CONCLUSION
En définitive, au nombre des interrogations
susmentionnées, il convient d'affirmer avec acuité que l'Union
Economique et Monétaire Ouest Africain (UEMOA) est en mesure de relever
le défi de l'intégration sous régionale. En dépit
des contraintes, des difficultés, il faut reconnaitre à l'Union
un certain nombre d'atouts favorables à la réalisation parfaite,
effective et efficiente de son processus d'intégration.
Dès lors, prendre conscience du nouveau schéma
que nous offre le monde actuel, de la nécessité pour les Etats
membres de l'Union d'être définitivement indépendants des
grandes puissances, de ne plus pratiquer la politique de la main tendue et de
pouvoir rivaliser avec ces puissances, s'imposent à l'Union. Un appel
est donc lancé au peuple africain en général et au peuple
de l'UEMOA en particulier. Réussir le processus d'intégration
ouest africain dépendra de la réussite d'une intégration
juridique, politique, sociale et culturelle forte et de la réussite
d'une intégration économique compétitive au plan mondial,
en ce moment où l'économie mondiale est soumise à une plus
grande libéralisation et fait face à une
compétitivité accrue.
En réalité, nos peuples, en dépit des
difficultés actuelles, doivent reprendre confiance en leur génie
et en leur capacité à surmonter les obstacles et participer
à l'édification du défi qui lui est lancé. Les
peuples béninois, bissau-guinéen, burkinabé, ivoirien,
malien, nigérien, sénégalais et togolais doivent se
préparer à relever le défi de l'intégration par
l'entremise de leur mobilisation. Il faut mettre sur pied, à tous les
niveaux, des mécanismes leur permettant de s'organiser, de se mobiliser
et d'agir pour la réussite de ce pari. Il y a lieu d'interpeller
également les dirigeants ouest africains à traduire en actions
concrètes la pertinence des textes de l'Union.
Aussi, les aspirations régionales des hommes d'Etat,
des intellectuels et des peuples africains en général,
doivent-elles traduire l'ambition de franchir les limites des Etats actuels.
Elles doivent consister à refuser tout ce qui divise actuellement la
sous-région y compris le morcellement dû aux frontières
politiques; la multiplicité des barrières à la libre
circulation des personnes, des biens et services et des flux capitaux; et les
différences et/ou contradictions observées dans les structures
juridiques, les administrations publiques, et les systèmes
d'éducation.
Par ailleurs, les royaumes et les cultures de 1'Afrique de
l'Ouest de l'époque précoloniale traduisaient un niveau
d'intégration économique et sociale relativement
élevé, comme en témoignent de nombreux écrits sur
la région. C'est pourquoi l'intégration régionale doit
impliquer pour plusieurs d'entre eux, la recherche de ce patrimoine historique
perdu. La poursuite de l'unité régionale en Afrique subsaharienne
doit pousser l'africain à la recherche d'une identité culturelle
et sociale dont les racines et la légitimité historiques sont
plus fortes que celles proposées par les Etats actuels. L'Afrique de
l'Ouest doit tenter de répondre à l'incapacité notoire des
Etats à générer le développement, rechercher des
solutions dont la portée excède ce que les Etats-nations actuels
sont en mesure de fournir, qu'il s'agisse d'une meilleure infrastructure
régionale, d'une meilleure gestion des ressources naturelles ou d'un
plus grand éventail de libertés. Cette recherche de solutions
nouvelles revêtira un aspect décentralisateur dans l'Union
où les populations réclament un plus grand contrôle de
leurs propres affaires. On fait ainsi appel à une plus grande
décentralisation des gouvernements et des services publics, a une plus
grande participation de tous à la prise de décisions.
L'intégration sous-régionale de l'UEMOA veut pour réussir,
que les Etat membres abandonnent leur souveraineté au profit de l'Union.
Cette tendance n'est nullement contradictoire et n'implique pas la
négation de l'Etat ; cette communauté ne devient pas un Etat
fédéral mais un ensemble d'Etats indépendants unis de
plein gré et visant un intérêt commun.
En agissant ainsi, on verrait automatiquement que l'Union est
seul détenteur de la clé de sa propre intégration et de
son propre développement. Il nous faut donc agir nous-mêmes,
ressortissant de l'Union, en vue d'un regain collectif pour un
développement hâté et réfléchi de notre
zone.
On s'accorde généralement à
reconnaître que les problèmes de financement sont le principal
frein à l'intégration de l'Afrique. Dans ce cadre, les pays
africains ont récemment adopté le Nouveau partenariat pour le
développement de l'Afrique (NEPAD), qui constitue l'une des initiatives
les plus importantes de ces dernières années.
L'éradication de la pauvreté en Afrique est l'objectif premier du
NEPAD, qui cherche, entre autre, à placer les pays africains
individuellement et collectivement sur la voie de la croissance et du
développement durable, en mettant un terme à la marginalisation
du continent dans le processus de mondialisation. La promotion de
l'intégration régionale constitue l'une de ses priorités.
Il y a donc une lueur d'espoir.
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