CONCLUSION
Tout au long de ce chapitre, il était question de
montrer que la gouvernance insuffisante ou inefficace dans les EMF du Cameroun
explique leur défaillance relativement à la gestion des risques.
Cela s'est fait par une présentation de l'approche méthodologique
par laquelle nous avons abordé l'analyse des données de
l'étude ainsi que les résultats auxquels nous avons abouti. Le
test de Kruskal-Wallis sur l'indice agrégé de gouvernance du FMI
(2004), Briceno-Garmendia & Foster (2007) et Mbangala (2007) nous a permis
de dire, au regard de l'indice de 61,5% pour les EMF de première
catégorie (CCOPEC), et de 53,7% pour les EMF de deuxième
catégorie (SA), que la gestion inefficace des risques dans les EMF du
Cameroun est justifiée par la gouvernance inefficace.
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
Le travail dont il était question dans cette partie
consistait dans un premier temps à monter qu'il y a une
corrélation positive entre la qualité de la gouvernance et la
gestion des risques micro-financiers ; En second lieu il consistait
à vérifier avec le cas des EMF camerounais que leur gouvernance
insuffisante justifie leur gestion inefficace des risques, ceci à l'aide
des données d'un échantillon de 27 EMF du Cameroun sur la
période 2008 - 2012.
Pour ce qui est du premier volet, l'indice
agrégé de gouvernance et ses variables selon le FMI (2004),
Briceno-Garmendia & Foster (2007) et Mbangala (2007) nous ont permis
à base de signes, de faire des formulations hypothétiques qui
traduiraient l'influence ou non de chacun de ces indicateurs sur la gestion des
différents risques microfinanciers. De ces formulations, nous avons pu
déduire que la qualité de la gouvernance dans les IMF justifie la
qualité de la gestion des risques microfinanciers. Et donc qu'autrement
dit, si le système de gouvernance est efficace, alors la gestion des
risques sera efficace ; de même si le système de gouvernance
est inefficace, alors la gestion des risques micro-financiers sera
également inefficace.
S'agissant du deuxième volet du travail de cette
partie, nous avons construit un indice agrégé de gouvernance pour
les EMF du Cameroun en nous inspirant des travaux de WELE I P. (2009). Ainsi,
le test de Kruskal-Wallis (Tableau 12) nous montre qu'il est de 61,5% pour les
EMF de première catégorie (COOPEC) et de 53,7% pour les EMF de
deuxième catégorie (SA), ce qui montre effectivement que la
gouvernance est insuffisante (Annexe 3). Le même test fait
également ressortir que la taille de l'EMF ainsi que la taille du
conseil d'administration diffèrent de manière peu significative
(seuil de significativité du Khi-deux : 0,001) selon la forme
juridique de l'EMF. D'autre part, l'analyse qualitative de l'influence de
chacune des différentes variables sur la gestion des risques
microfinanciers a permis d'aboutir à la conclusion selon laquelle,
malgré le fait que certaines de ces variables n'influent pas sur la
gestion de certains risques, la gouvernance inefficace dans les EMF camerounais
justifie leur ineficacité face à la gestion des risques.
CONCLUSION
GENERALE
Système de financement alternatif représentant
l'intermédiation financière en faveur des individus
évoluant en marge du système bancaire classique, la microfinance
est aujourd'hui un maillon non négligeable et à la limite
important de l'économie pour un grand nombre de pays à l'instar
du Cameroun où le secteur de la microfinance contribue de 10% au
financement de l'économie nationale (selon le MINFI, février
2012). Il est clair que les faillites de nombreuses banques classiques dans les
années 1990 marquent l'essor du secteur de la microfinance en Afrique
Subsaharienne ; c'est sans doute ce qui a justifié
l'intérêt de plusieurs auteurs à travers les
différents ouvrages sur le secteur ces quinze dernières
années, sans toutefois oublier les efforts de la COBAC en matière
de réglementation et de contrôle. Toutefois de cet essor, se
dégagent un certain nombre de problèmes auxquels font face les
EMF, d'où les faillites de certains établissements à
l'instar de Cofinest et FIFFA qui étaient
classés parmi les quatre premiers EMF du Cameroun. A cet effet, les
multiples rapports de la COBAC et du Ministère des Finances (2011) sur
le secteur révèlent que les principaux problèmes qui
caractérisent les EMF au Cameroun sont une gouvernance insuffisante, une
gestion lacunaire des risques encourus, une organisation peu perfectible et un
dispositif de contrôle interne faible.
Fort de tous ces problèmes, nous nous sommes
interrogés sur la gestion des risques dans les EMF au Cameroun. Pourquoi
les EMF du Cameroun n'arrivent pas à mieux gérer leurs
risques ? Telle a été la question centrale de cette
étude. L'objectif de notre travail était de répondre
à cette question.
Pour atteindre cet objectif, nous avons dissocié les
idées théoriques des faits (Thomas Schelling cité par
Klitgaard, 2006). En effet, nous avons procédé à une
analyse théorique et à une analyse empirique. L'analyse
théorique a consisté à explorer d'une part la relation
conceptuelle entre la gestion des risques et le contrôle interne
(à l'aide des travaux de Campion, 2000 ; Churchill & Coster,
2001) et d'autre part la relation conceptuelle entre la gestion des risques et
la gouvernance micro-financière pour traduire l'implication des parties
prenantes dans la gestion des EMF (à partir des travaux de CERISE -
IRAM, 2005 ; FMI, Briceno-Garmendia & Foster et Mbangala, 2004, 2007
et 2007). L'approche empirique quant à elle a été faite
à partir des données issues d'un échantillon de 27 EMF
camerounais, sur les 488 (toutes catégories confondues) du territoire en
activités et agréés par le Ministère des Finances
auprès de la COBAC au 31 décembre 2010.
La première partie de l'approche empirique consistait
à analyser l'efficacité du dispositif de contrôle interne
des EMF du Cameroun afin de déterminer si celui-ci rempli effectivement
sa mission là qui est celle de gérer les risques
(Comité de Bâle sur le contrôle bancaire). Ainsi, la
significativité de la corrélation entre les différentes
variables résultant des analyses uni-variée et
multi-variée nous a montré que l'inefficacité du
dispositif de contrôle interne des EMF camerounais justifie leur gestion
lacunaire des risques micro-financiers, d'où la confirmation de notre
hypothèse selon laquelle les EMF du Cameroun n'arrivent pas à
mieux gérer leurs risques à cause de la faiblesse de leur
dispositif de contrôle interne.
La deuxième partie de l'approche empirique quant
à elle consistait à analyser la qualité de la gouvernance
dans les EMF du Cameroun face à la gestion des risques. A cet effet, le
test de Kruskal-Wallis sur l'indice agrégé de gouvernance du FMI
(2004), Briceno-Garmendia & Foster (2007) et Mbangala (2007) nous a
montré, au regard de l'indice de 61,5% pour les EMF de première
catégorie (COOPEC), et de 53,7% pour les EMF de deuxième
catégorie (SA), que la gouvernance insuffisante des EMF du Cameroun
justifie leur gestion inefficace des risques.
Fort de tout cela nous pouvons dire que notre objectif a
été atteint, car nous avons montré d'une part
l'inefficacité du dispositif de contrôle interne des EMF du
Cameroun et d'autre part leur gouvernance insuffisante qui traduit le niveau
d'implication des parties prenantes dans la gestion de ces
établissements, ce qui somme toute justifie pourquoi les EMF du Cameroun
n'arrivent pas à mieux gérer leurs risques.
La double mission de pérennisation et d'aide aux
populations à faibles revenus des IMF leur impose donc un cadre
d'évaluation des risques qui comporte deux composantes
majeures à savoir la viabilité financière et le
développement institutionnel, ceci non seulement à travers un
dispositif de contrôle interne efficace qui s'améliore
continuellement et s'adapte aux changements intervenants dans le secteur pour
aller dans le sens de Campion (2000), mais aussi une vision claire et des
systèmes de gouvernance fiables et efficaces pour aller dans le sens de
NDAO (2007) et de BCEAO/BIT (1997).
Toutefois, nous ne pouvons pas affirmer que nous avons
appréhendé le sujet dans tous ses contours ou alors qu'il n'y a
pas de limite à notre analyse. En effet s'il faille reconnaître
que l'existence d'un servie de contrôle interne dans un EMF (tout comme
dans une banque) est synonyme de recrutement et de rémunération
d'un personnel qualifié et compétent en matière de
comptabilité-audit-contrôle pour la cause, il faut
également reconnaître, comme l'affirment plusieurs responsables
d'EMF, que les revenus financiers dégagés par
l'établissement ne permettent généralement pas de
supporter la masse salariale que cela implique ; ce qui justifie souvent
le fait que cette fonction de contrôle soit assumée par le
Directeur Général ou par le responsable comptable.
Par ailleurs, en raison de la taille de l'EMF (parfois une
seule ou deux agences), le responsable opte souvent pour un cumul des fonctions
de PCA et de Directeur Général, ceci non seulement pour mieux
contrôler « son affaire », mais aussi pour
réduire la masse salariale et donc minimiser les coûts.
On peut à partir de là soulever la question
selon laquelle, le souci de minimisation des coûts de gestion et de
contrôle a-t-il vraiment un impact positif sur la rentabilité ou
alors la performance financière des EMF ? Il serait donc
intéressant pour des recherches futures de mener la réflexion
dans ce sens.
ANNEXES
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