Cooperation transfrontaliere entre le Cameroun et la Guinee equatoriale( Télécharger le fichier original )par Eric Bertrand BELINGA Universite de yaounde II=Soa, Institut Des Relations Internationales Du Cameroun - Master 2 2013 |
b. Méthodes d'analyse des donnéesMadeleine Grawitz25(*)définit la méthode comme étant l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les démontrent, les vérifient. C'est le chemin tracé à l'avance pour se diriger vers un but. Comme le souligne Kaplan : « Le propre de la méthode est d'aider à comprendre au sens plus large non les résultats de la recherche scientifique, mais le processus de la recherche lui-même »26(*). A cet effet, Maspétiol convie tout chercheur en science sociale au relativisme méthodologique ; ceci, afin de maximiser le taux d'accroissement de l'intelligibilité. Allant dans le même sens, le Professeur Marcel Merle27(*) pense que la méthode normale des relations internationales est « empirico-critique » et récuse tout purisme dans le domaine. C'est ainsi que notre étude mettra à contribution une méthode combinant différentes approches, en raison des insuffisances dégagées par chacune d'elles ; d'où le recours à une approche socio-historique et à une approche géopolitique. · L'approche socio-historique A travers cette méthode, il s'agit d'appliquer la méthode de la sociologie historique aux relations internationales. La méthode socio-historique va de paire avec l'analyse culturelle avec laquelle elle entretient un rapport dialectique : « L'analyse culturelle ne peut être menée que par rapport à l'histoire. D'abord, de part la nature même de la culture qui implique une méthode d'analyse essentiellement individualiste. Toute structure de signalisation renvoie en même temps au singulier et à l'indivisible : ceci est vrai tant de la description qu'il convient d'en donner que des hypothèses expliquant sa formation28(*) ». Ainsi, cette méthode permet de nous imprégner du background historico-culturel au sein duquel s'inscrivent les relations entre les populations de la région frontalière. Elle permet plus précisément de comprendre l'historique du processus frontalier entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale depuis le congrès de Berlin de 1884. De plus, à travers une perspective diachronique et synchronique, cette méthode permet de situer la question de l'impact de la coopération sur les relations bilatérales entre les deux pays dans le contexte actuel ; mais également de démontrer son historicité dans le cadre d'interactions plus anciennes entre les populations de la région frontalière des deux Etats. Elle soutient ainsi l'explication du lien de causalité entre la culture et la coopération en Afrique centrale, car « le savoir historique met l'accent sur l'enchainement causal de divers moments de la réalité sociale29(*) ». · L'approche géopolitique D'après Ayméric Chauprade, la géopolitique c'est « l'étude de la volonté de puissance appliquée aux situations de la géographie physique et humaine30(*) ». C'est une idée de la géopolitique contemporaine qui s'articule généralement autour du lien étroit qui existe entre l'Etat, la politique et le cadre géographique. En effet, se servant de l'histoire, de la géographie, de la science politique et même de la sociologie, elle permet de comprendre les comportements des Etats ou les motivations profondes des acteurs internationaux. En tant que méthode d'analyse en réalité, la géopolitique classique cherche d'abord, en étudiant les actions des Etats, à comprendre leur personnalité par rapport aux évolutions de leur environnement. C'est d'ailleurs ce qui a permis à François Thual de déclarer, comme le précise d'ailleurs l'intitulé de son ouvrage, que la géopolitique nous apprend à « déchiffrer l'actualité31(*) » et d'interpréter les évènements internationaux. Michel Foucher y voit : « Une méthode globale d'analyse géographique de situations sociopolitiques concrètes envisagées en tant qu'elles sont localisées, et des représentations habituelles qui le décrivent. Elle procède à la détermination des coordonnées géographiques d'une situation et d'un processus sociopolitique et au décryptage des discours et des images cartographiques qui les accompagnent32(*) ». * 25 M. Grawitz, Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 2001, p.351. * 26 R. Maspetiol, cité par A. B. Onguené, Frontières et Intégration sous-régionale : le cas de l'Afrique Centrale (1960-2002), thèse présentée et soutenue publiquement en vue de l'obtention d'un Doctorat de 3e cycle en Relations internationales, IRIC, Novembre 2002, p.65. * 27 M. Merle, Sociologie des relations internationales, Paris, jurisprudence générale, Dalloz, 1976, p.480 * 28 B. Badie, Culture et politique, Op. cit. * 29 D. Oyono, « L'apport de l'histoire dans l'enseignement des relations internationales », in Revue camerounaise des relations internationales, Yaoundé, Décembre 1982, p.24. * 30 A. Chauprade, Introduction à l'analyse géopolitique, Paris, Ellipses, 1999, p.8. * 31 F. Thual, Méthodes de la géopolitique : apprendre à déchiffrer l'actualité, Paris, Ellipses, 1996. * 32 M. Foucher, op. cit., p.35. |
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