En quoi le comportement d'un parieur influence-t-il sa réussite ?( Télécharger le fichier original )par Clément Battistini Sports Management School - Bachelor 2014 |
2.3.2) Technique de distributionPour être certain de toucher un échantillon de population qui soit représentatif de la cible tout en intégrant les moyens, forcément limités, à ma disposition, j'ai décidé de resserrer le panel et de ne soumettre le questionnaire qu'à des parieurs sportifs « jouant sur Internet ». Cette population restreinte étant impossible à localiser, l'astuce a consisté à approcher en fait les parieurs jouant en ligne ET bureau de tabac (FDJ). Pour cela, je me suis rendu à deux reprises dans trois bureaux de tabac (choisis dans ma région pour des raisons de logistique : Houilles, Carrières sur Seine et Le Vésinet) et, pour administrer mon questionnaire dans des conditions optimum, je me suis installé dans l'espace FDJ dédié aux paris sportifs. J'ai choisis le mode d'administration « face à face » car il permet de mettre en confiance l'interlocuteur et augmente les chances qu'il accepte de consacrer du temps à répondre au questionnaire. 28 Ce mode est d'ailleurs celui recommandé pour les enquêtes sur une population très ciblée11. Obtenir le nombre de réponses voulues s'est avéré plus délicat et chronophage que prévu. En effet, l'étude est basée sur la comparaison entre le retour sur investissement du parieur et ses réponses au questionnaire. Autrement dit, trouver une personne acceptant de répondre au questionnaire n'avait d'intérêt pratique que si elle acceptait également de me communiquer son retour sur investissement et, plus encore, d'en faire la preuve. En pratique, pour obtenir un ROI% qui soit fiable, j'ai apporté dans les bureaux de tabac sélectionnés, mon ordinateur portable connecté à Internet via le partage de données de mon smartphone. Repérer les parieurs parmi les clients d'un bureau de tabac est chose facile grâce à l'aire FDJ. Comme évoqué plus avant, la première étape du sondage consistait à les aborder et à leur poser la question préalable : « jouez-vous aussi sur Internet ? ». Dans l'affirmative, je sortais ma carte d'étudiant SMS, faisais un résumé de l'étude en cours, et leur demandais s'ils auraient la gentillesse de répondre à « une dizaine de questions ». Cette étape recevait généralement une écoute favorable. L'attitude devenait en revanche beaucoup plus prudente voire méfiante lorsque l'on abordait l'étape de la « preuve ». En effet, se baser simplement sur le « ROI% annoncé » par le parieur aurait vidé l'étude de tout son sens. Il me fallait donc demander à la personne interrogée si elle acceptait de se connecter au site du bookmaker sur lequel elle pariait le plus souvent. Le but étant, une fois connecté avec le parieur sur son compte, de calculer avec lui son ROI% réel en comparant le total des mises pariées et le total des gains réalisés sur ses 15 derniers paris. Les parieurs étaient pour la plupart très réticents à l'idée de se connecter à leur compte via mon ordinateur portable, même en leur présence. Cela se comprend aisément quand on sait l'ingéniosité des hackers. Vu le déchet important constaté lors de la première journée, j'ai décidé de modifier mon approche et chercher une parade permettant de contourner cet obstacle rédhibitoire. Après réflexion, j'ai eu l'idée d'instaurer un mini jeu-concours pour les motiver à accepter de me donner ces informations cruciales pour mon étude et pour, accessoirement, être plus incitatif pour les personnes écoutant mon laïus de présentation du questionnaire d'étude. 11 http://www.optigede.org/sites/default/files/fichiers/M2-Modes_administration_questionnaire2cor_0.pdf 29 Le principe de ce concours est qu'en fin d'étude, le nom d'une des personnes ayant accepté de « jouer le jeu » en répondant au questionnaire et en montrant leur ROI%, soit tiré au sort et gagne une invitation à m'accompagner pour assister à une rencontre en Loge au Parc des Princes, avec boissons, petits fours et cadeau de bienvenu, inclus. Cette idée a fonctionné à merveille et a permis de lever les réticences de l'immense majorité des personnes sollicitées. Les personnes interrogées me fournissaient en fin d'interview un numéro de téléphone ou une adresse email afin que je puisse contacter le gagnant du concours (le nom du vainqueur ainsi que les places du match sont à retrouver en annexe). Nota bene : n'ayant pas les moyens pécuniaires d'assumer un tel lot, j'ai la chance d'avoir bénéficié de l'aide de mon meilleur ami qui, disposant en famille de 3 abonnements annuels au salon Orsay, m'a offert 2 places pour voir un match du PSG et ainsi poursuivre mon étude Pour calculer la taille de l'échantillon à sonder, nous utiliserons la formule suivante12 : n = (t2 x p x (1-p)) / m2 Où n = taille de l'échantillon, t = niveau de confiance, p = le pourcentage estimatif de la population représentant la caractéristique analysée dans l'étude et m = marge d'erreur. Nous avons choisis un taux de confiance de 95 % (correspondant à un niveau de confiance « t » de 1,96 - voir tableau annexé) et une marge d'erreur « m » de 5 %. Pour la valeur de « p » il faut intégrer le fait que, parmi la population étudiée, certains joueurs sont des parieurs « excessifs ». Ces joueurs ayant un comportement très variable d'un pari à l'autre, ils ne font pas partie de la population représentative de la caractéristique analysée dans l'étude. Ces parieurs représentent 7,3 %13 de la population mère (totalité des parieurs sportifs en France). La variable « p » vaut donc : 100 % - 7,3 % = 92,7 %. On obtient donc « n » = 1,962 x 0,927 x 0,073 / 0,0025 = 103,98. Pour avoir une marge d'erreur de 5 % avec un taux de confiance de 95 %, il faudra donc obtenir les réponses de 104 parieurs. 12 http://www.easytest.fr/guide/le_questionnaire/la_taille_de_lechantillon.php 13 http://www.economie.gouv.fr/files/note_dinformation_ndeg4_0.pdf 3) Résultat de l'enquête et préconisations 31 3.1) Résultat du sondage Avant de confirmer ou d'infirmer les hypothèses émises, nous allons présenter les principaux résultats bruts du sondage. L'ensemble complet et détaillé des résultats est joint en annexe. J'ai saisis l'intégralité des 104 questionnaires en live dans les bureaux de tabac sur le logiciel d'enquête et d'analyse de données « Sphinx Plus2 ». J'ai sélectionné ce logiciel pour deux raisons : primo parce que j'ai appris à l'utiliser en 1ère année à la Sports Management School et secundo parce que, d'après moi, il est actuellement, et de loin, le mieux adapté pour présenter et analyser efficacement les résultats d'un questionnaire. Rappel : les résultats sont à prendre en compte avec une marge d'erreur de 5% et un taux de confiance de 95%. Question 1 : Sexe Comme attendu, les personnes sondées sont en grande majorité des hommes (96,2%). Cela montre que les paris sportifs sont presque exclusivement une pratique masculine. Question 2 : Quel est votre âge ? La tranche d'âge majoritairement rencontrée est la tranche des 18-30 ans (53,8 %) devant la tranche 31-45 ans (32,7 %). On observe donc que dans l'ensemble, les personnes intéressées par les paris sportifs sur Internet sont majoritairement des personnes relativement jeunes. Nota bene : puisque nous avons posé le principe de resserrer la population des parieurs sondés, mon mémoire ne détaillera pas les parieurs hors panel. Pour autant, il est intéressant d'indiquer que les personnes les plus âgées répondaient souvent « Non » à la question de sélection posée en préambule : « Pariez-vous également sur Internet ? ». Question 3 : Depuis combien de temps jouez-vous aux paris sportifs ? Moins d'un parieur sur 4 est débutant dans les paris sportifs (23,1 % jouent depuis moins de 2 ans). Via les réponses à cette question, on note une concomitance entre l'apparition de l'ARJEL en 2010 et l'augmentation du nombre de parieurs sportifs (41,3 % des personnes interrogées se situent dans la tranche qui jouent depuis 2 à 5 ans). La vérification de cette corrélation est en dehors du cadre de ce mémoire mais serait intéressante à mener. 32 Question 4 : Quel est votre retour sur investissement ? Le retour sur investissement moyen de l'échantillon est de -8,66 % (sur les 15 derniers paris). Ce taux est légèrement supérieur aux chiffres indiqués par l'ARJEL, qui annonce qu'en France le taux de retour des joueurs (TRJ) est de 80 %, soit un retour sur investissement moyen (ROI%) de -20 % pour les parieurs. Cet écart s'explique certainement par le fait que les parieurs fortement perdant ont été naturellement plus réticents à répondre à l'enquête. Les résultats du sondage montrent que seulement 2,9 % des parieurs ont doublé leur mise (ou plus) sur les 15 derniers paris. Question 5 : Notez vos connaissances sportives sur 5. Les parieurs ont répondu pour près des trois quart, estimer leur niveau de connaissance à 3/5 et 4/5. Cela montre que l'auto-évaluation est un exercice difficile. Pour autant, l'analyse des résultats nous dira, au vu du ROI% mesuré, si la tranche des 5/5 ne s'est pas surévaluée. Question 6 : En moyenne, combien de match(s) jouez-vous dans un pari ? La majorité de l'échantillon (51,9 %) joue 1 ou 2 matches par pari alors que 6,7 % des parieurs prennent bien plus de risque en jouant en moyenne 5 matchs et plus par pari. Question 7 : Au cours du dernier mois, sur combien de sport(s) différents avez-vous parié ? Les résultats à cette question prouvent bien que les parieurs ne se limitent pas à jouer sur le sport qu'ils connaissent le mieux. En effet, moins d'un parieur sur trois (30,8 %) n'a misé que sur 1 ou 2 sports au cours du dernier mois. Question 8 : Lorsque vous analysez un pari, combien de temps cela prend-il en moyenne ? Le temps passé par les parieurs pour analyser un pari est assez variable. Près d'un quart (22,1 %) y passe entre une demie heure et une heure, alors que presque un tiers ( 29,8 %) y passe moins de 15 minutes. 33 Question 9 : Parmi ces informations, laquelle vous paraît-être la plus importante ? Les informations jugées prioritaire par les parieurs sont « l'avantage de jouer à domicile » (23,1%) et « la forme récente » (24%). L »'historique entre les 2 équipes » (10,6 %) et « l'effet causé par la fatigue » (5,8%) sont rarement considérés comme prioritaires. Question 10 : A quelle fréquence analysez-vous les informations sportives avant un pari ? La majorité des parieurs interrogés analyse souvent les informations sportives avant de parier (52,9 %). Seuls 20,2% d'entre eux ont avoués n'analyser que parfois les informations sportives avant un pari. Question 11 : Quelle importance attribuez-vous aux informations citées à la question 9 ? Les deux tiers des sondés (66,4 %) jugent qu'analyser les informations sportives est important ou capital. Ceci montre bien que la plupart des parieurs a conscience qu'avoir des informations spécifiques avant de parier, l'aide à faire son choix. Question 12 : Parmi ces types de source d'information, lequel vous semble être le plus important ? Parmi les diverses sources d'informations externes, les types jugés prioritaires par les parieurs sont, quasiment à égalité, les sites d'actualité sportive (33,7 %) et les forums de paris sportifs (35,6 %). Ce resultat semble logique parlant de parieurs en ligne. Question 13 : Pour vous, quelle est l'importance des cotes dans les paris sportifs ? Une grande majorité des parieurs ne mise que sur des cotes lui paraissant intéressantes (62,5 %) alors que seuls 15,4 % comparent systématiquement leurs estimations de l'issu d'un match avec la probabilité induite par la cote. Question 14 : Votre pari est selon vous réfléchi ou intuitif ? 56,7 % des parieurs sondés indiquent parier de façon intuitive et immédiate alors que 43,3 % disent parier de façon logique et réfléchie. Ce résultat met en avant le fait que l'information interne (voir partie 1.3.2) est capitale dans les paris sportifs vu que plus de la moitié des parieurs se base sur cette dernière pour miser. |
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