2. La mobilisation des ressources
financières
Pour la coopération transfrontalière, on peut
dire que les initiatives de coopération transfrontalière de
manière générale se heurtent à deux obstacles
majeurs :
· Les grands fonds destinés au financement de la
coopération régionale ne sont pas actuellement conçus pour
se tourner vers un grand nombre de petites initiatives ; ils ont pour vocation
le financement de grands projets, notamment d'infrastructures.
· Les fonds nationaux bilatéraux sont, par
définition, destinés à financer des activités dans
un seul pays. La seule solution consiste à concevoir des « projets
jumeaux » de part et d`autre d'une frontière et de tenter de les
faire financer en parallèle sur un fonds national dans un pays et sur un
autre fonds national dans l'autre pays. Cette expérience a
été tentée, d'ailleurs avec succès, mais ceci a
demandé beaucoup de temps et d'efforts.
Quoiqu'il en soit, Il est difficile de « couper en deux
» l'aménagement d'une même piste rurale ou un programme
transfrontalier de lutte contre l'insécurité.
L'analyse de l'expérience européenne apportera
sans doute des enseignements en la matière. Il nous semble que pour
trouver des solutions concrètes au problème qui nous est
posé, plusieurs points devraient être considérés
:
· Les protagonistes (institutions régionales,
bailleurs, élus et acteurs locaux, ONGs ou
Associations) devraient s'accorder sur la
nécessité d'inscrire la coopération
transfrontalière comme une priorité des programmes
régionaux. La coopération frontalière est un «
parapluie intégrateur » des objectifs de
développement de dimension commerciale, culturelle, sécuritaire,
migratoire, etc.
Si elle revêt plusieurs visages dont certains sont
déjà reconnus dans les programmes régionaux (corridor de
développement, aménagement des bassins pour n'en citer que
quelque uns), aujourd'hui, l'objectif est de mettre en avant la
coopération transfrontalière d'initiative locale en faisant la
preuve de sa valeur ajoutée dans le processus d'intégration
régionale.
· Un effort important doit être porté sur la
communication, la diffusion de l'information
Sur la réalité des frontières et des
initiatives transfrontalières avec pour objectif final la
sensibilisation des responsables politiques.
Il est difficile de trouver des financements pour des
centaines, voire des milliers de petites initiatives locales
transfrontalières. Ces initiatives devraient donc être
regroupées par zone transfrontalière à l'intérieur
d'un programme de développement transfrontalier, des opérateurs,
collectivités locales ou ONG, appuyées par les États
concernés, doivent se faire les animateurs et les porteurs de ces
programmes et en rechercher le financement.
· Les Communautés Economiques Régionales
devraient se doter ;
De capacités humaines et financières pour
encourager de telles dynamiques sous l'impulsion de leurs États membres.
Pour ce qui est de la mobilisation même des ressources, il faut prendre
en compte deux éléments du contexte actuel : les fonds
accordés par les bailleurs s'arrêtent pour la plupart aux
frontières et les fonds régionaux sont couramment utiliser pour
le financement de bien public (fleuve par exemple). Il faut donc travailler
dans un premier temps au niveau politique pour faire évoluer les
concepts et les approches de ces fonds régionaux. L'expérience
européenne nous montre même qu'il faut créer des fonds
régionaux spécifique dotés de logiques de fonctionnement
et d'outils particuliers. Les États devraient envisager d'accorder des
cofinancements. La faisabilité technique de tels fonds devrait
être envisagée aussi vite que possible. La réflexion sur
ces fonds régionaux devrait inclure les États, les CER et les
représentants des collectivités locales africaines.
L'expérience européenne en la matière devrait être
mise à profit. Les deux Etats devraient également insister sur la
piste de projets pilotes entre régions européennes et africaines.
L'idée de mettre en oeuvre des projets d'appui direct associant une
région frontalière européenne et une région
transfrontalière africaine mérite à notre avis
d'être explorée à travers quelques expériences
pilotes qui pourraient être appuyées par des partenaires
techniques et financiers européens. Des études de
faisabilité pourraient être menées aussi rapidement que
possible.
Le tableau ci-dessous fait état des obstacles à
surmonter pour faciliter la coopération transfrontalière, des
actions qui devraient être menées pour les surmonter et du niveau
auquel ces actions doivent être initiées.
Figure 8 : tableau illustrant les
obstacles à surmonter pour faciliter la coopération
transfrontalière
OBSTACLES À SURMONTER POUR FACILITER LA
COOPÉRATION TRANSFRONTALIÈRE
|
ACTIONS À MENER EN TRANSFRONTALIER
|
NIVEAUX CONCERNÉS POUR SURMONTER L'OBSTACLE
IDENTIFIÉ
|
Obstacles à la vie quotidienne des populations
transfrontalières
|
Tracasseries douanières dues à un non-respect des
protocoles de la CEMAC sur la libre circulation des personnes
|
Améliorer l'application des législations
existantes (protocoles de la CEMAC). Meilleure formation et
rémunération des douaniers.
Postes frontières communs.
|
National
|
Lourdeurs administratives pour passer la frontière dues
à une inadaptation de certaines dispositions des protocoles de la
CEMAC
|
Faire évoluer les législations existantes ;
simplifier, adapter, clarifier les règles et communiquer sur
celles-ci.
|
National et sous-régional
|
Manque d'accessibilité des zones frontalières
|
Aménager et construire des pistes, des routes et des
ponts transfrontaliers
|
Local (appui des services de l'Etat et des partenaires
techniques et financiers)
|
Manque de services et d'équipements de base
|
Développer services et équipements
transfrontaliers (centres de santé, stations d'épurations,
marchés)
|
Local (appui des services de l'Etat et des partenaires
techniques et financiers)
|
Obstacles au développement d'actions
transfrontalières
|
Manque de cohérence entre les politiques de part et
d'autre de la frontière et en particulier en matière
d'aménagement du territoire
|
Intégrer systématiquement la dimension
transfrontalière dans les politiques nationales et les articuler de part
et d'autre de la frontière
|
National/bilatéral
|
Intégrer les préoccupations
transfrontalières dans les politiques régionales et locales et
les articuler de part et d'autre de la frontière, et notamment dans les
documents de planification
|
Local (appui des services de l'Etat et des partenaires
techniques et financiers)
|
Manque d'ingénierie des collectivités
territoriales pour mener à bien des projets transfrontaliers
|
Renforcer l'accompagnement des collectivités
territoriales dans le développement de projets transfrontaliers :
renforcement de capacité, appui technique sur la concertation
transfrontalière, montages juridiques et financiers, implication des
populations, cadre organisationnel et institutionnel du pays voisin ...). Le
cas échéant, orienter les actions des partenaires techniques et
financiers sur ces besoins.
|
Local (appui des services de l'Etat et des partenaires
techniques et financiers)
|
Manque de capacités financières
|
Créer dans le budget national une ligne
budgétaire dédiée à la coopération
transfrontalière
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National
|
Intégrer la dimension transfrontalière dans le
cadre stratégique de lutte contre la pauvreté et dans les accords
de partenariat Etats/ bailleurs
|
National, partenaires techniques et financiers
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Autoriser les programmes nationaux à intervenir dans le
pays voisin pour soutenir des projets d'intérêt transfrontalier
(simplifier le mode d'intervention des financeurs en transfrontalier)
|
National, partenaires techniques et financiers
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Créer un fonds commun sous-régional sur la
coopération transfrontalière
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Sous-régional
|
Absence d'un cadre juridique clair pour les projets
transfrontaliers
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Adoption d'une convention bilatérale sur la
coopération transfrontalière entre collectivités
territoriales entre le CMR et le Guinée-E pour clarifier le droit
applicable et apporter les aménagements juridiques nécessaires
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Bilatéral
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Adapter le droit des collectivités territoriales du
Cameroun et du Guinée-équatoriale aux spécificités
de la coopération transfrontalière
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Bilatéral
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Manque de connaissances des bonnes pratiques de projets
transfrontaliers en Afrique et en Europe
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Développer des échanges d'expériences avec
d'autres collectivités territoriales frontalières africaines et
européennes (coopération décentralisée)
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National : réseaux de collectivités
Sous-régional : CEMAC, CEEAC,
Afrique/UE : (association des régions
frontalières européennes), AIMF (association internationale des
maires francophones), CUF (Cités Unies France)
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