5.2- EVOLUTION DES SYSTEMES DE PRODUCTION A BASE D'IGNAME
Magoumi se trouve confronté à une situation
d'inexistence de front pionnier. En effet, dans un passé plus ou moins
lointain(en 1994), les producteurs cultivaient l'igname non loin du village
où les terres étaient fertiles, et existante (Mongbo, 1994).
L'appauvrissement des sols sur les parcelles exploitées durant de
longues périodes a obligé les producteurs à évoluer
et à défricher progressivement de nouvelles terres au niveau des
fronts pionniers.
Au fil du temps, et aujourd'hui, cette dynamique de gestion
des exploitations agricoles à base d'igname marquée par une
poussée démographique de plus en plus croissante a
entraîné plusieurs types de situation:
La dégradation des forêts boisées
obligeant certains producteurs à quitter le village pour la recherche de
terres propices pour l'igname vers Aklankpa, Bantè et Savè.
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[Analyse socio-économique des systèmes de
production agricole à base d'igname dans la commune de
Glazoué]
La pratique de la diversification des cultures et la promotion
de l'agroforesterie dans l'espace agricole (teck, anacardier, oranger,
manguier, palmier sélectionné)...
La pratique de sédentarisation de la culture de
l'igname dans une dynamique d'assolement rotation avec des
variétés rustiques mieux adaptées aux sols pauvres
(Kokoro, Florido,...)
Le développement de l'élevage des petits
ruminants avec la rareté des terres propices pour l'igname. En effet,
face à la dégradation des terres, certains producteurs d'igname
s'investissent de plus en plus dans l'élevage notamment de petits
ruminants afin de dégager des devises pour subvenir aux besoins des
ménages ruraux et réinvestir une partie des fonds dans
l'agriculture.
Lors des défrichements, certaines essences
spontanées sont épargnées des défrichements et
entretenues dans l'espace agricole en raison de leurs intérêts
socio-économiques. Il s'agit du karité (Vitelleria
paradoxa), du néré (Parkia biglobosa), du palmier
(Elaeis guianensis), caïlcédrat (Kaya senegalensis),...
Cependant, force est de constater de nos jours que ces essences sont de
plus en plus menacées de disparition. En effet, le développement
de ces essences reste entravé par un certain nombre de
difficultés.
1) la dévastation des hectares de forêts pour
créer de l'espace nécessaire à l'agriculture notamment les
produits vivriers dont le maïs;
2) le déboisement excessif pour la fabrication du charbon
et le bois de chauffe (néré et karité).
5.3- TYPOLOGIE DES SYSTEMES DE CULTURE A BASE D'IGNAME
La typologie a pour objectif de présenter les
caractéristiques pertinentes pour l'ensemble d'un groupe, tout en tenant
compte de la diversité des situations entre plusieurs groupes (Smith et
al 2004).
L'objectif de la présente étude étant de
faire une analyse socio-économique des systèmes de production
à base d'igname, donc notre unité d'analyse est constituée
des systèmes de production à base d'igname. L'identification des
systèmes de production à été faite selon la
variété en fonction du type de sol, il existe principalement
trois systèmes de culture dans le cadre de cette étude (voir
tableau 2). Le premier système consiste à faire de l'igname dans
les bas fonds, cette façon de cultiver l'igname est pratiquée par
40% des producteurs enquêtés et
Par Habib Lorentz PADONOU/ ESAC- 2010-2011/ Page
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[Analyse socio-économique des systèmes de
production agricole à base d'igname dans la commune de
Glazoué]
la pratique de ce système par les producteurs dans le
village se justifie par la présence de bas fonds distribués un
peu partout dans le milieu et des cours d'eau ceinturant le village. Le second
système consiste à faire de l'igname sur ancienne défriche
généralement intégré dans une rotation, 32,5% des
producteurs enquêtés pratiquent ce type de système.
Enfin le troisième système consiste à
faire de l'igname sur nouvelle défriche derrière la forêt,
ce troisième système identifié a pris de l'ampleur ces dix
dernières années. Cette pratique se rencontre exclusivement dans
les villages voisins de notre milieu d'étude spécialement dans
les arrondissements d'Aklampka, d'Assanté, de Hoko etc....
En effet, il n'y a plus de jachère forestière
sur le terroir de Magoumi, ce à quoi s'ajoute la baisse de
fertilité des sols remarquée , ce qui oblige certains producteurs
à se déplacer à plus de 25 à 30 km du village au
bord du fleuve riffo ou hors du village vers l'arrondissement de Hoko et
d'Aklampkpa où ils existent encore de terres disponibles. 27,5% des
producteurs enquêtés pratiquent ce type de système.
Système Nombre de producteurs Ensemble
|
|
(n=40)
|
Système bas fond
|
16
|
16(40%)
|
Système ancienne défriche
|
13
|
13(32,5%)
|
Système nouvelle défriche
|
11
|
11(27,5%)
|
Tableau 2: Systèmes de culture à base
d'igname Source : Enquête 2011
5.4- CARACTERISTIQUES DES SYSTEMES DE PRODUCTION
AGRICOLE A BASE D'IGNAME
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