Cooperation transfrontaliere entre le Cameroun et la Guinee equatoriale( Télécharger le fichier original )par Eric Bertrand BELINGA Universite de yaounde II=Soa, Institut Des Relations Internationales Du Cameroun - Master 2 2013 |
2. Les pratiques séculairesCertains peuples d'Afrique centrale ont des activités ou pratiques qui les amènent à adopter un nomadisme permanent ou saisonnier. Parmi ces activités ou pratiques, l'on peut citer l'élevage, la chasse et même quelques fois les travaux agricoles. L'élevage ne constitue pas seulement un système économique chez les pasteurs ; il est un mode de vie, une culture. En Afrique centrale, on retrouve ces peuples au Cameroun, au Tchad et en RCA. Ce sont essentiellement les Foulbé75(*) et les Arabes Choa. Ils mènent une vie essentiellement nomade ; ils se déplacent en fonction de la disponibilité de la pâture et des points d'eau. Dans leurs multiples déplacements, ils ne tiennent pas compte de frontières interétatiques. C'est ainsi que des éléments tchadiens, nigérians, soudanais et nigériens se retrouvent au Cameroun et en R.C.A pendant la longue saison sèche. Alors que ceux du Cameroun et plus particulièrement ceux des Régions de l'Extrême-nord et du Nord traversent la frontière pour séjourner au Tchad à cause de la forte densité de la population camerounaise qui réduit chaque année la capacité de charge. A part les groupes d'éleveurs, les Pygmées font également partie des groupes socioculturels qui sont appelés à se déplacer d'un Etat à un autre. Pour éviter d'épuiser les gibiers, les chasseurs se trouvent obligés d'aller chasser loin de leur localité. Ici le choix de l'emplacement n'est pas dicté par les frontières d'un Etat mais essentiellement par la présence des gibiers. C'est ainsi que les chasseurs camerounais peuvent se retrouver en Guinée Equatoriale et inversement. Ce mode de vie rend tout contrôle et surtout le recensement de la population nationale difficile. En définitive, les facteurs historiques et culturels en Afrique centrale militent pour une liberté totale de la circulation et du brassage des personnes pour une mise en commun des projets d'intérêt communs. Bien avant la mise en place des institutions pour la coopération sous-régionale, les peuples concernés eux n'ont jamais rompu les liens séculaires qui existent entre eux, bien avant la colonisation. C'est dans cette perspective que l'ancien Président Camerounais Ahmadou Ahidjo a pu déclarer à Brazzaville (Congo) lors de la signature du traité créant l'U.D.E.A.C le 4 décembre 1964 que : « cette union économique et douanière est dans la nature des choses et la géographie, l'histoire, ainsi que les affinités ethniques la commandent...76(*) ». En définitive, la culture peut, dans le cadre de la coopération transfrontalière, apporter une contribution particulière en ce sens qu'elle a en effet un rôle essentiel à jouer en termes de développement durable des territoires transfrontaliers, grâce aux trois piliers économique, social et environnemental de ce développement. C'est le cas par exemple : du développement d'activités économiques (industries culturelles et créatives, clusters), de la cohésion sociale (insertion professionnelle, inclusion sociale), et la cohésion territoriale (offre de services de proximité). * 75 Les foulbés sont des peuls. Ce sont aussi des bororos ; ces derniers constituent un clan des foulbés qui et très attaché aux traditions ancestrales. * 76 Cité par Dairou Bouba, op. cit., p.30. |
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