CONCLUSION GENERALE
Nous voici parvenus au terme d'une recherche dont l'objectif
était de mettre en lumière les principes de la justice dans la
Théorie de la justice de John Rawls. Il était exactement
question de présenter les principes de la justice chez Rawls et de
montrer comment ceux-ci peuvent être réceptionnés pour
améliorer le cadre de vie des individus et le statut démocratique
des Etats.
Le problème majeur portait sur les possibilités
d'effectivité et d'applicabilité des principes de la justice,
définis sous le « voile d'ignorance » par les partenaires, une
fois rentrés dans la vie civile.
Six chapitres regroupés en trois grandes parties ont
constitué l'ossature de notre dissertation et ont permis à notre
effort réflexif de trouver réponses aux questions posées.
La première partie a abordé, la conception rawlsienne de la
justice. La deuxième partie a été consacrée
à l'examen des problèmes lies à la conception rawlsienne
de la justice. Quant à la dernière partie, elle a
constitué l'aboutissement de notre réflexion en faisant ressortir
la particularité et l'actualité de la conception rawlsienne de la
justice à travers un examen textuel de la politique de
l'équilibre régional.
Il ressort de ce mémoire que John Rawls a défini
des principes de la justice qui s'appuient sur une situation
hypothétique, le « voile d'ignorance ». Ces principes de la
justice sont : l'octroi et la garantie des libertés (de base surtout),
la juste égalité des chances et l'acceptation des
inégalités lorsque celles-ci peuvent contribuer à relever
le niveau des plus désavantagés.
Ces principes ne sont applicables et effectifs que si les
partenaires conservent les mêmes attitudes, les mêmes
sincérités, aménagés sous le « voile
d'ignorance ».
Or, en analysant la psychologie humaine, nous avons
relevé que cette effectivité était mise à rude
épreuve. Cette difficulté à rendre applicable cette
justice est redevable aux contrariétés de la vie sociale, aux
changements de comportements des individus.
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Ce qui replacerait la justice rawlsienne au même niveau
que celle de ses prédécesseurs.
Néanmoins, nous avons souligné la pertinence des
travaux de John Rawls car, il invite à être constamment vigilants
et à définir ce qui est prioritaire pour le bien-être de
l'individu. Ce bien-être repose sur la garantie et l'octroi des
libertés de base à tous, et sur la solidarité qui voudrait
qu'on s'oublie pour aider les défavorisés. Sur ce dernier point,
nous nous sommes appuyés sur la règle de l'équilibre
régional et certains résultats sur le terrain.
Dans un contexte où le culte du moi et l'exacerbation
des fractures sociales deviennent de plus en plus criards, la philosophie
politique de John Rawls apparait comme une invite à plus d'humanisme.
C'est ce qui justifie son actualité: cette actualité est due aux
phénomènes d'injustices qui sont le lot quotidien des hommes et
qui appellent à une réflexion permanente sur la justice. Cette
actualité est due aussi à l'intérêt porté
à la règle de l'équilibre régional dont la
finalité est de créer une coopération solidaire en
relevant le niveau infrastructurel des minorités. Ce qui nous a permis
de souligner que les principes rawlsiens de la justice sont efficients,
effectifs et efficaces.
Ainsi, à la question de savoir pour qui sont
instituées et institutionnalisées les pratiques politiques, les
idées morales et philosophiques, Ralws nous invite à
répondre aujourd'hui. La réponse n'est pas toujours
évidente de dire que c'est pour l'individu. Car le constat des
inégalités, la pauvreté matérielle, l'absence
d'infrastructures culturelles et éducatives montrent que le
bien-être de l'individu n'est pas toujours au centre des
préoccupations.
L'appel à la prise en compte des principes de la
justice dans la vie quotidienne montre que, les efforts, tels que nous les
avons relevés, sont certes louables, mais insuffisants. Car, tant que
les libertés ne seront pas totalement acquises, tant que des gens seront
incapables de se soigner, tant que les jeunes seront dans le chômage,
tant que des femmes auront des difficultés à accoucher dans des
conditions décentes, tant que les agriculteurs ne pourront pas
écouler leurs produits du fait de l'absence des routes et de leur
état délabré, alors, relire sans cesse John Rawls ne
serait jamais de trop.
S'il y a un défi qui est lancé à la fin
de ce travail, c'est celui qui interpelle, chaque personne, chaque responsable,
chacun à son niveau, à placer la justice au centre de ses
préoccupations et à faire siens les principes de la justice de
John Rawls.
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