4.4.1.6 Pratique de l'agroforesterie
L'agroforesterie, technique qui consiste à associer les
espèces agroforestières aux plantes agricoles de manière
à favoriser les interactions, prend de plus en plus d'ampleur dans les
techniques d'adaptations aux changements climatiques mises en place par les
PACL. Ceux-ci le font afin de protéger les plantes contre l'effet des
vents violents, la sècheresse, et parfois pour soigner et nourrir les
plantes. Cette méthode d'adaptation aide les PACL à diversifier
leurs sources de revenus tout en maintenant leur production face aux
perturbations dues aux changements climatiques.
4.4.2 Stratégies d'adaptation des PACL face aux
impacts des CC sur les activités de
Cueillette
La forte pression anthropique dans la zone entrainerait la
réduction en quantité et en qualité de certains PFNL.
D'autres seraient en augmentation. L'adaptation se fait d'une part par la
diversification des activités de collecte (33,8%), et d'autres parts par
la domestication de certaines PFNL tels que l'igname sauvage. Le tableau 22
suivant présente les fréquences des diverses réponses
apportés à la question :
67
Tableau 22 : Liste des réponses apportées par les
PACL interrogées sur les méthodes
d'adaptation face à la réduction de l'abondance des
PFNL
|
|
|
Méthode d'adaptation mises en oeuvre face à
la réduction de l'abondance en
|
%
|
PFNL
|
Total
|
pratique de l'agriculture et domestication de certains PFNL
|
102
|
47,2
|
diversification des activités
|
73
|
33,8
|
augmentation de l'effort de cueillette
|
8
|
3,70
|
Mise en réserve des PFNL récoltés
|
4
|
1,85
|
RAS
|
29
|
13,4
|
Total général
|
216
|
100
|
De ce tableau, il ressort que les Bakas, qui sur le plan
historique sont réputés d'être des cueilleurs, pratiquent
à présent l'agriculture (47,2% d'occurence) pour pallier au
manque de PFNL alimentaire. Ils se sont lancés également dans la
domestication des ignames sauvages, du piment sauvage et d'autres
espèces dont ils ont constaté la rareté dans la
forêt et dont l'importance s'est avérée nécessaire
pour leur alimentation.
L'effort de cueillette (3,70%) qui est le temps consenti pour
la cueillette d'un PFNL pendant une période donnée a
augmenté. Par exemple, pour le cas des chenilles comestibles, avant il
était aisé d'en récolter une grande quantité
à proximité du village. A présent, il n'y a que de petites
quantités à proximité, et ce n'est que plus loin et
très souvent à l'intérieur du PNBB que celles-ci sont
abondantes.
Les pygmées Bakas font également des
réserves (1,85%) avec la rareté des PFNL. Ce sont des personnes
qui vivent habituellement au jour le jour, car l'abondance des ressources
alimentaires dans la forêt les avaient habitués à trouver
ce dont ils ont besoins à temps. Mais à présent, avec les
changements climatiques, les ressources sont plus rares, et ils sont
obligés de faires des réserves comme les bantous pour assurer
leur survie.
Les PFNL tels que l'igname sauvage est domestiqué et
cultivé par les PACL. Ils ont compris l'importance de s'approprier la
culture de cette plante à cause de la rareté de celle-ci en
forêt.
4.4.3 Stratégies d'adaptation des PACL face aux
impacts des CC sur les activités de
chasse
En temps réel, la chasse est l'une des activités
principale des Pygmées Bakas. Etant donné le niveau de
répression que les écogardes exercent sur les chasseurs PACL
à l'intérieur et autour du PNBB, il est clair que celles-ci
abandonnent peu à peu cette activité. Mais
68
néanmoins, elle reste une activité phare, vitale
pour eux, car l'étude de la filière chasse montre que le secteur
à lui tout seul génère plusieurs millions de FCFA,
nécessaires pour l'amélioration des conditions de vie des PACL
qui peuvent jouir des droits d'usage. Le tableau 23 suivant présente les
fréquences des réponses apportées à cette question
:
Tableau 23: Liste des méthodes indigènes
d'adaptation face à la réduction de l'abondance du gibier
face à la réduction de l'abondance en
gibier
|
Total (%)
|
Changement de technique de chasse
|
101
|
46,76
|
Élevage
|
62
|
28,70
|
Piégeage plus dense
|
8
|
3,70
|
Abandon de la chasse pour se tourner vers les autres
activités
|
2
|
0,93
|
Achat du gibier pour la consommation
|
2
|
0,93
|
Se contentent d'autres PFNL (miel sauvage, chenilles,
champignons...)
|
1
|
0,46
|
Pratique de l'agriculture-élevage comme alternative
|
1
|
0,46
|
RAS
|
39
|
18,05
|
Total général
|
216
|
100
|
Il ressort de ce tableau que le changement des techniques de
chasse (46,76%) est la principale méthode d'adaptation des PACL face
à la réduction de l'abondance du gibier. Certains PACL, notamment
les Bantous s'intéressent de plus en plus à l'élevage
(28,70%). Ils élèvent les porcs, chèvres et volailles pour
pallier à la carence en viande de brousse, et aux vues de l'importance
de ces animaux lors des cérémonies culturelles (la dote).
Comme technique de chasse, les Pygmées bakas augmentent
le nombre de pièges (18,05%) dans une zone précise (tend 3
à 5 pièges par semaine pour espérer attraper un gibier),
utilisent les armes à feu qui sont mis à leur disposition par les
Bantous, et qui partagent le gibier abattu, ce qui entraine le Braconnage. Les
techniques de chasse à la trappe, à la flèche
empoisonnée, à la ballette, à la battue, au creusage,
à l'embuscade, et au filet etc. sont de moins en moins
utilisées.
![](Strategies-indigenes-dadaptation-aux-changements-climatiques-cas-des-populations-a30.png)
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Figure 26 : Elevage porcin des Nkounabembe autour du PNBB
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