IX. CADRE CONCEPTUEL ET
THEORIQUE
IX.1. Cadre conceptuel
IX.1.1. Vulnérabilité
La vulnérabilité est le fait d'être
sensible aux blessures, aux attaques ou d'éprouver des
difficultés pour recouvrer une santé mise en péril. Cette
définition implique la prise en compte de deux effets de la
vulnérabilité aux risques naturels: les dommages potentiels ou la
capacité d'endommagement des phénomènes naturels
menaçants ; les difficultés qu'une société mal
préparée rencontre pour réagir à la crise, puis
restaurer l'équilibre en cas de sinistre (perturbations directes et
indirectes, immédiates et durables). Ces deux aspects renvoient à
deux approches du système de la vulnérabilité :
L'approche classique consiste à mesurer l'endommagement
potentiel des éléments exposés ;
L'approche nouvelle, intégrée et
complémentaire de la première, vise à cerner les
conditions ou les facteurs propices aux endommagements en influant sur la
capacité de réponse à une situation de crise (D'Ercole,
1996).
La vulnérabilité s'inscrit dans un
système qui englobe les préjudices corporels et moraux aux
personnes et l'endommagement potentiel des éléments
exposés. Ce système obéit à une série de
facteurs structurels, géographiques et conjoncturels.
L'analyse des facteurs de vulnérabilité donne le
moyen de prévoir l'amplitude des préjudices potentiels, car elle
fournit une mesure quantitative de l'exposition des éléments et
une mesure qualitative de la capacité de réponse d'un individu ou
d'un groupe exposé à un sinistre. En effet, la qualité de
la réponse d'un individu ou d'un groupe sinistré modifie la
vulnérabilité.
La vulnérabilité est une notion complexe qui
veut exprimer la sensibilité globale d'une société
à un ou plusieurs aléas, l'importance potentielle des dommages
subis, la capacité de réaction de cette société
face aux aléas.
Les ingénieurs, les aménageurs, les assureurs
s'en tiennent à une conception étroite, analytique et
quantitative de la vulnérabilité, définie comme
« le niveau de conséquences prévisibles d'un
phénomène sur des enjeux (hommes, biens, milieux »
(Guide général pour l'élaboration des Plans de
Prévention des Risques naturels prévisibles, Ministère de
la santé, 1997). Il s'agit d'évaluer les dommages subis par les
hommes et leurs biens si un aléa d'une intensité donnée se
produit. En ce sens, la vulnérabilité est physique,
matérielle, corporelle, et évaluable en tant que telle.
L'idée paraît simple, mais l'évaluation précise,
élément par élément analytique de la valeur des
biens affectés est longue, difficile, entachée de
subjectivité. Les sociologues et les géographes, notamment
anglo-saxons (Fabiani, 1987; Theys, 1987 ; Alexander, 1993), ont
élargi la notion de vulnérabilité à l'ensemble des
modalités d'atteinte et de réaction d'une société
face à un ou plusieurs aléas. Pour eux, le niveau des dommages ne
dépend pas seulement de l'intensité de l'aléa et de la
valeur des biens considérés. Il dépend aussi des mesures
de protection prises contre l'aléa, de la qualité des
matériaux utilisés, de l'adaptation ou non des méthodes de
culture, des modes de transport, des ressources financières disponibles,
de l'information des populations, de leurs traditions, de leur organisation,
qui leur permet ou non de résister au phénomène dangereux,
puis de rétablir plus ou moins rapidement des possibilités de
production et d'échange de biens et de services. Dans cette perspective
plus synthétique et plus sociale, la vulnérabilité exprime
alors la sensibilité globale d'une société face à
un aléa, en fonction de l'intensité et de la fréquence du
phénomène en cause, de la valeur des biens et du nombre de
personnes potentiellement affectés, des capacités de
résistance au phénomène et des capacités de
rétablissement des conditions minimales de fonctionnement de la
société. Dans cette conception, la vulnérabilité
est sociale, globale (elle implique l'ensemble de la société et
de son fonctionnement), et elle est difficile à quantifier en tant que
telle. Tous les travaux sur la vulnérabilité des
sociétés, prise dans ce sens, confirment que les
sociétés pauvres sont plus vulnérables que les
sociétés riches, sont plus vulnérables que les groupes
sociaux favorisés, mieux formés et informés (D'Ercole,
199)
2. Vulnérabilité et milieu
urbain
La vulnérabilité est d'autant plus grande dans
une ville, à société déjà segmentée,
que divers dysfonctionnements y sont exacerbés (Chaline et Dubois-Maury,
1994). En effet, la vulnérabilité des cités, selon une
approche classique, résulte d'une convergence d'au moins quatre facteurs
à la fois externes et internes.
Deux facteurs sont extérieurs au milieu urbain
proprement dit. L'accélération de la croissance urbaine, le
déséquilibre des facteurs de développement
socio-économique et les choix politiques dans l'aménagement, la
concentration excessive des villes et des pôles industriels,
réseaux ou relais urbains incomplets, politique insuffisante de logement
et de relogement, etc. les autres facteurs dits externes sont
préservés entre autre, la morphologie urbaine qui exacerbe la
vulnérabilité des sites, car I' extension spatiale des
constructions a largement débordé les sites initiaux peu
dangereux pour gagner des pentes inconstructibles, des couloirs montagneux, des
plaines alluviales et des lits majeurs inondables, les climatiques des
cites.
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