Chapitre 5 : CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Conclusion
Au terme de la présente étude qui a porté
sur l'évaluation des dégâts causés par
l'exploitation forestière sur les tiges d'avenirs, dans deux parcelles
de 25 ha chacune dans l'UFA 10 060, il a été mis en
évidence que:
v Le peuplement décrit présente une
réduction considérable en qualité et en quantité de
son couvert et de sa biodiversité au fil du temps, à cause de
l'exploitation forestière.
v Le débardage suivi de l'abattage sont les
opérations les plus destructrices et constituent près de 71% des
tiges endommagées. L'ouverture des parcs est l'opération la moins
destructrice avec pratiquement 8% des tiges endommagées ;
v Les dégâts sur le peuplement résiduel
sont chiffrés à 19,31% ;
v Les tiges de petits diamètres sont les plus
affectées parce qu'elles sont les plus denses ;
v Toutes les opérations d'exploitation
forestière ne sont pas bien planifiées, et il arrive que des abus
soient constatés lors de la pratique notamment lors du débardage,
où les pistes prévues par les prospecteurs sont parfois
déviées par les conducteurs ;
v Les tiges endommagées se repartissent en essences
principales 54%, essences secondaire (complémentaires) et autres 46%.
v Les forêts du Cameroun mises en exploitation n'ont pas
le temps de se reconstituer, car il faut 2,76 fois plus de temps pour que les
parcelles B1-218 et B1-222 puissent se reconstituer, soit 82,8 ans au lieu de
30 ans fixée comme période de rotation.
5.1. Recommandations
L'analyse des pratiques de l'exploitation effectuée par
la SCTB nous a permis de déterminer l'utilisation potentielle des
ressources forestières et relever les faiblesses de cette
activité. Compte tenu du rôle inestimable que joue la forêt
dans notre pays et tous les autres pays tropicaux, il convient de trouver des
voies et moyens pour une meilleure gestion de celle-ci et assurer ainsi sa
durabilité. Suite aux problèmes relevés par cette
étude sur le terrain et grâce à la littérature
disponible sur les dégâts d'exploitation forestière, les
recommandations suivantes peuvent être formulées:
Au gouvernement Camerounais à travers le MINFOF
et le MINEPDD, de :
- Adopter un seuil de prélèvement adapté
à chaque forêt, et veiller à son application par les
exploitants forestiers contre amende ; une échèle des taux
des dégâts d'exploitation peut être adoptée en
fonction du taux de prélèvement et de la densité de
peuplement. Pour un prélèvement inférieur à une
tige par hectare, prendre un taux des dégâts d'exploitation de
10%. Pour un prélèvement d'une à deux tiges par hectare,
prendre un taux des dégâts d'exploitation de 20%. Le seuil maximum
de prélèvement doit être fixé à deux tiges
par hectare, et une amende doit être appliquée à tout
exploitant forestier qui déborde le seuil maximum de
prélèvement.
- Réduire la fiscalité imposée aux
exploitants forestiers, ce qui les encouragerait à rester dans les
seuils de prélèvement adéquat prescrits, et par
conséquent une pression moindre sur les produits ligneux ;
- Augmenter les DME/DMA des essences exploitables du
« top 50 », suite à des études
préalablement menées pour déterminer les diamètres
exacts qu'il faudra adopter, ce qui contribuerait à réduire le
prélèvement dans les forêts. Chaque exploitant forestier
devrait calculer la possibilité pour chaque essence afin de
déterminer leur DMA, ce qui contribuerait à préserver la
diversité génétique ;
- Développer un cadre légal qui permettrait de
trouver des mesures alternatives pour désintéresser les
populations riveraines afin de limiter leur entrée dans les forêts
pour y pratiquer les activités telles que l'agriculture, la pêche,
la chasse...
- Mettre en place un processus de suivi des activités
post exploitation des sociétés forestières, à
travers le mandat de l'ANAFOR qui pourrait demander aux exploitants forestiers
de sous traiter avec des cabinets ou bureaux d'études et ONG pour le
reboisement et le suivi des autres activités post exploitation.
Aux institutions de recherche (IRAD, CIFOR, ANAFOR) et
les universités
- Multiplier les études de recherche sur les
dégâts d'exploitation forestière afin de réviser
celle qui est utilisée aujourd'hui dans le calcul du taux de
reconstitution, en se basant sur les données scientifiques
fiables ;
- De mener des recherches sur la détermination des
DME/DMA qu'il faudrait adopter pour maintenir un prélèvement
limité dans les forêts et qui seront appliquées lors de la
mise en place du « top 50 » ;
- Mettre en place une politique de reboisement en mesure de
contrecarrer l'écrémage génétique des essences
forestières et la perte de la biodiversité, en créant de
véritables plantations forestières.
Aux exploitants forestiers en particulier la
Société Camerounaise de Transformation du Bois (SCTB)
- D'éviter l'exploitation pendant la saison des pluies
ou même après une forte pluie occasionnelle, car les
dégâts sur les tiges et sur le sol sont plus importants
après une pluie. Notamment un abattage après une pluie forte
entraine facilement les tiges auxquelles il est lié parce que le sol
mouillé est plus fragile ;
- Multiplier les études sur les dégâts
d'exploitation et même sur d'autres paramètres de
l'aménagement forestier comme les accroissements et la mortalité
naturelle, pour s'assurer de la pratique d'une exploitation effectivement
durables dans ses forêts. Ce qui lui permettrait d'utiliser un taux de
prélèvement adapté pour chacune de ses forêts et
limiter les dégâts dans la forêt ;
- Veiller au respect des procédures sur la construction
des routes en se rapprochant au maximum des largeurs prévues par
celles-ci et aux périodes indiquées, car plus la route est large
plus elle cause des dégâts ; de plus si elle est ouverte
longtemps avant le début de l'exploitation, elle a le temps de
sécher avant d'être utilisée ;
- Mettre sur le chantier des engins en bon état qui
faciliteraient le travail de débardage et permettraient une
avancée rapide du chantier, car il est remarqué que c'est
à cause de l'état piteux des engins que les travaux
n'étaient pas achevés dans les délais
prévus ;
- Mettre un accent sur le reboisement des zones
dénudées notamment les parcs, routes et pistes de
débardage où la régénération naturelle est
difficile ;
- Mettre en place un système de
traçabilité de son bois, et de régénération
de la forêt exploitée, pour être en conformité avec
l'accord FLEG d'ici le 1er Janvier 2013. Une option pourrait
être prise en privatisant les opérations de suivi post
exploitation pour s'assurer d'un meilleur suivi.
Aux populations riveraines
- S'impliquer massivement et activement dans le processus de
gestion durable des forêts entrepris par le gouvernement et l'exploitant
forestier en participant aux Comités Paysans Forêt.
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