3-2 Les difficultés liées au contexte
socio-économique et politique
Les associations paysannes sont confrontées
généralement à des difficultés d'ordre
socio-économiques et politiques qui limitent leurs possibilités
d'action. Dans la région du Petén, l'instabilité politique
permanente depuis des années, la pression agraire ainsi que le
désengagement de l'état ont décuplé ces
difficultés qui ne peuvent être gérées au niveau des
associations.
3-2-1 La situation économique et de service de
base
Les conditions économiques de base des
communautés constituent un handicap face aux projets que les
associations veulent entreprendre.
Dans la communauté de San Lucas et de la Compuerta par
exemple, les conditions de vie difficiles dues au manque des services de base
se ressentent. N'ayant pas accès à l'eau potable et à
l'électricité et ayant une route très
détériorée, les priorités d'accès à
ces services de base priment sur la priorité de développement
local d'autres activités. A cause de ces problèmes ressentis
comme plus urgents, les associations locales portent moins
d'intérêt aux projets productifs, artisanaux, ou culturels.
Cet obstacle est visible dans la majorité des
communautés rurales du Petén. Les associations paysannes luttent
pour obtenir ces services de base, mais les ONG ont rarement assez de moyens
pour pallier à ces difficultés et la sphère
étatique s'en désengage la plupart du temps.
En plus de ces obstacles qui sont des priorités
d'urgence, il y a les priorités sociales des investissements. En effet,
la nature des frais communautaires privilégie les investissements
immatériels cérémoniaux aux investissements productifs.
Les célébrations et cérémonies qui émaillent
la vie sociale des communautés, tels que les naissances, baptêmes,
mariages, funérailles sont des évènements de la plus haute
importance pour les villageois. Ils dépensent pour cela des sommes
considérables par rapport à leurs moyens économiques.
Quand j'étais
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Benotti. Mémoire de recherche appliquée ETHT7:
Associations Paysannes et Développement Durable: entre discours et
réalités. (2013)
logée chez une des familles de la Compuerta, celle-ci
n'avait à certaines périodes de l'année pas les moyens de
manger à sa faim, mais elle a économisé pendant des mois
pour acheter un porc que le père allait tuer pour les 18 ans de sa fille
aînée. En plus, cet animal ne représentait qu'une partie
des frais de la cérémonie.
Lorsque l'argent n'est pas dépensé pour les
cérémonies, il est parfois converti en prestige social par les
hiérarchies communautaires.
Ces frais culturels empêchent alors l'épargne qui
pourrait être utile pour contribuer aux projets productifs, même
pour les associations communautaires qui font elles aussi partie du
système culturel et qui participent aux dons qui financent les
cérémonies.
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