Cooperation transfrontaliere entre le Cameroun et la Guinee equatoriale( Télécharger le fichier original )par Eric Bertrand BELINGA Universite de yaounde II=Soa, Institut Des Relations Internationales Du Cameroun - Master 2 2013 |
SECTION II : LES ENJEUX POLITIQUES ET DIPLOMATIQUESLes réflexions sur ces enjeux politiques et diplomatiques sont le prétexte idéal pour étudier la mise en place d'une coopération administrative transfrontalière (A) ainsi que les efforts permanents de renforcement des liens diplomatiques (B). A. La mise en place de la coopération administrative transfrontalièreDepuis son accession à l'indépendance en 1960, le Cameroun a opté pour une politique de coexistence pacifique qui privilège la diplomatie de proximité avec les pays voisins. Cette coopération constitue le cadre de concertation idoine au sein duquel les autorités administratives frontalières débattent avec leurs homologues des pays voisins des questions relatives à la gestion des zones frontalières communes. Cette coopération s'exprime de nos jours à travers des rencontres périodiques qui ont été institutionnalisées de façon bilatérale ou multilatérale avec la plupart des pays voisins. Ces rencontres ont généralement traité des questions relatives à la cohabitation, à la sécurité des personnes et des biens et à toutes autres questions économiques ou administratives touchant les intérêts des populations frontalières. Elles ont vocation à prévenir et gérer de façon consensuelle les conflits liés à la cohabitation et de préserver l'harmonie au niveau des zones frontalières. Ainsi, le Gouvernement du Cameroun, à travers sa politique de gestion concertée des zones frontalières est parvenu à proposer aux Etats dans le cadre de la CEMAC une nouvelle forme de coopération transfrontalière de proximité qui se traduit par la création des commissions mixtes avec des pays limitrophes. L'idéal d'intégration constitue un des axes fondamentaux de ce concept qui accorde une grande importance à l'aménagement des zones frontalières et le renforcement du processus d'intégration sous régionale. L'esprit majeur est de dépasser les frontières, d'en faire non pas des lieux d'affrontement de deux « souverainetés » mais des espaces de souveraineté partagée. Perçu dans l'optique d'une intégration des communautés frontalières, le « pays frontière69(*) » qui est une innovation de l'ancien président malien Alpha Oumar Konaré est de nos jours calqué par l'ensemble des pays subsahariens et se présente entre autres comme : · Un espace d'intégration de proximité, · Un espace de paix et de solidarité, · Un espace d'aménagement du territoire transfrontalier. L'enjeu politique de la coopération transfrontalière est donc l'aménagement territorial et la construction de l'intégration sous-régionale. 1. L'aménagement du territoireLes flux transfrontaliers, accrus par les disparités économiques et fiscales, génèrent des besoins spécifiques en termes d'offres de transports, d'infrastructures d'accueil, de formation et créent, sur le territoire commun, de très fortes pressions foncières. Selon les situations géographiques, les interdépendances dans le domaine de l'environnement sont aussi plus ou moins aiguës. Les responsables locaux sont donc conduits à intégrer progressivement l'échelle transfrontalière dans leurs stratégies pour appréhender des questions relatives aux services publics (transports, sanitaires, formation), à la gestion de l'environnement, au marché du travail, au logement, aux loisirs ou au développement économique. Les interdépendances existantes ne sont pas seulement porteuses de déséquilibres mais recèlent également des opportunités. Elles sont telles que, de part et d'autre des frontières, l'intérêt à coopérer s'affirme. Ainsi la coopération transfrontalière est-elle devenue une donnée de l'aménagement du territoire. Les autorités administratives locales attendent de l'Etat un appui à leur démarche et une sensibilisation, à son niveau, de ses partenaires. Dans certain cas, cet avenir passe indubitablement par des stratégies transfrontalières affirmées. L'objectif visé, de même que la stratégie employée permettront de comprendre en quoi l'aménagement du territoire est un enjeu de la coopération transfrontalière. Il en est ainsi de la réalisation de projets transfrontaliers communs tels, la construction des routes, des voies ferroviaires, le développement des marchés dignes de ce nom aux frontières en vue de faciliter l'approvisionnement des populations respectives. L'expérience équato-guinéenne de l'aménagement de villes nouvelles aux zones frontières devrait également inspiré le Cameroun ; lesquelles dynamiques renforcent à terme le processus d'intégration sous-régionale. * 69 Le « pays frontière » est selon le Président Alpha Oumar Konaré « un espace géographique à cheval sur les lignes de partage de deux ou plusieurs Etats limitrophes ou vivent les populations liées par des rapports socio-économiques et culturels ». Conclusions du séminaire sous-régional tenu à Sikasso, Mars, 2002. |
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