en l'occurence, celui de l'agriculture. Cela d'autant plus
que la production pétrolière devrait, selon les analystes,
baisser de 66% d'ici 2020. L'agriculture constitue donc une des grandes
solutions pour ce jeune État. L'agriculture offre en effet non seulement
des perspectives commerciales lucratives et des possibilités d'emploi
pour la population, mais elle aide également à soulager les
besoins criants en matière de production alimentaire. De nombreux
citoyens, environ 3 millions, sont régulièrement
confrontés à l'insécurité alimentaire. Selon de
nombreux spécialistes, le Soudan du Sud est en mesure de nourrir
à lui seul sa population car il comprend de vastes superficies de terres
arables, même si des décennies de conflit ont empêché
le secteur agricole de se développer. Pour eux, l'agriculture doit
être le principal moteur de la croissance économique du pays avec
plus de 80% de la population dépendant de ce secteur. Enfin, en
développant son agriculture, le Soudan du Sud pourrait s'affranchir de
sa dépendance aux ventes de pétrole.
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